En Chine, l’empereur ou Fils du Ciel est traditionnellement symbolisé par le dragon et l’impératrice par le phénix. Selon la pensée chinoise, le premier relève de la catégorie du yang et le second de la catégorie du yin. Aussi sont-ils perçus, sinon comme opposés, du moins comme fondamentalement distincts tout en étant complémentaires. Mais il apparaît que cette distinction ne s’est élaborée que très progressivement au fil du temps. En effet, l’archéologie nous révèle l’existence de nombreuses formes du phénix dans l’iconographie datant des dynasties des Xia (2070-1600 av. J.-C.), des Shang (1600-1046 av. J.-C.-) et des Zhou occidentaux (1046-770 av. J.-C.)1, des Qin (221-206 av. J.-C.), des Han (206 av. et 220 ap. J.-C.), jusqu’aux Qing (1644-1911)…
Quelles sont ces formes ? Comment peut-on les comprendre ? Que nous apprennent-elles sur la formation des symboles et leur rôle dans la société ? Telles sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre en nous fondant sur l’étude des témoignages archéologiques des hautes époques de l’histoire chinoise.
En 1973, les traces d’une culture néolithique furent découvertes à Hemudu, dans le sud-est de la Chine. Outre des vestiges de poteries, ainsi que d’artisanat à base de bois et d’os, on a retrouvé un dessin exécuté sur une défense d’éléphant. Ce dessin est une des premières représentations d’un oiseau qui nous est donnée. Le dessin représenté a été agrandi de nos jours et reproduit sur la pierre pour marquer l’entrée du site néolithique de Hemudu.
Fig. 1 et Fig. 1 bis. Un dessin exécuté sur une défense d’éléphant (gauche), et l’entrée de ce site
Il nous montre deux oiseaux soutenant le soleil [Fig. 1]. Pour les Chinois de ce temps-là, la similitude entre l’oiseau et le soleil est importante ; ils évoluent tous deux dans le ciel, ils apparaissent et disparaissent, ils ont, dit-on, le même rythme, ils se lèvent et se reposent en même temps « 日落如雀鸟归巢,日出如雀鸟离巢,le soleil monte, l’oiseau sort de son nid, le soleil descend, l’oiseau retourne dans son nid »2. Le soleil serait un oiseau doré.
La légende veut que l’oiseau soit également l’intermédiaire entre l’homme et le ciel. Dans le bassin du bas Yang Tsé où la culture du riz est essentielle à la survie et la chaleur du soleil absolument nécessaire aux bonnes récoltes, l’oiseau a un rôle important à jouer en tant que messager des hommes, qui leur permet d’exprimer leurs requêtes auprès du haut du ciel. Il connaît tous les mystères du ciel. Les hommes du néolithique lui prêtent des pouvoirs surnaturels et un lien particulier avec le soleil. Adorer l’oiseau c’est adorer le soleil.
À Sanxing Dui au Sichuan, un site datant du début de l’âge du bronze, on a découvert un arbre magnifique de près de 4 mètres de haut, « 扶桑,Fu sang, Murier Porteur, support du soleil pendant la nuit » [Fig. 2]. La légende raconte qu’à l’origine il y avait dix soleils dans le ciel, ce qui rendait la terre inhabitable. Houyi, l’inventeur mythique de l’agriculture, tua neuf soleils qui furent transformés en oiseaux mais restèrent néanmoins frères du soleil3. Ce bronze étonnant montre les neuf oiseaux dorés perchés sur un murier. L’image de l’oiseau est donc très présente dans la culture chinoise.
Fig. 2 et Fig. 2 bis. L’arbre sacré, Murier porteur où reposent neuf oiseaux (conservé au Musée Sanxing Dui, clichés par Li Xiaohong)
Dans le site de Jinsha, dans la banlieue de Chengdu, on a découvert une superbe plaque d’or sculptée d’un mouvement extraordinaire [Fig. 3]. Le soleil tourne de l’est vers l’ouest, tandis que les oiseaux sacrés volent dans l’autre sens. Les oiseaux dansant sont stylisés mais gardent tous leurs attributs, un long cou, un bec solide et de longues pattes, vraisemblablement celles d’un échassier…rien ne préfigure encore l’image du phénix, oiseau unique et immortel.
Fig. 3. Une plaque d’or du site Jinsha avec quatre oiseaux et un soleil avec les rayons
L’oiseau, intercesseur de l’homme vers le ciel, objet de vénération, est aussi à l’origine du monde. En effet, selon la mythologie, le clan Shang (1600-1046 av. J.-C.) avait pour ancêtre un oiseau. Le mythe de fondation des Shang raconte en effet qu’autrefois, une personne répondant au nom de You avait deux filles Jian Di et Jian Pi. Un jour, le dieu du ciel (Shangtian) envoya vers elles une hirondelle qui se posa devant elles et leur chanta un air joyeux. Les deux filles de You attrapèrent l’hirondelle et l’enfermèrent dans une cage d’osier. Mais un jour où elles laissèrent la porte de la cage ouverte, l’hirondelle s’envola vers le Nord, laissant derrière elle deux œufs. On dit que Jian Di avala alors les deux œufs puis tomba enceinte et donna naissance à l’ancêtre des Yin, qui se nommait Qi. Selon une autre version du mythe, Jian Di se baignait dans la rivière avec ses compagnes lorsqu’elle vit une hirondelle qui fit tomber un œuf du ciel ; ayant avalé l’œuf, Jian Di tomba enceinte et donna naissance à Qi. Ce mythe est résumé par un dessin que l’on trouve dans un ancien dictionnaire de l’époque Han, le Shuowen bushou4 reproduit à la figure 4. En bas, à gauche, en dessous d’un signe représentant un oiseau, on y reconnaît le symbole de la femme ; au centre, les deux mains de la femme se tendent pour attraper l’oiseau, et à droite, on voit l’oiseau faisant tomber deux œufs qui sont rattrapés par la femme située au-dessous.
Fig. 4. Caractères primitifs extraits du dictionnaire Shuowen bushou
À l’époque Shang, la forme du phénix n’est pas encore fixée de cette manière ni déjà associée au principe féminin yin : on trouve plutôt, dans l’iconographie du début de cette époque, des motifs ayant d’abord la forme de l’hirondelle, et par la suite diverses figures d’oiseaux sacrés à caractère hybride.
Les quatre schémas de la figure 5 sont considérés comme des formes primitives du phénix5. Le premier a la forme d’une hirondelle, et le deuxième celle d’un faisan. Le troisième ressemble à un perroquet avec une corne sacrée. Le quatrième possède des cornes en bois de cerf, et une queue de poule sauvage. Leurs caractéristiques animalières ne sont pas toujours très nettes, mais elles révèlent en tout cas l’évolution du phénix et sa nature composite élaborée à partir d’éléments empruntés à la nature et agencés librement par l’imagination des hommes. En revanche, à la fin de l’époque Shang, on rencontre des figurations du phénix plus élaborées et plus proches du phénix tel qu’il apparaîtra sous les Han.
Fig. 5 a à d. Motifs d’oiseaux sacrés de l’époque Shang
Pour marquer leur suprématie sur les Xia, les Shang ont introduit des motifs d’oiseau (ou de phénix) dans l’iconographie des insignes du pouvoir des Xia (tels que les bronzes, les jades, les os pour la divination et les objets funéraires, autantd’objets servant à assurer la communication entre le monde humain et le monde divin, ainsi que la transmission du pouvoir), sur lesquels figuraient déjà des motifs de dragons, ce qui explique les formes hybrides de phénix et de dragons que nous allons voir maintenant.
Fig. 6. Motif de phénix sur bronze datant de la fin de l’époque Shang
La figure 6 en fournit un bon exemple6. On y voit, à gauche de la tête, une crête stylisée et à droite, un bec spiralé ; le corps est celui d’une poule et la queue en aronde rappelle celle de l’hirondelle, mais avec des plumes stylisées7.
feng (phénix) long (dragon) di (empereur)
Fig. 7. Les caractères feng (phénix), long (dragon), di (empereur) qui ont porté la « crête » de phénix
Dans les jiaguwen, les plus anciens signes de l’écriture chinoise, parmi les caractères qui signifient « dragon », il existe un élément représentant les cornes :que l’on retrouve sur la tête du phénix, ainsi que dans le caractère signifiant l’empereur8 :
He Xin l’écrit xin辛9, un idéogramme qui dans sa partie supérieure a la forme d’un coin [Fig. 8 et Fig. 9].
Fig. 8. Le xin qui est dans le jiaguwen
Fig. 9. Schéma des chevilles en pierre pour couper le bois
Yuan Dexing l’interprète comme un signe du culte de la fertilité.
Chen Mengjia traite la forme 10 en relation avec le caractère du phénix (feng). Dans le jiaguwen il s’agit d’une sorte de faisan à queue longue doté d’une belle crête. Le phénix est considéré comme un oiseau sacré qui connaît le ciel et la pluie. À l’époque Shang, les sorciers coiffés de « crêtes » et revêtus de plumes pour emprunter la puissance du phénix dansaient pour faire venir la pluie.
D’après cette analyse, nous pouvons supposer que le dragon, s’il porte une « crête », peut aussi communiquer avec le ciel et faire venir la pluie11.
Fig. 10. Phénix de jade, découvert dans la tombe N°5 de Dame Hao, époque Shang
Ce phénix en jade [Fig. 10], découvert à Anyang présente un passage entre l’oiseau primitif et l’oiseau sacré. La beauté de son maintien, la fierté de son allure annoncent l’oiseau mythique des temps à venir, unique et immortel12.
Ainsi, sous les dynasties Shang et Zhou, les formes du dragon et du phénix évoluent peu à peu vers la forme que nous leur connaissons aujourd’hui. Il est à noter toutefois que, sous les Shang, le phénix est moins souvent représenté que le dragon. Mais à côté de ces formes, l’iconographie de ces époques atteste aussi l’existence de divers motifs hybrides où le dragon et le phénix sont étroitement mêlés dans des proportions diverses. On peut distinguer trois formes d’hybridité selon les proportions d’éléments appartenant au dragon ou d’éléments relevant du phénix.
On appellera « dragon-phénix » la forme hybride où le motif du dragon, prédominant, se voit attribuer quelques-unes des caractéristiques du phénix. Sur la figure 1113, représentant un motif ornant un vase en bronze de l’époque Shang, on discerne un dragon de profil avec un corps de serpent recouvert de motifs en méandres ; au-dessus de son corps, il y a une arête dorsale constituée de rectangles alignés. Sa tête est surmontée d’une corne en forme de bouteille. L’œil, énorme, est prolongé par un grand bec de phénix (ou du moins d’oiseau). Une patte unique, vue de profil, soutient le corps de manière équilibrée. Le petit oiseau à gauche accentue la relation intime qui existe dans l’iconographie Shang entre le phénix et le dragon.
Fig. 11. Motif « dragon-phénix » sur bronze Oufangyi, provenant d’Anyang (Henan), et datant de l’époque Shang
La seconde forme d’hybridité est le « phénix-dragon » où, à l’inverse, le motif du phénix est prédominant mais où figurent aussi certains éléments empruntés au dragon14. La figure 12 montre un phénix très stylisé : la tête est tournée vers la queue qui a la forme d’une queue de phénix ; elle est surmontée d’une crête qui est aussi celle du phénix et la gueule est en forme de bec d’oiseau. Au dessus du corps, au milieu se dressent verticalement deux crochets ressemblant à des plumes d’oiseau. Mais la paire de crochets qu’on aperçoit sous le corps semble être plutôt une paire de nageoires de poisson. Et à l’exception de la plume qui orne l’intérieur du corps, au milieu, et qui fait office d’aile d’oiseau, tout le corps, long et mince, est recouvert de motifs en méandres comme on en voit généralement sur les motifs de dragons.
Fig. 12. Motif de « phénix-dragon » décorant la frise d’un vase ding en bronze, provenant d’Anyang (Henan) et datant de la fin des Shang
Les rajouts, les diminutions dans les représentations emblématiques ont à voir avec des croyances locales et dépendent des besoins politiques du règne.
En effet, l’hybride du dragon-phénix n’est finalement jamais devenu un être imaginaire à part entière. Après l’époque Zhou, le dragon et le phénix se sont détachés de nouveau l’un de l’autre et ont suivi leur propre développement. Ils ne sont plus confondus, chacun possède ses caractéristiques et son identification performative.
Les motifs en méandres qui signifient l’eau ou le nuage ont longtemps couvert les corps du dragon et du phénix. Plus tard phénix et dragon ont été dégagés de cette obligation impérative de maîtriser nuage et pluie. Ces motifs ont peu à peu disparu de leur représentation. Le phénix, libéré des chamanes et de leurs rituels, peut voler de ses propres ailes et évoluer jusqu’à nos jours dans ces nuages dont il n’est plus dépendant.
Enfin, on distinguera un troisième exemple d’hybridité où les deux motifs du dragon et du phénix se mêlent de manière parfaitement équilibrée. Sur la figure 1315, les motifs du dragon et du phénix sont si étroitement mêlés qu’on ne sait plus si l’on a affaire à un dragon ou à un phénix. La gueule est typiquement animalière, avec deux lèvres pointues qui se dressent dans la même direction (celle du haut étant plus longue que celle du bas). Conformément au style de décoration de l’époque Shang et de l’époque Zhou, la queue est séparée en deux à son extrémité. De belles plumes, dont quelques-unes sont détachées, flottent légèrement le long et autour de son corps. L’animal possède aussi une patte d’oiseau pointue avec quatre griffes, et son corps est couvert d’abord de motifs de demi-cercles fermés par trois pointes, et enfin de motifs en méandres. La belle couronne qui est accrochée derrière sa tête est décorée des plumes du phénix et d’une paire d’yeux écarquillés. Sur son nez (ou sa lèvre supérieure), se dresse une plume fourchue. Le spécialiste Ma Chengyuan appelle ce style « dragon en couronne » et pense que la couronne dérive probablement de celle de l’oiseau-phénix : de même que l’empereur est le premier des hommes, le phénix est considéré comme le plus noble des oiseaux. À l’appui de sa thèse, Ma Chengyuan a fait remarquer que, dans les inscriptions sur os et écailles de tortue (jiaguwen), le caractère désignant l’empereur comporte le dessin d’une couronne, qui représente le pouvoir, tout comme le caractère désignant le phénix en a une pour signifier qu’il est au-dessus de tous les oiseaux. L’empereur comme le phénix et le dragon est le seul à connaître le ciel, il est en lien avec le cosmos.
Fig. 13. Exemple d’hybridité parfaitement équilibrée, motif sur bronze datant des Zhou occidentaux
Dans une estampe trouvée dans un tombeau [Fig. 14] datant des Han de l’Est (206 av. -220 après J.-C.) à Xinjin au Sichuan, on voit deux arbres dont les troncs se croisent. La légende raconte que sur la tombe de deux amants qui s’étaient suicidés parce qu’ils ne supportaient pas d’être séparés, poussèrent deux arbres dont les troncs s’enlacèrent. L’étreinte de ces deux troncs symbolise l’amour. Pour parfaire ce symbole, l’arbre est flanqué à gauche d’un phénix femelle (Feng) et à droite d’un phénix mâle (Huang). Cette représentation d’un couple a été assez épisodique ; très vite, l’image du dragon a remplacé celle du phénix mâle pour se perpétuer jusqu’à nos jours16.
Fig. 14. Estampe de Xinjin au Sichuan, Couple de phénix. L’arbre croisé murier porteur de l’époque Han, les phénix dansent à côté, cliché par Li Xiaohong au Musée de Sanxing Dui
Le phénix est décrit dans un texte classique qui date de l’époque Han (206 av. et 220 apr. J.-C.), comme ressemblant, pour la partie antérieure, à une oie sauvage, pour la partie postérieure à une licorne, et possédant le cou du serpent, la queue du poisson, l’énergie du dragon, la carapace de la tortue, la tête de l’hirondelle et le bec de la poule17. Le phénix, on le voit, est donc lui aussi un animal hybride et imaginaire. Il est par ailleurs, à partir du règne de l’empereur Qinshi huangdi (221-206 av. J.-C.), considéré comme féminin18.
En même temps qu’elles manifestent le mélange des croyances locales, les formes hybrides que nous révèle l’iconographie ancienne témoignent, contre le mythe d’une Chine monolithique, de l’existence d’une multiplicité d’ethnies dans la Chine antique. Elles correspondent à une époque où ces ethnies se sont combattues pour la suprématie. Mais quand le clan Qin va unifier l’empire en absorbant tous les autres clans, il imposera le dragon comme unique emblème du pouvoir impérial et toutes les formes d’hybridité avec les autres emblèmes disparaîtront alors des insignes du pouvoir. Le phénix quant à lui deviendra un élément décoratif et ne sera plus associé qu’à l’impératrice.
Dans la suite de l’histoire chinoise, le dragon restera toujours l’emblème du pouvoir (et c’est pourquoi il prendra la couleur jaune réservée à l’empereur) et l’on ne retrouvera plus dans l’iconographie chinoise de formes hybrides mêlant le dragon et le phénix mais seulement des motifs où le dragon et le phénix coexisteront, sans se mélanger.
Fig. 15. Motif brodé sur soie de l’époque Qing
Ainsi, sur le motif brodé de la figure 15, datant de l’époque Qing (1644-1911), le dragon et le phénix s’associent pour constituer un motif iconographique, très commun à l’époque, qui a valeur de talisman19. Comme le dit une expression chinoise très courante : long feng cheng xiang, « le dragon et le phénix apportent le bonheur ». Loin de manifester la moindre idée de lutte comme les anciens motifs hybrides, le motif qui juxtapose le dragon et le phénix est aujourd’hui encore souvent représenté dans les objets utilisés pour les mariages, comme un symbole de bonheur, de prospérité et d’harmonie entre le yin et le yang [Fig. 16-1 et 16-2].
Fig. 16-1
Fig. 16-2. Le dragon et le phénix sont toujours présents dans la vie quotidienne en Chine
Le phénix, oiseau mythique, paré de vertus extraordinaires, est, comme le dragon, un élément essentiel de la culture chinoise sa perfection est telle qu’il n’en existe qu’un seul, il n’a pas de descendant, il règne sur tous les oiseaux mais il est le plus doux et le plus sage d’entre eux. Il est l’emblème de l’impératrice comme le dragon celui de l’empereur. Il contribue à l’équilibre du yin et du yang, installant ainsi l’harmonie, la paix et la prospérité. Rien d’étonnant à ce que son image, si présente dans le pays tout entier, habite le cœur et l’esprit de tous les Chinois.
Il est à noter que le phénix, l’oiseau légendaire et emblématique chinois, a une histoire très différente du phénix occidental, qui renaît de ses cendres, bien qu’en Chine aussi il ait un lien avec le feu, un des cinq éléments, puisque c’est l’esprit du feu qui l’anime.
[1] Qinjian Chen, 陈勤建,Vénération de l’oiseau chinois – Réflexions sur le rôle de l’oiseau dans l’univers. Beijing, Éditions Xue Yuan, 2003, p. 86-88. Photo de l’entrée du Musée de Hemudu : https://baike.baidu.com/item/河姆渡遗址/108924?fromtitle=河姆渡&fromid=120327, consulté le 31 juillet 2107.
[2] Qinjian Chen, op. cit., 2003, p. 185.
[3] L’histoire des dix soleils (Xihe 羲和 和常羲) appartient à une mythologie, que nous ne connaissons plus que par bribes dispersées dans de très anciens recueils tels que le Traité du Maître du Sud de la Huai (Huainan zi 淮南子), le Canon des monts et des mers (Shanhai jing 山海經) et les Interrogations sur le ciel de Qu Yuan (屈原 天文). Voir Ke Yuan, Légende des histoires des immortels chinois, Beijing, Éditeur de la littérature du peuple, 1998.
[4] Dayou Wang, Livres des illustrations du dragon et du phénix, Beijing, Éditions des Beaux-arts de Chaohua, 1988, p. 32.
[5] Ibid., p. 32.
[6] Ibid., p. 39.
[7] Cette analyse ne fait pas l’unanimité : selon Chengyuan Ma, la forme originelle du phénix n’est pas celle de l’hirondelle : se fondant sur l’analogie qui existe entre les caractères primitifs du vent et du phénix dans les inscriptions sur os et écailles de tortue (jiaguwen), il pense que le motif de l’oiseau (ou phénix) de l’époque Shang figure le dieu du vent. Voir Motifs sur bronze sous les Shang et les Zhou, Beijing, Wenwu chubanshe, 1984, p. 11.
[8] Dexing Yuan, « Shuanglong wengui de zhuangshi jiqi xiangguan de wenti » (« Questions sur le décor du vase gui au motif de double dragon et sur des décors similaires ») (abrégé en « Shuanglong wengui »), Gugong jikan di 12 juan di 1 qi, 1977-12, p. 57-104, fig. 1. 2-5,1. 2-6, et 1. 2-7, p. 62.
[9] Xin He, Long, shenhua yu zhenxiang (Long, Le dragon, vie et mythe), Shanghai, Éditions du peuple de Shanghai, 1989, p. 19-20.
[10] Mengjia Chen, Shangdai de shenhua yu wushu (Mythe et magie de l'époque Shang), Beijing, Hafuo Yanjing xueshe, 1936-20, p. 530-531.
[11] Xiaohong Li, Céleste Dragon-Genèse de l’iconographie du dragon chinois, Paris, Éditions You-Feng, 1999, p. 429-430.
[12] Zhongguo shehui kexueyuan kaogu yanjiusuo, Yinxu qingtong qi (Les bronzes de Yinxu - ruine des Yin), Beijing, Wenwu chubanshe, 1980, pl. coul. XXXII, 3.
[13] Dayou Wang, op. cit., p. 36.
[14] Voir Ji Li et Jibao Wang, Les cinquante-trois objets en bronze déterrés à Yinxu, Taiwan Nangang, Zhongyang yanjiuyan lishi yuyan yanjiusuo, 1972, fig. 35-3, p. 70.
[15] Fangsong Gu, Études des motifs de l’oiseau (phénix), Hangzhou, 1984, pl. 20, et Équipe de recherche du bronze du Musée de Shanghai, Motifs sur bronzes sous les Shang et les Zhou, Beijing, Wenwu chubanshe, 1984, p. 112, fig. 313.
[16] On retrouve sur cette estampe le personnage de Hou Yi en train de tuer les neuf oiseaux représentant les neuf soleils.
[17] Ke Yuan, Les Légendes de Chine. Beijing, Éditions de la littérature du peuple, 1998, p. 239-242.
[18] Weiti Wang, Culture du dragon et du phénix, Shanghai, Éditions des livres anciens, 2000, p. 268.
[19] Voir Jun Zheng, Collected Works of Chinese Dragon-and-Phoenix Patterns, Jinan, Éditions de l’éducation de la province de Shandong, 1995, p. 344.
Résumé
L’article s’intéresse aux symboles du dragon et du phénix dans la Chine ancienne, en s’appuyant sur des témoignages archéologiques, iconographiques et calligraphiques. On observe notamment l’association avec les éléments (soleil, nuages…), l’arbre et le pouvoir. Il est également question de l’hybridité possible entre les deux motifs. Le culte pour le phénix (à l’origine l’oiseau de la Nature) et le culte pour le dragon (à l’origine les serpents, les crocodiles ou les insectes etc…) les a transformés en créatures spirituelles. Les Chinois leur associent des éléments, des organes ou des motifs qui signifient des qualités capables de favoriser l’énergie et le pouvoir par le contact entre la terre et le ciel. Cette paire d’animaux fabuleux est bienfaisante et participe à la protection et à l’accompagnement des hommes.
Abstract
The article deals with the symbols of the dragon and the phoenix in ancient China, as they appear in archaeological, iconographical and calligraphic findings. What we observe is for instance their association with the elements (sun, clouds…), trees and power. We also observe the possible hybridity between these two motifs. The phoenix worship (as it is originally the bird of Nature) and the dragon worship (as it originates from snakes, crocodiles or insects, etc…) have transformed them into spiritual creatures. The Chinese confer them certain elements, organs or motifs that convey qualities able to increase energy and power through the contact between the earth and the sky. This pair of fabulous animals is beneficial and it takes part in the protection and the support of men.
Xiaohong LI
Univ. Artois, EA 4028, Textes & Cultures, F-62000 Arras, France
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