Les mutations rapides de notre civilisation contemporaine nous éloignent toujours plus de la nature1. Nous en éprouvons une certaine nostalgie et nous constatons que cela affecte le bienêtre des enfants. Les perspectives écologiques deviennent inquiétantes, elles nous forcent à nous interroger sur la viabilité de nos arts de vivre et de penser. Faut-il transmettre nos cultures à l’identique, ou chercher à les modifier2, en s’interrogeant les ressorts qui nous ont conduit à une culture contre-nature ? Je considère qu’il faut prendre le problème à sa racine, au moment ou les enfants s’approprient la culture de leurs parents. En qualité d’artiste, j’essaie d’accompagner l’émergence d’une culture écologique, qui réconcilie la nature et la culture, le corps et l’esprit, l’émotion et la raison.
Notre projet de recherche sur l’accueil artistique en forêt est l’aboutissement de trente ans de pratiques artistiques avec des très jeunes enfants, (de la naissance à trois ans). Il se situe dans la continuité du Jardin d’émerveille, un jardin d’art et de culture pour la petite enfance, que nous avons créé en 2015 au Parc de la poudrerie en Seine Saint Denis. Ce « théâtre-jardin » est lui-même le prolongement d’une « chambre des merveilles », « la Mirabilia »3, lieu d’art et de culture pour les très jeunes enfants et leurs parents, qui a été implantée à Stains et à Aubervilliers. Cette démarche repose sur le postulat que l’émerveillement est un ressort essentiel des pratiques artistiques, et que la culture du sensible permet d’instaurer des relations de convivialité avec notre environnement familier.
Je partage avec Hannah Arendt le constat d’une « crise de la culture »4. Celle-ci entraine une destruction des liens sociaux et conduit à un divorce avec nos environnements. Cherchant à répondre à ces problématiques, je suis allé travailler en banlieue dans des quartiers que l’on dit « difficiles ». Je me demandais alors comment lutter contre l’érosion culturelle. Considérant que la petite enfance est le moment charnière de la transmission culturelle, dès les années 2000, j’ai commencé à créer des lieux culturels expérimentaux, dans lesquels nous accueillons, aujourd’hui encore, des très jeunes enfants et leurs parents.
Nous n’y proposons pas de spectacle ou d’atelier d’initiation culturelle. Les artistes communiquent avec les enfants et leurs parents au travers de ces formes de langage que sont leurs pratiques artistiques. Il s’agit d’entrer en relation les uns avec les autres au travers de la musique, des poèmes, des masques, des marionnettes des odeurs, des livres, des sculptures, etc. afin de construire des moments d’intense convivialité.
Cet « accueil artistique » ouvre à une diversité culturelle sans empiéter sur le patrimoine culturel familial de chacun. Les familles sont accueillies avec leur propre culture, qu’elles partagent avec les autres. Il en résulte une polyphonie culturelle qui rompt avec l’uniformisation néocoloniale à laquelle nous sommes trop souvent habitués. Cette démarche a pour objet de lutter contre l’érosion culturelle et les déséquilibres qu’elle induit, en favorisant une diversité culturelle.
Cette expérimentation nous a montré que la culture est indissociable des relations humaines. Les pratiques culturelles lient non seulement les membres d’une famille, mais elles nous attachent également à une société et à un environnement. Ces liens sont vivants. La qualité de nos relations familiales, sociales et environnementales est indissociable de la santé de nos relations culturelles5.
Depuis quelques années, la question de la nature est devenue cruciale. Cela m’a conduit à créer des dispositifs artistiques associant culture et nature, puis à créer un accueil artistique en pleine nature : le jardin d’Emerveille. Nous cherchons à y cultiver dès le plus jeune âge, les liens qui nous attachent à la nature vivante. La Mirabilia était une recherche sur le rôle de la culture dans les relations interhumaines, désormais nous étudions les relations culturelles à nos biotopes, dans le contexte d’une « extinction de l’expérience de naturee6. Nous avons voulu creuser la question de l’accueil en pleine nature, en allant jusqu’à accueillir les enfants en forêt, c’est-à-dire dans un environnement réputé sauvage.
La recherche artistique que je mène depuis trente ans sur le territoire de la Seine-Saint-Denis a été possible grâce au soutien des institutions de ce département. Notre travail a des effets concrets sur une dynamique de renaturation du quotidien des très jeunes enfants. Les pratiques évoluent, mais nous nous heurtons encore à la crainte des dangers que représente la fréquentation de la nature. Aussi voudrions-nous prouver qu’un accueil en pleine nature, loin d’être dangereux, est profitable au bien-être des enfants. Et pour cela nous avons besoin d’une expertise scientifique.
Lorsque nous avons commencé à travailler avec la chercheuse Maya Gratier du laboratoire Ethologie, Cognition et Développement de l’université de Nanterre, nous nous sommes posé la question de la méthodologie. Il nous fallait mettre en perspective des objectifs avec des outils d’évaluation. Les méthodes propres à la recherche scientifique semblaient aller à l’encontre d’une pratique artistique, nous devions concilier nos approches.
Plutôt que de prétendre démontrer des attendus, nous avons convenu qu’il serait préférable de laisser émerger les problématiques d’une observation de terrain. Plutôt que de nous placer en experts face à des enfants et des parents qui seraient des objets d’étude, nous avons préféré leur proposer de participer à la co-construction de notre réflexion. Plutôt que de prétendre mesurer avec des outils techniques les effets de nos actions, nous avons convenu que les expressions des enfants, comme les pleurs et les rires, étaient des indicateurs de leur bien-être. Plutôt que de prétendre construire un protocole de recherche qui placerait les enfants dans une situation exempte de toute influence extérieure, nous avons accepté l’idée que toute observation se situe nécessairement dans le champ d’une complexité qui est inhérente à notre condition humaine.
Ces échanges m’ont conduit à préciser la singularité de notre recherche artistique. Notre travail avec les enfants sort du champ du concert, des spectacles, des expositions muséales ou des ateliers d’initiation artistique : nous plaçons la relation humaine au cœur de notre pratique artistique. Nous l’abordons comme un empirisme de la relation sensible.
Nos accueils artistiques se déroulent en trois temps : la préparation, l’accueil et la réflexion collective.
La préparation est généralement assez longue, c’est à la fois un travail d’atelier et la mise en place d’une scénographie. Elle se termine généralement par un temps d’échauffement, qui permet aux artistes de s’accorder ensemble au travers d’un échange musical ou d’un poème.
L’accueil artistique commence par une première rencontre avec le public, qui est déterminante. Elle se situe en général à l’extérieur du jardin ou de la salle de spectacle. Elle consiste en une première prise de contact qui permet à l’enfant et à ses parents de laisser émerger les rêves, c’est à dire un désir d’entrer. Il s’y joue toute la difficulté de la rencontre avec les nouveaux-nés, qui sont des êtres extrêmement sensibles, donc vulnérables. Cette rencontre est avant tout un processus d’apprivoisement mutuel, autant avec les enfants qu’avec leurs parents. Il est nécessaire qu’une relation de confiance s’instaure pour rendre possible l’aventure qui se déroulera ensuite. Cette première approche pose aussi les bases d’un dépaysement, c’est-à-dire d’une irruption du rêve dans la réalité.
L’accueil artistique est laissé libre à l’initiative de chacun et à l’émergence de l’inattendu. Chaque artiste est responsable de la justesse de son geste dans le cadre de la relation qu’il établit avec le public, étant entendu que nous privilégions la relation individuelle. Nous cherchons à nous accorder aux enfants et à leurs parents mais aussi à l’environnement global, comme les oiseaux, le vent, etc. Le public est laissé à sa libre initiative. Notre art consiste à agir avec discernement pour laisser la plus grande liberté à chacun. Il s’agit donc parfois de savoir ne rien faire, ou agir avec une forme d’humilité. Cela ne signifie pas pour autant que nous cherchons à nous effacer ou nous mettre au service du public. Nous cherchons simplement à être présents et ouvrir la possibilité d’une rencontre intime.
Ce temps de présence étant laissé à l’intuition de chacun, un temps de réflexion est nécessaire après la séance, pour prendre du recul avec ce que l’on a vécu, en déterminer les faiblesses ou les réussites, afin de mettre en perspective la séance présente avec les suivantes. Ainsi l’improvisation artistique est nourrie de l’expérience et la réflexion collective.
Cette manière de travailler permet d’instaurer une autoformation, dans laquelle chacun se nourrit des échanges et d’une expérience collective. En cela, nous produisons une culture commune, qui nous lie tout en épanouissant nos singularités. Ce commun qui émerge de nos pratiques ne nous relie pas seulement entre artistes, il nous attache aux autres personnes, adultes et enfants, ainsi qu’à l’ensemble des êtres avec lesquels nous entrons en relation.
Nous évaluons la justesse de accueils artistiques à la qualité de présence qui s’en dégage. Nous cherchons à créer des moments d’intense poésie. Celle-ci n’est pas seulement l’expression de nos pratiques artistiques, il s’agit plutôt de révéler et de vivre la poésie de l’instant présent. Cela implique que rien ne soit préparé à l’avance mais que chaque geste artistique jaillisse d’une rencontre.
Pour notre première séance en forêt, les parents nous attendent sous l’arche d’entrée du parc forestier. Nous portons des masques bariolés, des instruments de musique. Nous tirons une charrette, mais nous n’avons pas encore d’attelage, aussi faisons-nous sonner des sabots sur nos genoux qui reproduisent le pas d’un cheval. On nous entend de loin et les enfants voient venir à eux une étrange procession d’êtres loufoques, habités par de la musique et des rêves. Les familles entrent dans la danse et nous suivent dans la forêt. Mayu montre le chemin en jouant de la flûte japonaise et en dansant. Deux autres artistes nous attendent dans le sous-bois. Nous y avons dressé à l’avance une petite toile berbère sous laquelle sont disposés des livres, des instruments de musique, une bibliothèque à odeurs et des objets d’art.
Il pleut doucement. Les parents et leurs enfants trouvent place sur les nattes, sous la toile berbère ouverte au sous-bois. Nous lisons des livres, disons de la poésie et jouons de la musique ensemble.
J’ai installé un fétiche dans les ronces à l’écart du campement. Grande figure en bois, avec des dents, des cheveux et des yeux de cristal. Avec un papa et son fils, nous allons le voir. Qu’allons-nous y faire ? Il évoque des rites païens, mais nous savons qu’il n’est qu’un morceau de bois sculpté. Les enfants ont propension à prêter sens et vie aux êtres et aux objets qui les entourent, mais notre tradition culturelle nous a appris à nous défier de l’idolâtrie7 et notre rapport aux objets d’art est dénué de tout mysticisme. Nos objets d’arts sont généralement enfermés dans les collections des musées, ils sont censés être des représentations, autrement dit, des fictions. A l’inverse, pour la plupart des cultures traditionnelles, l’art n’est pas extérieur à la vie quotidienne, les objets d’arts participent d’une spiritualité et incarnent une réelle présence. Ce fétiche planté dans le sous-bois témoigne d’une dimension imaginaire et dégage une forme de présence assez impressionnante pour les enfants. Il nous interroge sur la manière dont nous conjuguons nos rêves à la réalité afin d’habiter le monde avec du sens.
Nous commençons à retourner sur nos pas lorsque nous découvrons un trou à ses pieds. Nous le dégageons. Il y a une bête au-dedans ! Je ne sais pas de quoi il s’agit, puis je comprends... Je la prends dans mes mains humides : c’est une salamandre. Son corps luisant noir et jaune est de toute beauté. Tout le monde nous rejoint pour l’admirer. Au début, l’animal est craintif, puis il semble s’apaiser, comme s’il comprenait que nous ne lui voulons aucun mal. Enfin, nous le remettons délicatement dans ce petit terrier où il retourne se blottir.
Je cherche une relation d’émerveillement à la forêt, et elle vient de nous l’offrir. Le monde est-il réellement silencieux, ou bien aurions-nous désappris à l’écouter ? La négligence8 de la vie est l’un des traits marquants de notre culture contemporaine qui s’oppose aux cultures traditionnelles, pour lesquelles l’anima, le souffle de la vie est sacré. Pourtant le monde vivant n’a jamais cessé de nous parler9 et notre travail artistique consiste à révéler cette parole, lui donner une place parmi nous.
Pour les anciens les forêts ont toujours eu une dimension sacrée10. Aujourd’hui elles ne sont plus qu’un décor, nous percevons nos environnements d’un point de vue utilitaire, sans nous soucier de leur dimension spirituelle. L’ensemble du monde vivant est envisagé comme une ressource que l’on exploite, qu’il faut détruire ou dominer. En retrouvant la sensibilité d’un regard poétique sur le monde, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas extérieurs à la nature, et que nous sommes touchés par les êtres vivants autour de nous.
Un tout autre émerveillement nous attend pour la seconde séance. Lors de notre première rencontre en forêt, une maman enceinte était venue avec sa propre mère. Elle accouchera le lendemain. Aujourd’hui, elle nous présente Eden.
Lorsqu’elle est désirée, la venue d’un enfant est un émerveillement. Surgissement du possible, l’engendrement restera toujours le plus beau mystère de la vie11. Il m’est difficile de témoigner de l’émotion devant ce nouveau-né. C’est un présent de la vie dans tous les sens du terme.
De toute évidence, sa présence parmi nous, dans cette forêt, touche au cœur de notre démarche. Eden nous donne une leçon de présence en nous recentrant sur l’instant présent avec une intensité extraordinaire. L’attention des nouveau-nés est très particulière, elle semble répondre à une autre temporalité, plus lente et plus profonde, comme s’il s’adonne tout entier à l’acte d’éprouver la réalité sensible. Le bébé oscille entre le sommeil et la veille, est occupé en grande partie par la relation nourricière à sa maman. Pour autant il reste attentif à ce qui l’environne, même s’il est encore incapable de fixer son regard sur un objet particulier.
Au cours de l’une des premières séances avec lui, nous jouons avec de la laine brute que Sidonie Rocher a apportée. Il découvre la douceur de ce matériau sur sa peau et son visage trahit sa curiosité. L’énorme cosse végétale, dans laquelle la laine est disposée, forme une sorte de berceau naturel. Les gestes sont empreints de tendresse, il y a une grande confiance entre nous et beaucoup de douceur. Il n’est pas possible de dissocier ce moment des multiples émotions qui nous traversent, celles de sa maman, les nôtres, l’odeur de la forêt, la musique... En fait, nous observons qu’il est attentif à « un tout de l’instant ».
Lorsque l’on travaille avec des très jeunes enfants, l’ambiance est un élément central. Leur attention va du global vers le détail. Même s’il leur manque des clés pour comprendre ce qui les entourent, ils perçoivent la cohérence de l’ensemble avec une acuité déconcertante. Ils sont particulièrement sensibles aux émotions, qu’ils éprouvent par contagion. Aussi devenons-nous être vigilants aux moindres détails, et surtout à ne pas mentir, car rien ne leur échappe.
L’ouverture perceptive des nouveaux-nés est un phénomène bien connu. Les très jeunes enfants ont la faculté d’entendre les nuances de toutes les langues, ce qui leur permet d’apprendre progressivement à reconnaitre la leur. Olivier Sacks12 mentionne des recherches qui montrent que les bébés ont une oreille absolue. Ils sont capables d’écouter toutes les musiques, avant que leur oreille ne se referme progressivement pour ne reconnaitre et comprendre que celles qui leur sont familières. Pour maitriser une langue, il faut pouvoir la distinguer du brouhaha ambiant. Et il en est ainsi pour tout le champ perceptif des nouveaux nés. Pour discerner ce qui les concerne, ils doivent apprendre à ignorer les informations inutiles.
Qu’apprendre soit avant tout apprendre à ignorer parait paradoxal, c’est une inversion de notre manière d’envisager la connaissance, comme si le nouveau né avait la "science infuse" et que la connaissance n’était que réminiscence d’un savoir premier. Ce serait là une conception simpliste, car l’enfant a besoin d’apprendre à distinguer les contours de ce qu’il appréhende, au risque de rester enfermé dans une impuissance première. La qualité de l’attention des nouveaux-nés montre simplement que l’apprentissage est un processus d’affinement de la perception.
Il n’en reste pas moins que les capacités cognitives des bébés nous forcent à relativiser notre propre intelligence. Cela nous invite à considérer les pensées non humaines avec plus d’humilité. Chaque mode perceptif a sa propre pertinence, celui des nouveaux-nés, comme celui des plantes13, des animaux ou d’une forêt... Nous aurions certainement, beaucoup à apprendre de ces autres formes de pensée, qui ne sont peut-être pas si étrangères aux nôtres, contrairement à ce que nous avons appris à croire. Toute la question est de savoir leur prêter attention : en quoi sommes-nous concernés par les êtres vivants qui nous entourent ?
Ces questionnements nous ont conduits à nous intéresser au concept de « chair du monde »14. Dans son dernier ouvrage, Merleau-Ponti développe l’idée que le monde a une épaisseur et une texture. Il conçoit notre existence comme indissociable de « la chair du monde »15, corps vivant plus vaste que nous et dont nous ferions partie intégrante.
L’idée que l’on fasse partie d’un corps plus vaste que le nôtre, semble d’autant plus justifiée en observant Eden, qui sort tout juste du ventre de sa mère. Au-dehors, il continue de faire partie d’un tout, désormais plus vaste que les bras de sa maman. Dans cette nouvelle forme de présence, l’enfant est amené à expérimenter les continuités et les discontinuités de ce qui le lie au monde. Cela ne passe plus seulement par le contact charnel, mais par ces formes de proto-langages que sont les cris, les baillages et les expressions du corps.
Mycélium qui nous enracine dans notre environnement familier, les relations de langage prolongent et déploient le contact tactile. La peau épouse la réalité environnante, elle nous sépare et nous lie au monde. Nous nous tenons en équilibre sur cette interface sensible, percevant notre intériorité en regard d’une extériorité qui nous comprend. Mais où commencent et se terminent les frontières de soi-même ? Le lait maternel fait-il partie de la maman ou de l’enfant ? Et l’oxygène que l’on respire, le câlin qui nous apaise ? Il est certainement impossible de déterminer avec exactitude l’envers et l’endroit de ce que l’on est, et c’est l’aventure de toute une vie que d’habiter une peau ouverte et fermée sur le monde.
Notre existence est indissociable de ce qui nous entoure. Le doudou, l’outil, le vêtement, la maison, le paysage sont-ils une part de nous-mêmes ? Il faudrait envisager une topographie de notre présence au monde, qui irait de l’intime vers le commun. Ce serait conforme à la pensée holiste qui envisage une intrication du vivant qui va du microcosme au macrocosme : les cellules constituent des organismes16, lesquels s’associent en sociétés, qui s’insèrent dans des biotopes, qui se conjuguent en un biote, l’ensemble des interactions entre les êtres vivants à l’échelle de la Terre formant un ensemble cohérent.
Il y a là une remarquable homologie avec les représentations de la nature dans les cultures traditionnelles. La "Terre-mère" apparait comme un corps vivant, à l’image de celui d’une mère, et la "chair du monde" s’apparente à celle de la nature vivante.
Lors de notre première rencontre à l’orée de la forêt, un petit garçon a manifesté son inquiétude. Avons-nous été trop directs dans notre approche ? Les masques, les marionnettes et la musique l’ont-ils impressionné ? Au cours de l’année, nous aurons la surprise de constater qu’il ne se départira pas d’une attitude craintive. C’est un trait de sa personnalité, il est très proche de sa maman et il a besoin d’être rassuré.
Pourtant je vais trouver rapidement une faille qui m’ouvre la possibilité d’entrer en relation avec lui... Sous les feuilles mortes il y a une scolopendre, je la prends dans ma main et les gémissements de l’enfant laissent place à la curiosité devant cette vie minuscule. Je cherche à dépasser la barrière que son caractère craintif place entre nous. La présence de l’insecte est suffisamment forte pour ouvrir son attention sur autre chose que ses craintes. Nous parvenons à nous comprendre en partageant un même intérêt pour cet être vif qui déjà nous échappe.
Considérer ce mille-pattes comme une forme de communication entre nous, peut sembler excessif. Nous sommes habitués à envisager le langage par analogie avec l’écriture, comme un code qui permet à l’initié de décrypter ce que le scribe a écrit. Dans les civilisations du livre, l’image et les sens sont censés nous tromper17. Seule la parole, et en particulier la parole écrite, a valeur de connaissance, et elle transcende l’expérience sensible. Mais dans le cas de cette communication non verbale, la communication s’apparente à un phénomène de contagion. On retrouve ici le concept de « chair du monde » : par sa présence la scolopendre communique la réalité de son existence à l’air et la lumière, à l’enfant, à sa maman et à moi. De ce fait il nous réunit dans une perception commune, nous permettant de nous comprendre par delà les mots.
Nous baignons dans un flot de stimuli tactiles, gustatifs, olfactifs, sonores ou visuels. L’information nous est donnée par avance. Pour autant, il ne faut pas se méprendre sur la difficulté de percevoir. Mon travail de sculpteur m’a appris qu’il ne suffit pas d’avoir des yeux pour voir, encore faut-il savoir regarder. Giacometti nous rappelle qu’une vie entière est insuffisante pour saisir la complexité d’un visage. Car il s’agit de lire les images, c’est-à-dire les relier18 par un sens.
D’un point de vue thermodynamique, les corps communiquent la chaleur et l’information par leur simple contact. Avec l’émergence de la vie, la matière n’est plus seulement soumise à une contagion chimique ou mécanique : l’organisme vivant oppose une forme de résistance en s’efforçant de réguler son homéostasie19. Il ne se contente pas d’être affecté par son environnement, il ré-agit à ce qu’il éprouve20. A la différence d’un corps inerte, l’être vivant est co-acteur de son existence, il n’est plus seulement sujet à une contagion passive, il est sensible à un milieu auquel il réagit par un phénomène de couplage. Contrairement à la matière inerte, l’être vivant incarne une forme d’autonomie relative, c’est-à-dire de liberté.
En notre qualité d’êtres vivants, nous nous efforçons de maintenir un écart suffisant entre un état intérieur et un milieu extérieur. La vie est un état d’équilibre métastable, l’organisme doit rééquilibrer en permanence ses interactions avec son milieu. Pour maintenir une homéostasie, il régule des flux, laisse entrer ce qui lui est favorable tout expulsant en résistant à l’intrusion de ce qui lui est défavorable. Il s’inscrit dans la fluidité d’un milieu et doit éviter des interactions dangereuses pour rechercher des interactions heureuses. Notre équilibre physiologique est l’expression d’un couplage21 avec notre environnement, qui nécessite une articulation entre nos perceptions intérieures à nos perceptions extérieures. Il s’agit de mettre en perspective ce que l’on éprouve avec ce vers quoi l’on tend. En d’autres termes, pour percevoir réellement des informations, il faut qu’elles entrent en résonance avec notre existence en devenir : il faut leur trouver du sens.
« Vivre » signifie tout à la fois être animé et éprouver. La nécessité de réagir à notre environnement est indissociable de notre condition d’êtres vivants. Pour vivre, il faut conjuguer notre existence à celle d’autres êtres vivants. Ainsi le nourrisson est-il dépendant de sa mère, comme tout animal social est dépendant de sa société et de son milieu naturel. Aussi l’histoire évolutive nous a-t-elle pourvu de facultés cognitives qui nous permettent non seulement d’éprouver la réalité, mais aussi d’éprouver ce qu’éprouvent nos semblables. L’empathie nous offre la possibilité de vivre intérieurement les gestes et les émotions des êtres qui nous entourent22.
Lorsque Léandre regarde la scolopendre, il observe son aspiration à s’enfuir de ma main. L’animal lui donne ainsi une leçon de vigueur et d’autonomie, même si le mille-pattes incarne une part d’inconnu, d’étrangeté et de rêves. Dans le même temps, Léandre éprouve mon désir d’entrer en relation avec lui au travers de l’insecte, il ressent mon rapport à celui-ci, surtout, il perçoit la bienveillance de sa maman qui l’accompagne dans cette exploration. En résumé, la faculté de percevoir insère l’enfant dans un maillage de relations humaines et non-humaines.
Notre tradition philosophique nous enseigne que le mimétisme et la contagion sont le propre d’animaux réputés stupides. C’est là une méconnaissance de la complexité des processus de contagion, car il n’y a pas de différence de nature entre l’intelligence animale23 et celle des êtres humains, mais une différence de complexité.
Tout être vivant baigne dans un milieu perceptif qui lui est propre24 et qui dépend de ses facultés perceptives. La question pour nous n’est pas tant de percevoir l’imperceptible, que de se repérer dans un flot constant d’informations, pour déterminer ce qui mérite d’être perçu : distinguer ce qui nous touche de ce qui nous laisse indifférent. Cela s’effectue de la manière la plus simple et la plus évidente : en dirigeant son attention. La vie se caractérise par un état de vigilance et de réactivité à un milieu. Il nous faut sans cesse diriger notre attention, l’ouvrir aux émotions et aux informations qui nous concernent et la fermer comme une bouche à celles que l’on juge inopportunes.
La contagion est au cœur de nos pratiques artistiques avec les très jeunes enfants. Lorsque l’on doit faire un spectacle pour une salle de bébés inquiets, la contagion des pleurs est un risque très concret. Pour éviter que la peur ne se répande comme une trainée de poudre, il faut commencer par résister soi-même aux craintes des enfants comme à celles des adultes qui les accompagnent25. C’est un processus intérieur qui s’apparente à l’aura : il nous faut opposer à la peur une force de bienveillance qui fait tache d’huile et se répand dans l’assemblée.
La contagion est un phénomène beaucoup plus répandu qu’on ne le croit. La découverte de la vulnérabilité des foules aux phénomènes de contagion a permis l’invention des techniques de « propagande moderne »26, dans les années vingt, ce qui a conduit aux cultures de masse dans lesquelles nous vivons aujourd’hui.
Dans le cas du petit Léandre il est intéressant de noter que sa maman avait peur des insectes. Léandre affirmait la singularité de sa personnalité en choisissant de ne pas entrer en contagion avec les peurs de sa maman, mais en l’invitant à les dépasser. Au fil de l’année, elle a ainsi pu prendre des vers de terre et même des limaces dans sa main. Comme beaucoup d’enfants élevés dans les villes, elle avait développé une phobie des insectes. Avec son fils, nous l’avons accompagnée dans la découverte d’un monde qui lui était étranger. A l’endroit de la relation enfant/parent, une culture se réinvente pour l’enfant comme pour sa maman.
La phobie des insectes est beaucoup plus importante que l’on pourrait l’imaginer. Je ne connais pas d’étude sur l’ampleur du phénomène, mais je constate dans mes installations-jardins qu’au moins une personne sur deux est affectée par cette aversion. Les enfants ont tendance à développer une curiosité spontanée pour les vies minuscules, mais les insectes ayant déserté leur quotidien, cet intérêt finit par laisser place à la crainte. De toute évidence, la phobie des insectes est le symptôme d’une extinction massive de l’expérience de nature27.
Il y a un lien très clair entre l’aversion et l’ignorance. J’ai souvent remarqué que les enfants qui n’ont aucune culture olfactive ne parviennent pas à discerner les odeurs qui leur plaisent. Ils réagissent à toute odeur par un immanquable « ça pue ! », car les seules qu’ils ont l’habitude de reconnaître sont celles qui sont désagréables. Ce n’est qu’après avoir appris à distinguer la fragrance de l’orange, par exemple, qu’ils peuvent dépasser leur aversion générale pour toutes les odeurs28. Il en est de même pour les insectes, comme pour tout ce qui semble étranger à notre quotidien. Les seuls insectes que l’on reconnaisse sont généralement ceux qui se rappellent à nous par leur morsure. Dès lors toute la microfaune nous fait peur.
La culture, ou plutôt, l’absence de culture, anticipe et accompagne la disparition des insectes : ils désertent notre attention et abandonnent nos environnements d’un même mouvement29. C’est une forme d’engrenage, un cercle vicieux qui rend invisible et même souhaitée la disparition des espèces qui ne nous sont pas familières. Nous ne mesurons pas le prix de cette perte de la biodiversité, tant pour notre pensée que pour notre existence même. Comment pourrons-nous vivre sans ce maillon essentiel de nos écosystèmes ! Quelle saveur aura l’existence, et sera-t-elle encore possible, sans l’humus que produisent les insectes, sans les oiseaux qui s’en nourrissent et sans les fruits qu’ils pollinisent ?
Notre culture contemporaine accorde de moins en moins d’importance aux êtres vivants, dès lors notre monde nous semble muet. Cette question motive le livre de livre de David Abram30 : pourquoi le monde vivant nous est-il devenu silencieux ? Il suggère que nous avons désappris à l’écouter. Pour se réconcilier avec nos écosystèmes, il suffirait de cultiver une attention à la vie, un souci des êtres avec lesquels nous cohabitons. Cette expérience avec Léandre montre le lien entre l’expérience du monde et la relation humaine. L’observation de la scolopendre, ne trouve pas seulement sens en elle-même, mais dans le fait qu’elle nous relie tous ensemble avec sa maman : l’insecte nous réintègre dans la chair sensible de la forêt.
Mon insistance à mettre en scène nos accueils en forêt a soulevé beaucoup d’interrogations : était-ce réellement nécessaire ? Aller en forêt n’est-ce pas se dépouiller de toute culture pour s’ouvrir à la nature ! Cette opinion commune répond à une conception erronée de la culture et de la nature. Il n’est pas possible de se départir de la culture, car enfants comme adultes, nous sommes des êtres de culture et de nature. Avant même de naitre, l’enfant reconnait la langue maternelle, autrement dit, il est déjà un être de culture. D’autre part, nous sommes des êtres naturels par le fait que nous naissons du ventre de notre mère, nous respirons l’oxygène émis par les cyanobactéries, nous nous nourrissons d’êtres vivants et sommes constitués de cellules vivantes qui ne doivent rien à nos artefacts...
Je ne veux pas céder à l’idée que la nature du monde serait une évidence première et la culture nous en détacherait, ni à l’idée inverse selon laquelle tout ne serait que culture et la nature nous serait extérieure. J’éprouve la nécessité d’être et de rester un artiste, avec le bagage culturel d’un passeur de rêves. On ne peut pas abandonner les enfants à la forêt, s’ils n’ont dans les poches de petits cailloux blancs qui leur permettent de retrouver leur chemin.
La relation au monde est avant tout une relation de langage, il est naïf de croire qu’il suffit d’avoir des yeux et des oreilles pour percevoir le sens de ce qui nous entoure. Mon travail d’artiste consiste à poser question, faire surgir suffisamment l’étrangeté pour ouvrir une brèche dans le connu. Avec mon équipe, nous mettons en place ce que l’on pourrait nommer « des rituels », qui permettent de sortir de la banalité du quotidien pour exacerber une sensibilité à la réalité présente et à la charge d’inconnu qu’elle véhicule. Cette ritualisation est la clé d’une relation d’émerveillement. Elle ne vise pas à s’extraire de la réalité, mais l’envisager sous l’angle de l’émotion et du rêve. Ainsi, ce sont généralement des marionnettes qui accueillent les familles. Elles sont accompagnées par la musique. L’émotion fait irruption dans la vie quotidienne et ouvre une porte sur un moment d’exception. Nous voulons cultiver une attention à la forêt. En la reliant à nos relations humaines, nous cherchons à rendre perceptible son étrangeté et sa beauté.
Une grande question taraude toute pratique artistique : pourquoi et comment en sommes-nous venus à vivre dans un monde silencieux ? Mon travail répond au besoin de lutter contre le silence des choses, le non-sens de l’existence. Avec Gaston Bachelard, je fais l’hypothèse que « le rêve inaugure », il nous permet de « perce-voir » le monde alentour en débusquant les mystères qu’il recèle, de ce fait il nous ouvre les yeux sur une réalité vivante. Si la nature semble avoir cessé de nous parler, nous devons chercher les raisons pour lesquelles notre culture est devenue sourde et aveugle, afin de cultiver une sensibilité renouvelée aux êtres vivants qui nous entourent.
[1] Jacques TASSIN, Pour une écologie du sensible, p. 26.
[2] Anne Caroline PREVOT, « éducation transformative », La nature à l’œil nu, p. 82.
[3] Vincent VERGONE, Libre jardin d’enfants vivre et penser une culture naturelle.
[4] Hannah ARENDT, La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1989
[5] Sophie MARINOPULOS, Une stratégie nationale pour la Santé Culturelle, promouvoir et pérenniser l’éveil culturel et artistique de l’enfant de la naissance à 3 ans dans le lien à son parent. Rapport remis au ministre de la Culture le 4 juin 2019.
[6] Anne- Caroline PREVOT, ibid., p. 82.
[7] Jan ASMANN, Moïse l’Egyptien, un essai d’histoire de la mémoire, p. 21.
[8] Bruno LATOUR, Face à Gaïa, p. 205-209.
[9] David ABRAM, Comment la terre s’est tue, p. 335.
[10] Olivier DURAND, 20 000 ans : Ou la grande histoire de la nature, p. 171.
[11] Hannah ARENDT, La condition de l’homme moderne, p. 313-314.
[12] Olivier SACKS, Musicophila la musique le cerveau et nous, p. 177.
[13] Jermy NARBY, L’intelligence dans la nature, p. 19, 77, 130.
[14] David ABRAM, ibid., p. 115.
[15] Maurice MERLEAU PONTI, Le visible et l’invisible, p. 204.
[16] Lynn MARGULIS, L’univers bactériel, p. 91.
[17] Jan HASSMAN, Le prix du monothéisme, p. 42, p. 70, p. 167.
[18] Tim INGOLD, Une brève Histoire des lignes, p. 26 et p. 125.
[19] Antonio DAMASIO, Spinoza avait raison, p. 42.
[20] Lynn MARGULIS, L’univers symbiotique, p. 52- 53.
[21] Francisco VARELA, L ‘inscription corporelle de l’esprit, p. 273.
[22] Frans DE WAAL, Primates et philosophes, p. 52.
[23] Charles DARWIN, L’expression des émotions chez l’homme et l’animal, p. 140.
[24] Jacob VON UEXKULL, Milieu animal et milieu humain, p. 33, p. 49.
[25] Vincent VERGONE, Enfants par nature, p. 21.
[26] Edward BERNAYS, Propaganda, p. 60.
[27] Anne Caroline PRÉVOT, « Se mobiliser contre l’extinction expérience de nature », Espaces naturels, n°51, p. 18
[28] Vincent VERGONE, Libre jardin d’enfants, p. 60.
[29] Actuellement une langue disparait tous les quinze jours, soit 25 langues par an.
[30] Abram DAVID, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens.
Résumé
Quel rôle jouent l’art et la culture dans notre rapport à la nature ? Depuis l’automne 2020, nous menons avec Maya Gratier, chercheuse en psychologie du développement au Babylab de Nanterre, une recherche mêlant art et science pour observer les processus d’émergence de la culture chez les très jeunes enfants en milieu naturel, dans un parc forestier de la Seine saint Denis. Nous considérons que l’éveil à la nature est un processus culturel et qu’il détermine les relations que nous entretenons à nos environnements. À partir d’exemples concrets nous documentons les processus de renaturation dans la culture familiale.
Abstract
What role do art and culture play in our relationship with nature? Since the fall of 2020, we have been conducting research with Maya Gratier, a researcher in developmental psychology at the Babylab in Nanterre, France, to observe the processes of emergence of culture with very young children in a natural environment, in a forest park in Seine Saint Denis. We consider that the awakening to nature is a cultural process and that it determines the relations that we maintain with our environments. From concrete examples we document the processes of renaturation in the family culture.
Vincent VERGONE
Compagnie Les demains qui chantent
ABRAM, David, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens, La Découverte, 2013.
ARENDT, Hannah, La condition de l’homme moderne, Presses-Pocket, 1988.
—, La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1989.
ASSMANN, Jan, Moïse l’Egyptien, un essai d’histoire de la mémoire, Paris, Flammarion, 2010.
ASMANN, Jan, Le prix du Monothéisme, Paris, Flammarion, 2007.
BERNAYS, Edward, Propaganda, La Découverte, 2007.
DAMASIO, Antonio, Spinoza avait raison. Joie et tristesse le cerveau des émotions, Paris, Odile Jacob, 2005.
DE WAAL, Frans, Primates et Philosophes, Paris, Éditions du Pommier, 2020.
DURAND, Olivier, 20 000 ans Ou la grande histoire de la nature, Paris, Actes Sud, 2018.
INGOLD, Tim, Une brève histoire des lignes, Zones sensibles, 2011.
LATOUR, Bruno Face à Gaïa, Huit conférences sur le nouveau régime climatique, La découverte, 2015.
LEBRUN, Annie, Ce qui n’a pas de prix, Paris, Stock, 2018.
MARGULIS, Lynn, L’univers bactériel, Paris, Seuil, 1986.
MERLEAU PONTI, Maurice, Le visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1970.
NARBY, Jeremy, L’intelligence dans la nature : en quête du savoir, Paris, Buchet-Chastel, 2017.
PRÉVOT, Anne Caroline « Se mobiliser contre l’extinction expérience de nature », Espaces naturels, n°51, 2015.
—, La nature à l’œil nu, CNRS Éditions, 2021.
SACKS, Olivier, Musicophilia la musique le cerveau et nous, Paris, Seuil, 2009.
TASSIN, Jacques, Pour une écologie du sensible, Paris, Odile Jacob, 2020.
UEXKULL, Jakob, Monde animal et monde humain, Paris, Payot et Rivages, 2010.
VARELA, Francisco, L’inscription corporelle de l’esprit, Paris, Seuil, 1993.
VERGONE, Vincent, Enfants par nature, pour une écosophie du premier âge, Ressouvenances, 2020.
—, Libre jardin d’enfants, vivre et penser une culture naturelle, Ressouvenances, 2020.