Les amis de Rimbaud… Les amis de Pierre Benoît… La société des amis de Marcel Proust et des amis de Combray… Les amis de Jorge Semprun… Les amis de La Fontaine… Les amis de Colette… Les amis de Jean Giono… Les amis de Marguerite Yourcenar… Après la mort de l’écrivain, il arrive assez souvent que, sous l’impulsion d’un familier, d’un professeur ou d’une personnalité, lectrice fervente, se crée une société ou une association qui rassemble les amis, connus ou inconnus, de la Gloire disparue. C’est le seul cas où l’amitié exige une inscription, une carte et une contribution. On se réunit au moins une fois l’an autour d’un président et de son bureau pour organiser des colloques, des lectures publiques et, avec les moyens du bord, publier un bulletin où sont rassemblés des inédits, des témoignages et des études1.
Ces mots sont de la plume d’un ami proche de Jorge Semprun : Bernard Pivot dans son essai sorti en début de cette année 2022. Surprise et émotion du président de l’AAJS que je suis lorsque, me doutant que Bernard Pivot donnerait toute sa place à Jorge Semprun, son ami, je vois que les Amis de Jorge Semprun sont cités. Si Bernard Pivot n’est pas (encore) membre de l’AAJS, il a toute sa place comme membre honoraire de l’association. Par contre, de son côté, Philippe Labro écrit : « […] Jorge Semprun, autre grand homme (il faut revenir à ses écrits, la postérité est cruelle, on ne parle plus de lui, Semprun ne mérite pas cet oubli temporaire) avait dit : ‘Dieu a été inventé par les hommes’ »2. Que Philippe Labro soit rassuré, on parle toujours de Jorge Semprun. Il suffit, au-delà même des activités de l’AAJS, de remarquer les publications, études, thèses, activités. Le présent colloque en est l’un des nombreux exemples du non-oubli3. S’il le souhaite, je suis à la disposition de Philippe Labro pour parler de Jorge Semprun et lui présenter l’AAJS, évoquer aussi son ouvrage Le Petit garçon (1988) qui m’a marqué. Peut-être, sûrement même, avait-il eu l’occasion de parler du Petit garçon avec Jorge Semprun ?
Revenons à Bernard Pivot. Par ses mots, il évoque bien ce qu’est une association mémorielle autour d’une personnalité de façon générale en réalité plus que d’un écrivain, car pour l’AAJS, Jorge Semprun n’était pas qu’écrivain mais une personnalité à mille facettes. C’est justement ceci qui m’a donné l’idée de la création de cette association. Tout commence lorsque j’apprends la disparition de Jorge Semprun le mardi 7 juin 2011. La disparition d’une personnalité, d’un écrivain, d’un artiste, d’un sportif, d’une célébrité est presque quotidienne et ce n’est pas pour cela que l’idée même d’une association mémorielle apparaîtrait. Alors, pourquoi cette idée de créer une telle association ? Si Jorge Semprun n’avait été qu’écrivain – ce qui est déjà très important –, je ne suis pas certain que l’idée d’une association serait venue, mais c’est bien en raison de ses mille facettes que l’évidence m’est apparue.
En effet, Jorge Semprun a été à la fois écrivain, homme de cinéma, homme d’art, un véritable « bouillon de culture » en somme, pour faire de nouveau référence à Bernard Pivot, mais aussi un parcours qui est à l’image de l’histoire du XXe siècle et de ce début du XXIe siècle. Un parcours où chacun peut se retrouver tout ou partie dans ses origines, ses propres engagements, son propre parcours. Je dois avouer que l’expérience de l’AAJS l’a démontré tant de façon générale qu’à titre plus personnel avec des découvertes parfois inouïes par pur hasard. C’est cette personnalité hors du commun qui a motivé la volonté de créer une association mémorielle. Un autre aspect est venu s’ajouter à la personnalité de Jorge Semprun. Il s’agit de la suite d’un échange de messages privés dans un réseau dit social avec une amie, Roseline Sarkissian, alors Conseillère régionale d’Ile-de-France. Apprenant que Jorge Semprun serait inhumé au cimetière de Garentreville, village du Gâtinais entre Pithiviers et Nemours où il avait acheté une maison de campagne sur les conseils, je crois, de Jean-Michel Folon qui avait lui-même une maison à Burcy, village limitrophe de Garentreville, je demande à Roseline Sarkissian si la maison de Jorge Semprun ne pourrait pas devenir une maison d’écrivain, une maison d’artiste comme il en existe en Ile-de-France notamment en Seine-et-Marne telle la maison de Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine ou le Musée Rosa Bonheur à Thomery. « Compliqué » me répond-elle et puis il s’agit d’une maison de campagne et non d’une maison familiale même si Jorge Semprun évoque le Gâtinais dans certains ouvrages. D’ailleurs depuis la maison a été vendue. Cette histoire de « Maison » mais surtout le fait que Jorge Semprun repose en Seine-et-Marne (j’habite Melun) a été le facteur déclencheur de l’idée de créer une association mémorielle et il m’a paru de suite trois questions : si une telle association existait ou était évoquée ; savoir si l’idée par rapport à la personnalité de Jorge Semprun était partagée ; contacter les héritiers de Jorge Semprun.
À la première, mes recherches sur internet ont conclu, avec les réserves d’usage, que rien n’existait ou était en projet. A la seconde, l’unanimité des amis, des proches à qui j’ai évoqué ce projet l’a approuvé avec un réel enthousiasme. Oui il fallait faire quelque chose. De surcroit, une commune, Savigny-le-Temple, était prête à accorder une salle pour organiser des réunions entre personnes intéressées par le projet. Tous ont reconnu que si des hommages ponctuels à Jorge Semprun étaient organisés, sa personnalité, son parcours, imposaient un travail pérenne, la création d’une association. Avant de vous parler de la troisième question, je voudrais préciser une chose importante : je n’ai jamais eu le plaisir de rencontrer Jorge Semprun. L’amitié pour Jorge Semprun n’est donc pas celle d’un proche, d’un ami, d’une personne qui aurait eu l’occasion de le voir, de le fréquenter, de le solliciter, mais d’une amitié morale par rapport à sa personnalité, par rapport à son œuvre. Ainsi, l’idée de créer une association mémorielle m’obligeait aussi à contacter des proches de Jorge Semprun afin d’informer et si possible d’avoir l’accord de ses héritiers : c’est la troisième question. J’ai contacté ainsi Florence Malraux par l’intermédiaire du CNC au sein duquel elle avait quelques responsabilités afin de lui faire part du projet. Florence Malraux m’a répondu très rapidement en m’invitant à contacter l’héritière de Jorge Semprun : Dominique Landman, qui m’a de suite donné son accord m’engageant de mon côté à la tenir informée de l’avancement du projet.
Ainsi le projet d’association a commencé sur d’excellentes bases et après trois réunions au dernier trimestre 2011, nous avons décidé de créer l’Association des Amis de Jorge Semprun. Ce sera le 1er février 2012 à Savigny-le-Temple, je deviendrai président de l’association. Une anecdote qui va dans le sens des hasards qu’évoque Patrick Rotman : la date du Journal Officiel où paraît la création de l’AAJS après dépôt des statuts en préfecture de Melun. Il s’agit du samedi 31 mars 2012. Cette date ne vous dit sûrement rien mais c’est exactement le jour de la disparition de Lise London. Date de parution involontaire mais hasard des plus troublants.
Comme toute association, l’AAJS a dû trouver un logo. Celui-ci, depuis la création de l’association est le célèbre dessin de Jorge Semprun par Eduardo Arroyo qui a été repris notamment pour la stèle à Biriatou en hommage à Jorge Semprun. Nous reparlerons de Biriatou et de son maire de l’époque : Michel Hiriart. Contacté, Eduardo Arroyo a donné son accord pour que son dessin soit notre logo. Eduardo Arroyo qui était un ami de Jorge Semprun sera membre d’honneur de l’AAJS jusqu’à sa disparition en octobre 2018.
L’AAJS a aussi un fonds documentaire confié à la médiathèque l’Arcature de Vaux-le-Pénil près de Melun qui se développe chaque année. Il rassemble les ouvrages de Jorge Semprun, des écrits et études sur lui mais aussi des ouvrages et publications ayant un lien avec un thème semprunien. Le fonds documentaire n’est pas exhaustif et peut être nourri notamment par de nouvelles publications et des dons.
Dans notre fonctionnement, nous avons quatre correspondants et un délégué dans d’autres pays : Guus Meijer, délégué aux Pays-Bas, Felipe Nieto, correspondant en Espagne, Alain Hoffman, correspondant au Luxembourg, Mirjiam Leuzinger, correspondante en Suisse, Jean-Paul Dufiet, correspondant en Italie. Naturellement, l’association a une vocation internationale et j’espère que nous aurons l’occasion de nous développer avec des correspondants voire des délégués dans d’autres pays. Aux Pays-Bas, le nombre d’adhérents a permis sous l’impulsion de Chris Nigten de créer une Comité néerlandais de l’AAJS. J’ai aujourd’hui une pensée émue pour Chris qui nous a quitté en 2017 pour tout le travail qu’il a entrepris et que poursuit désormais Guus Meijer.
Quelles ont été les activités de l’AAJS depuis sa création en février 2012 ? Je vous propose un aperçu. La première activité publique de l’association a été le 22octobre 2012 au Centre Culturel les 26 couleurs à Saint-Fargeau-Ponthierry avec la première projection publique du documentaire Si l’ombre était lumière, réalisé par Yves et Vladimir Angelo. Ce film est consacré à l’œuvre du peintre Charles Goldstein et est dédié à la mémoire de Jorge Semprun. En effet, lorsque Yves et Vladimir Angelo ont visité à Paris une exposition de Charles Goldstein, ils ont été émus par ses tableaux, ont souhaité faire la connaissance de l’artiste et de suite ont pensé à Jorge Semprun et à l’intérêt qu’il porterait à l’œuvre du peintre melunais. Ainsi le film est aussi la rencontre entre Jorge Semprun et Charles Goldstein, de l’émotion et de l’émerveillement de Jorge Semprun devant les tableaux de Charles Goldstein, de la soif de découvertes qu’avait Jorge Semprun. Charles Goldstein rappelle depuis que dans sa vie d’artiste, il a été marqué par deux rencontres : celle avec Marc Chagall quand il était étudiant ; celle avec Jorge Semprun.
Plusieurs lieux sont ou ont été des rendez-vous réguliers de l’AAJS.
Chaque jour anniversaire de la disparition de Jorge Semprun, le 7 juin, ou aux alentours de cette date selon le jour de la semaine, nous nous retrouvons au cimetière de Garentreville pour un hommage annuel. C’est à l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Jorge Semprun que la ville de Savigny-le-Temple a inauguré la Perspective Jorge Semprun qui se situe dans le quartier des Cités Unies. Pour le second anniversaire, en 2013, l’hommage a été marqué par deux moments forts. Tout d’abord, Michel Hiriart, maire de Biriatou, a déposé une urne contenant de la terre de l’hôtel Bakea à Biriatou, hôtel où aimait venir Jorge Semprun. Dans Adieu, vive clarté… Jorge Semprun écrit : « En tout cas, si je ne craignais pas d’incommoder mes ayants droit, légataires ou exécuteurs testamentaires, de leur compliquer la vie en exigeant d’eux des démarches administratives sans doute longues et fastidieuses, je demanderais à être enterré dans le petit cimetière de Biriatou », et quelques lignes plus loin de préciser : « […] je demanderais également que mon corps fût enveloppé dans le drapeau tricolore – rouge, or, violet – de la République »4.
Lors de ses obsèques, Jorge Semprun a été inhumé dans le drapeau tricolore de la République Espagnole. Mais Jorge Semprun ne repose pas à Biriatou mais à Garentreville, près de son épouse Colette. Ainsi par ce geste symbolique, de la terre basque de Biriatou, Michel Hiriart a pu honorer le vœu de Jorge Semprun. Cette urne est toujours présente sur la tombe de Jorge Semprun à Garentreville lui permettant de trouver près de lui
dans ce lieu de frontière, patrie impossible des apatrides, entre l’une et l’autre appartenance – l’espagnole, qui est de naissance, avec toute l’impériosité, accablante parfois, de ce qui va de soi ; la française, qui est de choix, avec toute l’incertitude, angoissante parfois, de la passion –, sur cette vieille terre d’Euskal Herria. Voilà un lieu qui [lui] conviendrait parfaitement pour que se perpétue [son] absence5.
Ensuite, une plaque a été dévoilée devant la maison qui appartenait à Jorge Semprun avec le dessin d’Eduardo Arroyo. Il nous a semblé important à partir de l’année suivante d’organiser si possible une manifestation autour du 7 juin afin de ne pas limiter notre hommage à la cérémonie au cimetière de Garentreville. Ainsi en 2014 nous avons eu le plaisir d’accueillir au petit Théâtre de la Ferme des Jeux de Vaux-le-Pénil une rencontre avec Corinne Bénestroff autour du thème La musique et Jorge Semprun, avec des extraits d’œuvres de Jorge Semprun évoquant le sujet lu par Aude Léger de la Compagnie Le Tour du Cadran. En 2017, nous nous retrouvons pour une conférence à la Tête des Trains de Tousson avec Maryvonne Braunschweig, Présidente de la délégation de Seine-et-Marne de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, sur le thème Histoire et citoyenneté - Travail de mémoire : une personnalité remarquable, Dr. Adélaïde Hautval (1906-1988), des camps du Loiret à Auschwitz et Ravensbrück, Résistante jusque dans les camps, Juste parmi les Nations. Nous avons eu le plaisir d’apprendre que par plusieurs fois France Culture a partagé la vidéo de la conférence pour illustrer des séries d’émissions. En 2018, ce sera de nouveau à la Tête des Trains de Tousson avec Marie Charrel autour de son ouvrage Je suis ici pour vaincre la nuit – Yo Laur (1879-1944)6. Depuis, notamment en raison des mesures prises dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, nous n’avons pas pu poursuivre l’organisation d’une rencontre autour du 7 juin mais ce n’est que partie remise.
Jorge Semprun était attaché au Lycée Henri IV où il a étudié, où il rencontrait régulièrement des élèves et où avait été organisé le 11 juin 2011 un hommage qui a été publié chez Gallimard en 2012. Henri IV, comme on dit, a été un lieu où l’AAJS a pu organiser plusieurs activités lorsque le proviseur était Patrice Corre. Je voudrais souligner que pour certaines de ces activités, les élèves d’Henri IV ont pu préparer des lectures, des interventions dans le cadre de leurs activités théâtrales. Ainsi, en 2012, la première manifestation parisienne de l’AAJS s’est faite à Henri IV en deux temps : les Lycéens ont tout d’abord lu des extraits d’œuvres de Jorge Semprun ; une table ronde a suivi sur le thème : Jorge Semprun et le rêve européen avec Olivier Guez, écrivain, journaliste et Lucas Surel, ancien élève du Lycée Henri IV et assistant parlementaire. En décembre 2013, le thème de la table ronde portait sur des Regards croisés biographiques de Jorge Semprun avec Françoise Nicoladzé, Corinne Bénestroff, Marina Gauthier-Dubebat et Lucie Luthereau, Costa-Gavras concluant la table ronde par des souvenirs personnels de ses premières rencontres avec Jorge Semprun grâce à Yves Montand et Simone Signoret. L’année suivante, après la projection du film de Franck Appréderis Le Temps du silence, nous lui avons confié l’animation d’une table ronde consacrée à L’Univers cinématographique de Jorge Semprun avec Yves Boisset, Loïc Corbery et Jaime Céspedes. Rappelons que Jorge Semprun a travaillé par deux fois avec Yves Boisset : en 1972 pour l’Attentat et en 1994 pour le téléfilm L’Affaire Dreyfus d’après L’Affaire de Jean-Denis Bredin. Vous ne le savez peut-être pas mais un troisième projet avec Yves Boisset avait été prévu : l’adaptation du Serment des barbares de Boualem Sansal, mais pour des raisons dont vous pouvez imaginer, le tournage n’a pu se faire et le projet a été abandonné. Néanmoins et avec une certaine émotion pour nous, Yves Boisset nous a remis une copie du scénario écrit par Jorge Semprun qui a rejoint précieusement le fonds documentaire de l’AAJS.
Cette rencontre organisée en décembre 2014 avait été précédée d’une manifestation particulière au mois de novembre. En effet, pour la première fois, les élèves de terminales d’Henri IV ont décidé que leur promotion porte le nom d’un célèbre ancien élève, et c’est Jorge Semprun qui a été choisi. Ainsi, nous avons été conviés un samedi de la moitié du mois de novembre à la remise des diplômes de la promotion Jorge Semprun du Lycée. Remise par l’AAJS et en présence de Peter Knapp, auteur chez Gallimard de Peter Knapp dessine l’Ecriture ou la vie. Un exemplaire de l’ouvrage de Peter Knapp a été remis aux majors de la promotion qui ont obtenu la meilleure moyenne pour chaque filière (L, ES et S). Initiative du Lycée donc à laquelle l’AAJS a été associée et pour laquelle nous avons été très sensibles.
2015 nous aura vu organiser deux activités à Henri IV : la première en mars avec une rencontre autour de l’ouvrage de Françoise Nicoladzé, Relire Jorge Semprun sur le sentier Giraudoux pour rencontrer Judith, rencontre accompagnée de lectures de textes de Jean Giraudoux et de Jorge Semprun par Pascal Reverte de La Compagnie Le Tour du cadran. La seconde en fin d’année avec le soutien du service culturel de l’Ambassade d’Espagne et la Compagnie Le Tour du cadran : une conférence débat autour du thème Se souvenir : Histoire et mémoire chez Jorge Semprun avec Sébastien Ledoux, docteur en histoire contemporaine de l’Université Paris I, Corinne Bénestroff et Anthony Binet, comédien de la Compagnie Le Tour du Cadran.
Deux dernières conférences à Henri IV ont eu lieu en 2016. En avril avec Luis Negro autour du thème La Guerre Civile Espagnole dans l’œuvre de Jorge Semprun, exilé politique et ancien élève du Lycée Henri IV. La dernière en novembre sur le thème Jorge Semprun sur scène autour de deux créations d’après l’œuvre de Jorge Semprun avec Robert Bensimon, comédien, directeur du Théâtre de l’Impossible et du Festival Pierres Vivantes pour le Théâtre en Bourgogne, ainsi que Corinne Thézier et Pascal Reverte, metteur en scène, comédien, ainsi qu’Anthony Binet. Je tiens à souligner que ces deux créations peuvent être reprises si des théâtres sont intéressés.
Après ces deux lieux importants pour Jorge Semprun que sont Garentreville et Henri IV, revenons à la ville de Vaux-le-Pénil dont j’ai déjà parlé car c’est notamment à la Médiathèque de l’Arcature que l’AAJS a pu organiser nombre de ses assemblées générales annuelles. Je ne reparlerai pas ici néanmoins de la rencontre avec Corinne Bénestroff sur Jorge Semprun et la Musique que j’ai évoquée par rapport à l’hommage annuel à Jorge Semprun. À partir de 2016, nous avons pris conscience que nos assemblées générales annuelles ne devaient pas se limiter aux questions statutaires toutes importantes qu’elles soient pour la vie d’une association. Il fallait donc, autant que possible, que nous puissions avoir ce rendez-vous annuel de début d’année en deux parties : la première statutaire ; la seconde avec une rencontre. Ainsi, nous avons pu accueillir Charles Goldstein sur l’importance de sa rencontre avec Jorge Semprun ; Maryvonne Braunschweig, présidente de l’AFMD-77, qui a présenté son association (adhérente à l’AAJS), son histoire, son organisation tant locale que nationale, la question aujourd’hui autour de la disparition des survivants et du fait que l’association évolue vers des membres descendants de survivants ainsi que des membres qui ne le sont pas, du travail effectué notamment avec le concours national de la résistance et de la déportation, des problématiques en enjeux d’aujourd’hui ; Jorge Chaminé, artiste lyrique, président fondateur du Centre Européen de Musique qui a été l’ami de Jorge Semprun et de Florence Malraux, dont la rencontre, très riche humainement, a porté notamment sur les cultures de l’Europe et de la Méditerranée ; Charles-Edouard Leroux, auteur de la Question mémorielle au XXIe siècle, autour du thème Qu’allons-nous faire de nos mémoires ? ; enfin Guy Scarpetta, écrivain, auteur de Guido et du film documentaire de Jorge Amat Les Résistants du Train fantôme, et Mohamed Mesli, fils d’Abdelkader Mesli qui a été imam à Paris puis à Bordeaux, Résistant, Déporté à Dachau avec le Train Fantôme sur le thème Eté 1944 : le Train Fantôme, l’un des derniers convois de déportés vers Dachau.
En dehors de ces réunions statutaires annuelles conclues par ces différentes rencontres, Vaux-le-Pénil a accueilli plusieurs activités de l’AAJS. Il faut savoir que la commune a été la première collectivité locale à adhérer à l’AAJS, volonté de son ancien maire, Pierre Herrero dont le partenariat a été poursuivi par son successeur, Henri de Meyrignac. En 2013 alors que la commune validait son adhésion à l’AAJS, une semaine cinéma à la Ferme des Jeux était consacrée à Jorge Semprun avec la projection de plusieurs films dont Jorge Semprun a été scénariste, La guerre est finie et Stavisky… d’Alain Resnais, L’Aveu et Z de Costa-Gavras, ainsi que la projection du documentaire réalisé par Franck Appréderis pour l’émission Empreintes consacrée à Jorge Semprun. L’année suivante, ce sera le thème Jorge Semprun : l’art contre la barbarie qui sera choisi, avec les projections du Concert de Radu Mihaileanu et du Pianiste de Roman Polanski, une exposition et une journée de réflexion et de création proposée par C(h)aracteres, compagnie théâtrale en résidence à Vaux-le-Pénil. Cette journée a porté sur les questions suivantes : que représente l’art contre la terreur et la tyrannie ? Que peuvent une peinture, une pièce de théâtre ou une chanson contre le despotisme ?
À l’occasion des 70 ans du début de la Guerre d’Espagne, ce sera une semaine autour de cette guerre en hommage à Jorge Semprun qui a été le thème en 2016. À partir de l’évocation de la Guerre d’Espagne et de l’engagement de Jorge Semprun contre le franquisme, la Ville de Vaux-le-Pénil a proposé un hommage cinématographique à la Ferme des Jeux (projection du documentaire Les Deux Mémoires, réalisé en 1973 par Jorge Semprun), une exposition à l’Arcature et une lecture en musique au Lycée Simone Signoret de Vaux-le-Pénil, en présence du duo de guitares Christine Martin-Culet et Anthony Régis. Ce sera autour du même thème que sera organisée en 2019 une Semaine autour de l’Espagne : hommage à Jorge Semprun, avec cette fois-ci la projection de Le Silence des autres de Robert Bahar et Almuneda Carracedo.
La disparition en septembre 2021 de Jean-Paul Belmondo nous a incités à faire un double hommage rappelant le dixième anniversaire de la disparition de Jorge Semprun avec une nouvelle projection fin 2021 de Stavisky… d’Alain Resnais. Mais il s’est agi en fait d’un quadruple hommage : d’une part anticipant le centenaire de la naissance d’Alain Resnais début juin 2022, mais aussi hommage au compositeur de la musique du film Stephen Sondheim disparu fin novembre 2021. La projection a été précédée par un rappel historique de ce qu’a été l’affaire Stavisky et ses conséquences par Colette Llech, membre du Conseil d’administration de l’AAJS. Enfin, le mois dernier nous avons accueilli Isabelle Rambaud, ancienne Directrice des Archives départementales de Seine-et-Marne pour une conférence sur l’histoire locale autour du thème Les réfugiés espagnols en Seine-et-Marne.
L’Instituto Cervantes est un lieu privilégié pour l’AAJS avec un véritable partenariat de fait. En effet, l’Instituto a été le lieu des conférences suivantes toutes naturellement en lien avec le thème semprunien de l’Espagne, de son exil et de ses engagements. En 2014 autour de l’ouvrage de Felipe Nieto La aventura comunista de Jorge Semprún: exilio, clandestinidad y ruptura, avec son auteur, Juan Manuel Bonet, directeur de l’Institut Cervantes, Michel Lefebvre-Peña, journaliste au Monde, Carlos Pascual, économiste, ex-militant du FLP. Un an plus tard avec Luis Negro, autour de son ouvrage Écrivains espagnols exilés à Paris (de 1939 à nous jours), cette seconde conférence s’avérant compléter la précédente.
En mai 2018, nous avons organisé la première rencontre avec Guy Scarpetta autour du thème : Jorge Semprun, un passeur de mémoire. Rappelons que Guy Scarpetta a rencontré pour la première fois Jorge Semprun à l’époque où celui-ci était encore Federico Sanchez, dirigeant du Parti Communiste Espagnol clandestin. Leurs chemins, par la suite, se sont souvent croisés, jusque dans les palais officiels de l’état espagnol, lorsque Semprun fut ministre de la Culture – avec de longues interruptions qui n’ont jamais affaibli leur complicité initiale. Leurs dernières conversations, peu avant la mort de Semprun, ont porté sur le rôle spécifique et irremplaçable que la littérature peut jouer pour éclairer l’expérience concentrationnaire, sur l’énigmatique transmission de cette expérience auprès de ceux, comme Guy Scarpetta, qui sont nés après la guerre, et se sentent néanmoins intimement concernés par ce qui s’est joué dans les camps.
Située dans le quartier des Invalides dans le VIIe arrondissement de Paris, la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a accueilli trois rencontres organisées par l’AAJS de 2017 à 2019 : avec Corinne Bénestroff et Pascal Reverte autour de l’ouvrage de Corinne Bénestroff Jorge Semprun, entre résistance et résilience, Pascal Reverte illustrant les propos de Corinne par la lecture de textes de Jorge Semprun ; avec Marie Charrel autour du thème Quand viendra le dernier survivant… Comment transmettre l’expérience de la déportation au moment de la disparition du dernier survivant ? ; enfin avec Clara Lecadet, chargée de recherche au CNRS, autour de son ouvrage Après les camps : traces, mémoires et mutations des camps de réfugiés.
Début 2014, l’AAJS a été partenaire à Pont-Sainte-Maxence des représentations de la pièce adaptée du Grand Voyage de Jorge Semprun par Pascal Reverte, responsable de la compagnie Le Tour du Cadran. En complément, une conférence-débat autour de l’œuvre de Jorge Semprun, a permis des interventions de Corinne Bénestroff, Anne Bonamy, directrice du Mémorial de Royallieu, et d’Alain Hoffmann, correspondant de l’AAJS au Luxembourg. Cette adaptation a été reprise l’année suivante au Théâtre de l’Ouest Parisien de Boulogne-Billancourt ainsi qu’à la Ferme des Jeux de Vaux-le-Pénil. Il me semble judicieux d’inclure cette reprise à Vaux-le-Pénil dans ce chapitre. En complément de la représentation à la Ferme des Jeux, étaient organisées une conférence de Françoise Nicoladzé sur le thème de L’inoubliable voyage de Semprun, une conférence au Lycée Simone Signoret de Vaux-le-Pénil de Françoise Nicoladzé et de Corinne Bénestroff sur le thème Une jeunesse engagée tout au long d’une vie, enfin une séance de dédicaces de Françoise Nicoladzé à la médiathèque L’Arcature de Vaux-le-Pénil.
En 2016, l’AAJS a été partenaire du IIe Symposium International Jorge Semprun : Penser les frontières à Université de Passau, organisé par Mirjam Leuzinger. Ce Symposium a porté sur plusieurs domaines de recherche. Cette activité a donné continuité au Ie Symposium International Jorge Semprun : mémoire, histoire, littérature, organisé quatre ans plus tôt à l’Université Rovira i Virgili, à Tarragone.
À l’invitation du Cinéclub François Truffaut d’Avallon et à l’occasion de l’ouverture de sa saison 2017-2018, j’ai eu le plaisir de présenter la projection de Section Spéciale de Costa Gavras. Un échange avec le public nombreux a suivi la projection. Trois souvenirs de cette soirée me reviennent en mémoire. Le premier avant la projection où, ayant rappelé le nom des trois films de Costa-Gavras auxquels Jorge Semprun a participé, un petit sondage à main levé aboutissait que si l’unanimité ou presque du public avait déjà vu Z et L’Aveu, la même quasi-unanimité n’avait jamais vu Section Spéciale. Les deux autres souvenirs ont été pendant la projection : des éclats de rire lors de la scène se déroulant à Vichy et où nombre s’affairent à courir après un poulet qui s’est échappé ; plus tard, un mouvement d’effroi, de stupéfaction, de sidération même, lorsqu’est prononcée la première peine de mort par la Section Spéciale.
Les 80 ans de la Retirada en 2019 auront été l’occasion de deux rencontres. La première à Noisiel avec la projection du film documentaire d’Emile Navarro De la Retirada à la Reconquista en présence de réalisateur. La seconde à la rentrée avec Gentil Puig-Moreno autour de son ouvrage Fils de l’exil, itinéraire d’un fils d’exilé républicain catalan. Cette soirée s’inscrivait dans tout un week-end organisé par la commune d’Avon. À l’instar de Noisiel, force a été de constater la présence d’un public nombreux. Le thème de la Retirada sera aussi retenu par chance quelques jours avant le second confinement en novembre 2020 avec plusieurs activités à Pornic en partenariat avec l’antenne de Pornic de l’Université Permanente de Nantes, le comité de Jumelage Pornic-Baïona et le soutien de la Mairie de Pornic : une conférence de Jocelyne Aubé-Bourligueux organisée à l’initiative l’Université Permanente sur Antonio Machado, un poète andalou pris dans la tourmente de la guerre d’Espagne. Je voudrais vous signaler le monumental ouvrage biographique que Jocelyne Aubé-Bourligueux a consacré à Federico Garcia Lorca, Lorca ou la Sublime Mélancolie – Morts et Vies de Federico Garcia Lorca ; la projection-présentation du film documentaire d’Emile Navarro De la Retirada à la Reconquista toujours en présence du réalisateur, cette manifestation ayant été précédée dans la matinée de deux projections du film au Lycée de Pornic. En complément, la Médiathèque de Pornic a consacré une « quinzaine de la littérature espagnole » et la Librairie l’Encre bleue a proposé une semaine Federico Garcia Lorca et puis une semaine Antonio Machado la semaine suivante. De nouveau, ces activités ont permis d’avoir un public nombreux. Soulignons que nous étions à quelques jours du LXXXe anniversaire de l’exécution par la dictature de Franco de l’ancien président de la Generalitat de Catalogne Lluis Companys. Comme vous le savez sûrement, Lluis Companys s’était réfugié non loin de Pornic, à La Baule exactement, mais en août 1940 il avait été arrêté par la Gestapo et livré à la dictature franquiste. D’autre part, comme dans nombre d’autres départements français, des réfugiés républicains espagnols étaient présents en Loire-Inférieure, en particulier prisonniers dans ce qui s’est appelé le Camp Franco à Montoire de Bretagne, et ont été contraints et forcés de participer à la construction de la base sous-marine de Saint-Nazaire. Je vous conseille la lecture de l’ouvrage de Ghislain Audion Réfugiés espagnols en Loire-Inférieure, 1936-1945 ; De la République espagnole à la Résistance.
Le mois de juin 2021, pour le dixième anniversaire de la disparition de Jorge Semprun, nous aura permis, malgré les mesures prises dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, d’avoir deux activités. La première, notre participation à l’initiative des Amitiés Internationales André Malraux, à l’hommage à Florence Malraux à Montauban avec une conférence de Martine de Rabaudy sur Florence Malraux, à partir de son livre À l’Absente et au cours de laquelle le président de l’AAJS est intervenu en visio-conférence. La seconde, coorganisée avec le Mémorial de la Shoah en deux moments : une table ronde animée par Florent Georgesco, journaliste au Monde des livres, sur le thème Témoigner par la fiction, avec Françoise Nicoladzé, Corinne Bénestroff et Eva Raynal. De façon totalement involontaire, il s’avère que le choix s’est porté sur trois intervenantes, donc trois femmes, venant de trois générations différentes à l’image du travail et de la transmission de la mémoire si chère à Jorge Semprun. Ensuite, la projection du film L’Origine de la violence d’Élie Chouraqui, suivie d’une rencontre animée par Corinne Bénestroff avec Elie Chouraqui, Fabrice Humbert, auteur de l’ouvrage éponyme, Pascal Reverte et César Chouraqui. La question posée à cette seconde activité portait sur L’art est-il un vecteur du témoignage et du ‘travail de mémoire’ ?. « Oui », répond Semprun, ouvrant ainsi la voie à des créateurs, tels l’écrivain Fabrice Humbert avec L’Origine de la violence, roman porté à l’écran par Elie Chouraqui, et les dramaturges Pascal et Vincent Reverte qui ont adapté et mis en scène Le Grand Voyage.
Il aura fallu attendre cette année 2022 pour que l’AAJS ait une activité comme partenaire d’une manifestation à Melun, ville où se trouve le siège social de l’association, ville aussi qui a un lien avec Jorge Semprun. En effet, la scène finale de l’adaptation en 1991 de Netchaïev est de retour pour le film de Jacques Deray, avant-dernier film avec Yves Montand, a été tournée dans ce qui restait des vestiges de la brasserie Grüber à Melun, ces vestiges étant détruits ensuite pour faire place notamment au Palais de Justice de Melun. Une anecdote autour du tournage : il paraît qu’une lettre anonyme annonçant le retour d’un certain Netchaïev avait été envoyée à un journal local mettant aussi les Renseignements Généraux sur les dents. Je ne sais pas si Jorge Semprun a eu vent de cette histoire mais je pense que, dans l’affirmative, il a dû apprécier cette histoire avec un réel amusement. C’est quelques jours avant la Journée nationale du souvenir des victimes de la Déportation que nous avons été partenaire de la projection du film documentaire de Jorge Amat Les Résistants du train fantôme, suivie d’une rencontre avec Guy Scarpetta et Corinne Brillé-Silberfeld. Pour les membres de l’AAJS, cette projection-rencontre aura été un complément à la rencontre avec Guy Scarpetta et Mohamed Mesli lors de l’Assemblée générale annuelle 2022.
Ce n’est que depuis un peu moins d’un an que l’AAJS s’est lancée dans l’organisation de visio-conférences. Certes lors des deux confinements de 2020, nous n’en avions pas eu l’idée. La visio-conférence a l’avantage de permettre aux membres et sympathisants de l’AAJS de suivre la manifestation sans la contrainte de la distance mais reconnaissons qu’elle a l’inconvénient d’être moins conviviale qu’une conférence ‘physique’. À ce jour, ce sont trois visio-conférences que l’AAJS a organisées : avec Nelly Ben-Israël autour de son premier roman Ella, l’Espoir au loin (l’auteure étant Israélienne et intervenant de Jérusalem), avec Marc Benveniste autour de son essai Lettre à Jorge Semprun, disparu voici dix ans, enfin avec Eva Raynal autour de son ouvrage Aller-Retour.
Enfin, permettez-moi d’évoquer quelques projets auxquels l’AAJS a été sollicitée et apporté sa modeste contribution. Un jour, je reçois un mail de Corée. Il s’agit d’une personne chargée par l’éditeur coréen Munhakdongne de la traduction d’Adieu, vive clarté… Seok Heon Yoon, le traducteur, nous demandait s’il serait possible de lui répondre à un certain nombre questions sur le texte original afin de l’aider dans son travail. Ainsi, nous avons pu lui apporter des éléments de réponses des plus intéressants en particulier sur des références historiques. Intéressants, car replongeant dans le texte, il nous est apparu que des évidences pour nous ne l’étaient pas forcément pour un lectorat coréen. Adieu, vive clarté… a été publié en 2017 dans cette édition traduite. Une anecdote parmi les questions : sur phrase que Jorge Semprun écrit en espagnol, phrase exclamative, la question était de savoir la raison pour laquelle la phrase commençait par un « point d’exclamation à l’envers ».
Autres sollicitations reçues : celle de la directrice des Archives départementales de Seine-et-Marne pour la réalisation d’une publication intitulée Étrangers et immigrés en Seine-et-Marne, 18e-21e siècles. Celle aussi, l’année dernière, de Roland-Jean Charna en vue de la réédition par Gaumont en DVD et Blu-ray de La Guerre est finie dans une version restaurée, MK2 ayant cédé les droits du film que MK2 avait sorti il y a quelques années. Roland-Jean Charna a été chargé de la réalisation des suppléments par rapport à Jorge Semprun. Nous avons pu répondre favorablement à la demande en mettant en contact Roland-Jean Charna avec Jaime Céspedes pour un entretien, L’élan de la mémoire, qui apparaît comme matériel complémentaire de cette réédition.
Avec les réserves d’usage, car il s’agit de recherches qui ne sont pas exhaustives, nous avons recueilli les lieux portant le nom de Jorge Semprun ainsi que la liste des traductions de ses ouvrages. Espérons que d’autres traductions seront effectuées et que, notamment dans la perspective du centenaire de la naissance de Jorge Semprun en 2023, de nombreux lieux portant son nom seront inaugurés.
En vue du centenaire de la naissance de Jorge Semprun en 2023, l’AAJS avait pu contacter la Poste française afin de proposer qu’un timbre puisse paraître l’année prochaine. J’ai le plaisir de vous informer que la proposition a été validée : un timbre de France sera consacré à Jorge Semprun et sortira en novembre 2023.
Je voudrais évoquer enfin un projet personnel. Vous le savez peut-être, Jorge Semprun a été chroniqueur littéraire pour le Journal du dimanche de 1995 à 1999. Chaque semaine, il livrait sa chronique sur une nouveauté ayant toute liberté dans le choix de l’ouvrage, sinon il aurait refusé que ce soit imposé. Ayant contacté le JDD, j’ai pu avoir copie de l’ensemble des chroniques dominicales ainsi que celles sur ses propres ouvrages sans oublier des entretiens qu’il a pu accorder. Je n’entrerai pas dans les détails. J’ai pu classer les chroniques par grandes thématiques et rédiger une longue introduction sans oublier un entretien avec Christian Sauvage et des questions que j’ai pu poser à Denis Olivennes. Ce travail riche et passionnant humainement n’attend qu’une seule chose : sa parution. J’ai de bons espoirs d’avoir trouvé récemment un éditeur. À l’issue de ce long travail, il s’avère que les Beaux dimanches de Jorge Semprun (tel est le titre de ce projet d’ouvrage) constituent par la richesse des chroniques comme un livre à part entière et inédit dans sa forme de Jorge Semprun.
[1] Bernard PIVOT, Amis, chers amis, Paris, Allary Éditions, 2022.
[2] Philippe LABRO, J’irais nager dans plus de rivières, Paris, Gallimard, 2020, p. 112.
[3] Ce texte a été lu dans le cadre du colloque consacré à Jorge Semprun à l’Université d’Artois les 17-18 juin 2022, Jaime Céspedes (org.).
[4] Jorge SEMPRUN, Adieu, vive clarté…, Paris, Gallimard, 1998, p. 220.
[5] Ibid.
[6] Marie CHARREL, Je suis ici pour vaincre la nuit : Yo Laur (1879-1944), Paris, Fleuve Éditions, 2017.
Laurent BONSANG
Président de l’Association des Amis de Jorge Semprun (AAJS)
CHARREL, Marie, Je suis ici pour vaincre la nuit : Yo Laur (1879-1944), Paris, Fleuve Éditions, 2017.
LABRO, Philippe, J’irais nager dans plus de rivières, Paris, Gallimard, 2020.
PIVOT, Bernard, Amis, chers amis, Paris, Allary Éditions, 2022.
SEMPRUN, Jorge, Adieu, vive clarté…, Paris, Gallimard, 1998.