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Numéro 17 | juin 2025 | Des « lieux à soi »
Des « lieux à soi »
« La promenade littéraire au féminin :
Rachel BOUVET
rien

 

Cet article envisage la promenade littéraire comme un « art littéraire » dans lequel le texte se présente sous une forme spectacularisée, exposée ou médiatisée. En effet, ses caractéristiques sont différentes selon qu’il s’agit d’une randonnée contée, de panneaux installés dans l’espace public ou d’un balado1. Pour réfléchir à la promenade littéraire au féminin, j’examinerai plusieurs exemples, dont un plus particulièrement, celui de la balade audio-guidée intitulée « Heartlands/Pays du cœur » réalisée à Magog2 par la professeure Ceri Morgan3. Si le corpus d’auteurs et d’autrices de la région de l’Estrie n’est pas exclusivement féminin, il n’en demeure pas moins que le projet a été réalisé par une femme, une écrivaine qui nous invite à mettre en relation deux territoires : la région des Midlands (Angleterre), où elle réside, et celle de l’Estrie (Québec), deux régions marquées par la désindustrialisation. C’est sa voix qui guide les promeneurs et promeneuses à travers l’espace, à laquelle se mêlent des voix d’auteurs et d’autrices québécois·es. Ce projet a fait l’objet d’une expérimentation à l’été 2023, avec un groupe d’une dizaine de membres de La Traversée-Atelier de géopoétique. Les promenades littéraires conçues par des femmes n’ayant pas encore fait l’objet d’études, il apparaît important dans un premier temps de mettre en évidence leur apport dans ce domaine. Mon objectif est de mieux cerner les spécificités de ces promenades et non pas d’expliquer en quoi ces pratiques relèvent du féminin. Les spécialistes de la question sauront mieux que moi aborder cette question. Afin de montrer la diversité des promenades littéraires conçues par des femmes, j’utiliserai pour commencer une typologie adaptée aux arts littéraires.

La promenade comme art littéraire

Dans les réflexions récentes sur les arts littéraires4, qui cherchent à rendre compte de la littérature en dehors du livre, les chercheur·e·s s’intéressent principalement aux performances, aux expositions, au numérique. La promenade littéraire y est rarement mentionnée5. Est-ce parce qu’elle est souvent considérée comme une médiation littéraire, alors que les arts littéraires comportent une part de création ? D’après René Audet, directeur du laboratoire Ex-Situ, il s’agit en effet d’un élément déterminant :

 

[…] une ligne se tire ainsi entre des activités de création et des activités de promotion, de médiation ou de patrimonialisation – les arts littéraires désignent les premières. Bien sûr, plusieurs exemples se jouent de cette frontière, puisant dans les unes et dans les autres ; toutefois, l’idée d’une dominante (ou d’une posture explicitement affichée) suffit généralement à associer l’un ou l’autre cas ici aux arts littéraires, là à des pratiques de médiation. […] Ainsi, l’expression « arts littéraires » ne désignerait pas tant un secteur culturel large et approximatif qu’un créneau spécifique de production de contenus culturels mettant tout particulièrement en jeu une pratique de création littéraire dialoguant avec son incarnation médiatique, son mode de publication6 .

 

Le développement récent des promenades littéraires dans certaines villes, avec l’organisation de parcours orientés autour de certains quartiers ou encore de l’œuvre d’un·e écrivain·e, a souvent pour but de promouvoir le tourisme. Dans ce cas, l’enjeu principal concerne la patrimonalisation et la médiation. Il n’en demeure pas moins que la promenade littéraire soulève également des enjeux proprement littéraires. N’y a-t-il pas en effet une dimension créative dans le fait de concevoir une promenade littéraire ? À partir du moment où elle instaure un lien entre le lieu et le texte, entre l’expérience du territoire et celle de la lecture, ne convie-t-elle pas à une nouvelle interprétation de l’œuvre ? Quand il ne s’agit pas simplement de diffuser un texte, mais d’en faire le maillon d’un parcours qui s’effectue au dehors, là où le texte sera mis en relation avec le paysage, le vent, les cris d’oiseau, le bruit des voitures, etc., le texte prend une tout autre dimension. En étant ancré dans un territoire, situé au cœur d’une expérience vécue dans un lieu significatif, le texte se charge d’un sens différent et donne l’occasion de « vivre le paysage »7 autrement. Il ne s’agit pas d’une incarnation médiatique ou d’un autre mode de publication, mais d’une inscription dans le territoire, d’une lecture en mouvement8.

Le Laboratoire Ex-Situ propose de diviser les arts littéraires en trois catégories : le texte littéraire spectacularisé, le texte littéraire exposé, le texte littéraire médiatisé9. C’est seulement dans la première catégorie que la promenade littéraire apparaît, sous la forme de la « randonnée contée ».

La promenade spectacularisée ou randonnée contée

« La promenade des écrivains » développée dans la ville de Québec par Marie-Ève Sévigny constitue un bon exemple de promenade spectacularisée. Elle-même autrice, la conceptrice de la promenade a mis au point différents parcours, dont l’un est consacré aux « Regards de flâneuses »10. Elle explique sur la page de présentation que « Les femmes voient la ville différemment, se l’approprient d’une autre façon. Si le territoire se lisait soudain au féminin, que découvririons-nous? »11. Un questionnement qui guide la balade en question, au cours de laquelle les promeneurs et promeneuses auront la chance d’écouter des extraits de textes publiés dans les années 60 par Adrienne Choquette et Andrée Maillet, et d’autres plus récents signés par Denise Desautels, Nicole Brossard, Lise Tremblay et Martine Delvaux. Comme le souligne Marie-Ève Sévigny, pour ces six écrivaines, « arpenter la ville répond à la quête identitaire, un appel à créer pour prendre part à la mémoire »12. Cette réflexion montre bien que la promenade littéraire va au-delà de la patrimonialisation ou encore de la médiation touristique; fondé sur une connaissance très fine des œuvres et sur une interprétation personnelle, le discours déployé par l’animatrice au cours de ses balades indique que la « randonnée contée » acquiert ici le statut d’un véritable art littéraire. Il y a aussi un parcours dédié aux romans-fleuves, aux sagas historiques de Suzanne Aubry, Jean-Pierre Charland, Marie Laberge, Anne-Marie Sicotte, des sagas presque toutes écrites par des femmes. Les autres parcours ont été conçus en fonction d’un quartier (Limoilou, Montcalm), du discours polémique au sujet de la capitale, des enquêtes menées par une détective (Maud Graham dans les romans policiers de Chrystine Brouillet), de quelques écrivain·es célèbres au sein de la littérature québécoise (Jacques Poulin, Anne Hébert, Roger Lemelin) et des regards croisés sur Québec, ville réelle ou fictive, faisant intervenir autant des récits de voyage (Albert Camus, H.P. Lovecraft, Henry James, etc.) que des œuvres de fiction.

 

Le texte littéraire spectacularisé se définit comme une présentation par une ou plusieurs personnes devant public d’un contenu à dominante littéraire (ces représentations étant souvent multidisciplinaires). Il prend la forme d’une performance, qui implique une représentation unique où se perçoit une certaine mise en danger, ou d’un spectacle, plutôt scénarisé et mis en scène13.

 

Dans le cas de la promenade des écrivains de Québec, la performance consiste en une lecture publique en mouvement. En raison de l’itération du parcours tout au long de la saison estivale d’année en année, animé par la même personne, la promenade ne possède pas un caractère unique, contrairement à d’autres cas. Cela dit, chaque balade a sa propre dynamique puisqu’il s’agit à chaque fois d’un groupe d’auditeurs·rices différent, ayant ses propres réactions; quant au parcours lui-même, de légers changements interviennent inévitablement, concernant la lecture ou encore le choix des extraits.

La promenade réalisée lors de l’atelier nomade de La Traversée au lac Marie-Le Franc constitue un bon exemple de performance multidisciplinaire dans la mesure où l’art sonore a intégré la littérature pour mettre en valeur sa dimension auditive et l’inscrire dans un parcours. Réalisée par Yannick Guéguen et le groupe Audiotopie, la promenade intitulée « L’écho du lac » a d’abord été effectuée le long des sentiers bordant le lac avec un « orchestre quadriphonique de haut-parleurs »14 dissimulés dans des vestes portées par les artistes encadrant les promeneurs et promeneuses. Puis le public s’est installé sur la plage pour voir s’avancer lentement deux barques, avec un rameur à l’arrière et un porteur de veste sonorisée debout à l’avant. Comme les sons étaient amplifiés au point de s’étendre au lac tout entier, autant la voix déclamant le texte que les sons de la nature (le vent dans les arbres, les cris d’oiseau, les vagues du lac…), un huard s’est approché tout près de la rive, attiré par les bruits. Ce participant imprévu – et bienvenu – s’est ajouté au public invité pour fêter l’inauguration d’un panneau installé au bord du lac15 et aux participants à l’atelier nomade intitulé « À Marie Le Franc – des voix, de l’eau, des échos – 3 au 5 octobre 2014 », qui commémorait à la fois l’anniversaire de naissance de l’écrivaine (le 4 octobre) et le cinquantième anniversaire de son décès (1964).

 

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Fig. 1 et 2. Images extraites du film « Marie Le Franc et le lac » de Michèle Houle

 

Tout ceci a renforcé le caractère unique de l’événement, même si le panneau et le parcours sonore s’intègrent dans une balade déjà existante, « Sur les pas de Marie Le Franc », dont il sera question dans la prochaine section.

Le texte littéraire exposé sur des panneaux balisant la promenade

La promenade littéraire rejoint l’art littéraire exposé quand des panneaux installés dans l’espace public invitent à parcourir l’espace16. Comme l’explique René Audet, « [l]e texte littéraire exposé, qui délaisse la médiation humaine prédominante dans la catégorie précédente, désigne l’inscription de textes littéraires dans un espace institutionnalisé ou non, avec une visée artistique et littéraire. »17 La littérature peut en effet se trouver exposée dans différents endroits, que ce soit à l’intérieur d’un musée ou en plein air, ainsi que le mentionne Marie-Clémence Régnier :

 

l’exposition, si elle apparaît comme l’une des caractéristiques du musée, constitue donc un champ nettement plus vaste [...]. Elle peut être organisée dans un lieu clos, mais aussi en plein air (un parc ou une rue) ou in situ, c’est-à-dire sans déplacer les objets (dans le cas des sites naturels, archéologiques ou historiques). […] Dans cette perspective, on considérera plus largement la muséalisation et l’exposition de la littérature comme des instances de médiation de celle-ci au sein de l’espace social18.

 

Ce qu’il y a de particulier dans le cas de la promenade littéraire, c’est que le trajet est généralement balisé19. La promenade invitant à marcher « Sur les pas de Marie Le Franc », dont nous avons déjà parlé, est un cas assez singulier dans la mesure où elle relie des territoires non adjacents, séparés par un océan, ce qui semble assez inusité. En effet, si les premiers panneaux ont d’abord été installés sur la presqu’île de Rhuys, un autre a été placé au bord du lac Marie-Le Franc dans les Laurentides, reflétant ainsi le nomadisme de l’autrice ayant fait au cours de sa vie de nombreux allers-retours entre ses deux pays : la Bretagne et le Québec. Dix panneaux réalisés par l’Association Marie Le Franc grâce à un partenariat institutionnel se trouvent à des endroits significatifs de la vie ou de l’œuvre de l’autrice : à Banastère, où elle est née; à Pencadénic, où se trouve la maison du grand-père, souvent évoqué dans Enfance marine; à l’île de Tascon, lieu d’origine de son père; à la maison de Sarzeau où elle a habité; à la pointe du Ruault, décrite dans Pêcheurs du Morbihan ; au Roaliguen, où l’autrice a passé une nuit; à Arzon, cadre de son roman Grand-Louis l’innocent, qui lui a valu le prix Femina; au Sémaphore, décrit dans plusieurs textes; à la médiathèque de Sarzeau, qui porte son nom.

 

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Fig. 3. Panneau de la balade Sur les pas de Marie Le Franc.

(site web de l’Association Marie Le Franc)

 

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Fig. 4. Carte de la presqu’île de Rhuys où se trouvent dix panneaux

(site web de l’Association Marie Le Franc)

 

Le onzième panneau se trouve dans la réserve faunique Papineau-Labelle, au bord du lac Marie-Le Franc, nommé ainsi en l’honneur de l’écrivaine en 1934. Réalisé par La Traversée en collaboration avec le Laboratoire du Nord dirigé par Daniel Chartier, avec le soutien du CRILCQ (Centre de recherche sur la littérature et la culture québécoises), de la MRC des Laurentides et de la municipalité de La Minerve, il a été inauguré en 2014, comme mentionné plus tôt. Ce panneau est le point de départ d’un parcours sonore géolocalisé intitulé « L’écho du lac », qui donne l’occasion de redécouvrir le roman Hélier, fils des bois, paru en 1930, et de vivre une expérience géopoétique et sonore de la forêt laurentienne. Suite à cette initiative, les autres panneaux de la balade bretonne ont été sonorisés par l’Association Marie Le Franc, qui les a placés sur son site web20 Un carnet de navigation a été publié en 2015, rassemblant les traces de l’atelier nomade de l’année précédente : les photos, les textes écrits par les participants, leurs voix, puisque le carnet numérique rassemble les pistes sonores créées pour l’événement mais aussi les lectures faites par les un·es et les autres21. Autrement dit, l’art littéraire exposé peut évoluer en fonction des projets artistiques et des supports médiatiques pour se doter éventuellement de nouvelles couches, accessibles autrement.

 

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Fig. 5. Carnet de navigation n 13 Échos du lac Marie-Le Franc

La promenade littéraire médiatisée

Certaines promenades littéraires conjuguent les trois aspects de l’art littéraire, en étant à la fois spectacularisées, exposées et médiatisées. Dans ce dernier cas, c’est la diffusion qui retient l’attention. « Le texte littéraire médiatisé ramène le texte à sa dimension de contenu qui fait l’objet d’une diffusion par un support médiatique (mais non sans être poétiquement déterminé par lui) »22. À l’instar de l’exposition muséale, la promenade littéraire utilise les dispositifs interactifs (l’audioguide par exemple) ainsi que la pluralité des supports artistiques (vidéo, art sonore, musique...) pour rendre tangible le « littéraire ». La multiplication récente des balados (ou des podcasts) a contribué à diffuser l’œuvre littéraire sous une forme sonore. En plus de l’essor sans précédent des livres audios, les balados multiplient à l’envi les émissions littéraires, les entretiens avec des écrivain·es ou suscitent des formes innovatrices dans le domaine littéraire 23. Le balado allie d’emblée la marche et l’écoute– c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles je privilégie le néologisme québécois au terme du terme anglais, podcast, généralement utilisé dans l’Hexagone. Il s’agit donc d’un medium particulièrement adapté pour la « lecture en mouvement ».

Si la mise en relation entre le texte et le lieu cherche dans certains cas à répondre à des motifs extérieurs, comme développer le tourisme, renforcer l’image d’une ville, valoriser le patrimoine ou l’œuvre d’un·e écrivain·e, il n’en demeure pas moins que le balado peut viser d’autres buts. Quand la conception du balado repose sur une démarche géopoétique, le but principal est de donner aux participants et aux participantes l’occasion de vivre une expérience sensible, d’abord et avant tout. Plutôt que de servir de support à la diffusion d’une œuvre, ou encore de mettre en valeur le patrimoine historique, architectural, textuel, la promenade littéraire médiatisée cherche à intensifier le rapport entre la littérature et l’espace vécu. C’est le cas du balado intitulé « Heartlands / Pays du cœur ».

Se promener dans les « Heartlands | Pays du cœur »

Ce projet de recherche-création24 a été réalisé par Ceri Morgan, professeure à Keele University, dans le cadre des geohumanities, une sous-discipline qui combine la géographie, les arts et les sciences humaines. Inspiré par la géopoétique, la psychogéographie, les études sur la marche25, la géocritique, l’écocritique, l’histoire orale et les arts sonores, il comprend plusieurs éléments : 1 ) un parcours sonore ; 2 ) une carte littérairede l’Estrie, où des enregistrements d’extraits lus par leurs auteurs et autrices sont placés à des endroits significatifs des œuvres26 ; 3 ) une chorégraphie inspirée par les paysages post-industriels des Cantons de l’Est et de la ville de Stoke-on-Trent. Clare Reynolds, du collectif Restoke, a créé une danse solo en collaboration avec l’artiste Patsy Browne-Hope27. Je me contenterai ici de présenter la balade littéraire.

Divisé en quatre parties, le balado retrace l’histoire de la région de l’Estrie (qui recouvre à peu de choses près les « Cantons de l’Est »). Il rappelle le passé autochtone des lieux, avec la présence des Wabanaki dont quelques rares traces subsistent encore, comme le nom du lac Memphrémagog; puis l’installation des colons français et anglais à partir du 18e siècle, parmi lesquels se trouvaient des Loyalistes britanniques ayant fui la guerre civile américaine. Cette première partie introduit également les auteurs et autrices de la région, que l’on découvre en longeant le lac. La deuxième partie débute près de l’ancienne gare : des sifflements de locomotive et des frottements sur les rails se font entendre et déclenchent la lecture d’extraits de différentes œuvres accordant au train une importance notable. Dans la troisième partie, consacrée à l’histoire industrielle de la région, des témoignages d’ouvriers du textile rappellent la prédominance de l’anglais, seule langue utilisée à l’époque pour nommer les métiers et les outils. Ce que viennent corroborer les extraits de romans sur les manufactures et sur les mineurs, notamment ceux qui se déroulent à Asbestos. Quant à la quatrième partie, elle commence face au panneau agrémenté d’une carte des lieux. Ceci amène à une réflexion sur les cartes, les frontières, les identités et la question linguistique, abordée à travers les romans mettant en scène des personnages issus de l’immigration. Un aperçu sur les langues parlées dans tel ou tel roman donne l’occasion de tendre l’oreille aux langues du monde entier. Comme on peut le constater, la conception du parcours privilégie tour à tour les dimensions historique, littéraire, linguistique et géographique des lieux. Elle favorise aussi l’interaction des promeneurs et promeneuses en stimulant leur créativité.

Concevoir un parcours axé sur la créativité

D’entrée de jeu, la narratrice (Ceri Morgan) insiste sur le fait que le but du balado est d’accompagner la marche et non de guider le promeneur ou la promeneuse. Il se distingue en cela des promenades spectacularisées ou médiatisées vues plus haut dans la mesure où les promeneurs et promeneuses sont placés au centre du dispositif. Leur posture n’est pas uniquement réceptive, elle est aussi active. La marche ne se réduit pas à un parcours défini à l’avance : les promeneurs et promeneuses sont invités à aller à leur propre rythme, à s’asseoir sur un banc de parc, à s’arrêter au bord de l’eau, à observer tel ou tel paysage. Si des consignes et des repères sont donnés pour se guider à travers l’espace grâce à l’usage de l’impératif (« suivez le sentier qui longe le lac, avec le mont Orford à votre droite »), la promenade fait appel à la créativité à plusieurs reprises. La narratrice propose en effet de mettre le balado sur pause et de faire de petits exercices, comme de penser aux plantes et aux animaux qui peuplent les environs, d’écrire sur la nature ou bien de dessiner, d’enregistrer, de filmer. Plus loin, elle invite à penser à ce qui définit une commune, une ville, un cadre urbain. Dans la troisième partie, elle suggère de s’asseoir face au lac, de prendre conscience de ses sensations et de les relater (« Écrivez, dessinez, enregistrez le paysage sensoriel »). À l’entrée du stationnement, particulièrement chargé en panneaux de signalisation, il est proposé de lire attentivement tous les signes d’interdiction et d’inventer d’autres alternatives, axées sur les possibles au lieu des interdictions. Plus loin, c’est un exercice de création littéraire plus précis qui est offert, consistant à trouver 12 mots et à écrire un poème en suivant des règles précises : 3 mots pour le 1er vers, 2 pour le 2e, 1 pour le 3e, 1 pour le 4e, 2 pour le 5e, 3 pour le 6e, ce qui résultera en un bel alignement sur la page. Enfin, il est demandé aux promeneurs et promeneuses d’observer les oriflammes ornant les berges, des drapeaux sur lesquels des « Paroles d’ici », de courtes citations littéraires ont été inscrites. L’auditeur ou l’auditrice est amené à en sélectionner un et à questionner les raisons de ce choix, à réfléchir au rôle de l’art dans le paysage, à la manière dont il transforme le lieu. À adopter autrement dit en bout de course une posture métaréflexive, concernant le balado lui-même ainsi que le paysage qu’il a permis de créer.

Relier les territoires

À plusieurs reprises, des allers-retours entre le territoire arpenté et d’autres territoires sont effectués. Tout d’abord, la narratrice explique qu’elle vient du Pays de Galles, qu’elle vit à Stoke- on -Trent, une région de l’Angleterre au passé industriel très riche, et qu’elle est tombée amoureuse du Québec à travers sa littérature. En consacrant ses recherches à différents auteurs et autrices québécois·es, elle a pu y revenir chaque année. L’attachement progressif à ce « pays du cœur/heartland » a nourri peu à peu le désir de relier ces deux régions par l’intermédiaire d’un balado. La voix qui nous accompagne tout au long du parcours est modulée par un accent caractéristique du métissage anglais/français, par une intonation laissant affleurer une certaine altérité tout en revêtant un propos très facile à suivre, elle nous place dans un entre-deux, au cœur des langues et des cultures ayant façonné ce bout de pays.

Au fond, le point de départ de la démarche, ce sont les émotions que certains lieux peuvent susciter. D’où l’insistance, dans le titre du balado, sur le « pays du cœur ». La subjectivité est donc placée au premier plan dans l’élaboration du projet, qui est par la suite élargi à plusieurs communautés. Tout du long, c’est le principe de l’attachement au territoire qui gouverne le choix des éléments. L’attachement que les Premières Nations avaient pour Memphrémagog, ou plutôt mamhlawbagak, cette grande étendue d’eau, ce lac vaste28 sur lequel ils naviguaient en canot. Un territoire de chasse et de pêche passablement transformé par le dépierrage des champs et l’agriculture, la construction d’une ville, les industries naissantes, l’érection de manufactures, le creusement des mines à ciel ouvert, le passage des trains et des voitures. Sillonné de part et d’autre, suscitant des joies, des ravissements, des cicatrices et des meurtrissures, le territoire est profondément noué aux êtres humains qui l’habitent et le parcourent. C’est d’ailleurs ce constat qui clôt le balado : le corpus d’auteurs et d’autrices entendus en cours de route a beau former un ensemble très diversifié, ils ont tous en commun leur attachement au territoire. C’est aussi l’un des buts de la promenade littéraire que d’amener le promeneur ou la promeneuse à développer son propre attachement au territoire, à intensifier grâce à la littérature, à la réflexion et aux sensations vécues son propre rapport aux lieux parcourus.

Faire résonner les voix

L’intégration des romans se fait à partir de différents thèmes : la nature, la présence d’animaux, réels ou fictifs, comme le monstre du lac ou le dragon de Dragonville ; les extraits sont suivis ou précédés de pistes sonores reliées au même thème, comme les cris des bernaches qui captent l’attention envers le site naturel environnant. Comme autre exemple de transition, on peut évoquer le questionnement autour du paysage sensoriel, dont il a été question plus tôt, qui amène la question du goût : que mange-t-on dans les romans de l’Estrie ? Quels plats, quelles spécialités se retrouvent dans les textes des différents auteurs et autrices ? Pour évoquer la présence des arbres dans la littérature, et sensibiliser à la menace qu’ils subissent, la balade mentionne le village de Three Pines dans la série policière du même nom, qui amène à penser aux paysages dégradés.

Une autre façon de faire résonner les voix consiste, non pas à emprunter au registre littéraire mais à des témoignages oraux. Des entretiens ont été menés avec d’anciens ouvriers du textile par exemple, ou avec des habitants et habitantes de Magog qui évoquent leur propre perception de la ville. L’histoire orale est donc intégrée au balado de manière à faire résonner différents registres de voix et d’impressions, différentes communautés qui se rejoignent dans leur appartenance commune à un territoire.

En guise d’ouverture

Il est difficile de conclure un tel article qui se veut avant tout une réflexion sur un art littéraire en plein développement, dont les aspects peuvent varier grandement et prendre tour à tour des formes spectacularisées, exposées et/ou médiatisées. Souvent perçue comme une médiation culturelle plutôt que comme un véritable art littéraire, la promenade littéraire présente pourtant un énorme potentiel en termes d’inventivité, de créativité, notamment quand il s’agit de projets au féminin. Qu’il s’agisse d’une promenade guidée par une femme, d’une balade littéraire inspirée par l’œuvre d’une écrivaine ou d’un balado réalisée par une chercheure-créatrice, la promenade littéraire au féminin pose des questions intéressantes à la fois au niveau de sa conception, de sa façon de relier des territoires, de faire résonner les voix, de donner une place centrale aux émotions. S’inspirant d’approches récentes en études littéraires comme la géopoétique, la géocritique, l’écocritique, la recherche-création, elle forme un objet d’études interdisciplinaire très stimulant dans la mesure où elle croise les études sur la marche, l’art sonore, l’histoire orale. Qui plus est, elle met en mouvement les lecteurs et lectrices, elle contribue à la découverte des paysages naturels et urbains et s’avère être un outil particulièrement efficace pour renforcer l’attachement au territoire. Chaque lieu possède ses propres caractéristiques, chaque œuvre littéraire émane d’une sensibilité singulière d’où émergent de nouvelles perceptions du paysage, chaque promeneur ou promeneuse ressent des émotions qui lui sont propres : autant d’éléments en faveur du développement de balades littéraires au féminin, de futurs projets de recherche-création, ou même de recherche-action si l’on tient compte de l’implantation des projets visant à transformer le regard sur le monde et sur la littérature, grâce aux échos suscités par leur imbrication et par le mouvement du corps en marche.


 

[1] Au Québec, le terme de balado est utilisé à la place de l’anglicisme podcast.

[2] Magog est situé en Estrie, dans une région qui recouvre à peu de choses près les Cantons de l’Est, tout près de la frontière étatsunienne.

[3] Balado - Magog Audiowalk : https://soundcloud.com/ceri-mair-morgan/magog-audiowalk-fr.

[4] Le laboratoire Ex-Situ s’est donné comme mission de définir les arts littéraires, qui « regroupent les pratiques littéraires qui ne recourent pas à la forme canonique du livre comme support de publication » (ex-situ.info), de les nommer, de les recenser et de proposer des outils de vulgarisation. Le laboratoire a été fondé par René AUDET dans les années 90 à l’Université Laval, située dans la ville de Québec.

[5] Voir par exemple l’article de Corentin Lahouste et René Audet, « S’affranchir du rapport médusant de l’idée d’œuvre littéraire : balises critiques sur la performativité et la réception des arts littéraires », RELIEF. Revue électronique de littérature française, vol. 17, 1, 2023, p. 183-194, https://revue-relief.org/article/view/17717.

[6] René AUDET, « Nommer, et faire advenir, les arts littéraires : attestation des pratiques vivantes de la littérature », Itinéraires, 2022-2023, paragraphe14 . https://journals.openedition.org/itineraires/12515.

[7] J’emprunte cette expression à François JULLIEN, Vivre le paysage ou L’impensé de la raison, Paris, Gallimard, 2014.

[8] C’est ce que j’ai expliqué dans l’article intitulé « La promenade littéraire, un dispositif pour des lecteurs en mouvement », Enjeux et sociétés, vol. 6, 2, « Promenade(s) et société en mouvement », automne 2019, p. 109-140. https://doi.org/10.7202/1066695ar. Mentionnons par ailleurs qu’un colloque proposant de « Penser la promenade littéraire » s’est tenu en 2021 sur Zoom (voir Calenda, https://doi.org/10.58079/167j).

[9] https://ex-situ.info/projets/nommer-les-arts-litteraires-projet/.

[10] http://www.promenade-ecrivains.qc.ca/PE_Parcours.html#Parcours09.

[11] Ibid.

[12] Ibid.

[13] René AUDET, op.cit., paragraphe. 16.

[14]http://figura.uqam.ca/sites/figura.uqam.ca/files/A_Marie-LeFranc_présentationetcommuniqué.pdf. Pour une présentation détaillée du projet, voir le site web de l’artiste sonore Yannick Guéguen : https://www.parcourama.com/site/portefolio/08-echo-lac.html.

[15] Cette performance a été filmée par l’une des membres de La Traversée, Michèle HOULE, dont le film Marie Le Franc et le lac a été intégré au carnet numérique publié suite à l’atelier. https://vimeo.com/124947975.

[16] Ceci rejoint en partie les réflexions proposées dans le numéro sur « La littérature exposée. Les écritures contemporaines hors du livre », dirigé par Olivia ROSENTHAL et Lionel RUFFEL (Littérature, 2010/4, 160).

[17] René AUDET, op. cit. paragraphe 17.

[18] Marie-Clémence RÉGNIER, « Ce que le musée fait à la littérature. Muséalisation et exposition du littéraire », dans Interférences littéraires/Literaire interferenties, n° 16, « Ce que le musée fait à la littérature. Muséalisation et exposition du littéraire », Marie-Clémence RÉGNIER (dir.), juin 2015, p 9-10.

[19] Ce critère du trajet balisé a été utilisé pour étudier les balades au Québec dans l’article « La promenade littéraire, un dispositif pour des lecteurs en mouvement » (loc. cit.). Sur les 6 balades examinées, 5 comprenaient du texte exposé sur des panneaux. 4 d’entre elles étaient balisées.

[20] https://www.associationmarielefranc.com/.

[21]Ce carnet est disponible gratuitement en format epub aux éditions de l’Écureuil : https://www.lespressesdelecureuil.net/product/echos-du-lac/.

[22] René AUDET, op. cit., paragrahe 18.

[23] Ainsi qu’en témoigne la journée d’étude « Balados et littérature au Québec » organisée par Charlotte BIRON et Caroline LORANGER en collaboration avec Littérature québécoise mobile (LQM) :

https://lqm.uqam.ca/fr/actualite/appel-communications-journee-detude-balados-et-litterature-au-quebec.html.

[24]Morgan CERI, Keele University, Heartlands | Pays du cœur – Heartlands/Pays du cœur : Geohumanities and Québec’s “regional” fiction. Ce projet a bénéficié du soutien du Arts and Humanities Research Council (Leadership Fellowship, numéro de subvention  : AH/T006250/1 ; Ethics approval number : 0341). Comme c’est un projet en cours, certains changements mineurs peuvent avoir lieu. Par exemple, une cinquième partie a été ajoutée récemment au balado.

[25] Hayden LORIMER, « Walking: New Forms and Spaces for Studies of Pedestrianism » dans Tim Cresswell et Peter Merriman (dir.), Geographies of Mobilities : Practices, Spaces, Subjects, Oxford, Ashgate, 2011, p 19-33.

[26]http://electricmonkey.space:8080/.

[27]https://www.facebook.com/restoke/videos/825727926204366. Le film a gagné 5 prix et a été présenté à 21 festivals en Europe, en Amérique du Nord, et en Amérique latine. Il va être présenté lors de la journée internationale des femmes au festival du film de Northampton : IWD: Northampton Film Festival 2025: IWD short films Selection 1 (PG).

[28] D’après la Commission de toponymie du Québec, « Memphrémagogest la déformation de mamhlawbagak, mot abénaquis signifiant ‘à la grande étendue d'eau’ ou ‘au lac vaste’ ». https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=40463.

Résumé

Cet article envisage la promenade littéraire au féminin à partir de l’angle de leur conception : l’examen d’un corpus de balades littéraires conçues par des femmes permet de mettre à jour leurs particularités grâce à une typologie adaptée aux arts littéraires, distinguant le texte littéraire spectacularisé (randonnée contée); le littéraire exposé (panneaux) et le texte littéraire médiatisé (balados). Un exemple en particulier est étudié, celui de la balade audio-guidée intitulée « Heartlands/Pays du cœur », réalisée par Ceri Morgan à Magog (Québec).

 

Abstract

This article considers the literary walk for women from the angle of their conception: the examination of a corpus of literary walks designed by women makes it possible to update their particularities thanks to a typology adapted to the literary arts, distinguishing the spectacularized literary text (storytelling walk); the literary exhibit (panels) and the mediated literary text (podcasts). One example in particular is studied, that of the audio-guided walk entitled "Heartlands/Pays du cœur", produced by Ceri Morgan in Magog (Quebec).

La promenade comme art littéraire

La promenade spectacularisée ou randonnée contée

Le texte littéraire exposé sur des panneaux balisant la promenade

La promenade littéraire médiatisée

Se promener dans les « Heartlands | Pays du cœur »

Concevoir un parcours axé sur la créativité

Relier les territoires

Faire résonner les voix

En guise d’ouverture

Rachel BOUVET

Département d’études littéraires

Université du Québec à Montréal (UQAM)

Rachel BOUVET, « « La promenade littéraire au féminin : », L’Entre-deux, 17 (1) | juin 2025 | URL : https://www.lentre-deux.com/?b=351 | consulté le 20-06-2025

AUDET, René, « Nommer, et faire advenir, les arts littéraires : attestation des pratiques vivantes de la littérature », Itinéraires, 2022-2023, paragraphe 14, https://journals.openedition.org/itineraires/12515.

 

BOUVET, Rachel, « La promenade littéraire, un dispositif pour des lecteurs en mouvement », Enjeux et sociétés, vol. 6, 2, « Promenade(s) et société en mouvement », automne 2019, p 109-140. https://doi.org/10.7202/1066695ar.

 

JULLIEN, François, Vivre le paysage ou L’impensé de la raison, Paris, Gallimard, 2014.

 

LAHOUSTE, Corentin et René AUDET, « S’affranchir du rapport médusant de l’idée d’œuvre littéraire : balises critiques sur la performativité et la réception des arts littéraires », RELIEF. Revue électronique de littérature française, vol. 17, 1, 2023, p.183–194. https://revue-relief.org/article/view/17717.

 

LORIMER, Hayden, « Walking: New Forms and Spaces for Studies of Pedestrianism », in Tim CRESSWELL et Peter MERRIMAN (dir.), Geographies of Mobilities: Practices, Spaces, Subjects, Oxford, Ashgate, 2011, p.19-33.

 

ROSENTHAL, Olivia, RUFFEL, Lionel (dir.), « La littérature exposée. Les écritures contemporaines hors du livre », Littérature, 2010/4, 160.

 

RÉGNIER, Marie-Clémence, «Morgan, « Ce que le musée fait à la littérature. Muséalisation et exposition du littéraire », dans Interférences littéraires/Literaire interferenties, 16, « Ce que le musée fait à la littérature. Muséalisation et exposition du littéraire »,(dir), Marie-Clémence RÉGNIER, juin 2015, p.7-20.

 

Sites internet

 

Association Marie Le Franc : https://www.associationmarielefranc.com/.

 

Balade littéraire « L’écho du lac » :

Présentation du projet: https://www.yannickgueguen.com/site/portefolio/08-echo-lac.html.

Parcours :https://www.yannickgueguen.com/site/parcours/echo-lac.html

 

Balado - Magog Audiowalk de Ceri MORGAN : https://soundcloud.com/ceri-mair-morgan/magog-audiowalk-fr.

 

Carte interactive de la fiction et non-fiction littéraire, des écologies acoustiques des Cantons-de-l’Est et de l’Estrie au Québec : http://electricmonkey.space:8080/.

 

Commission de toponymie du Québec : https://toponymie.gouv.qc.ca/.

Heartlands-Pays du cœur Heartlands | Pays du cœur – Heartlands/Pays du cœur : Geohumanities and Québec’s “regional” fiction.

 

Heartlands : Earth and Bones, chorégraphie de Clare Reynolds (Restoke): https://www.facebook.com/restoke/videos/825727926204366.

 

HOULE, Michèle, « Marie Le Franc et le lac » (film documentaire), dans Yannick GUÉGUEN, Laure MORALI et Rachel BOUVET (dir)., Échos du lac Marie-Le Franc, Montréal, La Traversée – Atelier québécois de géopoétique, coll. « Carnets de navigation », 13, 2015, p.145, 15 mn 48. Version numérique sur la plateforme Calaméo : http://tinyurl.com/marielefranc. Réédité en formatEbook (Epub), Montréal, Presses de l’écureuil, 2021 : https://www.lespressesdelecureuil.net/product-category/poesie/. Sur la plateforme Viméo (film uniquement) : https://vimeo.com/124947975.

 

Journée d’étude « Balados et littérature au Québec » organisée par Charlotte BIRON et Caroline LORANGER en collaboration avec Littérature québécoise mobile (LQM): https://lqm.uqam.ca/fr/actualite/appel-communications-journee-detude-balados-et-litterature-au-quebec.html.

 

Laboratoire Ex-Situ : https://ex-situ.info/projets/nommer-les-arts-litteraires-projet/.

 

Présentation de l’atelier nomade (3-5 octobre 2014) :

http://figura.uqam.ca/sites/figura.uqam.ca/files/A_Marie-Le-Franc_présentationetcommuniqué.pdf.

 

Promenade des écrivains : http://www.promenade-ecrivains.qc.ca/PE_Parcours.html#Parcours09.

 

La Traversée-Atelier de géopoétique : https://latraverseegeopoetique.com/.