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Numéro 17 | juillet 2025 | Des « lieux à soi »
Des « lieux à soi »
Marie Le Franc, des lieux à soi
Gaëlle PAIREL
rien
 

Avant d’évoquer l’autrice morbihannaise Marie Le Franc (1879-1964) dans son rapport à l’écriture, au territoire, à l’écriture du territoire, à ses lieux d’écriture, je souhaite préciser ce qu’est le matrimoine littéraire en Bretagne de 1801 à nos jours auquel est associée cette écrivaine et partager plusieurs réflexions sur la Bretagne comme lieu d’écriture.

En 2011, la Fédération des cafés-librairies de Bretagne (FCLB) commence un inventaire des autrices en Bretagne afin de valoriser leurs œuvres dans le cadre des manifestations littéraires développées par ce réseau. Cette mission est soutenue par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité, la Drac et le Conseil régional de Bretagne. Cette volonté partagée a pour objectifs notamment d’évaluer la place des femmes dans l’histoire littéraire de la région et de valoriser leurs écrits.

Coordinatrice de l’action littéraire et culturelle de la FCLB, je conduis ce recensement des autrices à partir du XIXe siècle jusqu’à l’époque actuelle en collaboration avec les acteurs et les actrices de la filière du livre bretonne. Cette première étape met en lumière plusieurs écrivaines majeures dont les œuvres ont marqué l’histoire de la littérature dès 1801, date de l’édition de la première œuvre inventoriée : Opinion d’une femme sur les femmes de Fanny Raoul1.

Le matrimoine littéraire en Bretagne de 1801 à nos jours

Peut-on alors affirmer l’existence d’un corpus littéraire féminin en Bretagne ? Comment définir alors cet objet matrimonial ? Comment le valoriser ? Je tente de répondre à ces problématiques dans le cadre du master II en médiation du patrimoine à l’échelle européenne que j’intègre en 2013 à l’université de Rennes II. Lors de cette année de recherches, je vais régulièrement m’entretenir avec neuf autrices contemporaines et un auteur : Anne Bihan, Rachel Bouvet, Karine Fougeray, Alexis Gloaguen, Anne Guillou, Angèle Jacq, Fabienne Juhel, Marie Le Drian, Laure Morali et Lou Raoul autour de questions telles que l’utilisation du mot matrimoine, ce qui fait littérature, leur rapport à la Bretagne, le lien entre territoire et écriture.

À l’issue de ce travail universitaire en 2014, je confirme l’existence d’un corpus littéraire et féminin en Bretagne composé de nombreuses auteures publiées depuis la révolution française pour ne citer que par ordre d’apparition chronologique sur la scène littéraire depuis le XIXe jusque la première moitié du XXe siècle : Fanny Raoul, Claire de Duras, Juliette Drouet, Zénaïde Fleuriot, Colette, Marie Lenéru, Marie Le Gac-Salonne, Marie Le Franc (Prix Femina 1927), Jeanne Nabert, Odette du Puigaudeau, Claude Cahun, Anita Conti, Suzy Solidor, Marie-Paule Salonne, Yvonne Meynier, Anne Pollier, Anne de Tourville (Prix Femina 1951), Angèle Vannier, Hélène Cadou, Heather Dohollau2. D’expression française3, ces femmes connaissent le succès à l’époque où elles sont éditées, beaucoup d’entre elles sont primées à l’échelle nationale et francophone et elles sont pour la plupart toujours éditées aujourd’hui. Leurs œuvres et correspondances sont disponibles en librairies et/ou sur les sites de lecture publique comme la BNF. Réunies, elles composent un ensemble nommé le matrimoine littéraire en Bretagne de 1801 à nos jours. Réunies, elles écrivent à la fois une histoire littéraire, une histoire des femmes, une histoire commune.

Le « matrimoine » désigne la part des femmes dont nous héritons et celle que nous écrivons aujourd’hui. L’utilisation de ce terme est significative car il rend visible les deux sources d’un héritage commun et partagé : le matrimoine et le patrimoine. Cette addition égalitaire permet de rendre visible la contribution des femmes longtemps minorée quand elle n’est pas ignorée. Le mot – l’objet d’études qu’il désigne – est parfois considéré comme militant, féministe et son utilisation dénigrerait même l’objectivité des études menées sur l’apport des femmes. Cette approche révèle les résistances à accepter la place des femmes dans l’Histoire et l’histoire des arts notamment. « Chercher en matrimoine » est une démarche objective de rendre visible l’apport des femmes, de le transmettre afin de nourrir une mémoire collective et universelle, universelle parce que plurielle.

Dans le matrimoine littéraire en Bretagne depuis 1801, il s’agit de valoriser la place des femmes dans l’histoire de la littérature en Bretagne et au-delà de ses frontières. Le pronom « en » rassemble les auteures bretonnes et les écrivaines venues d’autres horizons comme Colette, Anita Conti, Heather Dohollau, Yvonne Meynier, Lee Miller. Femmes d’ici ou d’ailleurs, elles traversent tous les champs littéraires et toutes les frontières géographiques. Comme Marie Le Franc, beaucoup d’autrices originaires de la Bretagne vont découvrir le vaste monde et s’installer outre-mer, à l’étranger. De Marie Le Franc à Colette, elles enrichissent les territoires de leurs perceptions, de leurs trajectoires, de leurs écrits, des traces qu’elles nous lèguent dans leurs livres, leurs correspondances, leurs activités littéraires. Ce dialogue est constitutif de ce corpus et reflète l’essence d’un univers en perpétuel mouvement.

Enfin, le choix de la période contemporaine – de 1801 à nos jours – répond à la lente mais irrémédiable ascension des femmes vers la scène littéraire depuis l’époque révolutionnaire. Leur reconnaissance dans les arts s’affirme au fur et à mesure que les femmes conquièrent leur citoyenneté pleine et entière.

Écrire en Bretagne, écrire la Bretagne

Les autrices d’hier et d’aujourd’hui traversent donc tous les genres littéraires et toutes les frontières. La Bretagne n’est pas forcément le sujet ou le décor de leurs écrits. Néanmoins, beaucoup des autrices interrogées lors de mon étude universitaire évoquent une interaction forte entre elles et le lieu où naît leur écriture. Une influence mutuelle et permanente, consciente ou non, lointaine ou récente, réelle ou fantasmée. Une influence ainsi décrite par Marie Le Franc :

 

L’homme n’était qu’une forme du paysage. Il y avait les rochers, les arbres, le ciel, les eaux, et il y avait l’homme, tous liés entre eux, faisant partie d’un même ensemble. Mais celui-ci possédait le pouvoir de s’exprimer et de se détacher. Il était comme une eau éternellement courante, comme un feuillage sensible en toutes saisons. Il servait de messager et d’interprète4.

 

Lors des entretiens réalisés dans le cadre de mon mémoire, la poétesse et dramaturge Anne Bihan nous répond à ce sujet : « La question est : est-ce-que ce territoire me permet de faire langage ? Ma démarche, c’est de trouver une langue pour dire l’endroit où mon corps se retrouve avec le monde »5.

Écrire pour Anne Bihan, Laure Morali et Alexis Gloaguen notamment, c’est écrire avec son corps. Le rapport entre le corps de l’auteur.e, l'écriture et l’espace n'est donc pas seulement relié à la terre originelle mais à l’endroit avec lequel l’écrivain est en lien qu’il soit réel ou imaginaire.

Laure Morali, auteure costarmoricaine installée au Canada, nous précise comment son écriture se nourrit d’une approche sensible de sa terre natale :

 

La langue poétique naît des lieux dans lesquels on a grandi. C’est la respiration des lieux qui nous traverse, qui nous accompagne toute notre vie. La poésie, c’est le souffle que l’on a en soi, le souffle des paysages. La mer, les marées, le mouvement des marées, les îles, les bancs de sable ont façonné mon style, mon esthétique même si je n’écris pas sur la Bretagne. La Bretagne a coloré mon écriture et continue de le faire. C’est simplement naturel6.

 

Quant à la poétesse Lou Raoul et la romancière Angèle Jacq, elles interrogent l’influence de la langue bretonne sur leur écriture7 en français. Tout idiome porte en lui son rythme, sa musicalité et sa manière singulière de nommer le monde. Les langues comme les univers littéraires se mêlent et se métissent.

Un métissage à l’œuvre chez la sociologue Anne Guillou dont la vie à l’étranger lui a apporté « une lecture supplémentaire de la Bretagne »8. La représentation de la région dans ses livres se nourrit de cette confrontation avec l’ailleurs. Comme pour Marie Le Franc, l’éloignement questionne le lien et le lieu, le lien au lieu en nous proposant de nouvelles perspectives.

Cette nécessité de mettre à distance le territoire et l’écriture est évoquée sous un autre angle par Fabienne Juhel. Son écriture charnelle et sensuelle s’inspire de son environnement mais elle nous précise qu’elle n’écrit pas « la Bretagne mais elle est là en filigrane parce que je vis là »9.

Les éléments spécifiques de la région – ses paysages, son climat, ses coutumes, ses langues – sont à la fois intégrés comme faisant partie de leur identité et réfléchis comme autant d’écueils à éviter.

Ainsi, les auteures installées en Bretagne éprouvent parfois le besoin de se distancier du territoire car cette association est perçue comme potentiellement réductrice de leur métier d’autrice. Elles craignent l’étiquette d’écrivaine régionaliste car, en France, les littératures « provinciale », d’Outre-mer et francophone sont souvent minorées et mises en périphérie de la scène littéraire parisienne.

À ce sujet, Gwenaëlle Lucas dans sa thèse consacrée à Marie Le Franc explique que, dans la première moitié du XXe siècle :

 

Paris, ville-littérature a (seule) le pouvoir de consacrer. Paris symbolise cette République des Lettres au niveau national et international. Paris centralise peu à peu les institutions artistiques, culturelles et littéraires ainsi La Sorbonne, l’institut de France, les musées, les théâtres... : cette primauté parisienne selon Jacques Dubois déclasse comme par avance tout ce qui se fait hors de ses limites au titre de littérature française10.

Marie Le Franc

Malgré le Prix Femina reçu en 1927 pour son roman Grand Louis l’innocent et le Prix Montyon pour Au pays canadien-français primé en 1932, Marie Le Franc se tient à distance du cercle littéraire parisien.

Pour les autrices avec lesquelles je m’entretiens lors de mes recherches, le sujet n’est donc pas la Bretagne mais il est avant tout la littérature, la création, l’introspection qu’elle suppose, les rencontres avec le monde qu’elle suscite.

Ainsi, Fabienne Juhel ne souhaite pas être « rangée » car l’une des fonctions de la littérature, pour elle, est de déranger. Quant à Anne Bihan, elle refuse « d’être assignée à résidence quand bien même la dite résidence/prison serait aussi somptueuse que l’est mon pays natal ».

Penser le matrimoine doit respecter leur singularité, leur trajectoire d’auteure, leur rapport à l’altérité. Marie Le Drian11 inspirée par les paysages notamment urbains ne les situe jamais géographiquement. Ils existent dans leur dimension affective, sensible et sociale :

 

Il est midi moins le quart lorsque je sors enfin du quartier de la gare routière. L’odeur est déjà dans la ville, le vent s’est levé, les navires vont rentrer et je suis en retard. Louise va m’attendre. C’est grave. Pire. J’ai peur qu’elle ne m’attende pour rien. Là, sortant enfin du quartier de la gare routière, je ne me souviens plus de ce que Louise m’a demandé de prendre. Pour nous. Pour son repas. Pour le mien. Juste aujourd’hui, je ne me souviens plus. « Tu devrais marquer, Chim, tout ce que je te dis »12.

 

Ils participent de la nature impressionniste de certains de ses textes. Mais, cette occultation est aussi consciente : Marie Le Drian se refuse à faire de ses romans des produits touristiques car le label « Bretagne » fait vendre y compris en édition.

Une prudence partagée par Alexis Gloaguen qui invite à une lecture critique voire cruelle de la région car la Bretagne souffre de nombreux clichés et évidences littéraires qui éludent certaines réalités. En Bretagne, il n’y a pas que les jolis ports de pêche, les souvenirs de vacances, les habitants « authentiques ». Elle est plurielle, complexe, traversée par les enjeux contemporains, abîmée, quotidienne.

Dans Le voyage à Paimpol, Dorothée Letessier nous raconte [v]ingt-quatre heures de la vie d’une femme – Maryvonne – une ouvrière lassée de son quotidien qui s’offre une fugue entre Saint-Brieuc et Paimpol. Dans cet extrait, nous entendons la vision critique, cruelle évoquée par Alexis Gloaguen, j’ajouterais salvatrice parce que réelle loin de toute image d’Épinal :

 

À ruminer des idées grises dans ce vieux car cahotant je perds mon plaisir. Je ferais mieux de profiter de cette récré volée. On arrive à Paimpol. C’est drôle. C’est là que j’ai voulu aller. Paimpol, cela ne fait pas sérieux, c'est un nom d’opérette, Paim-pol, Paim-Paul, Pain-Pôle, Pin-Paule, Paimpol, un nom tout rond, impossible à chuchoter. La Paimpolaise...Paimpol et sa falaise...des relents de folklore bouffon me font sourire toute seule. Paimpol n’est rien. Je ne trimbale pas de mythes colonisateurs. Je n’ai pas d’extase louche et rétro pour ce petit port breton. J’aime ma côte qui vit au présent, qui lutte contre les marées noires et les accidents de mer. La Bretagne se fait putain l’été, pour vivre du fric des touristes, et se vend aux promoteurs et aux camelots […]. On vit aussi en Bretagne et sauf pour quelques oisifs, le nombril des traditions n’est pas le steak quotidien. Ce qu’on doit défendre aujourd’hui dans la rue c’est le droit de ne pas être isolé, le droit de prendre un train qui passe près de chez soi et qui s’arrête à Plouaret par exemple. Aujourd’hui, les mauvaises herbes envahissent les anciennes lignes de chemin de fer, il n’y a plus d'omnibus et les petites gares silencieuses ne servent plus à rien13.

 

En Bretagne comme ailleurs, les luttes des femmes – pour les droits civiques, l’accès à l’éducation, un travail digne justement rémunéré, la défense de l’environnement ... – pourraient constituer un parcours littéraire d’autant plus passionnant que cette histoire sociale est méconnue.

La littérature, un lieu de mémoire

Ces lieux de résistance s’inscrivent dans des livres, des correspondances comme celle de Juliette Drouet au XIXe siècle, des films documentaires et de fiction pour ne citer que le désormais mythique Des pierres contre des fusils de Nicole et Félix Le Garrec, réalisé en 1980, lors des manifestations organisées contre l’implantation d’une centrale nucléaire à Plogoff dans le Finistère. Dans ce département breton, les luttes des femmes ont la mémoire longue et se transmettent de génération en génération. Les Penn Sardin, les ouvrières des conserveries de Douarnenez aux XIXe et XXe siècles, chantent pour se donner la cadence. Elles chantent aussi pour dénoncer leurs conditions de vie et de travail et réclamer une vie meilleure. Ces chansons racontent leurs grèves victorieuses et inspirent les résistances d’aujourd’hui.

La littérature peut donc être un lieu de mémoire quand elle met en scène un espace, une époque, des personnages, des faits historiques. Au Canada, un lac des Laurentides porte le nom de Marie Le Franc parce que son œuvre valorise cette région canadienne, son histoire, sa manière de l’habiter. Elle est notamment le décor de son magnifique roman Hélier, fils des bois14 dans lequel l’autrice immortalise cet endroit. Un lieu à soi, un objet d’écriture éprouvé, un espace partagé qui se réinvente sous la plume de l’autrice et accède ainsi à la postérité littéraire. À nous lecteurs et lectrices, il nous permet de savoir ce qu’il fut et ce qu’il est encore. Dans cet extrait, nous entendons l’autrice raconter son émerveillement à l’annonce de ce baptême :

 

Je vis, depuis quelques jours, le nez sur une carte…

Il y a une raison tout à fait spéciale qui me fait me pencher dessus avec des yeux pleins de rêve. C’est qu’au centre de cette région, je lis : Lac Marie Le Franc, entouré d’un cercle au crayon rouge tracé par le service géographique pour attirer mon attention. Et voilà la surprise, que la veille de Noël, m’apportait le facteur de mon petit bourg breton, accompagnée d’une lettre parcheminée de ministre qui, au nom de la Province du Québec, offrait à l’auteure d’Hélier, fils des bois le parrainage d’un beau grand lac sauvage. Me voilà pour l’avenir entourée du lac de chevreuil, du Serpent, du Corbeau, de l’aigle, de ceux de la mouette et de l’épervier, du lac doré et de la crique d’argent, du lac à l’eau claire et de Blue-Sea ou lac de la mer bleue, et de tant d’autres portant des noms de chez nous, les plus poétiques et les plus chantants, dont les baptisèrent les premiers pionniers qui mêlèrent à ces eaux farouches un peu de lyrisme de leur race15.

Marie Le Franc l’éternelle voyageuse

Née en Morbihan en 1879, Marie Le Franc est une enfant de la IIIe République dont elle est l’une des institutrices. Diplômée en 1898, elle enseigne quelques années en Bretagne avant de partir au Canada en 1906 rencontrer son amoureux épistolaire. La rencontre est décevante et Marie Le Franc se retrouve seule à l’âge de 27 ans où, malgré des conditions matérielles difficiles, elle décide de rester à Montréal. Toute sa vie, elle navigue entre ses deux patries que sont la Bretagne et le Canada. Elle ancre ses narrations tantôt dans le Morbihan tantôt dans les différentes régions canadiennes comme les Laurentides ou la Gaspésie. Sa terre natale incarne son enfance, sa vie de famille, ses paysages marins, elle qui est née de la mer comme elle le raconte dans ses souvenirs publiés en 1959, Enfance marine :

 

Je pris racine dans ce sable, ce vent, cette mer. J’en eus conscience… Je fus moi-même un grain de sable qui tentait de se soulever, de se dresser à la hauteur des chardons et des daturas, roulait parmi les coquillages et se laissait éclabousser par le flot montant. La mer, le sable, le vent, se logèrent en moi, formèrent la provision initiale à l’âge où l’on cherche une première nourriture. Je n’avais pas encore d’yeux pour voir, ni surtout de mémoire pour enregistrer, mais je possédais déjà tout cela16.

 

L’autrice se lie à la nature dès ses premiers jours, elle se mêle à la mer, au sable, au vent, à leur dimension invisible, à leur matérialité, à leur odeur et leur musique. Cet enlacement des premiers jours pénètre ensuite son œuvre tout entière et notamment son premier roman Grand Louis l’innocent17, superbe histoire d’amour qui se déploie au cœur de la lande bretonne pour laquelle elle reçoit, en France, le Prix Femina en 1927.

Un premier roman influencé par la Bretagne mais écrit en 1925 au Canada où bercée par de nouveaux paysages, elle naît à l’écriture et confirme ses talents d’autrice, de poète, de journaliste.

Entre deux rives, elle éprouve souvent les lieux physiquement avant de les écrire. Dans ses narrations sensibles et sensuelles, ses personnages et les éléments se mêlent et ne font plus qu’un.

Après la publication de Grand Louis l’innocent en 1927 aux Éditions Rieder, Colette dit à Marie Le Franc « Personne n’a fait comme vous le portrait du vent ! »18.

Colette, admiratrice de Marie Le Franc, est l’une des autrices qui composent le matrimoine littéraire en Bretagne. Le Blé en herbe (1923) est écrit depuis sa villa Rozven située à Saint-Coulomb, sur la côte brétilienne entre Cancale et Saint-Malo. Cette maison de vacances est un lieu de retrouvailles estivales notamment avec sa fille, un espace d’écriture (correspondances, pièces de théâtre, récits) et de profonde inspiration. C’est aussi un endroit qui lui permet de s’émanciper pleinement. Le Blé en herbe est le premier livre qu’elle signe de son seul nom, elle a alors cinquante ans. Colette aime Rozven, la mer, les baignades, la sensualité qui se dégage des bords de mer. Les éléments marins comme la brume de mer, l‘écume accompagnent le jeune héros de ce roman initiatique, Phil, dans son passage de l’enfance à l’âge adulte. Lors de ses séjours en Bretagne, Colette noue une relation amicale avec le grand peintre Mathurin Méheut, amitié qui a donné vie à un très beau livre jeunesse intitulé Regarde..., une invitation à découvrir la faune et la flore du littoral breton.

L’écriture, une histoire de corps

Après ce premier succès littéraire, Marie Le Franc publie plusieurs livres répartis dans ce que Gwenaëlle Lucas appelle son cycle breton et son cycle canadien, narrations tantôt immergées sur les côtes bretonnes tantôt dans la forêt canadienne. Elle publie plusieurs récits, sa biographie déjà évoquée Enfance marine, un essai – Inventaire – dans lequel elle se livre à une introspection poétique et souvent tourmentée.

Dans ce texte édité en 1930, elle confie l’importance que ses confessions revêtent pour elle :

 

Celui-ci n’a pas été créé, c’est à dire pensé, au cours des longues marches dont j’avais pris le goût dans mon pays d’enfance le long de la mer, des dunes, des landes, des routes, à la traversée des villages de pêcheurs ou de paysans, ou bien plus tard au Canada, au hasard des pistes forestières, au bord des eaux ou au flanc des monts, dans les solitudes qui tour à tour serrent ou dilatent le cœur, d’un effort à l’autre, d’une peur à un enchantement, d’une incompréhension à une interprétation, en conversation avec la nature ou avec les êtres qui la représentent le mieux. Toutes randonnées à la suite desquelles il n’y a plus qu’à se laisser aller à leurs suggestions. Inventaire fut écrit au cours d’un hiver passé en France, dans une chambrette de vieille maison, assise à une table de travail, en face à face avec moi-même. C’est un essai d’introspection, un coup de sonde dans une âme individuelle, en dernière analyse une tentative pour percer l’énigme de l’humain, c’est à dire de soi-même. Analyse à laquelle on est amené quand arrive le moment de faire la somme des accomplissements de sa vie, en particulier quand on est écrivain. Inventaire entre tous mes livres, mon livre19.

 

Marie Le Franc décrit ici deux manières d’accueillir l’écriture. Pour Inventaire, il lui faut la solitude, le retranchement, l’immobilité, le regard porté vers l’intérieur de soi. « [son livre] advient dans une chambrette, assise à une table de travail » sans cette immersion dans la nature qui précède habituellement la rédaction de ses romans et poèmes.

Car dans ce passage, elle précise que ses écrits s’élaborent habituellement « au cours des longues marches » qui libèrent son génie créateur. « Toutes randonnées à la suite desquelles il n’y a plus qu’à se laisser aller à leurs suggestions ». L’extérieur d’où surgit l’écriture, là où elle voit « l’envers et l’au-delà de ses richesses. Ne point abriter l’inspiration mais se laisser traverser par elle »20.

Dans l’immobilité comme dans le mouvement, son corps est le lieu de passage de son écriture, le lieu de rencontre entre le dedans et le dehors.

Dans Grand-Louis l’innocent, l’héroïne, Ève, est une autrice revenue de l’étranger, une femme solitaire qui va rencontrer un homme mystérieux et blessé. Dans plusieurs passages, Marie Le Franc met en scène Ève – son double ? – à l’heure d’écrire son œuvre intitulé L’âme du Nord, titre qui évoque le pays récemment quitté. Comme son personnage, Marie Le Franc ancre ses écrits au Canada lorsqu’elle est en France et inversement. Il semble que la distance participe du processus de création, une distance physique qui engendre le souvenir puis l’intériorisation préalable à toute écriture.

Ève le dit dans ce passage :

 

Elle se barricada contre le paysage. L’âme aux sombres degrés appelait. Il fallait descendre au royaume intérieur. Il fallait creuser, se retrouver dans les arcanes, démêler la lumière. Il fallait commencer le chant. La mer, la lande et le vent devaient soumettre leur rythme à celui-ci, le Nord devait cesser de haleter, passionnément, dans la nature21.

 

Au début de cet extrait, Ève se barricade « contre le paysage ». Elle se coupe de lui pour mieux le retrouver. Cette remémoration traverse le corps de l’héroïne qui sculpte toute cette matière engrangée d’où émerge l’inspiration. Son travail rejoint alors celui convoqué pour Inventaire. Il devient studieux, se visse à la table, solitaire, introspectif.

 

Elle l’abandonna à lui-même, s’assit à la table de travail, le dos tourné, sortit le manuscrit du tiroir. Chacun s’absorba dans sa tâche... La lumière de la lampe donnait à ses doigts à elle une agilité presque fluide22.

 

La poésie coule de ses livres, de ses personnages, de la nature, de cet entremêlement des êtres et des éléments, de ce mouvement entre ses terres électives : « La lande de son côté, gagnait en ampleur. L’âme vacillait d’un paysage à l’autre. Elle tâchait de creuser, entre les deux, sa vallée. Elle se cherchait »23.

Pour Ève, personnage qui n’est pas sans rappeler l’autrice, il faut sculpter cette matière quotidiennement.

 

Ève regarda son papier. Elle n’y vit que des traits de plume, des mots épars, des phrases informes. La pensée ne déroulait plus son arabesque. Elle procédait par hachures et taches. Et c’était ainsi chaque soir24.

 

Le travail d’écriture d’Ève se déroule sur une table dédiée, dans une ambiance tamisée à la lumière d’une lampe, d’un feu, dans un climat calme, enveloppant, protecteur propice à la concentration, au commencement du chant.

 

Il faut tirer au clair tant de choses confuses. Pour cela, elle s’installait avec une ponctualité de bon ouvrier, sans ennui comme sans enthousiasme. Jusqu’à présent, cela avait suffi à enlever à son existence toute apparence de désœuvrement25.

 

Pour l’héroïne de Marie Le Franc, le passage à l’écriture est ritualisé : il faut l’immobilité après le mouvement, la ponctualité après « les heures à se chercher », la rigueur du travailleur qui ne se laisse pas emporter par ses états d’âme. Écrire, c’est mettre au clair ce qui a été vécu mais c’est aussi donner de la consistance à ce qui a été éprouvé et « enlever à son existence toute apparence de désœuvrement ». Écrire pour s’inscrire dans le monde.

Du Morbihan aux Laurentides. Un parcours littéraire sur les traces de Marie Le Franc

En Presqu’île de Rhuys, l’association Marie Le Franc26 inscrit l’autrice et son œuvre dans ses paysages morbihannais. Afin de célébrer son génie littéraire et ses lieux d’inspiration, elle a notamment créé un parcours littéraire et touristique27 qui commence en Bretagne et se prolonge sur les rives du lac Marie Le Franc dans la Réserve faunique Papineau-Labelle, située dans la région des Laurentides. L’association Marie Le Franc travaille avec conviction depuis 1996 à la valorisation de cette autrice, à l’incarnation physique de son œuvre dans les paysages bretons et canadiens qui l’ont inspirée.

 

Visuel 1 : Carte France Canada : crédit Gaëlle Pairel

 

Cette proposition entre deux rives consacre l’attachement de Marie Le Franc à ses deux patries et son amour du voyage qu’elle a nourri tout au long de sa vie. Dans le Morbihan, dix panneaux d’interprétation constituent une balade littéraire intitulée : Sur les traces de Marie Le Franc.

 

Visuel 2 : Parcours Marie Le Franc en Presqu’île de Rhuys
Source et autorisation de publication : l’association Marie Le Franc

 

Entre texte et iconographie, chaque installation présente une étape de sa vie, une œuvre de l’autrice et le lieu tel qu’il existait au XIXe siècle. Plus ou moins éloignées les unes des autres, la carte ci-dessus permet aux publics de les retrouver facilement. Les panneaux sont sonorisés grâce à un QR Code ainsi, à chaque station, les promeneurs et promeneuses ont accès à des lectures d’extraits des œuvres de Marie Le Franc en français et en anglais. Ce dispositif met en scène le paysage à travers l’écriture de l’autrice, révèle son lien à la fois biographique et littéraire à ce lieu, souligne la puissance créative de l’autrice, sa force d’évocation, d’imagination, de réinvention. Cette lecture nous ancre dans le paysage traversé, nous oblige à nous arrêter, à le regarder de multiples façons. Il nous apparaît tel que nous le voyons, tel que nous le ressentons et tel qu’il nous est décrit.

 

Visuel 3 : Panneau Pointe du Ruault – 6ème station
cadre de son roman Pêcheurs du Morbihan publié en 1946
Crédit photographique : Alain Guillot

 

Au Canada, un panneau intitulé balade littéraire au lac Marie Le Franc prolonge la proposition morbihannaise. Il a été créé et inauguré en 2014 à l’occasion du cinquantenaire de la mort de l’autrice. Son installation s’est inscrite dans le cadre d’ateliers littéraires mis en place par la Traversée, atelier québécois de géopoétique animé notamment par Rachel Bouvet. Professeure de Lettres à l’université du Québec à Montréal (UQAM), Rachel Bouvet est l’une des autrices que j’ai interrogée lors de mon mémoire28. Originaire de Fougères en Ille-et-Vilaine, elle s’est installée au Canada d’où elle publie notamment des essais, des récits passionnants comme Le vent des rives (éditions Mémoire d’encrier). Elle mène depuis longtemps une réflexion sur l’interaction entre paysages et littérature et met en place une recherche-action favorable à la création.

Ainsi, du 3 au 5 octobre 2014, un chantier géopoétique s4est tenu autour de Marie Lefranc et de son œuvre Hélier, fils des bois. Sur le site de la Traversée, nous pouvons lire en présentation de ce séminaire :

 

Institutrice et « mangeuse d’espace », pour reprendre ses propres mots, Marie Le Franc (1879-1964) entretient une relation étroite avec la nature et les espaces sauvages. Naviguant entre la France et le Canada tout au long de sa vie, perpétuellement en exil, elle donne voix à des lieux comme la mer, la forêt, le lac et la rivière à travers ses nombreux écrits. Les participants seront invités à parcourir les espaces qui habitent son écriture, particulièrement dans le roman Hélier, fils des bois (1930, réédité en 2011 dans la collection « Jardin de givre »), et à participer à diverses activités : parcours et installations sonores, lectures en chaloupe, randonnée, écriture et échos autour du feu. Il y aura également l’inauguration du panneau d’interprétation installé au bord du Lac Marie-Le Franc et réalisé grâce au concours de la municipalité de la Minerve, de la MRC des Laurentides, de la Réserve Papineau-Labelle, de La Traversée et du CRILCQ29.

 

Les participant.e.s devaient avoir lu au moins une œuvre de Marie Le Franc et choisi un extrait de l’œuvre afin de le partager au cours de ce week-end. Cette écriture en mouvement s’inspire du processus créatif de Marie Le Franc et rejoint le propos de l’auteure Anne Bihan pour qui « le seul patrimoine qui m’intéresse est celui qui continue d’engendrer »30.

Les Laurentides, espace concerné par cet atelier, s’étend sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, près de Montréal. Rachel Bouvet nous explique que le roman Hélier, fils des bois, publié en 1930, est, aujourd’hui, un des rares accès à la mémoire de cette région administrative du Québec d’où sa réédition dans la collection « Jardin de givre »31 (PUQ) dont la vocation est de publier, pour la recherche et l’enseignement, des œuvres significatives, mais épuisées, liées à l’imaginaire nordique, hivernal et de l’arctique. Sa préface est signée par Rachel Bouvet. Cette région, dont les usagers actuels sont des chasseurs et des pêcheurs, compte deux mille habitants. Le gardien des lieux ainsi que les résidents ont apprécié cette initiative de créer un espace littéraire. Cela ajoute une dimension à l’attrait touristique de ce territoire qui accueille 10.000 visiteurs par an. La promenade littéraire s’inspire autant de l’esprit des lieux (les sons naturels sont captés et utilisés lors de la construction du parcours littéraire) que de l’œuvre de Marie Le Franc. Ces ateliers réunissent plusieurs disciplines : littérature, géographie et, dans ce cas précis, associent des artistes du collectif Audiotopie32 qui travaillent à partir de captations sonores qui nourrissent des balades à l’adresse du visiteur, de l’usager, des habitant.e.s comme des auditeurs et auditrices éloignées. Elle est donc à la fois inscrite dans un territoire et dématérialisée. Elle s’écoute en téléchargeant une application au préalable, s’éprouve in situ ou se découvre à distance. Les textes de Marie Le Franc s’incarnent ainsi dans des créations immersives qui mêlent littérature, sons de la nature et musique. Ces propositions sensibles nous propulsent au bord du lac, au cœur de la forêt dont nous percevons les ambiances diurnes et nocturnes, le bruissement de l’eau, le murmure des feuilles, le bruit des pas qui pourraient être les nôtres.

Du lac à la mer, de la forêt à la lande, cette collaboration franco-canadienne est une invitation à voyager, à partir sur les traces de Marie Le Franc, à traverser l’océan, cet espace continu entre deux rives.

Grâce à ces collaborations, l’œuvre de l’autrice franco-canadienne est visible de part et d’autre de l’Atlantique. En tant que spécialiste du matrimoine littéraire, je suis aussi engagée avec de nombreux acteurs et actrices de la région à la valorisation de ses livres.

Avec la Fédération des cafés-librairies de Bretagne, nous avons notamment créé plusieurs lectures musicales qui lient Marie Le Franc à d’autres autrices. Cette filiation entre les autrices et les œuvres, d’un siècle à l’autre, inscrit leurs talents dans un ensemble qui fait corps, qui fait corpus, qui fait matrimoine. J’accompagne cette petite forme littéraire animée par les comédiennes Camille Kerdellant, Rozenn Fournier et le musicien Alain Philippe (Compagnie KF).

À partir de 2025, dans la collection Les UniversELLES que nous avons créée avec les éditions Jean-Marie Goater, nous publions trois romans de Marie Le Franc dont Hélier, fils des bois et Grand Louis l’innocent.

Le matrimoine littéraire en Bretagne entre elles et nous

Le matrimoine littéraire associe donc travail éditorial, recherches et médiation littéraire. Ce corpus, l’anthologie Femmes de Lettres en Bretagne (Éditions Goater, 2021) ainsi que la collection Les UniversELLES sont des lieux à elles, des espaces où leurs écritures sont visibles, un territoire de rencontres et de dialogues. L’anthologie est pensée comme une invitation à déambuler au cœur de leurs œuvres et montre que le génie littéraire féminin n’est pas isolé, que ces femmes tissent une chaîne d’un texte à l’autre, d’un siècle à l’autre, d’un genre littéraire à l’autre. Au fil des pages, leur singularité comme leur diversité s’imposent à l’œil du lecteur et de la lectrice. Cette mise en lien révèle la création littéraire féminine, en même temps qu’elle compose une mémoire des femmes à la fois singulière et universelle.

Une mémoire littéraire, sociale, géographique, intime, collective, politique qui s’incarne dans le destin d’héroïnes complexes, passionnantes parce qu’elles échappent aux clichés et aux injonctions sociales. Dans la littérature des femmes, les personnages féminins existent pleinement, pensent et agissent de manière autonome et portent les narrations de bout en bout. Elles ne sont pas forcément des bonnes filles, des bonnes mères et des bonnes épouses.

Ainsi Marie Le Franc met en scène des femmes à son image. Ève (Grand-Louis l’innocent) et Julienne (Hélier, fils des bois) sont célibataires, indépendantes, aventurières, amoureuses. Les romans de Marie Le Franc ne sont pas militants. Ils racontent des vies imaginaires, mettent en scène des héroïnes dont les destins s’approchent parfois de l’existence de leur créatrice.

L’écriture – ce lieu à soi – est un espace de création affranchie de toute convention. Pour les autrices comme pour nous, lecteurs et lectrices, ces écrits de femmes deviennent des lieux à nous, des lieux de réflexion, de découverte, de plaisir, des lieux d’évasion, d’émancipation, de libération, des espaces de liberté.


[1] Fanny RAOUL, Opinion d’une femme sur les femmes (1re éd. 1801), Lorient, Le Passager clandestin, 2024.

[2] Dans cette liste, toutes les auteures recensées ne sont pas citées – je pense notamment aux scientifiques, aux journalistes. Par ailleurs, je ne fais pas mention des écrivaines actuelles très nombreuses.

[3] L’objet de mon étude concerne uniquement les auteures qui écrivent en français ou celles qui comme Anjela Duval, poétesse et bretonnante, sont traduites en français. Intégrer les autrices bretonnantes suppose de maîtriser la langue bretonne.

[4] Marie LE FRANC, Hélier, fils des bois (1re éd 1930), Québec, PUQ, coll. « Jardin de givre », 2011, p. 46.

[5] Poétesse, dramaturge, romancière et nouvelliste. Son écriture s’ancre en Bretagne et en Nouvelle-Calédonie. Entretien réalisé le samedi 26 juillet 2014.

[6] Poétesse, romancière, auteure jeunesse. Publiée en France et au Canada où elle réside. Entretien réalisé le mardi 5 août 2014.

[7] Lou Raoul est poétesse. Ses réponses au questionnaire sont envoyées le 27 août 2014. Angèle Jacq est romancière. Notre échange a eu lieu le vendredi 11 juillet 2014.

[8] Sociologue, romancière et essayiste. Propos recueillis le lundi 14 juillet et le mardi 22 juillet 2014.

[9] Romancière. Dialogue établi le lundi 21 juillet 2014.

[10] Gwenaëlle LUCAS, Des réseaux locaux au réseau global : le projet de Marie Le Franc (1906-1964), Département des littératures de l’Université Laval, p. 29.

[11] Romancière. Échange en date du mardi 5 août 2014.

[12] Marie LE DRIAN, Le dimanche on va au restaurant, Rennes, éd. La Part commune, 2011, p. 169.

[13] Dorothée LETESSIER, Le voyage à Paimpol (1980), Paris, éd. Seuil, 1995, p. 24.

[14] Marie LE FRANC, Hélier, fils des bois (1930), Rennes, éd. Goater, coll. « Les UniversELLES », 2025.

[15] Marie LE FRANC, Le lac Marie Le Franc, revue Voix et images, vol. 36, 3, 2011. Document transmis par l’Association Marie Le Franc.

[16] Marie LE FRANC, Enfance marine (1959), Le Faouët, Liv’éditions, 2013, p. 19.

[17] Marie LE FRANC, Grand Louis l’innocent, (1927), Le Faouët, Liv’éditions, 2005.

[18] Marie-Renée MARTIN-ROUXEL, « Le cycle canadien de son mal d’écrire », L’aurore boréale des amis de Marie Le Franc, Morbihan, Association Les amis de Marie Le Franc, 2014, p. 108.

[19] Marie LE FRANC, Inventaire (1930), Le Faouët, Liv’éditions, 2019, p. 11.

[20] Ibid., p. 15

[21] Ibid., p. 16

[22] Marie LE FRANC, Grand Louis l’innocent (1927), Le Faouët, Liv’éditions, 2005, p. 34.

[23] Ibid., p. 15.

[24] Ibid., p. 10.

[25] Ibid., p. 79-80.

[26] Accueil - Marie le Franc.

[27] Balade littéraire - Marie le Franc.

[28] Entretien réalisé le vendredi 15 août 2014.

[29] https://latraverseegeopoetique.com/.

[30] Entretien réalisé le samedi 26 juillet 2014 dans le cadre du mémoire consacré au matrimoine.

[31] Une publication du Laboratoire international d’étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord (UQAM).

[32] https://soundcloud.com/audiotopie/marielefranc-introduction. Co-production : Rachel Bouvet, Audiotopie, La Traversée, Atelier de géopoétique, et Centre De recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises. Réalisation : Yannick Guéguen. Textes : Marie Le Franc. Narration : Chloë Rolland. Coordination et recherche : Rachel Bouvet et Laure Morali.

Résumé

Née dans le Morbihan, Marie Le Franc (1879-1964) choisit de vivre au Canada à partir de 1906. Profondément liée à la nature, son écriture s’immerge dans ces paysages entre deux rives. Auteure prolixe, elle reçoit le Prix Femina en 1927 pour son premier roman : Grand Louis l’innocent. Elle est l’une des nombreuses écrivaines réunies au sein du matrimoine littéraire en Bretagne. De 1801 à nos jours, il rassemble les autrices en lien avec la Bretagne qu’elles soient d’ici et d’ailleurs. Une création littéraire polyphonique et universelle incarnée par la trajectoire singulière de Marie Le Franc.

 

Abstract

Born in Morbihan, Marie Le Franc (1879-1964) chose to live in Canada from 1906. Deeply connected to nature, her writing immerses itself in these landscapes between two banks. A prolific author, she received the Prix Femina in 1927 for her first novel: Grand Louis l’innocent. She is one of the many writers united within the literary marriage in Brittany. From 1801 to the present day, it brings together authors with ties to Brittany, whether they are from here or elsewhere. A polyphonic and universal literary creation embodied by the singular trajectory of Marie Le Franc.

Le matrimoine littéraire en Bretagne de 1801 à nos jours

Écrire en Bretagne, écrire la Bretagne

Marie Le Franc

La littérature, un lieu de mémoire

Marie Le Franc l’éternelle voyageuse

L’écriture, une histoire de corps

Du Morbihan aux Laurentides. Un parcours littéraire sur les traces de Marie Le Franc

Le matrimoine littéraire en Bretagne entre elles et nous

Gaëlle PAIREL

Autrice, co-directrice de la collection Les UniversELLES, chercheuse indépendante spécialiste du matrimoine littéraire en Bretagne

Gaëlle PAIREL, « Marie Le Franc, des lieux à soi », L’Entre-deux, 17 (1) | juillet 2025 | URL : https://www.lentre-deux.com/?b=350 | consulté le 09-07-2025

BIHAN, Anne, Outremer - Trois océans en poésie, Paris, éd. Bruno Doucey, 2011.

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LE FRANC, Marie, Inventaire (1930), Le Faouët, Liv’éditions, 2019.

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LUCAS, Gwenaëlle, « Minorations et réseaux littéraires : le projet franco-québécois de Marie Le Franc (1906-1964) », thèse sous la direction de Beïda Chikhi et Élisabeth Nardout-Lafarge, Paris IV, 2004.

 

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THOMAS, Claude, REBOURS, Fañch, CHAUFFIN, Fanny et al., Femmes de lettres en Bretagne, matrimoine littéraire et itinéraires de lecture, Rennes, éd. Jean-Marie Goater, 2021.

 

RAOUL, Lou, Second jardin (drugi vrt), Plounéour-Ménez, éd. Isabelle Sauvage, 2022.

 

Parcours touristique Marie LE FRANC

 

France – Presqu’île de Rhuys – Site Association Marie Le Franc : Balade littéraire - Marie le Franc

 

Canada – Site Rachel Bouvet/ La Traversée : marie le franc | Résultats de recherche | La Traversée