Jean-Noël Pancrazi et Michèle Gazier
Écrivain et critique littéraire né en 1949, Jean-Noël Pancrazi passe les premières années de sa vie en Algérie qu’il quitte en 1962 avec ses parents et sa sœur. Il s’installe avec sa famille à Perpignan, puis à Paris. Professeur agrégé de lettres, il enseigne pendant quelques années en région parisienne. C’est grâce à son essai sur Mallarmé (1973) qu’il ose écrire un premier roman très autobiographique La Mémoire brûlée (1979), accueilli d’emblée par les éditions du Seuil. Plus tard, il ancre ses récits, où la fiction se mêle à l’autobiographie, dans ses lieux de vie : Paris (Le Passage des princes en 1988 ; Les Quartiers d’hiver en 1990), l’Algérie (Madame Arnoul en 1995, Je voulais leur dire mon amour en 2017), la Corse (à laquelle ressemble cette île où vit le poète solitaire de L’Heure des adieux), Perpignan – ou bien dans ses lieux de voyage comme la république dominicaine (Les Dollars des sables en 2006, Montecristi en 2009). L’expérience amoureuse entre alors en résonance avec la dénonciation lucide des injustices politiques et sociales. Les origines corses de son père et catalane de sa mère (Perpignan) lui inspirent une trilogie de mémoire filiale : Long séjour (1998) et Corse (2000) illustré par les photographies de Raymond Depardon, sur la fin de la vie de son père en Corse, Renée Camps (2001) sur sa mère à Perpignan. D’autres récits déplient, dans de longues phrases sinueuses et rythmées, les non-dits d’une Histoire qu’il a vécue, (La Montagne relatant la mort de six petits camarades assassinés dans la montagne pendant la guerre d’Algérie) ou bien rendent visibles les laissés pour compte de notre monde actuel : Indétectable (2014) raconte la vie à Paris de Mady, sans papiers, d’origine malienne. Dans Tout est passé si vite (2003), récit de la fin de vie d’une amie éditrice et écrivain, Jean-Noël Pancrazi entrelace l’alchimie de la création littéraire et le monde de l’édition avec ses codes et ses comédies, qu’il connaît bien. Outre les nombreux prix qui ont couronné ses romans et récits, il a reçu le grand prix de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre et est membre du jury du prix Renaudot depuis 1999.
Œuvres de Jean-Noël PANCRAZI
Mallarmé, (essai), Paris, Hatier, 1973.
La Mémoire brûlée, (roman), Paris, Éditions du Seuil, 1979.
Lalibela ou la mort nomade, (roman), Paris, Éditions Ramsay, 1981.
L’Heure des adieux, (roman) Paris, Éditions du Seuil, 1985.
Le Passage des princes, (roman), Paris, Éditions Ramsay, 1988, Prix Lucien Tisserant et prix de l’Académie française.
Les Quartiers d’hiver (roman), Paris, Gallimard, 1990, Prix Médicis.
Le Silence des passions (roman), Paris, Gallimard, 1994, Prix Valéry-Larbaud.
Madame Arnoul (récit), Paris, Gallimard, 1995, Prix Maurice-Genevoix, prix Albert-Camus, prix du Livre Inter.
Long séjour (récit), Paris, Gallimard, 1998, Prix Jean-Freustié.
Corse, Paris, Éditions du Seuil, 2000, en collaboration avec Raymond DEPARDON (photographe).
Renée Camps (récit), Paris, Gallimard, 2001.
Tout est passé si vite (roman), Paris, Gallimard, 2003, Grand prix du roman de l’Académie française.
Les Dollars des sables (roman), Paris, Gallimard, 2006.
Montecristi (roman), Paris, Gallimard, 2009.
La Montagne (récit), Paris, Gallimard, 2012, Prix Marcel-Pagnol, Prix Méditerranée, Prix François-Mauriac.
Indétectable (roman), Paris, Gallimard, 2014.
Je voulais leur dire mon amour (roman), Paris, Gallimard, 2017.
Autres ouvrages évoqués dans l’entretien
DURRELL, Lawrence, Le Quatuor d’Alexandrie, Justine (1re éd. Justine, 1957), traduit par Roger Giroux, Paris, Éditions Buchet/Chastel, 1959.
—, Balthazar (1re éd. Balthazar, 1958), traduit par Roger Giroux, Paris, Éditions Buchet/Chastel, 1959.
—, Mountolive (1re éd. Mountolive, 1958), traduit par Roger Giroux, Paris, Éditions Buchet/Chastel, 1959 ;
—, Clea (1re éd. Cléa, 1960) traduit par Roger Giroux, Paris, Éditions Buchet/Chastel, 1960.
FLAUBERT, Gustave, Correspondance avec George Sand, (1876-1880), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », tome V, 2007.
GAZIER, Michèle, Histoires d’une femme sans histoire, Paris, Éditions du Seuil, 1993.
—, Le Merle bleu, Paris, Éditions du Seuil, 1999.
PONTALIS, Jean-Bertrand, En marge des jours, Paris, Gallimard, 2002.
PROUST, Marcel, Le Mensuel retrouvé : Précédé de Marcel avant Proust, Paris, Éditions des Busclats, 2012.
—, Les plaisirs et Les jours, (1re éd. Calmann-Levy, 1896), Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 1993.
—, À la recherche du temps perdu, [1912 à 1927], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1954, (édition de 1973), 3 tomes.
Isabelle Roussel-Gillet : Nous voudrions évoquer avec vous la fidélité d’une critique littéraire bienveillante et ses effets. Commençons par un petit inventaire : Michèle Gazier a écrit d’abord une critique thématique sur deux de vos romans, Jean-Noël Pancrazi, Les Quartiers d’hiver2 (1990) puis Madame Arnoul3 (1995), en vous présentant au voisinage d’un autre écrivain. De 1988 à 2006, elle a dédié de longues chroniques à cinq de vos livres4 : Le Passage des princes (1988), Corse (2000), Renée Camps (2001), Tout est passé si vite (2003) et Les Dollars des sables (2006). Vous avez vous-même, Jean-Noël Pancrazi, publié deux articles dans Télérama : le premier, le 2 août 1987, pour trois coups de cœur à Oran langue morte d’Assia Djebar, Dernière nouvelle de la nuit d’Angelo Rinaldi et Des plaisirs et des jours de Marcel Proust. Le second, composé avec Michèle Gazier, était un hommage à Durrell intitulé « Lawrence d’Alexandrie »5 : vous écrivez sa nécrologie et Michèle Gazier l’encart biographique sur l’élection de la Méditerranée. Comme vos conversations sont retranscrites – par bribes – dans un seul article de 2006, c’est aujourd’hui l’occasion de poursuivre ces échanges. Vous-même, Jean-Noël Pancrazi, avez consacré à Cercle de famille de Michèle Gazier un article dans Le Monde des livres6. Ces croisements-passations ont noué une amitié au long cours, alors que, comme l’écrit Michèle Gazier à propos d’un de vos livres, « Écrire, créer quelle qu’en soit la forme, c’est s’offrir en pâture, sans échange, sans espoir de recevoir »7. La critique, le lecteur ne sont-ils donc jamais à l’horizon ? Vous avez pourtant reçu l’un de l’autre.
Jean-Noël Pancrazi : C’est Roland Barthes qui disait, je crois, que le souverain bien, c’est d’aimer quelqu’un pour ce qu’il est et pour ce qu’il fait, ce qu’il écrit. C’est la vraie vie. Avec Michèle, c’est ce qui se passe exactement : j’éprouve un souverain bien. Se sentir à la fois estimé pour ce qu’on écrit et pour ce qu’on est, avec tous ses défauts de plus en plus évidents avec le temps. C’est au fond la plus belle chose qui puisse arriver. Se sentir estimé par quelqu’un à la fois pour ce qu’on est et ce pour ce qu’on écrit est très rare dans la vie. C’est une pierre blanche dans mon existence. Le plus souvent on peut être aimé pour ce qu’on est sans être lu ; on peut vous aimer en ignorant ce que vous écrivez, en se détournant de ce que vous écrivez. Avec tous ses articles, Michèle a été un soutien capital. J’attendais son avis, ce qu’elle écrivait, ce qu’elle espérait de moi, car un article ne se réduit pas à ce qui est écrit : il y a aussi les blancs, ce qu’on espère d’un écrivain pour plus tard, les thèmes qu’il peut développer. Au fil de mes livres, Michèle apprenait aussi à mieux connaître ce que je suis, puisque mes livres sont en grande partie autobiographiques. C’était donc un échange à fois littéraire et humain. Son regard m’accompagne, bienveillant, lucide. Les failles des livres d’un débutant, Michèle sait les voir : elle commente ces lignes de failles, mes manques, qu’elle a suivis au plus près. C’est la vraie compréhension humaine, littéraire et intellectuelle, totale, et c’est capital. C’est la fidélité dont vous parliez.
Michèle Gazier : Je connais Jean-Noël comme écrivain depuis son premier livre. Je l’ai rencontré chez Tahar Ben Jelloun, à l’époque où je préparais une revue qui naissait, Nouvelles Nouvelles8. J’avais lu ses livres et je lui ai dit : « Est-ce que cela vous amuserait d’écrire dans cette revue de courts récits, dont je m’occupe ? Le problème, c’est qu’évidemment nous n’avons pas un sou, je ne vous promets donc rien ». On a beaucoup discuté pendant cette soirée et, au moment de te dire au revoir, tu m’as dit : « J’ai tout retenu, tout, et même le rien ». Et je me suis dit : c’est un écrivain, mais il a aussi un humour que j’apprécie. Nous nous sommes revus à partir de là. Ce « tout et même le rien » a été important car il dit effectivement tout : qu’on est prêt à suivre l’écriture de quelqu’un, qu’on peut accepter qu’il ait des failles, des moments de faiblesse, mais qu’on prend l’ensemble. Un écrivain, c’est le tout. Et tu disais tout à l’heure, à juste titre, que des gens vous aiment pour ce que vous écrivez, d’autres pour ce que vous êtes. Les gens qui font comme si vous n’écriviez pas, c’est en général la famille. Il est malaisé de ne pas aimer les livres des écrivains qu’on côtoie et qu’on trouve très sympathiques mais il n’en est pas moins vrai qu’on peut continuer à les aimer sans aimer ce qu’ils écrivent. C’est la loyauté qu’on se doit envers l’autre et envers soi-même. Quand il y a adéquation, qu’on aime également l’homme et l’écrivain comme c’est le cas avec Jean-Noël, l’échange peut se faire naturellement. Et il y a une deuxième chose que je voudrais dire : quand on lit tous les livres d’un écrivain au fil de l’écriture, on n’a pas la même lecture que lorsqu’on les découvre de manière désordonnée. On sait… l’évolution, le chemin de l’écriture…
JPN : … le trajet…
MG : Oui, c’est un trajet, nous en avions déjà parlé ensemble, on voit où tu vas aller. C’est agréable de pouvoir sentir les évolutions d’un livre à l’autre, de voir telle tendance se développer dans un nouvel ouvrage, autrement dit, d’être dans la position privilégiée de voir naître une œuvre. Entre les livres, les échanges avec Jean-Noël m’ont beaucoup apporté, à moi comme personne et comme écrivain. C’est un compagnonnage invisible, mais cette toile tissée entre les livres qu’on écrit et qu’on lit est extrêmement solide. On pourrait croire que c’est un fil mais, non, c’est une toile. Un tissu, un texte.
JPN : J’aime beaucoup le terme de compagnonnage, c’est un terme un peu désuet, qui est beau.
MG : Compagnonnage, on le dit souvent en espagnol, compañero del alma.
Évelyne Thoizet : À propos de votre « trajet », Michèle Gazier écrit : « Avec Tout est passé si vite, il revient au roman, même si chez lui la frontière entre invention romanesque et récit de soi n’est pas très étanche »9. Les affinités entre vos deux œuvres semblent d’abord biographiques : la Méditerranée, la guerre, la migration et ses effets sur la condition d’indésirable dans le pays d’origine, même s’il ne s’agit pas des mêmes pays (l’Algérie pour vous, l’Espagne pour Michèle). Dans vos deux vies et vos deux œuvres, il est question de départ, de frontière parfois difficile à retraverser dont vous avez parlé, Jean-Noël Pancrazi, dans Je voulais leur dire mon amour10, de porosité entre la vie et l’œuvre.
JPN : Avant notre rencontre d’aujourd'hui, j’avais déjà pensé à cette fidélité de Michèle à la géographie. Je crois de plus en en plus qu’un écrivain, c’est d’abord et profondément une géographie plus qu’une histoire. Chaque écrivain a sa géographie : le sud de Michèle, c’est un sud particulier, âpre, un peu gris, hivernal, tout le contraire du sud pittoresque. En littérature, j’ai horreur du folklore, du pittoresque plus exactement, de tout ce qui enrobe. V. S. Naipaul disait que les gens ne supportent pas la misère ou la description de la misère nue : il leur faut un habillage pittoresque, de l’exotisme. Cela m’agace quand on me dit que je restitue les parfums (l’odeur du jasmin par exemple) et les sons de l’Algérie.
À propos des frontières, il y a la guerre d’Espagne pour Michèle : je suis frappé par ce qu'on dit aujourd'hui de l’amnésie de l’Espagne concernant le règne de Franco. Michèle interroge aussi l’amnésie. Le rôle d’un écrivain, c’est de raconter non pas les guerres mais des parts de guerres qui n’ont pas été écrites. Des pans entiers de la guerre d’Algérie n’ont pas été dits. Et ce sont ces silences de l’Histoire, ces non-dits, ces séquelles de l’Histoire que l’écrivain doit interroger, contrairement à l’historien. Michèle raconte les séquelles de l’histoire à travers le personnage de son père, comme je le fais aussi. Nous sommes des gens des frontières, espagnole et algérienne, et nous sommes sensibles aux réfugiés, aux laissés pour compte de l’histoire, pour toujours, enfermés dans des camps, en exil. Aujourd’hui plus que jamais, il faut être attentifs aux laissés pour compte de toutes les guerres, qui restent dans un entre deux, ni dans le camp des vainqueurs ni dans celui des vaincus, et qui ne tireront jamais aucune gloire de l’Histoire. C’est le devoir d’un écrivain de leur tendre la main, de les évoquer, de leur donner du sens. Même s’il a sans doute existé des écrivains de la haine et de l’exclusion, un écrivain pour moi est quelqu’un de profondément, naturellement, fraternel.
MG : C’est plus compliqué, je crois, certains écrivent sans être fraternels parce qu’ils adoptent une position de surplomb : ils font un travail de journaliste plus que d’écrivain. Je suis frappée par la rapidité de l’écriture aujourd’hui : les gens vivent quelque chose et veulent vite l’écrire, dans un style rapide et simple, avec des phrases sujet-verbe-complément, tout au contraire de toi. Tout le monde pense qu’il faut écrire et on écrit vite, sur tous les supports, en se disant « moi aussi je sais, je peux écrire » et en s’inscrivant dans un atelier d’écriture. Il y a des mots mais plus de matière dans ce qui s’écrit ainsi. Pour toi comme pour moi, l’écriture est une nécessité : elle vient d’un creux intérieur.
JNP : L’écriture rend empathique et, surtout quand on n’écrit pas en faisant des phrases simples avec sujet, verbe et complément, on est obligé de s’approcher au plus près d’une vérité, de la vérité humaine de quelqu’un, de celle des réfugiés par exemple. Dans la vie, on n’a pas vraiment d’empathie : la fraternité est créée et amplifiée par l’écriture.
MG : Tu disais tout à l’heure à juste titre que les écrivains et les romanciers trouvent par empathie une vérité que les historiens ne vont pas chercher parce que ce n’est pas leur domaine : il me semble que ce n’est pas la personne de l’écrivain qui ramène cela mais le mouvement intérieur de l’écriture.
À propos de la géographie, je partage aussi complètement ton avis : Michel Tournier distinguait deux types d’écrivains : les écrivains historiens, qui racontent une histoire, et les écrivains géographes qui ont envie d’aller plus loin. La géographie, c’est l’enracinement dans un lieu, dans le territoire de la langue bien entendu, et dans le territoire tout court. Nos géographies parfois se croisent puisque nous sommes tous deux Catalans, nous avons Perpignan en commun. Notre Sud est un sud en noir et blanc, sévère. Quand je lis le portrait que tu fais de ta mère, quand je pense à mes parents, je suis frappée par leur même manière de revendiquer une dignité dont l’expression commune est « on se tient ».
JNP : Il y a quelque chose du nord dans ce sud qui nous est commun : j’ai le souvenir d’un sud hivernal avec une tramontane glacée. C’est un vent terrible, dont on me dit qu’il est moins fort aujourd’hui à cause du réchauffement climatique.
IRG : Vous avez dit, Jean-Noël Pancrazi, il y a peu, dans un entretien accordé en février 2018 (Le Monde) : « J’en ai marre du passé, du ressassement », et vous en veniez à « souhaiter l’oubli ». Vous évoquiez votre proximité avec l’imaginaire algérien, mais vous parliez aussi de la nécessité de s’échapper de soi, de disparaître dans d’autres pays, de « connaître une forme de bonheur dans l’effacement de soi ». Vous poursuivez en disant que « creuser sa mémoire et s’oublier participent du même mouvement ».
JNP : Parfois, on est saturé de mémoire. Parfois, je pense qu’on n’en peut plus de se souvenir. Il y a trop de mémoire. Curieusement, avec le temps, on perd la mémoire mais beaucoup trop de choses reviennent quand même sans cesse. Comme l’écriture vous oblige à vous souvenir, pour un écrivain, c’est une double peine : à la mémoire de tous les jours s’ajoute celle de l’écriture car écrire, c’est se souvenir. Rendez-vous compte du nombre de jours passés à ressasser, à faire l'effort de se souvenir.
MG : C’est l’information plus que la mémoire qui m’accable… Un écrivain a besoin de se protéger…
JNP : J’écoute beaucoup les informations (avant on disait les informations maintenant on dit l’information) : un écrivain a besoin de se tenir au courant. Mais c’est légitime de vouloir oublier et on oublie plus facilement quand on est loin, quand on part.
MG : C’est encore de la géographie…
JNP : Partir, c’est aussi vouloir oublier. Parfois on en a assez d’être soi, d’être un écrivain. À l’étranger, je ne suis plus un écrivain. À Tanger ou en république dominicaine, on ne sait pas quel est mon travail : architecte, pâtissier ou restaurateur, peu importe ! Ça fait du bien de perdre son identité sociale.
ET : C’est Stendhal qui changeait d’identité à chaque changement de pays : il se déguisait en voyageur de commerce…
JNP : Voilà, ce serait idéal ! D’ailleurs, aujourd’hui ce n’est pas moi qui suis avec vous, vous croyez être avec moi mais ce n’est pas moi.
MG : J’ai beaucoup moins besoin que Jean-Noël de me perdre, parce que j’ai des responsabilités, des enfants…
JNP : Oui, Michèle est beaucoup plus solide et terrienne, beaucoup moins vagabonde que moi. Elle a sa famille autour d’elle alors que je suis un solitaire : elle a davantage que moi la conscience des conséquences des choses.
MG : Je suis plus enracinée que toi… Il faut dire que j’avais sept ans quand mon père a perdu complètement la vue pendant deux ans : c’est moi qui le conduisais dans la ville, qui remplissais les papiers qu’il ne pouvait pas remplir, je pense que cela marque à vie.
JNP : Michèle a le sens de la responsabilité, alors que moi, de temps en temps et surtout à l’étranger, je ne mesure pas toujours les difficultés ou les dangers.
MG : Cette nécessité que tu as finalement de disparaître dans ton identité d’écrivain, je ne l’éprouve pas car je dois assumer des responsabilités familiales. Pour mes enfants, mes petits-enfants, mes parents, je ne suis pas un écrivain mais quelqu’un qui fait les courses, la cuisine… C’est pourquoi j’ai éprouvé une grande surprise avec mon premier roman Histoires d’une femme sans histoire, pour lequel je m’inspire beaucoup de la vie de ma famille maternelle : les personnages de ma famille maternelle, et surtout ma tante, y sont présents mais cette famille est amputée de la figure de ma mère, que je ne voulais pas inclure dans mon récit, la sachant extrêmement fragile. Quand je lui ai envoyé le livre, je me demandais comment elle allait réagir. Surprise ! elle m’a appelée et elle m’a fait une critique littéraire, qui aurait pu être publiée telle quelle dans Télérama. Elle n’était pas une intellectuelle mais une grande lectrice et une femme intelligente. J’avais très peur qu’elle me voie strictement comme sa fille, qui avait écrit ceci sur sa mère, cela sur son frère, mais elle m’a parlé de l’écriture, de la construction et cela m’a laissée sans voix. Ma mère est donc la seule personne finalement dans ma famille qui n’a voulu voir de moi écrivant que quelqu’un qui écrit et non pas sa fille. Les autres non : mon père aimait dire : « Alors ? je suis dans ton prochain roman ?», parce que j’ai utilisé son personnage à plusieurs reprises dans mes romans et que cela l’amusait. Il respectait mon travail mais avant tout, j’étais sa fille. À ma grande surprise, ma mère n’avait voulu voir en moi que l’écrivain, sa fille la gênant peut-être beaucoup dans ce qu’elle disait. C’est une expérience d’autant plus étonnante qu’elle est morte d’une crise cardiaque quelques mois plus tard et que je n’ai jamais eu d’autres paroles sur mon travail que celles-là.
IRG : Nous avons commencé par parler de porosité et, à vous écouter, on s’aperçoit qu’il est question de vies parallèles, de feuilletés d’identités mais aussi de protections.
MG : C’est une protection indispensable : ce que fuit Jean-Noël quand il s’en va très loin, cette protection qu’il recherche lui est indispensable. Tu ne le dis pas, Jean-Noël, mais je pense que tu seras d’accord avec moi : écrire c’est être et faire, on est dedans, on construit quelque chose, c’est une part de soi et c’est une part hors soi, c’est une création qui part des profondeurs de notre sensibilité. Puis, quand le livre paraît, cela devient une parution, c’est le verbe « paraître » qui, si j’ose dire, apparaît. Et paraître est du domaine de la surface, de l’apparence. Aux antipodes de l’être et du faire.
JNP : On pourrait se passer de la parution.
MG : Oui, c’est le moment le plus douloureux.
IRG : Mais s’il n’y avait pas de parution, il n’y aurait pas de lecteurs, pas de critiques…
MG : Oui c’est vrai, bien sûr. Milan Kundera, pour prévenir ce genre de choses qu’il ne pouvait plus assumer, avait, avec Vera sa femme, trouvé un subterfuge : il faisait traduire ses textes qui sortaient d’abord en Espagne et en Italie puis, lors de la parution en France, il partait en vacances. Les critiques avaient pu s’exprimer largement et il suffisait d’aller voir ce qui avait été publié en italien ou en espagnol. Il dit que lui, en tant qu’écrivain, n’existe qu’à travers l’écriture mais que lui, en tant que personne, ne veut plus exister quand ses livres existent.
JNP : C’est un luxe, un beau luxe…
MG : C’est ce que je lui disais : « C’est ton luxe, je ne peux pas me le permettre, je me ferais tuer par mon éditeur » mais je le comprends totalement. Je l’envie.
IRG : C’est disparaître derrière le livre…
MG : Contrairement au peintre qui n’est pas obligé de porter son tableau jusqu’à l’épuisement, un écrivain actuellement doit porter son livre : il doit être là, se faire voir…
JNP : C’est un phénomène actuel qui n’existait pas il y a vingt ans…
IRG : Ce phénomène renvoie à la visibilité, à la nécessité de paraître et en même temps à l’infobésité dont il était question tout à l’heure : la parution est une actualité et non plus un travail de matière, de fond…
MG : Exactement ! On devient un kleenex…
JNP : Et la vie des livres est de plus en plus courte, dans une sorte d’affolement général.
MG : Je ne sais pas si tu as ressenti cela mais, lors d’une parution, il y a toujours un moment où on se sent sali, pas forcément par un mauvais article mais par une manière, le mot « irrévérencieux » me vient mais ce n’est pas cela, une manière, comment dire ?
IRG : Une inélégance ?
MG : Exactement. Certaines personnes vous posent une question alors qu’elles ne vous ont pas lue. Je me souviendrai toujours d’une femme qui, lors d’un entretien téléphonique pour une émission radiophonique, me pose une première question : « Vous avez écrit un roman épistolaire ». Or il n’y avait qu’une lettre, en première page. Je me suis dit que je n’allais pas la laisser accumuler des bêtises, et j’ai fait les questions et les réponses. Une fois l’émission terminée, hors antenne, elle m’a dit : « C’était formidable, vous m’avez donné envie de lire votre livre, car pour moi, c’est un principe, je ne lis jamais l’ouvrage avant l’émission ».
JNP : Elle avait au moins le mérite d’être franche.
MG : C’est là que je me pose la question : « Qu’est-ce que je fais là ? ». Je suis le commis voyageur de mon travail, c’est une humiliation…
ET : Nathalie Sarraute avait rétorqué aussi de façon cinglante à une personne qui la questionnait : « Mais, vous ne m’avez pas lue ».
JNP : Ce pourrait être un titre de livre de Nathalie Sarraute « Vous ne m’avez pas lue ».
MG : J’ai raconté à Nathalie Sarraute ce que je viens de vous raconter. Elle disait : on n’est là que parce qu’on a écrit et ce que l’on a écrit, ils ne l’ont pas lu…
IRG : Il faut donc aller là où on est aimés, où on est lus ?
MG : Souvent, sur les télévisions régionales, en particulier, c’est très dur, on vous dit « on n’a pas eu le temps, on n’a pas que cela à faire » et on vous invite quand même…
ET : Pour contourner cette sorte d’imposture, il faudrait inscrire, comme vous le disiez, les livres dans la continuité des œuvres.
JNP : Oui, mais comme ils n’ont pas lu les livres précédents…
MG : Cela n’a pas toujours été vrai : nous avons eu des lecteurs formidables.
JNP : Lors des rencontres avec les lecteurs, dans les salons du livre, il y a toujours une personne magnifique…
MG : Qui parle d’elle à travers la lecture, qui habite votre livre et vous éclaire sur ce que vous avez écrit…
JNP : Oui, toujours. Cet été, lors d’une séance de signature, les lecteurs étaient tous venus avec mon roman La Montagne et tout d’un coup, une femme arrive avec Indétectable11 : je l’ai embrassée… personne ne me fait signer Indétectable, et de fil en aiguille nous avons parlé… Cette femme, c’est elle que j’ai retenue, elle a fait exister mon livre…
MG : C’est en prison que j’ai vécu une rencontre inattendue et inoubliable avec des lecteurs, en 1999, lorsqu’a été organisé un Prix Goncourt des prisonniers12 sur le principe du Goncourt des lycéens. Comme Le Merle bleu avait remporté le prix, j’ai été invitée à la maison d'arrêt de Rennes. Un petit jeune homme tout maigre, visiblement pauvre, (ses habits misérables le situaient socialement), a pris la parole : « Pour vous, le personnage d’Alain, c’est un salaud ou un type bien ? » m’a-t-il demandé. La question le désignait et l’engageait tout entier : quand je lui ai répondu, j’ai senti qu’il respirait. Il était délivré d’un poids.
JNP : L’argent est capital en prison… On voit les différences sociales, on ne parle pas assez de cela. Parfois, les gens n’ont pas un sou en prison.
MG : L’exclusion est aussi très violente en prison : dans l’univers carcéral, quand on a commis des crimes sur les enfants, on est mis au rancard, détesté par les autres. À la maison d’arrêt de Montauban où je me suis rendue aussi pour parler d’un livre, est arrivé d’abord un groupe de prisonniers plus jeunes qu’à Rennes. Deux hommes sont entrés ensuite, à l’écart des autres, suivis d’un gardien. Quand l’un des deux m’a posé une question, il y a eu un silence glacé. Je lui ai répondu de la même façon qu’aux autres, simplement. À la fin de la séance, ceux du groupe sont venus me serrer la main l’un après l’autre en me promettant même de venir me voir quand ils sortiraient. Les deux autres sont restés en dernier : celui qui a posé la question n’a pas osé me tendre la main et quand je lui ai tendu la mienne, j’ai vu qu’il pleurait : personne ne lui adressait plus la parole depuis des semaines, peut-être parce qu’il était coupable d’un viol d'enfant13. La question qu'il avait posée montrait qu’il avait lu mon livre, c’était une vraie question à laquelle j’ai répondu longuement. Cette histoire m’a tellement marquée que j’ai monté, avec deux amies, un prix littéraire pour les prisonniers : le prix Monte-Cristo dont le lancement a lieu le 12 novembre. Il s’adresse à des prisonniers de Fleury-Mérogis, des hommes, mais tout le personnel qui s’occupe d’eux est féminin. Nous avons choisi huit titres et Daniel Pennac a accepté d’en être le parrain.
ET : La prison est un lieu séparé du monde et qui contient aussi des frontières.
JNP : Elle fonctionne comme une société.
MG : La lecture peut contribuer à humaniser les prisonniers, à leur donner une forme de dignité : le lecteur qui m’avait posé une question concernant Le Merle bleu, sur cet Alain qui vit aux crochets de deux personnes âgées qu’il trompe et aime à la fois, s’est considéré autrement en écoutant ma réponse. Le roman lui posait la question qu’il m’a posée : Alain est-il un salaud ou un pauvre type ? Autrement dit, suis-je un salaud ou un pauvre type ? La réponse que je lui ai apportée ne dit rien d’autre que ce qui est écrit dans le livre mais qu’il ne pouvait pas voir tout seul : il ne peut pas déduire lui-même qu’il a fait une erreur mais qu’il n’est pas un sale type. La confirmation que c’est bien cette réponse qu’il a lue dans le livre lui permet de rebondir. De s’accepter.
JNP : Les prisonniers sont beaucoup plus abandonnés qu’on ne le dit : ce sont des laissés pour compte, même s’il y a des solidarités internes.
ET : Grâce à un article de Michèle publié en 200214, on sait que vos livres, Jean-Noël Pancrazi, étaient dans la bibliothèque de Jean-Bertrand Pontalis, à côté de ceux d’Henry James, de Roger Grenier, de Julien Green, de Marcel Proust et de Sylvie Germain. Quels sont les livres communs à vos deux bibliothèques, comme une autre manière de traverser des frontières ?
JNP : C’est une question compliquée…
MG : Je crois qu’on peut commencer par Durrell : j’ai relu cet été Le Quatuor d’Alexandrie et je l’ai trouvé encore plus merveilleux que dans mon souvenir.
JNP : et puis Proust, toute la Recherche, Les Plaisirs et les jours mais aussi une nouvelle, L’indifférent, qui a été publiée avant les Plaisirs et les jours…
MG : Elle a été publiée chez moi, aux éditions Busclats15, dans Marcel avant Proust. Proust avait participé à un journal de lycéens, alors qu’il était en terminale, à 19 ans. Le père d’un de ses copains a financé ce journal qui n’a duré qu’un an. Proust y publie sous pseudonyme des articles frivoles sur la danse, la musique, le cabaret, et signe de son nom deux textes où toute la Recherche est déjà en place : le paysage, la géographie... Je ne m’étais pas rendue compte à quel point la Recherche s’inscrivait dans une géographie, même si j’en ai vu tous les lieux… On est en Normandie, à Cabourg et c’est là que va s’inscrire toute l’histoire… Dans l’actualité, je n’ai pas eu de coup de foudre. Je dirais L’Odyssée, qui est mon identité, mon livre de chevet…
JNP : Apollinaire pour moi.
JNP et MG : Et la correspondance de Flaubert avec George Sand qui est extraordinaire.
Isabelle Roussel-Gillet et Evelyne Thoizet remercient chaleureusement Jean-Noël Pancrazi et Michèle Gazier pour cet entretien sur la fidélité littéraire qui se termine avec bonheur sur la correspondance littéraire entre deux écrivains, un homme et une femme.
[1] Cette entrevue a eu lieu le 25 octobre 2018, à Paris.
[2] Michèle GAZIER, Télérama, 24 octobre 1990. La chronique évoque l’homosexualité, « mais aussi (et surtout) le temps perdu », les souvenirs passés (Goya) et le temps pétri (Proust).
[3] Ibid., 15 février 1995. Sont évoqués la ville de Batna en Algérie, la sensualité méditerranéenne et un personnage féminin, la voisine de l’enfant des guerres. Michèle Gazier y insiste sur les longues phrases sinueuses de Jean-Noël Pancrazi.
[4] À propos du Passage des princes (Télérama, 30 mars 1988), Michèle Gazier parle d’un « conte des mille et un souvenirs » au thème central de l’exil : d’un côté les exilés Uskudar, chassés de leur ville, attendent au Bosphore devant l’océan, de l’autre, le narrateur apatride a quitté l’Algérie en bateau. Elle insiste sur la structure baroque complexe de ce récit et son rapport à la scène de théâtre. L’article intitulé « À propos de Corse » (Télérama, 6 mai 2000), que Jean-Noël Pancrazi a composé avec Raymond Depardon, éclaire le rapport à la Corse comme terre de fantômes où est enterré le père. L’article « Mère et fils » est consacré à Renée Camps, qui raconte les derniers jours de la mère de l’écrivain à Perpignan. Intitulé « Tu inventeras dans la douleur », l’article sur Tout est passé si vite (Télérama, 20 septembre 2003) met à nu les deux livres que contient ce roman troublant, déroulant « ses anneaux narratifs dans la souplesse d’une langue qui, à la manière de Claude Simon, emprisonne et réinvente le monde dans les longs filets de ses phrases sinueuses ». Pour Les Dollars des sables (Télérama, 4 mars 2006), Michèle Gazier choisit un titre qui pourrait servir de programme à l’ensemble de l’œuvre de Jean-Noël Pancrazi : « Oser la vie ».
[5] M. GAZIER, Télérama, 21 novembre 1990. Lawrence Durrell est décédé le 7 novembre. Jean-Noël Pancrazi rend hommage à l’écrivain qui a su donner « l’esprit du lieu », et « empêcher une ville de mourir tout à fait ».
[6] Jean-Noël PANCRAZI, « Les chaînes de l’hérédité », Le Monde des Livres, 27 septembre 1996.
[7] M. GAZIER, « Tu inventeras dans la douleur », Télérama, 20 septembre 2003, à propos de Tout est passé si vite, Jean-Noël PANCRAZI, Gallimard, 2003.
[8] Michèle Gazier a participé à la création (en 1985) puis au comité de rédaction de la revue Nouvelles Nouvelles qui est publiée par la Fondation David Kupferman et animée par un couple d'écrivains : Claude Pujade-Renaud, rédactrice en chef, et Daniel Zimmermann.
[9] M. GAZIER, « Tu inventeras dans la douleur », op. cit.
[10] Roman paru chez Gallimard en 2017.
[11] J-N. PANCRAZI, La Montagne, Paris, Gallimard, 2012 ; Indétectable, Paris, Gallimard, 2014.
[12] En 1999, la FNAC a créé le Goncourt des prisonniers qui faisait juger par des détenus la sélection du Goncourt. Michèle Gazier s’est rendue à la maison d’arrêt pour hommes de Rennes pour le recevoir.
[13] Ce prix littéra
[1] Cette entrevue a eu lieu le 25 octobre 2018, à Paris.
[2] Michèle GAZIER, Télérama, 24 octobre 1990. La chronique évoque l’homosexualité, « mais aussi (et surtout) le temps perdu », les souvenirs passés (Goya) et le temps pétri (Proust).
[3] Ibid., 15 février 1995. Sont évoqués la ville de Batna en Algérie, la sensualité méditerranéenne et un personnage féminin, la voisine de l’enfant des guerres. Michèle Gazier y insiste sur les longues phrases sinueuses de Jean-Noël Pancrazi.
[4] À propos du Passage des princes (Télérama, 30 mars 1988), Michèle Gazier parle d’un « conte des mille et un souvenirs » au thème central de l’exil : d’un côté les exilés Uskudar, chassés de leur ville, attendent au Bosphore devant l’océan, de l’autre, le narrateur apatride a quitté l’Algérie en bateau. Elle insiste sur la structure baroque complexe de ce récit et son rapport à la scène de théâtre. L’article intitulé « À propos de Corse » (Télérama, 6 mai 2000), que Jean-Noël Pancrazi a composé avec Raymond Depardon, éclaire le rapport à la Corse comme terre de fantômes où est enterré le père. L’article « Mère et fils » est consacré à Renée Camps, qui raconte les derniers jours de la mère de l’écrivain à Perpignan. Intitulé « Tu inventeras dans la douleur », l’article sur Tout est passé si vite (Télérama, 20 septembre 2003) met à nu les deux livres que contient ce roman troublant, déroulant « ses anneaux narratifs dans la souplesse d’une langue qui, à la manière de Claude Simon, emprisonne et réinvente le monde dans les longs filets de ses phrases sinueuses ». Pour Les Dollars des sables (Télérama, 4 mars 2006), Michèle Gazier choisit un titre qui pourrait servir de programme à l’ensemble de l’œuvre de Jean-Noël Pancrazi : « Oser la vie ».
[5] M. GAZIER, Télérama, 21 novembre 1990. Lawrence Durrell est décédé le 7 novembre. Jean-Noël Pancrazi rend hommage à l’écrivain qui a su donner « l’esprit du lieu », et « empêcher une ville de mourir tout à fait ».
[6] Jean-Noël PANCRAZI, « Les chaînes de l’hérédité », Le Monde des Livres, 27 septembre 1996.
[7] M. GAZIER, « Tu inventeras dans la douleur », Télérama, 20 septembre 2003, à propos de Tout est passé si vite, Jean-Noël PANCRAZI, Gallimard, 2003.
[8] Michèle Gazier a participé à la création (en 1985) puis au comité de rédaction de la revue Nouvelles Nouvelles qui est publiée par la Fondation David Kupferman et animée par un couple d'écrivains : Claude Pujade-Renaud, rédactrice en chef, et Daniel Zimmermann.
[9] M. GAZIER, « Tu inventeras dans la douleur », op. cit.
[10] Roman paru chez Gallimard en 2017.
[11] J-N. PANCRAZI, La Montagne, Paris, Gallimard, 2012 ; Indétectable, Paris, Gallimard, 2014.
[12] En 1999, la FNAC a créé le Goncourt des prisonniers qui faisait juger par des détenus la sélection du Goncourt. Michèle Gazier s’est rendue à la maison d’arrêt pour hommes de Rennes pour le recevoir.
[13] Ce prix littéraire organisé par Michèle Gazier et deux amies, professionnelles du monde du livre, Roxane Defer et Maëlle Guillaud, en partenariat avec l’Éducation nationale, sera remis pour la première fois au printemps 2019 : le jury est composé de dix personnes détenues de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.
[14] M. GAZIER, Télérama, « Cher Pontalis », 13 avril 2002. « Nous parcourons aussi quelques rayonnages intimes de votre bibliothèque : Henry James, Jean-Noël Pancrazi, Roger Grenier, Julien Green, Marcel Proust, Sylvie Germain..., anciens et nouveaux côte à côte dans la fraternité de vos affections littéraires ». (à propos de la parution d’En marge des jours, de Jean-Bertrand PONTALIS, Paris, Gallimard, 2002).
[15] Fondées et dirigées par Marie-Claude Char et Michèle Gazier.
Isabelle ROUSSEL-GILLET et Évelyne THOIZET
Univ. Artois, EA 4028, Textes & Cultures, F-62000 Arras, France