L’homme doit vivre en un lieu […] où une certaine intégration sociale permet d’assurer la sécurité et la satisfaction de besoins affectifs et intellectuels, notamment par l’institution du mariage, de la religion, des loisirs1.
La pratique des jeux de plateaux s’inscrit dans un temps long au sein des sociétés humaines et semble être alors un « phénomène universel » continu2. Cinq mancalas (awélés) creusés dans des blocs de pierre à ‛Ayn Ġazāl (Jordanie) témoignent de l’existence de jeux de table dès le VIIIe millénaire av. J.-C3. En Irak, un plateau du « jeu de 20 cases » couvert de coquilles, de cornaline et de lapis-lazuli atteste d’une permanence et d’un renouvellement des pratiques ludiques, dans le cimetière d’Ur (IIe millénaire av. J.-C.). Le site de Ṣaddīna au Maroc fourni des tabliers de type mancalas et damiers dont la datation est incertaine4. Ces trois exemples très différents posent les enjeux de l’étude de ce matériel archéologique, à la fois uniforme et très diversifié selon les territoires et les séquences historiques.
Saisies par diverses disciplines des sciences humaines, philosophie, histoire ou encore géographie, les pratiques ludiques nécessitent des approches pluridisciplinaires dans lesquelles s’inscrit la démarche archéologique. Cette dernière envisage la matérialité de ces pratiques en les réinscrivant dans un contexte historique et géographique5. Dès lors que l’on s’intéresse à leur histoire, les chercheur·es sont confronté·es à la profusion des données : sources iconographiques, textuelles et matérielles rendent souvent leurs études complexes à cause de la grande diversité et hétérogénéité des corpus. Parmi les sources évoquées, les plateaux de jeu gravés sur un support lithique ont généré une littérature scientifique abondante mais très disparate selon les aires et les chronologies développées. Les études sur l’Antiquité ont largement documenté ces jeux tandis que les tabliers médiévaux n’ont été souvent qu’été mentionnés à la marge. Pour al-Andalus, les approches sont très hétérogènes. Les jeux d’échecs et de trictrac volent souvent la vedette aux mérelles et mancala.
Nous avons mis à jour de nouveaux éléments dans le cadre d’une thèse centrée sur l’étude des graffiti et plateaux de jeux incisés du site d’Albalat en Espagne6.
Figure 1, Albalat, un site islamique en Estrémadure. Source : Projet Albalat, dir. S. Gilotte
Au bord du Tage, ce bourg médiéval islamique est positionné sur la frontière entre al-Andalus au sud et les royaumes chrétiens au nord. Daté entre le IXe et le XIIe siècles, le site a été détruit par des milices chrétiennes vers 1142 mettant ainsi fin à son occupation7. Depuis 2009, les campagnes de fouilles annuelles dirigées par Sophie Gilotte ont permis de documenter les vestiges. Ils sont composés d’une muraille, qui enserre un tissu urbain assez dense : rues, édifices domestiques, forges, espaces artisanaux ont été identifiés. Des niveaux d’incendies, très bien conservés, scellent la dernière phase d’occupation du site. Au sein des édifices domestiques, plus de deux mille marques glyptographiques8 ont été incisées sur les sols en schiste. Cet ensemble archéologique est constitué d’un riche panel graphique, composé principalement de graffiti anépigraphiques et figuratifs : plateaux de jeux, motifs anthropomorphes et apotropaïques, damiers, sabliers, flèches, épis, etc. Or, il est très rare de pouvoir observer les graffiti en contexte daté et figé. Ce corpus offre des possibilités inédites d’étude, par son originalité, son ampleur et sa nature. Un motif incisé est bien identifié : il s’agit de plateaux de jeux, de type mérelles ou « jeux du moulin ». Soixante d’entre eux ont pu être documentés au cours des différentes campagnes grâce notamment au développement d’une méthodologie systématique.
Figure 2, Dalle combinant graffiti et plateaux de jeux incisés. Source : élaboration propre
La quantité numérique de ces vestiges, tout comme leur qualité, en font un objet d’étude à part entière, développé au sein du projet Albalat9. Il nous apparaît alors nécessaire d’inscrire ce corpus peu commun dans l’histoire des jeux de plateaux en Europe occidentale tout en mettant en avant les spécificités de la péninsule Ibérique10.
En effet, ces motifs gravés sont très partiellement intégrés aux études ludiques, toutes périodes confondues. C’est tout l’enjeu de l’étude de ce type de marques puisqu’elles semblent être présentes dans des espaces et des périodes très distincts tout en étant morphologiquement identiques. Fragmentaires, parfois invisibles ou hors-contexte, il est souvent difficile d’en proposer des interprétations précises.
Cette contribution cherche à mettre en évidence les principaux moments historiographiques de l’histoire des jeux de plateaux, pour la péninsule Ibérique et le Maghreb antique et médiéval. Nous nous permettons, au besoin, de mobiliser des recherches en-dehors de ces espaces. Sans viser l’exhaustivité, nous tentons de mettre en lumière les lectures et moments principaux qui nous semblent être intéressants pour l’étude des jeux de plateaux d’Albalat. Cet état de l’art se divise en trois moments principaux. Dès le XVIIe siècle, les chercheurs construisent une histoire globale des jeux de plateaux, sur le modèle d’encyclopédies. Comme il est particulièrement délicat d’en proposer des approches exhaustives, les études thématiques constituent le deuxième moment de cet état de l’art. Enfin, la structuration des approches monographiques puis régionales est rendue possible par les dynamiques précédentes. Au sein de cet état de l’art, nous sommes parfois obligés de mettre en avant tous types de plateaux de jeux, selon des approches vastes et diversifiées, à partir de sources variées (textuelles, iconographiques, archéologique), dans le souci d’avoir une approche la plus complexe possible.
La construction d’une histoire globale des jeux de plateaux sous forme de compilations encyclopédiques constitue la première grande tradition historiographique. Si plusieurs chercheurs se passionnent pour cette thématique dès le XVIIe siècle en Europe occidentale11, les travaux d’Harold James Ruthven Murray12 en 1913 puis en 1952 présentent l’ensemble des jeux de plateaux connus, depuis le néolithique jusqu’à nos jours sans distinction géographique ni culturelle. Classée par types de jeux, cette synthèse, quoique contestée aujourd’hui en certains points13, est encore une référence majeure. D’autres auteurs s’attachent à effectuer une histoire globale des jeux par espace chrono-culturel : c’est le cas par exemple de l’ouvrage Gambling in Islam de Franz Rosenthal14 qui allie deux disciplines, histoire et philosophie. Ces études sont caractérisées par une approche diachronique sans distinction géographique.
Cette dynamique est aujourd’hui reprise par les études archéologiques. Deux entités institutionnelles y participent : les institutions de recherche et les structures muséales. Comme le souligne Antonio González Cordero15, les programmes de recherche tentent de retracer cette « histoire globale » des jeux, de leur origine jusqu’à la période concernée. Par exemple, en 1995 déjà, l’université de Leyde (Pays-Bas) initie le programme Board Game Studies dont les colloques et les publications ont lieu chaque année. Au Portugal, les équipes de chercheurs ont constitué un programme de recherche intitulé Historia do jogos em Portugal et dont la dernière publication date de 201616. Au contraire, d’autres programmes s’efforcent de restreindre leurs approches à une seule période historique17. Ces démarches se sont traduites par une diversification des expositions dans les structures muséales : les catalogues qui en découlent participent aussi à cette histoire globale des jeux de plateaux. Une première grande exposition s’est tenue par exemple en 1991 à Marseille et les initiatives se sont multipliées depuis comme à Mérida18.
Pour al-Andalus, quelques études juridiques de Frédéric Rosenthal19 et d’Eric Chaumont20 au sein d’articles encyclopédiques sont presque les seules études dont nous ayons connaissance, si ce n’est Christine Mazzoli Guintard qui traite des loisirs en al-Andalus entre le VIIIe et le XIIIe siècle21. Les études sont donc très sporadiques, souvent oubliées dans ces approches globales.
Les études thématiques sont organisées par catégories de jeux. Elles évoquent systématiquement leurs origines et diffusions, les différentes règles connues, le type de matériel associé, les joueurs et le symbolisme des plateaux.
Le jeu d’échecs a bénéficié d’une considération scientifique privilégiée par rapport aux autres jeux de plateaux. Nous ne prétendons pas ici en faire une présentation exhaustive mais plutôt évoquer les temps forts de cette recherche. En 1913, Harold James Ruthven Murray publie A history of chess22, premier ouvrage de synthèse sur les différents types de plateaux, les stratégies et les variantes connues. L’abondance des sources textuelles et archéologiques a favorisé la réalisation d’études d’histoire sociale et symbolique dans lesquels les travaux de Michel Pastoureau s’inscrivent23. Les traités de jeux, centrés principalement sur les échecs, ont été largement étudiés24. Concernant les sources matérielles, deux articles de Luc Bourgeois ont retenu notre attention, l’un autour de la diffusion du jeu25, l’autre sur l’évolution de la pièce connue aujourd’hui comme la tour d’échecs26. Nous privilégions ce type d’études plus centrées sur la diffusion du jeu et les caractéristiques morphologiques des pièces que sur les aspects symboliques27. A l’inverse, les autres catégories de jeux (mérelles, tric-trac, mancala ou dés) ont longtemps souffert d’une carence de documentation28. Il a été plus difficile d’en retracer les origines, les évolutions et les variations. Pourtant, ces autres jeux sont désormais intégrés dans les programmes de recherches et les catalogues d’exposition29.
L’origine des jeux est plus souvent abordée dans des ouvrages généraux, adressés au plus grand public. Ils sont souvent caractérisés par leurs approches diachroniques, en écartant parfois les spécificités propres à chaque période historique. Les études de Roland May30, d’Ulrich Schädler31, d’Irving Finkel32 ou encore de Claire Breyer proposent une vision globale de chaque type de jeu. Ils opèrent une première approche des différentes catégories toutes époques confondues. Par exemple, le catalogue d’exposition Art du jeu, jeu dans l’art. De Babylone à l’Occident médiéval33, envisage l’histoire des jeux de plateau sur le temps long.
Les catégories sociales des joueurs constituent une autre entrée possible. Le Livre des jeux d’Alphonse X34 est un des supports privilégiés pour ce type de problématiques. Des auteurs comme Raúl Orellana Calderón ont conduit des études autour de ce manuscrit35. Sonja Musser Golladay36 identifie les différents types de joueurs dans sa thèse. Jean Michel Melh envisage aussi ces aspects dans le manuscrit le Livre des échecs commandé par Jacques de Cessoles37. De son côté, Luc Bourgeois questionne ces recherches, qui mettent souvent en exergue le caractère élitaire des échecs. Ces études s’inscrivent dans des approches sociales, mais qui délaissent parfois les sources archéologiques, considérées comme trop fragmentaires et incertaines38. Ce sont pourtant ces types de sources qui pourraient permettre une réévaluation des précédents résultats. Par ailleurs, l’identité de genre des joueurs et des joueuses est de plus en plus envisagée notamment avec la multiplication des axes de recherches sur les Gender studies. Le programme de recherche « Locus ludi » y a d’ailleurs consacré un numéro complet39. Principalement centré autour de l’Antiquité, les pratiques des joueuses y sont envisagées. Un article sur les jeux de plateaux en Irlande médiévale aborde ces problématiques à partir des sources textuelles en gaélique40. Pour d’autres périodes, et à partir des sources archéologiques, ces aspects peuvent être plus difficilement envisageables. En ce qui concerne al-Andalus, Yolanda Cosin Corral évoque des jeux plutôt pratiqués par les hommes sur le site de Vascos41 mais ces affirmations n’ont pas été retravaillées depuis.
Une troisième approche consiste à étudier les règles des jeux de plateaux par période, en mettant en avant les différentes variantes. Les règles des jeux, difficiles à déterminer sans traités ludiques, sont sources de débats. En ce sens, le virulent débat autour de la mérelle ronde ou carrée chez les antiquisants est significatif42. Les règles des mérelles, des échecs ou des dés en al-Andalus sont principalement connues grâce aux sources textuelles et iconographiques43 même si elles sont parfois questionnées.
Les pratiques ludiques sont aussi abordées sous l’angle des symbolismes et rituels qui peuvent leur être associés44. On envisage des interprétations fonctionnelles puis symboliques des plateaux de jeu. Pour la catégorie des jeux d’échecs, l’abondante littérature et la forte représentation iconographique permettent d’effectuer des liens entre interprétations sociales et symboliques. Les mérelles aussi font l’objet de ce type d’interprétations. Récemment, Ulrich Schädler souligne le caractère « jeu-graffiti » des mérelliers incisés sur des supports de nature rocheuse ou sur des enduits45. Ils correspondraient, selon lui, davantage à des gestes spontanés sans but précis. Le support, mais surtout la position du plateau, est un des aspects abordés par plusieurs auteurs. R. Alarcon Herrera est un des premiers à avoir exploré la fonction symbolique et cosmique du plateau de jeu en position verticale en 198546. La même année, R. de la Torre envisage aussi une finalité moins pratique que symbolique des mérelles. Plusieurs auteurs examinent ces aspects symboliques et ésotériques en fondant leurs arguments sur la géométrie presque cosmique et religieuse des plateaux47. Antonio González Cordero rappelle que les opinions des chercheurs divergent : certains affirment que ces incisions murales sont plutôt des signes oisifs48. Nous nous rangeons à son avis : il évoque le lien probablement fort entre ludique et symbolique pour les périodes médiévales49.
Les études purement archéologiques sont souvent centrées à l’échelle d’un site ou d’une région. En corrélation avec notre corpus de thèse, nous envisageons trois espaces principaux : les territoires hors al-Andalus, la péninsule Ibérique et l’Estrémadure.
Il a été traditionnellement considéré qu’une part importante des plateaux de jeu comme les mérelles, damiers ou mancalas sont arrivés en Europe occidentale (péninsule Ibérique, France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne) avec la conquête arabe au début du VIIIe siècle. Rappelons toutefois que la pratique des mérelles est attestée pour l’Antiquité romaine et grecque sur le pourtour méditerranéen50. Le hiatus chronologique encore patent entre l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge se retrouve dans cette catégorie d’objets. C’est donc au sein de monographies et d’articles ponctuels, sur des périodes plus tardives, que des plateaux sont mentionnés, comme c’est le cas pour l’article de Paul Lombard51 paru en 2016 au sujet du mancala (Qal’at al-Barhein, île de Bahrein, XIIIe-XVIe siècle).
Cette absence de synthèse peut s’enrichir de publications d’autres pays (anglo-saxonnes, irlandaises, germaniques voire même jusqu’en Europe de l’Est)52, où les recherches sur ces thématiques ont été parfois plus prolifiques. Il s’agit simplement de souligner ici la très grande diffusion géographique et chronologique d’un motif dont la datation et l’interprétation archéologique sont, de fait, souvent difficiles.
Pour al-Andalus, les plateaux de jeux gravés sont appréhendés de façon inégale. Le Maghreb est particulièrement peu documenté contrairement à la péninsule Ibérique53. En Espagne et au Portugal en revanche, plusieurs études menées pour la période antique présentent les plateaux de façon thématique et spatiale. Cristina Jiménez Cano54 documente ces tabliers de jeux antiques et propose une interprétation spatiale à l’échelle de la péninsule55. En ce sens, l’exposition autour du jeu à Mérida et l’article qui en découle56 éclaire aussi sur la présence de ces plateaux sur différents types de supports en Estrémadure.
Les travaux menés sont centralisés principalement autour de sites archéologiques sous forme d’études de cas très ponctuelles. On pensera notamment aux travaux de Yolanda Cosin Corral57 sur les tabliers de Vascos (IXe-XIe siècle, Tolède), de type mancala et mérelles présentent les plateaux de façon thématique et monographique58. Les équipes de Tossal de la Vila (Aragon, Espagne) ont également documentés deux mérelles dans des contextes précoces59. Un tablier a été également documenté en contexte d’habitat à Siyāsa sur des niveaux de circulation du XIIIe siècle60. De nombreux plateaux de jeu gravés sur l’enduit d’une citerne sont en cours d’étude au château de Moclín (XIe – XIVe siècle, Andalousie), comme c’est également le cas sur le site du Castillo del Cuerno (Fuentes de León, Bajadoz)61. Des gravures et graffitis sont aussi présent à Madīnat al-Zahrāʼ62 ou encore à Alcoutim (région de l’Algarve, Portugal)63. Ce site d’exception en raison de la quantité de mérelles et de damiers inventoriés est une fortification musulmane occupée entre le VIIIe et le IXe siècle. Les équipes portugaises mènent aussi un grand nombre de recherches autour des plateaux de jeux (mérelle de III, IX, XII ainsi que mancala et damiers). Depuis 2011, un programme de recherche intitulé « Historia dos Jogos em Portuga »l64 s’attache à dresser une histoire des jeux, dans une démarche diachronique et pluridisciplinaire. Les publications de ces colloques depuis une dizaine d’année alimentent ponctuellement nos recherches. Enfin, des plateaux de jeu ont également été trouvés dans des contextes plus tardifs, comme des maisons du XVIe siècle à Tolède65. Les occurrences d’un tel type de motifs sont nombreuses, ils sont situés sur des positions variées (dallages, murs, enduits) ce qui implique des interprétations souvent distinctes. Les études mentionnées sont surtout monographiques, elles présentent les plateaux comme une catégorie d’objet parmi d’autres. Les approches sont alors avant tout archéologiques (descriptions et interprétations du motif). Quant aux sources textuelles émanant du monde islamique médiéval sur ces sujets, elles sont particulièrement rares. Harold James Ruthven Murray mentionne à plusieurs reprises le Kitāb al-āghāni66. Un feuillet du Bayāḍ wa Riyāḍ67 représente des personnages en train de jouer aux échecs.
Quelques régions ont bénéficié d’un intérêt spécifique. La Galice et l’Estrémadure sont celles que nous pouvons retenir pour la péninsule Ibérique.
Les recherches d’Antonio González Cordero constituent la principale référence pour les plateaux de jeu en Estrémadure68. Dans ses études, il détaille, en les classant par province69, les plateaux de jeu repérés au cours de prospections, bien que beaucoup soient hors des contextes d’habitat, parfois en plein air, ce qui rend leur datation difficile. Ce remarquable travail de compilation s’inscrit dans une perspective diachronique et se concentre sur les traditions ludiques des périodes romaine et médiévale70. L’auteur discute évoque les différentes hypothèses qui ont été avancées pour expliquer les plateaux de jeux en position non fonctionnelle (verticale) tout en adoptant une attitude prudente que nous partageons.
Pour la Galice, José Manuel Hidalgo Cuñarro rassemble depuis les années 1990 toutes les informations disponibles sur les plateaux de jeux antiques et médiévaux de la Galice71. Il ne se limite pas à ceux-ci mais compile également les pétroglyphes ludiques, et élargit son champ d’investigation en mentionnant ponctuellement dans son blog les plateaux situés en-dehors de cette région. Ce répertoire est un outil essentiel pour pouvoir envisager une synthèse régionale.
En somme, l’historiographie des jeux de plateaux est riche et marquée par un renouveau des approches considérables sur les vingt dernières années. Les sources textuelles et iconographiques ont été exploitées, souvent au détriment des sources matérielles. En revanche, les territoires d’al-Andalus ont été délaissés.
L’étude des plateaux de jeux d’Albalat s’ancre dans une historiographie longue et complexe qui a documenté de façon inégale les artefacts ludiques. Les tabliers incisés sur des supports lithiques ont été très peu explorés. De ce fait, les plateaux de jeux d’Albalat sont une porte d’entrée privilégiée pour comprendre les pratiques ludiques au sein d’espaces domestiques datés de la première moitié du XIIe siècle en al-Andalus.
Le corpus se compose exclusivement de mérelles, qu’elles soient de cinq, neuf ou douze72.
Figure 3, Sélection de mérelles illustrant la diversité typologique présente sur le site d’Albalat. Source : élaboration propre
Toutes sont incisées sur des dalles de schiste, principalement situées au cœur espaces domestiques, dans les patios.
Figure 4, Répartition spatiale des plateaux de jeu. Source : fond de plan Projet Albalat, et élaboration propre
Quelques rares plateaux ont été utilisés en remploi, dans les maçonneries des murs. Les types d’incisions varient grandement : certains plateaux ont des gravures presque imperceptibles, tandis que d’autres sont caractérisés par des incisions profondes de plusieurs millimètres.
Figure 5, Plateaux de jeux incisés ou très repassés, Source : élaboration propre
Ces observations initiales soulignent l’importance du jeu à Albalat puisqu’en plus de l’aspect quantitatif, les incisions renvoient à des gestes répétés ou prononcés sur de nombreuses dalles.
Ces plateaux coexistent avec une variété d’autres motifs gravés sur le schiste : hexagrammes, octogrammes, motifs ramiformes, frises géométriques et motifs floraux y sont finement incisés.
Nous construisons un protocole d’analyse novateur pour ce type de matériel. Des relevés classiques ont été effectués (photographies, dessins) mais des analyses morphologiques sont aussi en cours afin d’analyser les modes et types de tracés de façon plus précises. La perspective d’études tracéologiques, sur les modèles effectués par les préhistoriens, est en construction73. En complément de ces analyses morphologiques, des perspectives d’archéologies expérimentales sont en cours d’élaboration dans le souci d’envisager les modes de tracés, les gestes associés à ces pratiques ludiques. Des analyses spatiales, précises, sur l’emplacement des plateaux (proximité avec les seuils par exemple) peuvent apporter des réponses concluantes sur l’importance des pratiques ludiques dans ces espaces et les modes de circulation au sein des patios.
En somme, l’étude des plateaux de jeux d’Albalat s’inscrit dans des approches historiographiques plurielles et inégales selon les aires et les bornes chronologiques. Les approches globales sur les plateaux de jeux ont progressivement été enrichies par des études soit plus thématiques soit plus circonscrites dans un cadre géographique précis. Les tabliers en pierre des sites archéologiques islamiques n’ont été que très ponctuellement documentés, même si l’on note un intérêt certain depuis la fin du XXe siècle. En ce sens, les mérelles d’Albalat sont de nouvelles sources matérielles exceptionnelles. Des études plus précises sur ce type de mobilier devrait permettre d’apporter un nouveau regard sur la place des jeux de plateaux dans les sociétés islamiques médiévale au temps des almoravides.
[1] Harold James Ruthven MURRAY cité dans Irving FINKEL, « L’origine des jeux », in Isabelle BARDIES-FRONTY, Anne-Elisabeth BUNN-VATURI (dir.), Art du jeu, jeu dans l’art. De Babylone à l’Occident médiéval, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, 2013, p. 16-19.
[2] Irving FINKEL, ibid., p. 16-19.
[3] I. FINKEL, loc. cit., p. 16-19.
[4] Brahim AKDIM, Grigori LAZAREV, Virgilio MARTÍNEZ ENAMORADO, Le pays des Ṣaddīna : une étude géographique, historique et archéologique des sites de Ṣaddīna, villes médiévales du Maroc et de l’Andalousie, Rabat, Royaume du Maroc, Ministère de la Culture. Institut national des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, 2014, p. 36.
[5] Nous soulignons la nécessité d’une approche pluridisciplinaire, qui, si elle est impossible à mettre en place à l’échelle d’une chercheure, peut être menée de front au sein de groupes de recherche comme c’est le cas dans les colloques annuels Board Games Studies depuis 1992 ou le récent programme de recherche ERC advanced grant mené par V. Dasen: Locus Ludi. The Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity. Voir Véronique DASEN, Thyphaine HAZIZA, « Introduction. De l’exposition au dossier thématique dans Kentron », Kentron, 34, 2018, p. 17-22.
[6] Cette thèse est financée par l’Université Lumière Lyon 2 en cotutelle avec l’Université de Grenade et se déroule sous la direction de Cyrille Aillet, Sophie Gilotte et Alberto García Porras que nous remercions pour leurs relectures.
[7] Sophie GILOTTE, Yasmina CÁCERES GUTTIÉREZ, Al-Balât, Vida y guerra en la frontera de al-Andalus (Romangordo, Cáceres), Cáceres, Diputación de Cáceres. Junta de Extremadura, 2017.
[8] Nous suivons la définition suivante, proposé par Raúl Romero Medina. Les marques glyptographiques sont des incisions ou des percussions effectuées sur un support lithique, d’après Raúl ROMERO MEDINA, Diccionario bibliográfico de los signos lapidarios de España, Centre International de Recherches Glyptographiques (C.I.R.G.), Braine-le-Château, édition de La Taille d’Aulme, 2012, p. 1-52.
[9] Le projet Albalat est financé par le ministère des Affaires Étrangères (France), la central nucléaire d’Almaraz, la mairie de Romangordo, la Casa de Velázquez, l’association Madīnat al-Balāt, le laboratoire du Ciham (UMR 5648) ainsi que la maison des sciences de l’homme (Lyon-St Etienne).
[10] L’historiographie autour des jeux de plateaux est particulièrement riche, il s’agit donc surtout de présenter ici les principales lectures qui nous semblent être pertinentes pour l’analyse des jeux de plateaux d’Albalat.
[11] Thomas HYDE, orientaliste anglais, semble être un des premiers à publier en 1694 De ludis orientalibus.
[12] Harold James Ruthven MURRAY, A History of Board games other than Chess, Oxford, Clarendon Press, 1952. D’après Luc Bourgeois, cette synthèse « n’est pas remplacée à ce jour ». Voir Luc BOURGEOIS, « Introduction et mutations du jeu d’échecs en Occident (Xe-XIIIe) », in Mathieu GRANDET, Jean-François GORET Echecs et Trictrac. Fabrication et usages des jeux de tables au Moyen Âge, Paris, Editions Errance, 2012, p. 32.
[13] Pour les divergences, voir Irving FINKEL, Ibid., p. 16-19.
[15] Antonio GONZÁLEZ CORDERO, «Tradiciones lúdicas de la antigüedad en el campo Arañuelo», XXV Coloquios Histórico-Culturales del Campo Arañuelo Navalmoral de la Mata, 2022, p. 185-238.
[16] Antonio GONZÁLEZ CORDERO, ibid. En Italie, une base de données compile également plus de deux mille tabliers. Ces programmes recensent plus qu’ils n’interprètent, tous les plateaux gravés.
[17] C’est le cas de l’ERC Locus ludi, voir Véronique DASEN, Typhaine HAZIZA, « Introduction. De l’exposition au dossier thématique dans Kentron », p. 17. Ils font appels à d’autres périodes historiques, comme c’est le cas pour l’article de Luc Bourgeois inséré dans la revue Kentron en 2018. Luc BOURGEOIS, « Du char de guerre à la tour : le destin d’une figure du jeu d’échecs en Occident », Kentron, 34, 2018, p. 109-126. Ces initiatives récentes s’appuient sur un intérêt fort de la société civile pour les loisirs et le jeu depuis une trentaine d’années. Elles semblent vouloir construire une vision globale des pratiques ludiques dans les sociétés étudiées. Sports, jeux d’enfants, jeux de plateaux : les pratiques ludiques sont variées et complexes. Les plateaux de jeux gravés n’apparaissent alors plus que comme un des jeux pratiqués. Voir Jean-Michel MELH, Des jeux et des hommes dans la société médiévale, Paris, Honoré Campion, 2010.
[18] Un catalogue est tiré de cette exposition où Roland May procède à une présentation des jeux égyptiens jusqu’aux jeux médiévaux. Plusieurs expositions récentes comme celle du musée de Cluny en 2012 ou celle du château de Mayenne en 2013 s’inscrivent dans cette volonté d’histoire globale. Voir Isabelle BARDIES-FRONTY, Anne-Elisabeth BUNN-VENTURI, Art du jeu, jeu dans l’art : de Babylone à l’Occident médiéval [exposition], Musée de Cluny, musée national du Moyen Age, 28 novembre 2012 – 4 mars 2013, Paris, Réunion des musées nationaux, 2013 mais aussi Mathieu GRANDET, Jean-François GORET, Echecs et trictrac, Fabrication et usages des jeux de tables au Moyen-Âge, Paris, Errance, 2013.
[19] F. ROSENTHAL, Gambling in Islam.
[20] Eric CHAUMONT, « Jeu-Jeu de hasard », in Amir MOEZZI (dir.), Dictionnaire du Coran, Paris, Robert Laffont, 2007.
[21] Vincent Lagardère mentionne une fatwa au sujet du tric-trac. Voir Vincent LAGARDERE, Histoire et société en Occident musulman au Moyen Âge : analyse du « Miʿyār » d’Al-Wanšarīsī, Madrid, Casa de Velázquez, 1995, p. 457. Sinon, voir aussi Christine MAZZOLI-GUINTARD, « Jeux collectifs en al Andalus (péninsule ibérique, VIIIe – XVe siècles) », Laurent BASTIEN FOURNIER (dir.), Les jeux collectifs en Europe. Transformations historiques, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 53-67. Toutefois, les jeux de plateaux sont peu présents dans son étude, exception faite pour les échecs qui ont focalisé l’intérêt des chercheurs.
[23] Michel Pastoureau s’intéresse notamment aux couleurs des tabliers et à la fonctionnalité du matériel archéologique retrouvé. Voir L. BOURGEOIS, Les échecs médiévaux : jeu des élites, jeux de couleurs. L. Bourgeois cite notamment Michel PASTOUREAU, L’échiquier de Charlemagne : un jeu pour ne pas jouer, Paris, Adam Biro, 1990 ou encore M. PASTOUREAU, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, Éditions du Seuil, 2004.
[24] Voir les études de Sonja MUSSER GOLLADAY, Los libros de acedrex dados e tablas: historical, artistic and metaphysical dimensions of Alfonso X’ s book of games, Richard P. Kinkade (sous la dir. de), Tucson, The University of Arizona, 2007.
[25] L. BOURGEOIS, « Introduction et mutations du jeu d’échecs en Occident (Xe-XIIIe) », p. 23-32.
[26] L. BOURGEOIS, « Du char de guerre à la tour : le destin d’une figure du jeu d’échecs en Occident », Kentron, 2018, p. 109-126.
[27] Il était impossible de proposer une synthèse bibliographique sur le jeu d’échecs ici. Nous renvoyons notamment aux travaux de Sophie MAKARIOU, « Le jeu d’échecs, une pratique aristocratique en Islam et chrétienté des IXe – XIIIe siècles », Les Cahiers de Saint Michel de Cuxa XXXVI, 2005, p. 127-140.
[28] Les sources archéologiques et textuelles sont moins abondantes et moins prestigieuses.
[29] On note une multiplication de blogs dédiés aux jeux de plateaux comme le blog dirigé par Claire Breyer à vocation encyclopédique : http://www.jocari.be/search.php?scat=307&sman=1&pg=1&nobox=true.
[30] Roland MAY, Jouer dans l’Antiquité, Musée d’Archéologie Méditerranéenne – Centre de la Vieille Charité.
[31] Ulrich SCHADLER (dir.), Jeux de l’Humanité : 5000 ans d’histoire culturelle des jeux de société, Genève, Slatkine, 2007.
[33] I. BARDIES-FRONTY, A.-E. BUNN-VENTURI, Art du jeu, jeu dans l’art : de Babylone à l’Occident médiéval [exposition], Musée de Cluny, musée national du Moyen Age, 28 novembre 2012 – 4 mars 2013.
[34] Alphonse X Le Sage, El Libro de los juegos : acedrex, dados e tablas, Ordenamiento de las tafurerias, éd. Orellana Raúl Calderón, Madrid, Editions de la Fundación de José Antonio de Castro, 2007.
[35] Alphonse X Le Sage, op. cit.
[36] S. MUSSER GOLLADAY, op. cit.
[37] J.-M. MELH, op. cit.
[38] J.-M. MELH, loc. cit.
[39] Marie-Lys ARNETTE, Véronique DASEN (dir.), « Joueuses ! » Clio. Femmes, genre, histoire, n° 56 (2), 2022.
[40] Katherine FORSYTH, Géraldine PARSONS, « Joutes entre les sexes. Les jeux de plateau dans les textes gaéliques anciens », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 56 (2), 2022, p. 69-91.
[41] Yolanda COSIN CORRAL, Constantino GARCÍA APARICIO, «Testimonio arqueológico de la tradición lúdica en el mundo islámico: juegos en la ciudad hispanomusulmana de Vascos (Navalmojalejo, Toledo)», in Primitiva BUENO RAMÍREZ, Rodrigo de BALBIN BEHRMANN (dir.), Congreso de arqueología peninsular: Zamora, del 24 al 27 de septiembre 1996, Zamora, Fundación Rei Afonso Henriques, 1997, p. 589-600.
[42] Ulrich SCHADLER, « Encore sur la « mérelle ronde » : cent ans après Carl Blümlein », Kentron [En ligne],34 |2018, mis en ligne le 20 décembre 2018, consulté le 17 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/kentron/2666. Ulrich Schädler s’oppose à Carl Blümlein sur les règles du jeu. La mérelle ronde serait plutôt un plateau de lancer. Il affirme cette fonction en optant pour un raisonnement par analogie et rapproche ce plateau du jeu nommé « franc du carreau » représenté dans des sources iconographiques.
[43] Le Livre des jeux d’Alphonse X ou le Bonus Socius fonctionnent comme des modes d’emploi ou des traités sur les échecs moralisés.
[44] Sur les jeux de société en général, Jean-Michel Lhôte propose une histoire symbolique des jeux à partir des jeux de tarots. L’ouvrage n’étant pas accessible, seul le compte-rendu d’ouvrage de Boris Solinski a pu être consulté. Boris SOLINSKI, « Jean-Marie Lhôte, Le symbolisme des jeux », Questions de communication, 19, 2011, p. 395-397.
[45] Ulrich SCHÄDLER, « Jouer par terre », Isabelle BARDIES-FRONTY, Anne-Elisabeth BUNN-VATURI (dir.), Art du jeu, jeu dans l’art. De Babylone à l’Occident médiéval, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 2012, p. 20-23.
[46] Raúl ALARCÓN HERRERA, «Los tableros de juego como signos lapidarios. Un ensayo de simbología.», Actes du colloque international de Glyptographie de Cambrai, Braine-le-Château, Centre international de Recherches glyptographiques, 1985. Si son propos et l’aire culturelle abordée s’éloignent un peu des plateaux d’Albalat, il nous permet d’envisager certains types de plateau sous un angle plus symbolique.
[47] A. GONZÁLEZ CORDERO, « Tradiciones lúdicas de la antigüedad en el campo Arañuelo », p. 19. Dès 1929, Charbonneau-Lassay assimile le motif de la mérelle au « temple de la Jérusalem céleste ».
[48] Ibid., p. 20. En effet, pour l’instant, l’absence de sources complémentaires empêche la validation de ces hypothèses.
[49] Ibid., p. 20. Il rappelle alors les premières affirmations de Fournier, en 1889.
[50] L’origine précise des mérelles est questionnée par les antiquisants.
[51] Pierre LOMBARD, « Qal’at al-Bahrain ludique : deux jeux « mancala » de niveau islamique », Claire HARDY-GUILBERT et al. (dir.), Sur les chemins d’Onagre. Histoire et archéologie orientales. Hommage à Monik Kervran, Oxford, Archeopress, 2018, p. 107-117.
[53] On notera les quelques mots de Brahim Akdim dans l’ouvrage de synthèse sur le pays des Ṣaddīna (IXe–XVIe siècle, Maroc). B. AKDIM, G. LAZAREV, V. MARTÍNEZ ENAMORADO, op. cit., p. 23-57.
[54] Fernando AMORES CARREDANO, Cristina JIMÉNEZ CANO, «Tabulae lusoriae en Hispalis», Gerión, 2014, vol. 32, p. 251-270.
[55] L’auteur envisage les lieux du jeu et ce qu’ils impliquent dans les relations sociales.
[56] Cristina MENA MÉNDEZ, Miriam GARCÍA CABEZA, Macarena de los Santos BUSTAMANTE ÁLVAREZ, «Tablero de juego de época romana depositado en el museo de Villafranca de los barros (Badajoz)», El Hinojal. Revista de estudios del MUVI, n°9, 2017, p. 8-15.
[57] Yolanda COSÍN CORRAL, Constantino GARCÍA APARICIO, «Testimonio arqueológico de la tradición lúdica en el mundo islámico: juegos en la ciudad hispanomusulmana de Vascos (Navalmojalejo, Toledo)», p. 589-600.
[58] Ces derniers correspondent typologiquement à ceux rencontrés à Albalat.
[59] Joan NEGRE PÉREZ et al., « Una lectura contextual del recinto emiral del Tossal de la Vila (Castelló): Algunas reflexiones sobre el origen, morfología y funciones de los asentamientos en altura en el extremo septentrional del Šarq al-Andalus », Carolina DOMENECH BELDA, Sonia GUTIÉRREZ LLORET (coord.), El sitio de las cosas: La Alta Edad Media en contexto, 2020, p. 195-217.
[60] Julio NAVARRO PALAZÓN, Pedro JIMÉNEZ CASTILLO, Siyāsa, Estudio arqueológico del despoblado andalusí (ss. XI-XIII), Granada, El Legado andalusí, 2007.
[61] Une mérelle gravée sur la paroi d’une citerne et un plateau de jeu y ont été observés. Cette information a aimablement été fournie par José Maria Moreno Narganes.
[62] José Ignacio BARRERA MATURANA, Patrice CRESSIER, José Antonio MOLINA MUÑOZ « Garabatos de los Alarifes: los graffiti de las galerías de desagüe de Madīnat al-Zahrā’ », Cuadernos de Madīnat al-Zahrā’, 4, 1999, p. 39-82.
[63] Helena CATARINO, Fernando DIAS, Manuel TEIXEIRA, «Colecçao de Tabulerio de Jogos do Castelo Velho de Alcoutim (Alcoutim, Algarve)», Vipasca, Arqueologia Histórica, n°2, 2e série, 2007, p. 654-657.
[64] Pour accéder au dernier colloque, qui s’est tenu en 2016, voir http://www.ipg.pt/jij/default.aspx.
[65] Jean PASSINI, Ricardo IZQUIERDO BENITO (dir.), La ciudad medieval de Toledo: Historia, Arqueología y rehabilitación de la casa. El edificio madre de dios: universidad de Castilla-la-Mancha, Actas del II Curso de Historia y Urbanismo medieval, Madrid, Casa de Velázquez, 2012.
[66] H. J. R. MURRAY, A history of chess (…), p. 194. L’ouvrage est également mentionné chez Frédéric V. GRUNFELD, Games of the world: how to make them, how to play them, how they came to be, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1975, p. 38.
[67] Le manuscrit est conservé à la bibliothèque du Vatican, l’illustration a été aimablement fournie par Sophie Gilotte.
[68] A. GONZÁLEZ CORDERO, «Tradiciones lúdicas…», p. 185-238. Voir aussi A. GONZÁLEZ CORDERO, «Los Grabados de tradición lúdica en Extremadura», Ibn Mauán, 1999-2000, p. 365-390. Les plateaux de jeux d’Albalat sont localisés au sein des cours centrales des d’édifices identifiés, pour la plupart, comme des maisons. Nous ne connaissons pas d’équivalent régional similaire, excepté le site d’Alcoutim (Portugal). A. GONZÁLEZ CORDERO, «Tradiciones lúdicas…», p. 185-238. Voir aussi A. GONZÁLEZ CORDERO, «Los Grabados de tradición lúdica en Extremadura», Ibn Mauán, 1999-2000, p. 365-390.
[69] Cela permet de les localiser précisément.
[70] Dans sa contribution la plus récente, l’importance numérique du corpus d’Albalat place le site en seconde position, derrière La Villeta (Trujillo).
[71] José Manuel HIDALGO CUÑARRO, «Los juegos de tablero medievales de la catedral de Ourense», Porta da aire, revista de historia del arte ortensano, 12, 2008, p. 107-158.
Voir aussi le blog dédié : https://juegosdetablerosromanosymedievales.blogspot.com.
[72] Contrairement au site de Vascos, nous notons l’absence du mancala, habituellement présent dans les contextes islamiques.
[73] Cette entreprise est ardue, puisque nous manquons pour l’instant de référentiel pour la période médiévale.
Résumé
Les jeux de plateaux bénéficient aujourd’hui d’un regain d’intérêt dans divers programmes de recherche. Le présent article entend distinguer les différents moments historiographiques qui ont conduit à la multiplication des travaux tout en soulignant les écueils des dernières décennies. Parmi les nouvelles découvertes, les plateaux de jeu d’Albalat, au nombre de soixante, peuvent contribuer à enrichir nos connaissances sur l’histoire ludique dans les mondes médiévaux.
Resumen
Une histoire globale des jeux de plateaux
Le jeu, les joueurs, la société
Les modalités du jeu, une histoire des variantes
Retour au motif : entre signe lapidaire et fonction symbolique
Études de cas : les approches monographiques
Dans les aires extérieures à al-Andalus
Léa BUTTARD
Université Lumière Lyon 2, Université de Grenade, Ciham UMR 5648
ALARCÓN HERRERA, Raúl, «Los tableros de juego como signos lapidarios. Un ensayo de simbología. », Actes du colloque international de Glyptographie de Cambrai, Braine-le-Château, Centre international de Recherches glyptographiques, 1985.
AMORES CARREDANO, Fernando, JIMÉNEZ CANO, Cristina, «Tabulae lusoriae en Hispalis», Gerión, 2014, vol. 32, p. 251-270
ARNETTE, Marie-Lys, DASEN, Véronique (dir.), « Joueuses ! », Clio. Femmes, genre, histoire, 56 (2), 2022.
AKDIM, Brahim, LAZAREV, Grigori, MARTÍNEZ ENAMORADO, Virgilio, Le pays des Ṣaddīna: une étude géographique, historique et archéologique des sites de Ṣaddīna, villes médiévales du Maroc et de l’Andalousie, Rabat, Royaume du Maroc, Ministère de la Culture. Institut national des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, 2014.
BARDIES-FRONTY, Isabelle, BUNN-VENTURI, Anne-Elisabeth, Art du jeu, jeu dans l’art : de Babylone à l’Occident médiéval [exposition], Musée de Cluny, musée national du Moyen Age, 28 novembre 2012 – 4 mars 2013, Paris, Réunion des musées nationaux, 2013.
BOURGEOIS, Luc, Les échecs médiévaux : jeu des élites, jeux de couleurs, 2012, halshs-00821969v1.
BOURGEOIS, Luc, « Introduction et mutations du jeu d’échecs en Occident (Xe - XIIIe) », in GRANDET, Mathieu, GORET, Jean-François, Echecs et Trictrac. Fabrication et usages des jeux de tables au Moyen Âge, Paris, éditions errance, 2012, p. 32.
BOURGEOIS, Luc, « Du char de guerre à la tour : le destin d’une figure du jeu d’échecs en Occident », Kentron, 34, 2018, p. 109-126.
CATARINO, Helena, DÍAS, Fernando, TEIXEIRA, Manuel, «Colecçao de Tabulerio de Jogos do Castelo Velho de Alcoutim (Alcoutim, Algarve)», Vipasca, Arqueologia Histórica, n°2, 2e série, 2007, p. 654-657.
CHAUMONT, Eric, « Jeu-Jeu de hasard », in Amir MOEZZI (dir.), Dictionnaire du Coran, Paris, Robert Laffont, 2007.
COSIN CORRAL, Yolanda, GARCÍA APARICIO, Constantino, «Testimonio arqueológico de la tradición lúdica en el mundo islámico: juegos en la ciudad hispanomusulmana de Vascos (Navalmojalejo, Toledo)», in Primitiva BUENO RAMÍREZ, Rodrigo de BALBIN BEHRMANN (dir.), Congreso de arqueología peninsular: Zamora, del 24 al 27 de septiembre 1996, Zamora, Fundación Rei Afonso Henriques, 1997, p. 589-600.
DASEN, Véronique, HAZIZA, Typhaine, « Introduction. De l’exposition au dossier thématique dans Kentron », Kentron, 34, 2018, p. 17-22.
FINKEL, Irving, « L’origine des jeux », in BARDIES-FRONTY, Isabelle, Anne- BUNN-VATURI, Elisabeth (dir.), Art du jeu, jeu dans l’art. De Babylone à l’Occident médiéval, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, 2013, p. 16-19.
FORSYTH, Katherine, PARSONS, Géraldine, « Joutes entre les sexes. Les jeux de plateau dans les textes gaéliques anciens », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 56 (2), 2022, p. 69-91.
GILOTTE, Sophie, CÁCERES GUTTIÉREZ, Yasmina, Al-Balât, Vida y guerra en la frontera de al-Andalus (Romangordo, Cáceres), Cáceres, Diputación de Cáceres. Junta de Extremadura, 2017.
GONZÁLEZ CORDERO, Antonio, «Tradiciones lúdicas de la antigüedad en el campo Arañuelo», XXV Coloquios Histórico-Culturales del Campo Arañuelo Navalmoral de la Mata, 2022, p. 185-238.
—, «Los Grabados de tradición lúdica en Extremadura», Ibn Mauán, 1999-2000, p. 365-390.
GRANDET, Mathieu, GORET, Jean-François, Echecs et trictrac, Fabrication et usages des jeux de tables au Moyen-Âge, Paris, Errance, 2013.
HIDALGO CUÑARRO, José Manuel, «Los juegos de tablero medievales de la catedral de Ourense», Porta da aire, revista de historia del arte ortensano, 12, 2008, p. 107- 158.
LAGARDÈRE, Vincent, Histoire et société en Occident musulman au Moyen Âge : analyse du « Miʿyār » d’Al-Wanšarīsī, Madrid, Casa de Velázquez, 1995, p. 457.
LOMBARD, Pierre, « Qal’at al-Bahrain ludique : deux jeux « mancala » de niveau islamique », Claire HARDY-GUILBERT et al. (dir.), Sur les chemins d’Onagre. Histoire et archéologie orientales. Hommage à Monik Kervran, Oxford, Archeopress, 2018, p. 107-117.
MAKARIOU, Sophie, « Le jeu d’échecs, une pratique aristocratique en Islam et chrétienté des IXe – XIIIe siècles », Les Cahiers de Saint Michel de Cuxa XXXVI, 2005, p. 127-140.
MAY, Roland, Jouer dans l’Antiquité, Musée d’Archéologie Méditerranéenne – Centre de la Vieille Charité, Marseille, Musée de Marseille, 1992.
MAZZOLI-GUINTARD, « Jeux collectifs en al Andalus (péninsule ibérique, VIIIe – XVe siècles) », BASTIEN FOURNIER, Laurent (dir.), Les jeux collectifs en Europe. Transformations historiques, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 53-67.
MELH, Jean-Michel, Des jeux et des hommes dans la société médiévale, Paris, Honoré Campion, 2010.
MENA MÉNDEZ, Cristina, GARCÍA CABEZA, Miriam, BUSTAMANTE ÁLVAREZ, Macarena de los Santos, «Tablero de juego de época romana depositado en el museo de Villafranca de los barros (Badajoz)», El Hinojal. Revista de estudios del MUVI, n°9, 2017, p. 8-15.
MURRAY, Harold James Ruthven, History of chess, Oxford, Clarendon Press, 1913.
—, A history of board games other than chess, Oxford, Clarendon Press, 1952.
MUSSER GOLLADAY, Sonja, Los libros de acedrex dados e tablas: historical, artistic and metaphysical dimensions of Alfonso X’ s book of games, Richard P. Kinkade (thèse de doctorat sous la dir. de), Tucson, The University of Arizona, 2007.
NAVARRO PALAZÓN, Julio, JIMÉNEZ CASTILLO, Pedro, Siyāsa, Estudio arqueológico del despoblado andalusí (ss. XI-XIII), Granada, El Legado andalusí, 2007.
NEGRE PÉREZ, Joan et al., «Una lectura contextual del recinto emiral del Tossal de la Vila (Castelló): Algunas reflexiones sobre el origen, morfología y funciones de los asentamientos en altura en el extremo septentrional del Šarq al-Andalus», DOMENECH BELDA, Carolina, GUTIÉRREZ LLORET, Sonia (coord.), El sitio de las cosas: La Alta Edad Media en contexto, 2020, p. 195-217.
PASSINI, Jean, IZQUIERDO BENITO, Ricardo (dir.), La ciudad medieval de Toledo: Historia, Arqueología y rehabilitación de la casa. El edificio madre de dios: universidad de Castilla-la-Mancha, Actas del II Curso de Historia y Urbanismo medieval, Madrid, Casa de Velázquez, 2012.
ROMERO MEDINA, Raúl, Diccionario bibliográfico de los signos lapidarios de España, Centre International de Recherches Glyptographiques (C.I.R.G.), Braine-le-Château, édition de La Taille d’Aulme, 2012, p. 1-52.
ROSENTHAL, Franz, Gambling in Islam, Leiden, Brill, 1975.
SCHADLER, Ulrich (dir.), Jeux de l’Humanité : 5000 ans d’histoire culturelle des jeux de société, Genève, Slatkine, 2007.
—,« Encore sur la « mérelle ronde » : cent ans après Carl Blümlein », Kentron [En ligne],34 |2018], URL : http://journals.openedition.org/kentron/2666.
SHADLER, Ulrich, « Jouer par terre », in BARDIES-FRONTY, Isabelle, Anne- BUNN-VATURI, Elisabeth (dir.), Art du jeu, jeu dans l’art. De Babylone à l’Occident médiéval, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 2012, p. 20-23.
SOLINSKI, Boris, « Jean-Marie Lhôte, Le symbolisme des jeux », Questions de communication, 19, 2011, p. 395-397.