Presque tous les Anglais connaissent l’histoire du roi Tudor Henri VIII avec ses six épouses, son extravagance, ses changements religieux et sa série de conseillers politiques, tous prénommés Thomas. À tour de rôle, Henri bénéficiait des services de Thomas, le cardinal Wolsey, Thomas, duc de Norfolk, Thomas, Lord Audley, Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury, Thomas More et Thomas Cromwell. Les deux derniers sont peut-être les plus polémiques aujourd’hui et, jusqu’à très récemment, la majorité de la population anglaise les imaginait selon des stéréotypes établis depuis des générations et renforcés par la pièce de théâtre de Robert Bolt, A Man for All Seasons (1960) et son adaptation cinématographique. Cependant, au vingt-et-unième siècle, la romancière Hilary Mantel a réinventé les deux Thomas dans deux grands best-sellers, qui ont tous les deux gagné le prix Man Booker, Wolf Hall (2009) et Bring Up the Bodies (2012)1. Elle a humanisé Cromwell, le rendant plus sympathique et plus compréhensible pour le lecteur de maintenant, mais en minimisant ses convictions religieuses et ses actes de cruauté. En revanche, son More est intolérant, cruel et peu reconnaissable. En même temps, C.J. Sansom a présenté sa vision de Cromwell dans les deux premiers volumes de la série Shardlake : humain et compréhensible comme le Cromwell de Mantel, mais plus dur et véritablement tourmenté par les contradictions entre sa conscience chrétienne et les atrocités qu’il se sent obligé de commettre pour établir une nation protestante. Le grand succès rencontré par ces deux auteurs a modifié la perception populaire des deux Thomas pour notre époque.
Jusqu’à la fin du vingtième siècle, Thomas More, saint catholique canonisé en 1935 et actuellement saint patron des hommes politiques, était plutôt bien vu par les Anglais qu’ils soient catholiques, protestants ou sans attaches religieuses. Jonathan Swift, prêtre et auteur des célèbres Voyages de Gulliver (1735), l’a décrit comme « la personne ayant la plus grande vertu née sur cette île »2. Aujourd’hui, la journaliste Vanessa Thorpe estime que, pendant sa jeunesse aux années 1970, More était plus ou moins universellement perçu comme « un bastion de valeurs humanistes généreuses »3. Thomas Cromwell, quant à lui, a une réputation beaucoup moins reluisante. William Cobbett, au XIXe siècle, écrit de Cromwell que « parmi tous les ignobles voyous qui ont jamais vécu, celui-ci est peut-être le plus ignoble’ »4. Au vingtième siècle, l’historien de gauche Hugh Trevor-Roper, qui admirait certaines des qualités de Cromwell, admet qu’on « l’accuse de manipuler le Roi et le parlement en se servant d’élections trafiquées, de la fraude et de la violence »5, tandis qu’un biographe récent le décrit comme « un homme politique ambitieux et entièrement corrompu »6. Ces stéréotypes furent consolidés et popularisés par le chef d’œuvre de Robert Bolt, A Man for All Seasons. D’abord, Bolt composa sa pièce sur la vie et la mort de Thomas More pour la radio en 1954 et, encouragé par le succès de son travail, l’adapta d’abord pour la télévision (1957), puis pour le théâtre (1960). L’immense réussite, à la fois critique et populaire, de la pièce de théâtre poussa Bolt à écrire un scénario cinématographique pour le cinéaste Fred Zinnemann (1966). Le film gagna six Oscars, y compris celui du meilleur film de l’année et du meilleur acteur pour Paul Scofield, dans le rôle de Thomas More. Pendant les quarante années qui suivirent, l’Anglais moyen qui pensait à Thomas More se le représentait selon l’interprétation de Scofield.
Pour Robert Bolt, auteur plutôt athée, Thomas More est, plus qu’un saint chrétien, « un héros de l’identité individuelle »7, un homme dont « la vie intérieure est si abondante et si douce qu’elle illumine son corps »8. Dans une lettre à ses parents écrite en 1951, Bolt décrit son futur héros comme « un homme dont la tragédie est qu’il refuse avec calme, sagesse et esprit de suivre la foule »9. Ces qualités, fidèlement incarnées par Scofield, attiraient le public à une époque où on commençait à célébrer ceux qui avaient résisté à l’occupation allemande et à la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, et à soutenir ceux qui, en Europe de l’Est, résistaient à la tyrannie du régime soviétique de Staline. De plus, More prend sa place dans la pensée populaire parmi ceux qui, comme Gandhi et Martin Luther King, s’opposent pacifiquement à l’injustice des autorités. La réussite de Bolt était si importante que, comme l’affirme Steve Donoghue, « sa fiction a réussi à rendre More crédible aux gens tandis que les livres d’histoire ont échoué »10. Cynthia Haven confirme cette affirmation en se basant sur sa propre expérience, mais se rend compte que le More de Bolt et de Scofield n’est pas nécessairement fidèle au personnage historique : « Je suis tombée amoureuse de Thomas More quand ma mère m’a amené voir [le film]. Je ne suis pas certaine si c’était More ou l’acteur Paul Scofield que j’aimais. Peut-être que c’était le dramaturge, Robert Bolt, plus que les deux »11.
En revanche, Thomas Cromwell dans A Man for all Seasons est un personnage cruel et répugnant, prêt à tout faire pour contenter un roi amoral et égoïste. Dans la pièce, Thomas More l’accuse de se comporter comme « une brute des bas quartiers de Londres »12. Cromwell, ici cynique et sans grandes convictions religieuses, encourage le jeune Richard Rich à la fois à mentir et à se débarrasser de ses principes chrétiens13. Pour Hilary Mantel, le Cromwell de Bolt est mémorable car il « met la main d’un autre dans la flamme d’une bougie »14, tandis que Romano Mullin de Queen’s University, Belfast, le perçoit comme « un méchant machiavélique, avide du pouvoir »15. Cromwell est représenté comme un être à craindre à tel point que, lors de la première à New York, l’acteur Leo McKern, qui jouait le rôle de Cromwell remarqua : « On me huait depuis les premiers rangs… Ils huaient le méchant de la pièce »16.
Sir Geoffrey Elton (1921-94), professeur d’histoire moderne à l’Université de Cambridge et grand expert des Tudor, ne partageait pas cette image négative de Thomas Cromwell et tentait de présenter un autre point de vue. Comme l’affirme la juriste Alison LaCroix : « Pendant une vingtaine d’années, dans une série de livres et articles, Elton cherchait à réhabiliter Cromwell, en l’appelant ‘l’homme politique le plus remarquable du siècle »17. En particulier, l’ouvrage d’Elton, The Tudor Revolution in Government (1953), évoque un homme politique moderne, efficace et visionnaire, qui réussit brillamment à recréer le cadre juridique et administratif de l’État. Plusieurs anciens étudiants d’Elton, parmi lesquels Diarmaid MacCulloch, le dernier biographe de Cromwell, ont continué le travail de leur professeur en montrant les côtés plus admirables, même sympathiques, du conseiller.
Au début du vingt-et-unième siècle, la romancière Hilary Mantel, grande admiratrice de l’œuvre d’Elton, remarque que les travaux universitaires n’avaient pas réussi à influencer la perception de Cromwell chez le grand public : « Elton a prouvé que Cromwell était un homme politique du premier rang, mais son travail n’avait rien fait pour améliorer la réputation de celui-ci dans la culture populaire »18. Selon Mantel, l’image populaire de Cromwell n’avait pas évolué avec les avancées de la recherche historique conduisant la majorité de la population à ne voir que les aspects négatifs du personnage : « Je crois que le théâtre, la fiction et l’histoire populaire ont mal représenté Cromwell. Des amas de préjugés passaient d’une génération à la suivante »19. Pour cette raison, Mantel décida de composer ses romans historiques du point de vue de Cromwell. Elle précise : « Je regarde à travers les yeux de Cromwell […] C’est comme si la caméra était sur son épaule »20. Cette focalisation sur Cromwell révèle également l’importance de l’homme politique dans la vie nationale de son époque. Jusque-là, dans les productions de culture populaire, best-sellers, films ou séries télévisées, cet homme plutôt laid et peu attirant pour notre société fascinée par le visuel, avait toujours joué un rôle secondaire après le roi Henri VIII, sa deuxième épouse Anne Boleyn ou le martyr Thomas More. Dans ses romans, Mantel le met sous le feu des projecteurs : « C’était un homme au centre de tout, mais dans la majorité de romans et de pièces on le pousse dans les coulisses et il y reste, entouré de sa cape noire, en train de siffler comme un serpent et orchestrer des complots. Je voulais le remettre au centre de la scène, le mettre en vedette »21.
Le Cromwell de Mantel attire notre sympathie dès le début. La première page de Wolf Hall le présente par terre, sous les coups d’un père ivre et violent22, scène qui, selon Diarmaid MacCulloch, « n’a aucun fondement historique »23. Plus tard, Cromwell se montre époux et père dévoué, particulièrement attaché à sa fille aînée, Anne, qu’il compare favorablement à la princesse Marie Tudor24. Il déclare ouvertement qu’il a donné « la même éducation à [s]es filles qu’à [s]on fils »25. D’un point de vue historique, rien n’est connu sur les relations entre Cromwell et ses filles, ni sur leur éducation, mais l’attachement entre le père fier et la fille intelligente permet de le comparer à Thomas More, dont l’amour pour sa fille aînée, Margaret Roper, et son enthousiasme pour l’éducation des filles sont bien documentés. Mantel représente également Cromwell dévasté par la mort de son épouse et de ses deux filles pendant une épidémie de la suette en 1529. Une telle réaction est certainement probable, mais vient entièrement de l’imagination de l’auteure car aucune preuve historique n’existe. Le Cromwell de Mantel, comme le Cromwell historique, a beaucoup d’amis, surtout parmi les commerçants de la Cité de Londres, qu’il essaie d’aider quand il le peut. Surtout, il tente d’extraire ses amis protestants des mains de Thomas More ou d’autres catholiques traditionalistes. On le montre aussi dévoué à son premier employeur en Angleterre, le cardinal Wolsey, à tel point qu’il se venge sur ceux qui se sont moqués du Cardinal après sa chute. Personne n’a jamais douté que Cromwell était très intelligent, mais Mantel montre cette intelligence adoucie par un sens de l’humour bien développé. Elle attire l’attention également sur les véritables initiatives de Cromwell pour améliorer le sort des pauvres : un projet de loi pour aider les orphelins de Londres26, un effort personnel pour trouver un travail bien rémunéré pour un humble père de quatorze enfants etc.27. Il cherche à créer une société plus juste et rêve de vivre dans un royaume « où le soleil brille et où les citoyens sont tous riches et libres »28.
Peut-être l’aspect le plus polémique de ce portrait de Cromwell est lié au fait qu’il a recours aux mensonges et à la violence uniquement quand il n’y a pas d’autre moyen possible pour parvenir aux fins exigées par le roi. Il prie Dieu : « Préserve ma vie aussi longtemps que j’utilise mon pouvoir pour construire et non pour détruire »29 et essaie de vivre selon ce principe. Pour lui, torturer Mark Smeaton serait aussi ridicule et minable que « d’écraser des loirs »30, et il reproche à Wriothesley de menacer de le faire. Quand il s’agit d’accuser des hommes d’avoir couché avec Anne Boleyn, le Cromwell de Mantel doit absolument trouver des hommes coupables, car le roi veut se débarrasser d’Anne. Vu qu’il sait bien que la reine n’a pas couché avec qui que ce soit, il trouve « des hommes coupables, mais peut-être pas coupables des crimes dont ils sont accusés »31. Il arrive à sauver Thomas Wyatt, le fils d’un ami, mais assure ses proches que, pour les autres, il ne pouvait rien faire. Cromwell est donc un homme compréhensible, plutôt sympathique, confronté à des problèmes impossibles à résoudre et à des situations où il doit choisir, parfois malgré lui, entre le mauvais et le pire.
Le Thomas More d’Hilary Mantel est encore plus polémique que son Cromwell. Si le More de Bolt était « incroyablement intègre »32, celui de Mantel est un fanatique désagréable. Comme le constate Vanessa Thorpe, c’est « un bourreau d’hérétiques, avec des tendances masochistes et misogynes en plus »33, ou, selon Andrew M. Brown, « un petit saint coincé, aigri et sarcastique, qui maltraite sa femme »34. Même si Mantel maintient dans son portrait la relation proche entre More et sa fille aînée, elle donne à son Cromwell un avis très négatif sur les mariages de More. Pour lui, le chancelier maltraite ses deux épouses et les humilie en public. À travers les yeux de Cromwell, le lecteur voit « un prêtre manqué et un prédicateur frustré »35, qui aurait préféré la vie d’un religieux, mais qui n’aurait pas supporté le célibat. Obligé de se marier pour le bien de son âme, il choisit donc « des femmes qu’il n’apprécie pas vraiment »36. Mantel prend même une histoire des Colloques d’Erasme et l’applique à More et à sa première épouse. Dans le récit, une jeune fille simple épouse un homme instruit qui veut l’éduquer, mais elle se révolte jusqu’à ce que son époux exige que son père la force à lui obéir. Comme le précise Peter Ackroyd, un biographe de More : « L’anecdote n’a probablement rien à voir avec More et Jane Colt, mais on peut toujours l’imaginer »37. Mantel a pris cette option.
L’historien Diarmaid MacCulloch affirme que « More prenait plaisir à brûler vif des hérétiques »38, et Mantel souligne cet aspect de sa personnalité qui est incompréhensible et repoussant pour les lecteurs d’aujourd’hui. Son More « est prêt à vous enchaîner pour une erreur de traduction et, pour une différence d’interprétation d’un mot grec, il vous brûlerait vif »39. En plus, il « dit que ce n’est pas grave si on ment ou fait de fausses promesses à un hérétique »40 afin de le persuader d’avouer ses véritables croyances. Vers la fin de Wolf Hall, More déclare : « Je ne fais de mal à personne »41. Cromwell pense à son ami James Bainham, homme d’affaires protestant torturé et mis à mort sous les ordres de More42, et n’est pas d’accord.
Les romans de Mantel connaissent un très grand succès auprès de critiques, d’historiens et du grand public. Wolf Hall gagna le prix Man Booker en 2009 et Bring Up the Bodies le remporta en 2012. L’historien Diarmaid MacCulloch, spécialiste de la période, les admire beaucoup et ne tarit pas d’éloges sur l’auteure : « C’est une romancière brillante […] le Cromwell qui se révèle dans ses romans ressemble de près à celui que j’ai découvert »43. Parmi les lecteurs plus modestes, le critique Andrew M. Brown parle de son beau-père qui « a lu les romans de Mantel dès leur parution et a vu son point de vue complètement changer »44. Jusqu’à ce moment-là, « le Thomas More de son imagination avait été conforme à l’interprétation de Paul Scofield dans la pièce de Robert Bolt »45. Cependant, tout le monde n’accepte pas les représentations de Mantel. En particulier la hiérarchie de l’Église catholique estime que Mantel, élevée dans la foi catholique mais actuellement plutôt agnostique, a des préjugés injustifiables contre Thomas More. Pour Mark O’Toole, évêque catholique de Plymouth : « Il y a une tendance anticatholique dans ce roman. Wolf Hall n’est pas objectif »46. L’évêque s’inquiète particulièrement du fait que les romans et la série télévisée « semblent associer Thomas More et sa foi catholique à l’intégrisme religieux du vingt-et-unième siècle »47. Le critique Romano Mullin a des soucis semblables et accuse Mantel de « manipuler l’histoire afin de commenter des questions contemporaines »48, parmi lesquelles il identifie le nationalisme britannique qui a mené au Brexit et le nationalisme écossais qui cherche l’indépendance. Pour la journaliste Joan Smith, le problème est éthique plutôt que politique, car le portrait sympathique d’un homme politique sans scrupules « demande au lecteur de mettre son jugement critique de côté et d’aimer ce qui n’est pas aimable »49.
Cependant, pour d’autres critiques, le problème vient d’une mauvaise compréhension de l’époque et des hommes nés à la fin du quinzième siècle qui sont, en réalité, souvent plus médiévaux que modernes. Pour Cynthia Haven, si Bolt et Mantel sont arrivés chacun à créer un héros compréhensible pour sa propre époque, ni l’un ni l’autre n’a vraiment compris son protagoniste dans son contexte :
Bolt a recréé More comme un héros moderne, tandis que Mantel nous a donné un héros post-moderne […] mais ni Bolt ni Mantel n’ont montré le véritable Thomas More, car More était un homme médiéval plutôt qu’un homme moderne50.
More surtout n’avait pas d’identité individuelle, mais se voyait enraciné au cœur de nombreuses communautés comme la famille et l’Église. Si Martin Luther, à la Diète de Worms peu de temps auparavant, pouvait dire : « Je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il est dangereux d’agir contre sa propre conscience. Me voici, je ne puis autrement »51, More refusait un tel individualisme, même si Cromwell et Henri VIII, pour des raisons bien différentes, l’acceptaient.
La différence entre le public de 1960 et celui d’aujourd’hui, soulignée par Haven, a attiré l’attention d’autres critiques, même si certains ne la voient pas comme une différence entre la modernité et la post-modernité. Pour Hannah Long :
Dans les [A Man for All Seasons et Wolf Hall] le héros est blanchi afin de le rendre acceptable à un public moderne […] Si le More de Scofield était un héros classique, réussissant par sa vertu, le Cromwell de Mark Rylance est un héros moderne, réussissant par tous les moyens possibles […] Nous faisons partie de la génération post-Watergate. Les héros sont inévitablement faillibles52.
Haven admet que les jeunes du début du vingt-et-unième siècle ne peuvent plus comprendre l’intégrité pointilleuse du More de Bolt. Ses jeunes amis, en voyant le film de Zinnemann, « n’arrivent pas à imaginer quelqu’un prêt à mourir pour un principe, surtout quand un petit mensonge suffirait pour lui sauver la vie »53. Le Cromwell de Mantel, ambigu, rusé, sachant que la perfection n’est pas de ce monde, correspond mieux à notre époque.
Hilary Mantel n’est pas le seul auteur actuel à représenter les personnages historiques de la première moitié du seizième siècle. Le Cromwell des deux premiers volumes de la série Shardlake de C. J. Sansom est souvent comparé à celui de Wolf Hall et plusieurs critiques, comme Andrew M. Brown, Joan Smith et Romano Mullin, le trouvent plus crédible. Sansom avoue sans problème qu’ils ne voient pas le personnage de la même manière :
Le Cromwell de Mantel est très différent du mien. Wolf Hall est un livre magnifique : son évocation de la vie à l’époque Tudor est excellente. Mais, Cromwell appelle aux interprétations différentes […] Certains pensent qu’il était un méchant noir ; d’autres qu’il était un bon réformateur. Je me situe au milieu, mais je crois qu’il avait un côté ténébreux, plus ténébreux et plus brutal que dans le portrait dressé par Hilary54.
Pour cette raison, le Cromwell de Sansom, vu par les yeux de son protagoniste Matthew Shardlake, n’est ni le méchant traditionnel, ni l’humaniste sympathique de Mantel. Shardlake, qui travaille en tant que juriste pour Cromwell, l’a rencontré plusieurs années avant le début de la série « dans un groupe de discussion informel, composé de réformateurs, qui se rencontrait clandestinement dans une auberge londonienne »55 et étudiait des livres interdits. C’est un homme pour lequel « ce qui importe le plus, est la foi protestante »56, avis soutenu par l’historien Diarmaid MacCulloch. Du point de vue de Shardlake, « sans Cromwell, la Réforme n’aurait pas eu lieu »57, et l’homme politique avait « une vision d’une véritable société chrétienne »58, qu’il essayait d’établir en Angleterre. Shardlake mentionne aussi les véritables tentatives faites par Cromwell pour aider les pauvres, mais observe que son projet de loi fut refusé par le Parlement car « la noblesse ne voulait pas payer l’impôt sur le revenu nécessaire pour le financer »59. Cromwell est présenté également comme un employeur sympathique, prêt à excuser des erreurs de jeunesse. Quand le jeune Mark Poer est attrapé en train de séduire une demoiselle d’honneur à la cour, Cromwell le licencie discrètement, mais n’informe pas les autorités juridiques. Comme le précise Shardlake, en s’adressant à Mark, « si le chambellan avait informé le roi à la place de Sire Cromwell, tu aurais pu te trouver dans la Tour de Londres »60.
En revanche, Sansom montre également le côté plus ténébreux de Cromwell. Le ministre cherche à employer « des hommes durs »61, détruit les monastères, envoie au bûcher ceux qui refusent d’accepter le roi comme chef de l’Église, utilise des faux témoignages pour condamner Anne Boleyn, menace de torturer Gristwood et autorise la torture de Mark Smeaton. Ceci est plutôt polémique. Sansom, dans sa note historique à la fin du roman, admet que la torture de Smeaton est « probable »62, plutôt qu’historiquement prouvée, et l’historien Eric Ives conclut qu’elle est en fait peu probable63. En même temps, Sansom indique que Cromwell n’est pas pire que les autres hommes politiques de l’époque. Cromwell se rappelle des effrayantes « inquisitions de Thomas More »64, et Godfrey, un personnage fictif dans Dark Fire, affirme que Cromwell est cruel « uniquement quand c’est nécessaire »65, tandis que le duc de Norfolk « serait bien pire »66 et « mettrait en place un massacre de protestants »67. Comme le constate Joan Smith, le Cromwell de Sansom est « un homme effrayant, qui occupe un rôle clé dans l’état totalitaire d’Henri VIII »68. Cependant, elle trouve ce portrait convaincant et explique que Sansom « est un auteur politique […] il fait preuve d’une compréhension bien plus sophistiquée de la nature du pouvoir [que Mantel] »69.
Depuis, les années 1950, le public britannique a vu plusieurs interprétations des deux Thomas, les conseillers les plus connus du roi Henri VIII. Dans chaque cas, More, le catholique traditionnel, et Cromwell, le protestant modernisant, sont présentés d’une façon qui tente de les rendre compréhensibles à notre société démocratique bien différente de l’Angleterre du seizième siècle. Historiquement, qu’ils le regrettaient ou non, tous les deux acceptaient la torture et l’exécution de ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux –comme presque tout le monde à l’époque. Mais tous les deux étaient également bien éduqués, intellectuellement brillants, dévoués à leur famille et leurs amis, et également des roturiers dans un monde dominé par la royauté et la noblesse qui devaient à la fois leur réussite professionnelle et leur chute aux caprices d’un roi prêt à tout sacrifier pour ses propres intérêts. Pour cette raison, comme le constate Cynthia Haven, les deux Thomas à l’écran ont beaucoup de choses en commun : « Le More de Scofield et le Cromwell de Mark Rylance sont des hommes sérieux, humanistes, justes, travailleurs, sans prétentions. Ils ont l’habitude de rester silencieux et de méditer ; ils sont têtus et durs. Ils aiment leur famille et ont des origines modestes »70. Seules leurs opinions religieuses les séparent.
Malgré les ressemblances évidentes entre les deux ministres du roi, il est tout à fait possible d’interpréter les données historiques de plusieurs façons différentes, car même les meilleurs historiens d’aujourd’hui n’ont pas assez d’informations pour être certains de bien connaître ces hommes d’une toute autre époque. C. J. Sansom partage l’avis de l’historien Glyn Redworth qui dit que, vu l’absence de données suffisantes, tout écrit historique sur l’époque d’Henri VIII, universitaire ou fictionnel, « doit obligatoirement être un travail d’interprétation »71 plutôt qu’une narration de faits connus et acceptés ; il ajoute que chaque interprétation sera différente car chaque auteur est différent. Sansom peut donc admirer le style et l’approche sérieuse de Mantel sans être d’accord avec elle sur tout. Il est typique de notre société habituée au post-modernisme où la multiplicité de perspectives est la norme. Le public lecteur, raisonnablement bien instruit, est ouvert. Prêt à critiquer, mais aussi à admirer, il invite les auteurs de tous genres à présenter leurs versions de l’histoire et à essayer de le convaincre. Grâce à ces romans historiques, qui présentent des interprétations variées mais crédibles des mêmes personnages, l’unanimité n’est plus possible.
[1] Les versions françaises s’appellent Dans l’ombre des Tudors et Le Pouvoir.
[2] Jonathan SWIFT, Prose Works of Jonathan Swift, vol. 13, Oxford UP, 1959, p. 123. (Sauf indication contraire, toutes les traductions sont les miennes).
[3] Vanessa THORPE, « Thomas More is the villain of Wolf Hall. But is he getting a raw deal ? », The Guardian, 18 janvier 2015. URL : https://www.theguardian.com/tv-and-radio/2015/jan/18/wolf-hall-thomas-more-man-honour-fanatic-hilary-mantel.
[4] William COBBETT, History of the Reformation in England and Ireland (1824), Ex-Classics Project, 2009, p. 71.
[5] Hugh TREVOR-ROPER, « England’s Moderniser: Thomas Cromwell », Historical Essays, Londres, MacMillan, 1957, p. 74.
[6] Robert HUTCHINSON, Thomas Cromwell, Londres, Phoenix, 2007, p. 2.
[7] Robert BOLT, Préface à A Man for all Seasons, Londres, Heinemann, 1960, p. XIV.
[8] Ibid., p. XXIII.
[9] Cité dans Adrian TURNER, Robert Bolt: Scenes from Two Lives (1998), Londres, Vintage, 1999, p. 84.
[10] Steve DONOGHUE, « Thomas Cromwell: A Revolutionary Life by Diarmaid MacCulloch », Open Letters Review, 2 novembre 2018. URL : https://openlettersreview.com/posts/thomas-cromwell-a-revolutionary-life-by-diarmaid-macculloch.
[11] Cynthia HAVEN, « Late Reflections on Wolf Hall : will the real Thomas More please stand up? », Stanford University Reviews, 27 juin 2015. URL : https://bookhaven.stanford.edu/2015/06/late-reflections-on-wolf-hall-will-the-real-thomas-more-please-stand-up/.
[12] BOLT, A Man for all Seasons, p. 79.
[13] Ibid., p. 43.
[14] Hilary MANTEL, « How I Came to Write Wolf Hall », The Guardian, 7 décembre 2012. URL : https://www.theguardian.com/books/2012/dec/07/bookclub-hilary-mantel-wolf-hall.
[15] Romano MULLIN, « ‘You Think You Know a Story’… : Reframing the Tudors on Television in the Twenty-First Century », Adaptation, 12 (2), août 2019, p. 89-104.
[16] TURNER, Robert Bolt: Scenes from Two Lives, p. 169-70.
[17] Alison LaCROIX, « A Man for All Treasons : Crimes by and against the Tudor State in the Novels of Hilary Mantel », Chicago Public Law and Legal Theory Working Papers, 511, février 2015, p. 15. https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2571355
[18] MANTEL, « How I Came to Write Wolf Hall ».
[19] Thessaly LA FORCE, « The Exchange : Hilary Mantel », The New Yorker, 12 octobre 2009.
[20] Idem.
[21] Idem.
[22] Hilary MANTEL, Wolf Hall (2009), Londres, Fourth Estate, 2010, p. 3.
[23] Diarmaid MACCULLOCH, Thomas Cromwell : A Life (2018), Milton Keynes, Penguin, 2019, p. 15.
[24] MANTEL, Wolf Hall, p. 82.
[25] Hilary MANTEL, Bring Up the Bodies (2012), Londres, Fourth Estate, 2013, p. 15.
[26] MANTEL, Bring Up the Bodies, p. 381.
[27] Ibid., p. 392.
[28] MANTEL, Wolf Hall, p. 635.
[29] MANTEL, Bring Up the Bodies, p. 15.
[30] Ibid., p. 330.
[31] Ibid., p. 392.
[32] Hannah LONG, « A Tale of Two Thomases: Wolf Hall vs A Man for All Seasons », Longish, le 6 juillet, 2015. URL : http://longish95.blogspot.com/2015/07/a-tale-of-two-thomases-wolf-hall-vs-man.html.
[33] THORPE, « Thomas More is the villain of Wolf Hall. But is he getting a raw deal? ».
[34] Andrew M. BROWN, « Hilary Mantel’s Thomas Cromwell is All Wrong, but does it Matter? », The Telegraph, 21 janvier 2015. URL : https://www.telegraph.co.uk/comment/personal-view/11380956/Hilary-Mantels-Thomas-Cromwell-is-all-wrong-but-does-it-matter.html.
[35] MANTEL, Wolf Hall, p. 39.
[36] Ibid., p. 123.
[37] Peter ACKROYD, The Life of Thomas More, Londres, Chatto & Windus, 1998, p. 116.
[38] MacCULLOCH, Thomas Cromwell: A Life, p. 161.
[39] MANTEL, Wolf Hall, p. 152.
[40] Ibid., p. 361.
[41] Ibid., p. 629.
[42] Si More est certainement responsable de la mort de Bainham, certains historiens doutent qu’il soit coupable de la torture. Cependant, vu que John Foxe la mentionne, il est certain que des rumeurs sur l’implication de More circulaient à l’époque.
[43] Cité dans Alex PRESTON, « Diarmaid MacCulloch: ‘I Got Very Irritated with Henry VIII’ », The Guardian, 13 juillet 2019. URL : https://www.theguardian.com/books/2019/jul/13/diarmaid-maculloch-thomas-cromwell-a-life-interview-hilary-mantel.
[44] BROWN, « Hilary Mantel’s Thomas Cromwell is All Wrong, but Does it Matter? », op. cit.
[45] Idem.
[46] Cité dans Sarah MACDONALD, « Concern over Anti-Catholic Bias in BBC’s Wolf Hall », Catholic Ireland, 7 février 2015. URL : https://www.catholicireland.net/concern-anti-catholic-bias-bbcs-wolf-hall/.
[47] Idem.
[48] MULLIN, « ‘You Think You Know a Story’… », op. cit.
[49] Joan SMITH, « The Costa Book Award is hers, but let’s be frank: Hilary Mantel peddles snobbish period soap operas », The Independent, 30 janvier 2013. URL : https://www.independent.co.uk/voices/comment/the-costa-book-award-is-hers-but-let-s-be-frank-hilary-mantel-peddles-snobbish-period-soap-operas-8473677.html.
[50] HAVEN, « Late Reflections on Wolf Hall: will the real Thomas More please stand up? ». op. cit.
[51] Cité dans Pierre WHEELER, « Martin Luther (1483-1546) », Servir en l’attendant, CAEF, novembre 1996, p. 9.
[52] LONG, « A Tale of Two Thomases: Wolf Hall vs A Man for All Seasons », op. cit.
[53] HAVEN, « Late Reflections on Wolf Hall: will the real Thomas More please stand up? », op. cit.
[54] Cité dans Sarah CROWN, « A Life in Books: C. J. Sansom », The Guardian, 15 novembre 2010. URL : https://www.theguardian.com/culture/2010/nov/15/cj-sansom-interview.
[55] C. J. SANSOM, Dissolution (2003), Londres, Pan, 2004, p. 24.
[56] C. J. SANSOM, Dark Fire (2005), Londres, Pan, 2007, p. 433.
[57] SANSOM, Dissolution, p. 233.
[58] SANSOM, Dark Fire, p. 432.
[59] SANSOM, Dissolution, p. 235.
[60] Ibid., p. 27.
[61] Ibid., p. 12.
[62] Ibid., p. 442.
[63] Voir Eric IVES, The Life and Death of Anne Boleyn, Oxford, Blackwell, 2004, p. 327.
[64] SANSOM, Dark Fire, p. 93.
[65] Ibid., p. 41.
[66] Idem.
[67] Ibid., p. 93.
[68] SMITH, « The Costa Book Award is hers », op. cit.
[69] Idem.
[70] HAVEN, « Late Reflections on Wolf Hall: will the real Thomas More please stand up? », op. cit.
[71] C. J. SANSOM, « Historical Note », Lamentation, Londres, Mantle, 2014, p. 621.
Résumé
Le roi Henri VIII avec ses six épouses, sa politique religieuse et ses conseillers politiques, prénommés Thomas, sont bien connus. Deux des Thomas ont capté l’imagination populaire : Thomas More, le saint catholique, et Thomas Cromwell, l’homme politique rusé. Hilary Mantel a réinventé les deux Thomas dans ses best-sellers en humanisant Cromwell, le rendant plus sympathique pour le lecteur actuel. En revanche, son More est intolérant et cruel. En même temps, C.J. Sansom a présenté sa vision de Cromwell dans la série Shardlake : aussi humain que celle de Mantel, mais tourmenté par les contradictions entre sa conscience et les atrocités qu’il commet. Le succès des deux auteurs a modifié la perception populaire des deux Thomas.
Abstract
Henry VIII and his six wives, his religious policy and his advisors, all called Thomas, are well-known. Two of the Thomases have captured the public’s imagination: Thomas More, the Catholic saint, and Thomas Cromwell, the wily politician. In her bestsellers, Hilary Mantel has recreated the two Thomases, making Cromwell more human and More more cruel and intolerant. At the same time, C. J. Sansom has presented his own vision of Cromwell: as human as Mantel’s Cromwell, but tormented by the contradictions between his conscience and the atrocities he commits. The success of the two authors has led to a change in the popular perception of the two men.
Des tentatives de réhabilitation
Un fanatique religieux intolérant
Suzanne BRAY
Université Catholique de Lille, Textes et Cultures-UR4028
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