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Numéro 17 | juin 2025 | Des « lieux à soi »
Des « lieux à soi »
Manifeste pour un adelphémoine. Parcours littéraires en régions Hauts-de-France et Normandie
Isabelle ROUSSEL-GILLET
rien

 

Mais, avant tout, il vous faut éclairer votre propre âme, ses profondeurs et ses bas-fonds, ses vanités et ses générosités, dire ce que signifie à vos yeux votre beauté ou votre laideur, quels sont vos rapports avec le monde.

 

 Il est néfaste pour celui qui veut écrire de penser à son sexe.

Il est néfaste d’être purement un homme ou une femme ;

il faut être femme-masculin ou homme-féminin.

 

Virginia WOOLF, Une chambre à soi, 1929.

 

Projeter de dessiner des chemins d’écrivaines dans une région suppose un état des lieux, comme l’on ferait un inventaire en muséologie, qui ne saurait se suffire d’un premier matériel d’historiographie de la présence d’écrivaines de cette région dans les anthologies littéraires d’hier et d’aujourd’hui. Cet objet, l’anthologie, n’est qu’un des éléments d’un champ éditorial, du manuel scolaire aux nombreux blogs et sites consacrés. La méthodologie consisterait alors à définir l’ensemble des objets de cet inventaire : d’abord l’identification de ces autrices (pseudonymes y compris, sites, page Wikipédia1, site Armarium2) pour inventorier les productions (livres de tous genres, journaux, correspondances, traductions, essais, sans oublier les chansons, la dite culture populaire, la bande dessinée3, le roman graphique) ; puis les signes/marqueurs de reconnaissances ou de patrimonialisation : anthologies, manuels, monuments4, plaques de rues5, préfaces de rééditions, programmes d’enseignements ou de concours, noms de lieux (médiathèques, maisons-musées, musées, sites), marqueurs dans des lieux dits de passage (café, hôtel,…), expositions portées par des magazines6, associations étudiantes (avec la terminologie récurrente de « femmes d’exception »), académies, panthéons, prix littéraires7 (avec un rééquilibrage entre homme et femme), réseaux professionnels8, sociétés des amis, maisons d’éditions9… À titre d’exemple, pendant le COVID, l’exposition curatée par Alban Cerisier dans la maison Gallimard vise à affirmer le rôle de l’éditeur dans la valorisation du matrimoine. Voici le texte liminaire du catalogue de l’exposition « Autrices, écrire libre (1945-1980) »: « L’attribution du prix Goncourt à Elsa Triolet en 1945 marque l’entrée des femmes dans un palmarès aussi masculin que l’avait été jusque-là son jury. L’événement inaugure une ère enfin plus favorable à la mixité en littérature, après des décennies de sous-représentation des auteures dans les catalogues des éditeurs français. L’une des particularités de ce mouvement d’émancipation intellectuelle est qu’il livre son sens critique en même temps qu’il s’accomplit en œuvres ; dans le prolongement de la parution du Deuxième Sexe (1949), les femmes enfin s’expriment et s’expliquent ; et elles disposent de « lieux » pour le faire, comme l’avaient appelé de leurs vœux Virginia Woolf et Colette. Ce travail est déjà à maturité et gagne à s’enrichir d’un métadiscours pour exposer comment est mobilisée la transmission de ce matrimoine via quel canal et quelle pratique.

Une méthode de recensement vient d’emblée interroger ce que veut dire choisir et nommer ces objets. De quels lieux physiques parle-t-on ? Pourquoi user du terme « lieu », « parcours »10, « site », ou « espace » ? Pour le média exposition, par exemple, le terme d’espace désigne la prise en compte du visiteur ; l’espace est un lieu habité, fictionnel avec mise en place d’un propos, de relations entre items, qui permet moins de voir des « lieux littéraires » que de saisir comment la littérature traverse des lieux pour en faire des espaces, et ainsi du travail muséographique.

Aussi pour développer notre propos, nous commencerons par exposer les raisons qui motivent notre choix du mot « parcours », dans toute sa fertilité et notre option pour un manifeste, qui assume des partis-pris. Puis, dans la perspective d’éclairer notre propre rapport au monde, et notre choix d’un parcours qui ne soit pas exclusivement féminin, nous poserons les jalons suivants pour développer notre réflexion : pourquoi se garder d’une méthodologie uniquement centrée sur les objets inventoriés ? Comment se préserver de possibles reconductions d’enfermement (gynécées, entre soi) ? Quelles sont les implications d’un parti-pris « féministe » ? Quels sont les enjeux d’un projet et comment hiérarchiser ces enjeux ? Comment contextualiser des strates temporelles de visibilisation ou revisibilisation concernant une même autrice ? Pourquoi et comment choisir des démarches inclusives ?

Des parcours avec…

Choisir pour titre « Parcours11 avec… » suggère de se situer du point de vue de la lectrice, de majorer le dispositif de compagnonnage, et sans aucun doute le déplacement physique. Parcourir un espace en lisant des écrivain.es rend présence et chair aux textes, dans une intention phénoménologique qui engage le corps de la lectrice ou du lecteur pour une balade géopoétique en espace rural ou urbain.

D’une part, la notion de « parcours » permet une traversée des strates temporelles affectant les paysages, en lisant les textes que des autrices ont écrits devant ces paysages. Il y a déjà là une intention, se tourner ensemble vers des espaces, des dehors qui ne sont pas figés dans le marbre, et qui témoignent de la possibilité de se mouvoir, de changer de place et de porter des regards singuliers et de considérer des mutations techniques, urbanistiques, climatiques ayant modifié le paysage depuis son évocation dans un texte. Parcourir des yeux, en lisant, mais encore, « traverser, visiter dans toute son étendue », comme l’indique l’étymologie. « Parcourir » fut très tôt un terme juridique qui permet de résider ailleurs sans perdre sa franchise, le droit de faire paître dans deux communes, autant dire d’être entre-deux. Et pour un projet interrégional, cette notion de « parcours » prend alors une belle pertinence.

D’autre part, la notion de « parcours » serait un garde-fou contre le lieu clos, ce qui ghettoïse une femme, alors qu’il existe des écrivaines voyageuses : Marguerite Yourcenar vivant entre des lieux, des cultures. Ce qui nous éloigne d’une tendance sentimentale, (souvent sexiste) à confiner. Lorsque la journaliste Évelyne Bloch-Dano rassemble ses chroniques parues antérieurement dans Le Magazine littéraire12, certains implicites semblent plus manifestes que lors des premières parutions. Rendre compte de ces implicites fait partie de la démarche pour penser les parcours, les mettre en récit. La journaliste fait la part belle au logis : « Douceur effleurée d’un châle bleu en mohair de Marguerite Yourcenar, rugosité d’un bois de lit, formica de la table de travail d’Alexandra David-Néel si touchant dans sa simplicité parmi tant de merveilles rapportées de ses voyages »13. L’approche sensible du jardin de Colette peut frôler la sensiblerie, et livrer un portrait en casanière ou jardinière (certes réelle), mais n’est-ce pas la ramener à une stabilité, immobilité, voire conformité, le risque étant de renforcer l’assignation de la femme à la maison14 par la vulgarisation de ce type de représentations ? Bien sûr, l’attachement de Colette aux vrilles de la glycine désormais bicentenaire est réel, l’attention au vivant (« il n’y a qu’une bête » disait-elle) mais le discours qui pense l’individu traversé des lieux majore15 la question spatiale, et peut-être celle du génie du lieu, pour une diablesse au théâtre. Cependant appartenons-nous aux lieux ? Les lieux nous appartiennent-ils vraiment ? Ne sommes-nous pas plutôt traversés par une époque, un temps, des décennies, notre condition de corps qui vieillit ? Un parcours peut exprimer la mobilité, dessiner un paysage ouvert avec un horizon, une levée d’amarres, et non un ancrage. Du « Nohant de George Sand »16, la journaliste commente : « maison de femme, maison-racine au cœur de la France, noyée de vert, toute vibrante encore »17 et de renvoyer aux rêveries de l’intimité de Gaston Bachelard. D’autres passages sont de la même veine : « Simone de Beauvoir et le Limousin, il y a chez Simone de Beauvoir un goût profond pour la nature. » (48), qui l’associe cependant à Sartre nomade sans domicile ou au café mais en passant précisément par Sartre et de citer Deleuze affirmant « Sartre, c’était notre dehors »18 ; au Kenya, « le musée Karen Blixen déploie ses pelouses impeccables et ses massifs de bougainvilliers »19, la présence des accessoires d’Out of Africa brouillant les frontières entre fiction et réalité ; l’évocation du Centre René Guy Cadou est une lettre adressée à son épouse Hélène qui a œuvré pour « enraciner le souvenir de Cadou »20; l’évocation d’Émilie du Châtelet passe par les mots de Voltaire « Madame du Châtelet est devenue architecte et jardinière »21 ; le premier succès d’Edith Wharton c’est la décoration des maisons, rappelle-elle, pour cette première femme à recevoir le prix Pulitzer. La dernière chronique consacrée à une écrivaine Marguerite Yourcenar au Mont noir ouvre une autre réflexion, mais sur un faible sous-bassement psychologique « Peut-être faut-il avoir une mère pour avoir une patrie »22 et d’évoquer une existence « vagabonde » et de poser enfin une question de terminologie sur la Flandre qui traverse ses livres (L’œuvre au noir, Anna, Soror, Labyrinthe du monde), « est-ce comme cadre ou comme terreau ? » Avant d’évoquer Mount Desert : « Petite plaisance est une maison de femmes, vivante colorée, intime »23. Quid des espaces sociaux qui désorientent une vie normée, des expériences vécues du corps, des expériences incarnées dans la traversée d’espaces, et dans les nuances ? À quel moment ces discours qui véhiculent des constructions symboliques du rapport au foyer, à la maison, sont-ils interrogés pour les situer ?

Un état des « lieux » ou des objets

Inventorier présente l’avantage de tracer de précieuses archives pour une base de données, mais il faut élaborer un propos, pour éviter un site portail cumulatif. Il peut s’agir d’inscrire la démarche dans un plus vaste écosystème et en déclarer l’intention. Dans la lignée de la nouvelle muséologie depuis les années 1980, réfléchir au pourquoi précède le comment, avec quoi et qui : quel discours voulons-nous tenir avant que de poser des objets ? Vouloir dire, ne serait qu’à travers une historiographie des signes de reconnaissance de telle autrice, relève-t-il d’une historiographie des mouvements féminismes, des impacts d’un militantisme global sur le sous champ de la littérature ? S’agit-il d’une approche disciplinaire, en l’occurrence la littérature, ou d’une démarche inclusive de la philosophie, de l’histoire, un projet d’interface numérique des écrivaines invisibilisées pouvant être interdisciplinaire, à la croisée d’histoire de « disciplines » (lettres, histoire, philosophie, épistémologie de la connaissance), et de la juridiction (qui donne accès à… ou interdit), de l’histoire de l’édition, des féminismes, de la patrimonialisation et de la matrimonialisation ?

Qu’est-ce qu’on écrit quand on tient la plume ? Le propos n’est pas toujours féministe quand la plume est tenue par une femme et « parcours au féminin » n’est pas « parcours féministe ». Le fait de partir d’une maison, soit d’un lieu physique, pourrait être considéré comme position dans le champ phallocrate de la propriété : considère-t-on qui a accès à la propriété ? Les conditions d’oppression ou d’émancipation de ce lieu ? Le rapport de pouvoir est matériellement situé, ce qui est souvent paradoxalement signifié dans l’expression « une chambre à soi », qui fut pourtant l’expression de la revendication d’un lieu hors aliénation domestique et posa la question du lien indissociable entre politique et intime. La fortune de cette expression se décline ainsi pour Un musée à soi24, relecture de parcours de femmes dans le Musée du Folklore et de l’Imaginaire de Tournai, ou pour Un bureau à soi, projet de portraits photographiques d’écrivaines contemporaines par Nadège Fagoo25. La préposition « à » engage certes une expression à double tranchant : à (à soi qui renvoie à la propriété), d’où peut-être notre choix de la préposition avec26. « Parcours avec », donc. Le travail Un bureau à soi de Nadège Fagoo, comme la couverture du livre de Kate Milie vient interroger la figuration de femmes de dos27, concentrées, déjouant l’archétype du portrait d’écrivain… rejouant peut-être aussi un modèle pictural ou dessinant un univers dépassant le soi, que véhiculerait le portrait, les femmes n’étant plus assignées au journal intime et à l’écriture de soi. Ceci n’est qu’un exemple pour se soucier des effets des iconographies choisies, quel que soit le support.

Un projet à la croisée d’enjeux bien différents portés par des acteurs différents fait-il converger ces acteurs ou inventer un pas de côté ? Quel est l’enjeu explicite ? Le matrimoine, tout comme le patrimoine, est-il une fin en soi ou un moyen au service d’un projet de développement culturel pour une émancipation des femmes ou de chaque Sujet, dans une prise en compte d’un alter (à laquelle participe le mouvement féministe) ? Un projet d’interface numérique interrégional sera-t-il co-construit et, dans l’affirmative, avec qui le sera-t-il ? Quels sont les choix à arrêter s’il s’agit de démontrer comment on invisibilise et/ou comment on revisibilise ? Comment hiérarchiser ces enjeux de visibilité, reconnaissance, légitimité, commercialisation éventuelle ou accessibilité ouverte ? Son enjeu essentiel n’est-il pas, à nos yeux, de favoriser une société plus égalitaire, une visibilité et nécessité de la diversité ?

Sans être exhaustifs, nous pouvons distinguer six enjeux, qui peuvent se coupler, se croiser, s’accompagnant parfois d’un enjeu et d’effets fédérateurs des actions conduites :

-          Un enjeu de revalorisation des femmes tenant la plume dans la lignée de la Cité des dames28. En Hauts-de-France, à Villers-Cotterêts, le dispositif de la bibliothèque magique montre fidèlement un nombre croissant d’autrices de langue française publiées du XVIe siècle à nos jours. Cependant, dans la salle qui précède le parcours, un dispositif multimédia présente une cartographique des écrivains en proche région où nulle femme n’apparaît à l’écran des lieux. Racine, La Fontaine, Calvin, Dumas… sans Marguerite Yourcenar dans ce périmètre décidé ; alors qu’à l’orée du bois, bien loin, est implantée l’exposition panneau conçue par le réseau des maisons des écrivains des Hauts-de-France. Une cartographie n’est certes ni une constellation ni un parcours.

-          Un enjeu épistémologique qui interroge les cadres de connaissance et de reconnaissance institués, parfois doublé d’un enjeu de valorisation de la recherche par la force d’un réseau, afin de donner à voir, via un outil numérique en open-source (tel « la Cité des dames ») le travail des chercheurs et chercheuses attelés à cette revalorisation.

-          Un enjeu de création29 avec des résidences croisées imaginées entre ces deux régions comme l’a initié l’AR2L, depuis 2019, afin d’encourager l’écriture contemporaine. Quand il s’agit d’un parcours d’écrivaines entre deux régions, quels sont les enjeux avec quelle intention : reconnaître ou créer des vocations d’écrivaines, ensemencer, semer, essaimer ?

-          Un enjeu d’opportunité dans une logique événementielle (date anniversaire…) pour les lieux d’exposition, comme pour les éditeurs. Ainsi de la collection « Cours toujours » qui après La Fontaine, Dumas, Verne, Colette, publie en 2024 tout sur Camille et Paul Claudel (ou presque)30 dans un esprit de quatre parcours (le génie, le Tardenois de l’enfance, la vie sentimentale, les lieux traversés – « de vie, de travail ou de villégiature » – intitulé « Sur les pas »). Le parcours livresque fragmenté à butiner commence en section 1 par « Un bicorne pour deux »31 deux portraits en 1893, Paul et Camille portant tour à tour le bicorne de vice-consul de Paul. « Preuve de complicité » est-il écrit. Preuve aussi de différence entre marqueurs de reconnaissance de fonctions. Puis en section 2 avec l’œuvre emblématique La Vague, salon de Paris 1897, le texte précise que « la sculptrice » tente de s’affranchir de l’influence de Rodin. page 31, sont évoquées les lettres de Camille, si pleinement mises en scène ailleurs, au théâtre, avec la Compagnie des anges au plafond. Parcours donc, mais aussi déplacement sur une autre scène… ce qui suppose de penser aux captations théâtrales en open-source sur un outil numérique.

-          Un enjeu géopoétique ou éco-critique de parcours physique non virtuel dans la cité ou dans les espaces moins urbains, tels les forêts, littoraux… pour se tourner vers le vivant dans sa globalité, en suivant des lignes ou en ponctuant d’haltes, de points, en préservant un autre patrimoine : le patrimoine naturel.

-          Un enjeu de tourisme littéraire privilégie les lieux tangibles et les retombées économiques avec des variables ; ancrage au terroir (littérature régionaliste et sauvegarde), ancrage à un territoire (dans son usage politique du terme), ancrage pour pèlerinage. Le tourisme culturel littéraire s’est de fait développé depuis les années 1980, avec le renfort du travail de la Fédération nationale des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires et ses réseaux régionaux. Des chemins littéraires en France calquent la liberté de déplacement des écrivains, dans une praxis, tel Stevenson (tracé du GR 70 en 1993 et création, en 1994, de l’association « Sur le chemin de R.L Stevenson » et quatre ans plus tard, recrutement d’un agent du développement touristique).

-          Un enjeu de conservation au service d’une patrimonialisation d’un « paysage littéraire ». C’est le cas emblématique de Proust, où il s’agit moins d’une approche de l’auteur, de l’œuvre ou du livre, que de ses pages consacrées à un paysage. En interdisant une implantation d’éolienne, dans ce cas de jurisprudence, l’État reconnaît là un patrimoine immatériel32.

Des associations désignent clairement leur finalité dans leur appellation même, comme Les amis de Colette en Puisaye (1956). L’association des Amis du musée de Marguerite Yourcenar, créée en 1986, en région Hauts-de-France, s’annonce liée au sol :

 

Elle a pour but de promouvoir le développement culturel, d’aider au fonctionnement, d’assurer l’avenir et la pérennité du Musée communal Marguerite Yourcenar. Le musée, géré par l’association des Amis du musée Marguerite Yourcenar, a toujours eu pour ambition de faire connaitre au plus grand nombre cet écrivain dont la personnalité atypique et avant-gardiste s’est forgée ici, au Mont-Noir. L’association s’est également donné comme objectif de promouvoir sous le signe du développement durable la protection du patrimoine naturel et traditionnel des Monts de Flandre, terres auxquelles elle était attachée et qu’elle immortalisera dans Archives du Nord en 197733.

 

Dans les années 1980 toujours, l’action du département devenu propriétaire du parc du Mont noir fut de protéger le parc, mais en 2024 dans une logique d’événementiel touristique, il ampute le budget et réduit d’un tiers les résidences d’écrivains, initiées en 1997. Un parcours pensé comme geste culturel ne peut faire l’économie d’une réflexion politique sur ce qui se joue ou ne se joue plus dans telle ou telle situation.

Le travail de recensement est aujourd’hui très activé par tous ces acteurs, souvent de concert pour rendre honneur aux écrivaines : AR2L (avec des entretiens conduits avec les écrivains des Hauts-de-France dans la revue Eulalie désormais en ligne), Drac, Départements et Régions, associations comme « Escales des lettres »34 (pour les auteurs et autrices contemporains), laboratoires de lettres et lieux d’études féministes dans les deux régions, fédération nationale et les deux réseaux régionaux de maisons des écrivains et du patrimoine littéraire. On peut encore mentionner les éditeurs indépendants comme les éditions Invenit ou Light Motiv : ainsi de la revue Tohu Bohu35 dont les numéros 1 et 2 soulignent les liens d’auteures à des villes, des concepteurs d’expositions temporaires. On songe ainsi à l’exposition itinérante Derrière chaque écrivain des femmes en Hauts-de-France36 conçue par le réseau, dans un vrai souci de travail inter-lieux pensant la circulation entre onze maisons d’écrivains autant que l’interrelation entre une femme et un écrivain.Sur ce point, nous pouvons interroger le fait que, sur les treize panneaux explorant la muse, l’héroïne, le grand amour, l’amante, autant de variations de rôles des femmes, seule Marie de Gournay est qualifiée d’« escrivaine » au titre d’un panneau.

Pour les écrivaines en particulier, il faudrait nuancer entre celles qui furent censurées, celles reconnues par l’action collective quelque peu tardive (Suzanne Césaire…)37, celles qui furent reconnues et publiées de leur vivant – non sans des résistances à leur reconnaissance. Par exemple, dans sa collection, Laure Adler situe Marguerite Yourcenar d’emblée, dès la première phrase, qu’elle fut la première académicienne (1980), elle mentionne les réticences : « On ne change pas les règles tribales » aurait [affirmé Claude Lévi-Strauss], « digne justification d’un représentant du structuralisme »38.

Il s’agit de rendre visibles les oubliées39, les invisibilisées mais en expliquant les processus d’invisibilisation tout comme ceux de re-visibilisation : que ce soit la journaliste Séverine (Caroline Rémy), la romancière Violette Leduc (avec la réédition de Ravages) née à Arras ayant vécu à Valenciennes, en étant vigilant sur les relectures anachroniques qui en feraient une figure LGBT, ce qui est une réinterprétation sans contextualisation. La notion de « situation », de circonstance est indispensable : quelles sont les circonstances de la création, de la visibilité, ou du mouvement postérieur qui rend visible ? Comment l’expliciter, comme on indique aujourd’hui les raisons d’un accrochage d’un tableau resté en réserve, ou son titre reformulé en contexte postcolonial ? Avec quelle approche, ton ? Avec humour ? Comme le duo d’Alice Lescanne et Sonia Derzypolski qui, dans la table d’orientation du musée fictif « Mmmh » 40 ne cite qu’une autrice parmi cinq auteurs, qui plus est une autrice qui n’a pas laissé de trace… une sorte d’origine perdue ou de muse de la littérature ?

La valorisation des femmes impulsée par des études féministes depuis les années 1970 participe à la déconstruction des savoirs, en montrent les fondements androcentriques, la toxicité du « UN ». Les approches critiques ont désigné les biais (consentement, usurpation, spoliation d’œuvre ou de signature), les stratégies (pseudo masculins, sororités)41, les angles morts (Aspasie, Hipparchie et Hypatie aux oubliettes de la philosophie)42, les concepts sexistes (qu’est-ce qu’une écriture féminine ?). Une accélération des productions est nette, que ce soit par des publications papiers comme La Revanche des autrices43 (2022) ou en ligne (podcasts), ainsi des documents rassemblés par la BnF44 dont voici le texte liminaire :

 

Alors qu’aujourd’hui la majorité des lecteurs sont des lectrices, les femmes de lettres d’hier sont souvent oubliées, celles d’aujourd’hui sont moins éditées et reçoivent moins de prix littéraires que les hommes de lettres. […] sont nettement moins présentes dans les programmes scolaires et universitaires que leurs homologues masculins. Aujourd’hui encore, éditeurs et critiques cantonnent parfois les écrivaines dans certains genres, de la littérature pour la jeunesse à l’autofiction, ou dans une écriture dite « féminine ». L’Académie française, qui leur avait jadis retiré ce privilège, vient de leur concéder le droit à la féminisation de leurs noms de métiers45.

 

Tous ces travaux, études, militances (Les journées du matrimoine depuis 2015, Aware depuis 2004, l’exposition elles@centreompidou 2009, me-too 1999, les Guerrillas Girls des plasticiennes 1985, etc.) contribuent à constituer un matrimoine, toujours en cours, sans cumuler ou répéter mais dans l’idée de nuancer les parcours singuliers et les féminismes au pluriel, ce que met en œuvre AFEMUSE dans son projet de musée des féminismes à Angers.

Défendre un principe d’ouverture

Si nous avons cheminé avec des auteurs des entre-deux comme Michel Butor, qui a merveilleusement pensé le génie du lieu certes mais aussi le voyage, l’écart, la traversée, ou Jean-Marie Le Clézio, écrivain franco-mauricien nomade, c’est que le rhizome nous importe plus que la racine. Nos choix d’objets de recherche ne sont jamais innocents, on le sait, d’autant dans la conscience de nous situer dans un entre-champs, entre muséographie et littérature. Étudier Annie Ernaux peut tout aussi bien s’orienter vers son rapport à la langue normande, de ces mots repérés chez Flaubert et entendus dans son enfance, que vers sa capacité d’émancipation, de déplacement intérieur, provoqué par sa situation de transfuge de classe et sa condition de femme née en 1940 (option que nous avons prise), ou encore vers ses filiations, puisque c’est dans la lignée de Simone de Beauvoir qu’Annie Ernaux écrit La Femme Gelée, récit d’une prison existentielle tissée par des dominations. Son récit rejoint le collectif, de par la condition sociale vécue, mais encore dans la familiarité de lieux de vie, de la petite épicerie46 au supermarché Auchan, en passant par le RER (encore un lieu du déplacement). Dans l’exposition itinérante que l’Art de muser Annie Ernaux, une lutte des places les lieux interrogés sont l’épicerie, le foyer certes, mais surtout l’école, la faculté. Et, avant d’itinérer vers la Normandie ou Cergy-Pontoise, lieux de vie emblématiques de l’autrice, l’inauguration s’est tenue à l’Université d’Arras, comme instance et lieu de légitimation, de reconnaissance, où fut dirigé le premier colloque international sur l’œuvre d’Annie Ernaux en 2002. Dans une certaine mesure, l’itinérance est un choix qui déplace le sanctuaire, le pèlerinage vers un lieu biographique.

Un tout autre parcours, au sens d’itinéraire concret, fut développé sous le nom « Plumes », commanditée par l’AR2L Nord (Géoculture existait déjà pour la Picardie)47. Quatre parcours pédestres ou cyclistes, pour randonneurs dans des paysages urbains, littoraux ou campagnards des Hauts-de-France sont pensés48 autour du patrimoine industriel (« Du guidon au charbon et Elles faisaient dans la dentelle »), naturel (« Paysage sur horizons ») ou immatériel (« Les petites madeleines »), pour privilégier une approche sensorielle mais aussi sociale, qui tiennent compte d’auteurs et d’autrices nées ou vivant ou de passage dans la région (le fameux « Sur les pas de »), morts ou contemporains (Annie Degroote). Quatre éléments président dans l’intention de ce projet : la prise en compte du visiteur (l’ergonomie, le temps consacré sur des itinéraires d’une heure accompagnés par des textes littéraires), la découverte pour donner envie de lire (via des médias variés : l’audio avec des entretiens et archives sonores et l’iconographie, de la carte postale à l’affiche de cinéma), un parti-pris de fil directeur par des parcours thématiques tenant compte de la géomorphologie et de l’histoire du chemin à parcourir  et enfin une pensée qu’on peut référer à Michel de Certeau, qui distingue le lieu et l’espace qui serait un lieu habité, traversé, vécu. Un lieu palimpseste est reparcouru pour exposer tant ses strates temporelles que les présupposés épistémologiques à chaque situation pour ne pas écraser les jeux des forces disparates en jeu. À la différence d’un lieu qui implique un présupposé, l’« implication de stabilité »49 l’espace est un lieu pratiqué. Un parcours peut toutefois être jalonné par la citation de lieux. Nul doute que la connaissance des travaux de La traversée (Montréal), du parcours Marie Lefranc et la lecture des travaux de Rachel Bouvet, de Michel Collot ont influé sur la sensibilité à l’œuvre.

Quel parcours pourrions-nous inventer entre les deux régions des Hauts-de-France et de Normandie qui tiennent compte de divers patrimoines en lien avec le matrimoine littéraire ? Dans le livre Les Visiteuses, le parcours poétique entre 52 œuvres, ne s’est pas limité à la région Hauts-de-France, il inclut la Belgique puisque la veine de charbon ne s’arrête pas à la frontière. Entre la Normandie et les Hauts de France, dans leur proximité, qu’est-ce qui fait lien ? Le littoral, de la mer du Nord à la Manche ? La culture du lin ? Une activité ouvrière liée à un sol, sous-sol ? Une histoire de l’immigration ? De la résistance ? Quelle expérience narrative, voire poétique, proposer ? Un paysage marqué par deux baies (Avranches et la Somme), comme espace de passage ?

Prendre le chemin buissonnier

Pour ne pas se cantonner au parcours disciplinaire lié à un écrivain étudié, une possibilité est d’abolir quelque peu les frontières pour un parcours inclusif de la philosophie, des arts, de patrimoine industriel, comme on l’a vu avec les patrimoines naturels. Le parcours entre deux pâturages, disions-nous en préambule, suppose de ne pas limiter la femme au journal intime, d’inclure la chanson, la poésie sonore, les liens de Colette au théâtre et à la musique, d’Annie Ernaux et de la photographie, etc. Au même titre que les correspondances de Camille Claudel avec son frère Paul, l’étude en région de celle de Godin et de sa compagne Marie Moret permet d’appréhender des liens affectifs, mais encore des considérations politiques lié au Familistère. La numérisation des 20 000 courriers, en collaboration avec le CNAM permet une approche par une autre figure alliée autre que celle d’une unique figure masculine, visionnaire.

Comment plus que l’attache au lieu, interroger le lien, l’attachement pour penser une solidarité ? Et peu à peu faire entrer dans les mentalités, et notre texte, le terme matrimoine ? L’option ici retenue est d’inclure les écrivaines dans une vision globale artistique, et de les nommer dans tous corps de métiers et tous types de productions de femmes-orchestre50, ainsi de l’œuvre de la peintre Marie Morel51, mue par une pensée plus inclusive : 400 portraits de femmes qui pensent, écrivent, qui ne séparent pas les femmes de lettres des autres femmes artistes, ou marquantes quels que soient leur métier. C’est un choix qui diffère de celui de la collection de Laure Adler distinguant les artistes d’une part, les femmes de lettres d’autre part.

La cité des dames s’est penchée sur cette question pour en faire un vrai enjeu politique :

 

Les femmes qui y apparaissent sont aussi bien des artistes, des héroïnes que des femmes politiques, marquant ainsi l’unité de l’attitude créative, inventive, réformatrice, révolutionnaire ou résistante. En ce sens, l’accès des femmes à la création artistique est un acte politique, d’existence dans la cité et non un domaine secondaire concernant la production esthétique52.

 

Prendre dans la globalité sans s’enfermer dans le sous-champ « femmes de lettres » permet de revenir à considérer la cage constituée par l’ensemble des barreaux et non un seul barreau, comme l’y invite Marylin Frye53, de considérer ainsi Virginia Woolf et le Bloomsbury Group, les salonnières au xviiie siècle, les éditrices (le rôle des veuves Casterman à Tournai)54 et pourquoi pas, dans une démarche inclusive affirmée, des métiers les scientifiques, les botanistes publiant. Comment faire reconnaître des métiers et l’écriture en lien avec d’autres métiers et de ceux qui participent de la diffusion de l’écrit, déhiérarchiser pour espérer faire bouger les lignes de reconnaissance de métiers dans un tissu de dynamiques socioculturelles ? Des commandes de création à des artistes femmes comme Jennifer Maqué autour de Flaubert, Hélène Mugot scénographe pour le musée Colette permettent d’ouvrir la littérature aux liens entre des métiers exercées par d’autres femmes et de défendre une approche non par le sexe et le genre mais par la compétence et capacité. L’ambition ne manque pas de défi, puisqu’elle tâche d’éviter la norme, sans déplacer le focus ou le centre, mais en niant le centre pour préférer le multiple, en décryptant les schémas collectifs et sociaux, en remaniant les implicites qui sous-tendent nos propres parcours (de chercheurs aussi) dans la totalité des rapports sociaux dans lesquels nous vivons.

Choisir le commun, éviter le binaire entre hommes/femmes n’est pas si simple. Les approches féministes – qui sont adoptées par des femmes ou des hommes – pointent les mécanismes d’oppression sur les femmes. Comment ne pas les ghettoïser encore en les tenant pour « femmes écrivaines » dans un parcours qui exclurait les hommes, ce qui n’en déplaise à la nécessité d’un espace à soi, les enferme néanmoins encore dans une image défensive, protectrice d’un « à soi » ? Autrement dit, à quand le « à nous », pour une émancipation collective ?55

L’enjeu est de remplacer le couple savoir/pouvoir par celui de savoir/émancipation par l’adoption d’une pensée plus inclusive d’écrivaines au parcours migratoire, par un travail intersectionnel (classe, couleur, capacités…) qui ne reconduise pas d’autres pensées binaires entre vulnérabilité (le care) et puissance.  Dans cette optique, dessiner des parcours singuliers pluriels, parler de l’être femme écrivaine, de chacune, c’est ne pas considérer les femmes de lettres comme un tout homogène. Chacune sa biographie, son corps : la littérature est incarnation. Une approche phénoménologique peut contribuer à se défaire du dualisme corps/esprit, pour repenser corps/milieu social, historique/famille/genre/couleur.

Pour une adelphémoine dans une démarche constructive ?

L’entrée par la relation d’une femme avec une figure masculine conduit parfois à l’impasse : ainsi si vous voulez en savoir plus sur la Maison d’Élise et d’Henri Martel, le site vous renvoie de fait à l’Association Henri Martel. Le travail de relation peut pourtant être très fécond, ainsi du travail sur les sœurs de Pascal conduit par Bénédicte Duthion. Et nous pouvons penser à Christine de Suède et René Descartes, ou à Cocteau et Jane Catulle-Mendes pour réviser le mythe du self man made, ou encore Laura Marx relisant les manuscrits, ce qui renvoie à la reconsidération de métiers et compétences : la fonction de relectrice – bien avant la constitution de ces métiers qui connaissent une majorité de femmes employées – étant invisible, ce qui atteste une hiérarchisation des pouvoirs. Reconnaître une valeur sociale à ces compétences, plutôt que de réduire la femme à la subordination, comme de rigueur dans un patriarcat, dans des activités et des compétences critiques de ré-vision, qui sont selon la situation un service conséquente et direct pouvant relever à la fois de l’exigence critique et du care56, une aptitude délicate de renfort de l’estime de l’autre, par une attention à sa production, une attention qui ne fut (est encore parfois) ni reconnue ni rémunérée.

Imaginée par Florence Montreynaud, l’« adelphité »57 vise à inclure chacun.e quel que soit le genre. « Sœur » et « frère » proviennent de deux mots latins différents, alors que du mot « adelphité » formé sur la racine grecque « adelph » proviennent les mots grecs signifiant « sœur » et « frère ». « Adelphité » figure dans les manifestes Chiennes de garde, et de « Encore féministes ! » (2001). Peut-être qu’avant de s’engager à dessiner des parcours et des vies, faudrait-il se positionner ou écrire ensemble un manifeste « Pour un adelphémoine » ?

C’est rendre fait de l’écart que nous avons en commun, écart pris au sens où l’entend François Julien, pour ce que nous pourrions appeler l’éloge de l’entre :

 

[…] [L]’écart est fécond en ce qu’il est exploratoire, aventureux, et met en tension ce qu’il a séparé. De là qu’ouvrir un « écart », c’est produire de l’« entre » ; et que produire de l’« entre » est la condition pour promouvoir de l’« autre ». Car dans cet entre, que n’a pas pensé notre pensée de l’Être, s’intensifie la relation à l’Autre qui se trouve ainsi préservé de l’assimilation à soi. Ce n’est donc pas à partir du semblable, comme on voudrait le croire, mais bien en faisant travailler des écarts, et donc en activant de l’entre, qu’on peut déployer une altérité qui fasse advenir du commun58. 

 

Débinariser59, ne pas mettre dos à dos ou à part, supposerait de ne pas faire un parcours féminin sans hommes, et de considérer chacune en montrant la réalité des conditions et contextes de création comme de reconnaissance. Les autrices dans cette démarche inclusive sont alors traitées à égales avec d’autres autrices et auteures, comme chacun.e un sujet singulier et relié au cœur d’un collectif, dans une approche philosophique qui permette l’émancipation des artistes actuelles.


 

[1] La page Wikipédia « écrivains normands » citent des femmes nées en Normandie de la conteuse Catherine d’Aulnoy aux Annie (Duperey, Ernaux, Saumont), celles sur les écrivains en Hauts-de-France cite la poète picarde Marguerite Porete (1250) Charlotte de Robespierre, Marceline Desbordes-Valmore jusque Violette Leduc 1907.

[2]https://www.armarium-hautsdefrance.fr/.

[3] Trois autrices sur les douze podcasts accompagnent l’exposition consacrée à la bande-dessinée au Centre Pompidou, sur les années 1964-2024 : https://www.centrepompidou.fr/fr/podcasts/podcasts-visites-dexpos.

[4] Voir les travaux de Mathilde LABBÉ, dans le cadre de LITEP, depuis 2018 https://msh-ange-guepin.univ-nantes.fr/la-recherche/litep-la-litterature-dans-lespace-public. ou par exemple « Monuments littéraires -Exploration numérique des traces matérielles », coécrit avec Pascale KUNTZ, Florent LAROCHE, Aurélien MILLIAT, HAL Id : hal-02498776 https://hal.science/hal-02498776v1. mis en ligne le 4 mars 2020.

[5] Voir le travail de « Various artists » pour la biennale Appel d’air 5ème édition à Arras, puis pour le MuFIm de Tournai : création comparative à partir des noms de rue portant des noms d’hommes, de femmes et de présence de l’eau dans ces deux villes.

[6] https://www.lire.fr/products/exposition-femmes-de-lettres-francaises-format-kakemonos-ou-posters. Dix panneaux à la location depuis 2023.

[7] En 122 ans, 17 femmes ont reçu le prix Nobel de Littérature sur 115, et depuis le XXIe siècle ?, 7 femmes et 15 hommes.

[8] « L'association « Écrivains des Hauts-de-France », créée en 2022, 160 adhérents, suppose un acte d’adhésion. « L'association a pour vocation de réunir les écrivains et les acteurs de l'écrit de la région, afin d'échanger autour de problématiques et de projets communs, notamment celui de mettre en lumière la diversité littéraire des Hauts-de-France pour répondre à l’attente d’un large lectorat ». Voirhttps://www.ecrivainshdf.com/.

[9] La suite de la préface valorise le rôle des éditions : « Les Éditions Gallimard accueillent dès l’après-guerre un grand nombre d’auteures de la génération née entre 1890 et 1920 : Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Violette Leduc et d’autres de leurs contemporaines font leur entrée au catalogue. Le dévoilement d’un « réel » féminin, en toutes situations de l’expérience individuelle et collective, est dès lors l’une des grandes polarités littéraires de l’époque, sans exclure toutefois d’autres enjeux d’expression. Mais ce n’est qu’un début. En 1973, à la lecture du manuscrit du premier livre d’Annie Ernaux, le comité de lecture de Gallimard, impressionné, souligne que la jeune femme fait encore exception parmi ses contemporaines :  Jusqu’ici, on les compte sur les doigts d’une seule main» 35 ans de création littéraire, 35 ans d’émancipation. Une période qui se voit consacrée, plutôt que close, par l’élection en 1980 de la première femme à l’Académie française, Marguerite Yourcenar. 35 années qui ouvrent la voie aux autrices d’aujourd’hui ».

[10]Plutôt que promenade ? Voir la réflexion conduite https://www.fabula.org/actualites/96506/penser-la-promenade-litteraire-colloque-nantes-angers-2021.htmlainsi que la réflexion nourrie par les mouvements géopoétique et géocritique, notamment Rachel Bouvet ; https://www.erudit.org/fr/revues/enjeux/2019-v6-n2-enjeux05076/1066695ar/.

[11] Le terme de parcours est utilisé dans le champ muséal, il est pensé par un muséographe.

[12]Évelyne BLOCH-DANO, Mes maisons d’écrivains : D’Aragon à Zola, Paris, Stock, Le livre de poche, 2019.

[13]Ibid., p. 13.

[14] Le travail de reconnaissance est nécessaire, et d’un point de vue quantitatif, le nombre de maisons-musées d’écrivaines est bien mineur au reflet d’une réalité.

[15] Voir la récurrence à quatre reprises de la même citation dans le musée et la maison Colette. « J’appartiens à un pays que j’ai quitté ».

[16]Évelyne BLOCH-DANO, Mes maisons d’écrivains, p. 13.

[17]Ibid., p. 13-14.

[18]Ibid., p. 279.

[19]Ibid., p. 62.

[20]Ibid., p. 83.

[21]Ibid., p. 398.

[22]Ibid., p. 408.

[23]Ibid., p. 412.

[24]https://unmuseeasoi.org/fr/Intime-et-politique/.

[25] Annie ERNAUX, photographies de Nadège FAGOO, L’autre fille, Lille, éditions Lightmotiv, 2023. Nadège Fagoo est une photographe résidant à Bailleul dans le Nord qui accompagne la réédition de L’autre fille d’Annie Ernaux, native de Normandie.

[26] Derrière est une préposition plus périlleuse et marquée : derrière chaque homme est une femme, selon dit-on, sans préciser l’invisibilisation, instrumentalisation ou dévouement consenti…

[27] Kate MIILIE, Femme vue de dos, 180° éditions, 2024, article : https://le-carnet-et-les-instants.net/2024/05/31/milie-femme-vue-de-dos/.

[28]https://citedesdames.hypotheses.org/a-propos .

[29]https://www.ar2l-hdf.fr/actualites/residence-de-creation-croisee-entre-les-hauts-de-france-et-la-normandie.

[30] Sylvia BIENAIMÉ TURCHI, Tout sur Camille et Paul Claudel (ou presque), Epaux-Bézu, Cours toujours, 2024.

[31]Bienaimé, p. 5.

[32] En 2022, résultant des actions des amis de Proust, le Conseil d’État se prononce de façon inédite sur la prise en compte de la dimension immatérielle d’un paysage pour justifier le refus d’octroi d’une autorisation environnementale (pour implantation d’éoliennes à proximité du village d’Illiers-Combray) en prenant en considération « des éléments présentant des dimensions historiques, mémorielles, culturelles et artistiques, y compris littéraires ». Le site abrite en effet des paysages liés à l’œuvre de Marcel Proust : des bâtiments classés au titre des monuments historiques et un parcours pédestre touristique. L’évocation d’un paysage dans un œuvre littéraire peut ainsi lui conférer une « immunité » au vu de la renommée de l’œuvre, l’existence d’une relation étroite entre et l’œuvre et un paysage, un état de conservation des lieux suffisant. https://www.conseil-etat.fr/fr/arianeweb/CAA/decision/2022-04-11/20VE03265.

[33]https://www.museeyourcenar.fr/l-association/.

[34]https://www.escalesdeslettres.com/.

[35] Coédition La Maison de la poésie et éditions invenit.

[36]https://reseaumaisonsecrivain-hdf.fr/exposition-derriere-chaque-ecrivain-des-femmes/.

[37] En matière d’action de reconnaissance, chaque promotion du master Muséographie-expographie écoresponsable de l’Université d’Artois depuis 14 ans porte le nom d’une femme en lien avec les Hauts-de-France, ainsi de la promotion Violette Leduc 2023-2025. https://formation-exposition-musee.fr/parcours/decouvrir-le-master-au-gre-d-un-parcours-feministe.

[38] Laure ADLER et Stefan BOLLMAN, Les femmes qui écrivent vivent dangereusement, Paris, Flammarion, 2007, p. 122.

[39] La fiction du duo d’artistes Alice Lescanne et Sonia Derzypolski autour d’une maison-musée de Michel Houellebecq relève de cette perspective, fictionnalise des domiciles d’écrivains, selon la misogynie de l’auteur et seule une écrivaine figure dans la table d’orientation. Voir Marie-Clémence, RÉGNIER et Isabelle, ROUSSEL-GILLET, « Houellebecq, patrimonialisé ante-mortem. L’anticipation au service de la critique », Captures, vol. 6, 2, 2021 dossier « Inspirations littéraires de l’exposition ». URL : http://www.revuecaptures.org/node/5365/.

[40]Exposition itinérante et interactive “Mmmh Maison-musée Michel Houllebecq », présentée au Centre Pompidou en 2019 et au 104 par la suite https://www.ssaallaaddeess.com/mmmh .

[41]Voir l’exposition inspirante « Où sont les femmes ? » Palais des Beaux-arts de Lille, 2023-2024, qui traite dans le domaine pictural des mêmes questions de stratégies de visibilité.

[42] « Exposition temporaire L’Odyssée des femmes » intégrée au parcours permanent du Musée et Sites de Saint Romain-En-Gal, 2022 où figurent tant des personnages littéraires (Antigone, Pénélope) que des autrices contemporaines revisitant ces mythes, que des femmes ayant vécu dans l’Antiquité, longtemps oubliées.

[43]Julien MARSAY, La revanche des autrices. Enquête sur l’invisibilisation des femmes en littérature, Payot, 2022 ; Daphné TICRIZENIS, Autrices, ces femmes effacées qui ont fait la littérature, Marseille, Hors d’atteinte, 2022.

[44]https://www.bnf.fr/fr/femmes-de-lettres.

[45]https://www.bnf.fr/fr/femmes-de-lettres.

[46] Ce travail sur les lieux biographiques a été réalisé en ligne : Michelle BACHOLE, « Visite guidée des (vrais) lieux ernaliens, » February 2021-January 2023 (https://www.annie-ernaux-emuseum.com/, snapshots available at http://web.archive.org/web/20211205110955/https://www.annie-ernaux-emuseum.com/.) Voir aussi l’entretien : https://maphopes.hypotheses.org/ateliers.

[47]Géoculture développé en 2014 par la Fédération Interrégionale du Livre et de la Lecture, piloté en Picardie par le CR2L.

[48]« Les Plumes vous (ra)content » permet la valorisation des patrimoines littéraires des Hauts-de-France et des Flandres. Quatre parcours, pourront toucher un large public dont un public averti comprenant les fidèles lecteurs et amoureux de la littérature.Ces parcours sont imaginés comme un dialogue entre patrimoine littéraire, architectural et naturel. Sous la forme de balades littéraires, le parti-pris des parcours sera de développer la mobilité et le concept sensoriel. L’application optera pour des procédés conduisant les publics à vivre un parcours sensible : des visuels, des vidéos, des lectures audio ou encore des poésies sonores, des écrivains et écrivaines contemporains. Commanditaire : AR2L Hauts-de-France, programme muséographique finalisé en 2018 par Charlène Camarella, Julia Parisel et Mathilde Pavaut, qui ont physiquement parcouru les sites concernés. Voir https://formation-exposition-musee.fr/formation/projets-et-actions/production-de-dispositifs-numeriques/1861-plume. site du master expographie muséographie dirigé par Serge Chaumier et Isabelle Roussel-Gillet. Puis projet de conception du graphisme par 4 étudiantes de l’IUT de Lens (Métiers du multimedia et de l’Internet), en 2021 : Agathe Dekerle, Camille Glaçon et Justine Baillet accompagnées par Virginie Hayenne-Cuvillon et Marie-Clémence Régnier. Présentation du projet en 2020 : https://www.litteraturesmodesdemploi.org/julia-parisel-charlene-camarella-la-litterature-en-randonnee%e2%80%8b/.

[49]Michel DE CERTEAU, L’invention du quotidien, 1. Arts de faire, Paris, Gallimard, chapitre IX « Récits », « Espaces » et « lieux », 1990, coll. « Folio essais », p. 172-175, p. 173.

[50]Voir le séminaire PatrimoniaLitté pensé par Olivier BELIN, Claude COSTE, Mathilde LABBÉ, David MARTENS et Marcela SCIBIORSKA intitulé « Survie des figures littéraires féminines » (« Matrimoine et logiques de transmission » piloté par Mathilde Labbé) qui engage une réflexion sur la façon dont les œuvres de femmes sont transmises, mais aussi sur la façon dont les femmes s’approprient ces moyens de transmission avec les communications de Laure Primerano et Marie-Pierre Auvray, Géraldine Hertz Gérard Gengembre Anna Krykun Esther. Et qui non sans humour évoque la difficulté de valoriser les compositrices pour orchestre plutôt que les compositrices de musique de chambre.https://respalitt.hypotheses.org/seminaire-de-recherche.

[51] Isabelle ROUSSEL-GILLET, « Mémoriale, femmes en lumière », in Catalogue d’exposition, « Marie Morel, révéler l’invisible, les femmes oubliées » à la Fondation Renaud (LYON) du 17 février au 2 avril 2023, p. 21-23. Voir https://www.fondation-renaud.com/actualites/marie_morel/.

[52]https:/citedesdames.hypotheses.orgapropos#:~:text=Les%20femmes%20qui%20y%20apparaissent,%2C%20r%C3%A9formatrice%2C%20r%C3%A9volutionnaire%20ou%20r%C3%A9sistante.

[53]Marilyn FRYE, « Oppression », in Manon GARCIA (dir.), Philosophie féministe. Patriarcat, savoirs, justice, Paris, Vrin, 2021, p. 328-329.

[54]Colette NYS-Mazure et Isabelle ROUSSEL-GILLET, Le Tour des abandons, chapitre « Éloge des femmes », Lille, éditions Invenit, 2023, p. 61-63.

[55]En 2016, Michel GOULET, québécois, et François MASSUT, français, ont investi le jardin du Palais-Royal de Paris en installant dix chaises de type « confident » parmi les sièges déjà présents. Chaque chaise porte un fragment poétique percé au laser dans le dossier, ce qui n’est pas sans rappeler l’installation jouxtant le musée Rimbaud. Parmi les poètes cités : Anne HÉBERT, Emily DICKINSON. Des QR codes permettent d’écouter des poèmes. La deuxième œuvre, Dentelles d’éternité, est bâtie autour des figures de Cocteau et de Colette, qui ont tous deux résidé dans des appartements avec vue sur le jardin. Parmi les 34 bancs, les 17 fragments poétiques tirés de l’œuvre de Colette sont mis en regard avec 17 citations de poétesses du monde, tandis que Cocteau dialogue avec 17 poètes internationaux. Pourquoi n faire dialoguer les femmes qu’entre elles ? La troisième œuvre du duo Moments présents se construit autour de 12 sièges, individuels, répartis dans le jardin, percés pour découvrir des extraits de 12 poètes francophones contemporains dont trois femmes: Eric BROGNIET et Laurence VIELLE, Amadou LAMINE SALL, Samira NEGROUCHE, Mathieu BROSSEAU, Joël HUBAUT, Liliane GIRAUDON, Julien BLAINE, Jean-Paul DAOUST, Denise DESAUTELS, Jean-Marc DESGENT et Nicolas BROSSARD.

[56]Les trois types d’activités du care sont listées par Evelyn NAKANO GLENN : soins directs, entretien de l’environnement, maintien des liens sociaux. Forced to Care : Coercion and Caregiving in America, Cambridge, Harvard University Press, 2010.

[57]Florence MONTREYNAUD diffuse le terme d’« adelphité ». Voir https://www.youtube.com/watch?v=wcNy2mk9h2E.(2020).

[58]François JULLIEN, L’Écart et l’Entre. Leçon inaugurale de la chaire de l’altérité, Paris, Galilée, 2012.

[59]https://www.visiterouen.com/patrimoines/art/litterature-deambilation/rouen-livres/ecrivains-celebres/pour ne pas faire contrepoint à ce style de page qui écarte les femmes.

Résumé

À l’appui de diverses expériences menées en région Hauts-de-France et de cas normands, l’article expose le choix d’une terminologie et d’une méthode. Cette dernière explicite et partage les enjeux visés pour situer des parcours thématiques problématisés qui tiennent compte de l’histoire, de strates temporelles et des vécus de femmes artistes, dans une démarche inclusive, non binaire, qui pense les femmes de lettres dans une production intellectuelle plus globale. Elle propose de mettre en valeur les contextes de leur invisibilisation ou revalorisation. Une adelphémoine inclurait ainsi des patrimoines comme des matrimoines souvent immatériels, en élucidant leur construction.

 

Abstract

Drawing on various experiments carried out in the Hauts-de-France region and in Normandy, the article sets out the choice of terminology and method. The latter explains and shares the issues involved in situating problematised thematic paths that take account of the history, temporal strata and experiences of women artists, in an inclusive, non-binary approach that considers women writers as part of a more global intellectual production. It aims to highlight the contexts of their invibilisation or revalorisation. An adelphémoine would thus include heritages such as often intangible heritages, by elucidating their construction.

Des parcours avec…

Un état des « lieux » ou des objets

Défendre un principe d’ouverture

Prendre le chemin buissonnier

Pour une adelphémoine dans une démarche constructive ?

Isabelle ROUSSEL-GILLET

Université d’Artois, Textes et cultures, UR 4028

Isabelle ROUSSEL-GILLET, « Manifeste pour un adelphémoine. Parcours littéraires en régions Hauts-de-France et Normandie », L’Entre-deux, 17 (1) | juin 2025 | URL : https://www.lentre-deux.com/?b=346 | consulté le 20-06-2025

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BELIN, Olivier, COSTE, Claude, LABBÉ, Mathilde MARTENS, David & SCIBIORSKA, Marcela, séminaire « Survie des figures littéraires féminines » (« Matrimoine et logiques de transmission » piloté par Mathilde Labbé),https://respalitt.hypotheses.org/seminaire-de-recherche.

 

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Revue Tohu Bohu, Coédition La Maison de la poésie et invenit, numéro 1, 2023, numéro 2, 2024. Comité de rédaction MORELLI Stéphanie, LEROY Hervé et TOURTE Dominique.