Le titre de Mémoires d’outre-tombe indiquerait une libération de la voix de François-René de Chateaubriand « au prix de [son] absence »1, selon les mots de Jean-Claude Berchet, puisque l’écrivain ambitionnait que son chef-d’œuvre ne soit lu qu’après sa mort – et l’on sait que les contraintes financières en décidèrent autrement. Mais la voix de l’auteur qui est portée par son écriture singulière, n’est-elle pas, au contraire, le signe de sa présence y compris outre-tombe, dans la mesure où l’intime de François-René de Chateaubriand, soit « ce qu’il a de plus profond, de plus essentiel, de plus original »2, s’inscrit dans ses Mémoires, en particulier par le biais d’une image négative du moi ? Le moi est l’« idée de soi comme corps » selon Lacan :
En règle générale, à partir du stade du miroir, cette “ idée de soi comme corps ˮ a pour matrice l’image corporelle et le sujet tient à son corps par le biais de cette identification3. Il possède un corps parce qu’il a ce rapport imaginaire avec lui-même, médiatisé par le stade du miroir. Le stade du miroir réalise donc la triple équation suivante : « moi ou ego = le rapport de l’image de mon corps = ce qui fait que j’ai un corps4.
Dans les Mémoires, cette image négative du moi est persistante, elle y apparaît sous le mode de la répétition-variation. À ce titre, Jacques Lacan a montré comment le texte littéraire cerne ce qu’on ne peut pas dire autrement, à savoir la vérité du sujet5. Dans ses Mémoires, la vérité de l’écrivain, cet intime au sens de ce qu’il a de plus original, se cristallise dans ce moi, ce leurre littéraire, ce masque mythographique, cette « construction imaginaire », selon les mots de Jacques Lacan qui en a présenté le processus dialectique à partir de la genèse du stade du miroir : « Le moi dont nous parlons est absolument impossible à distinguer des captations imaginaires qui le constituent de pied en cap, dans sa genèse comme dans son statut, dans sa fonction comme dans son actualité, par un autre et pour un autre »6. Le paradoxe est alors que le plus intime, le plus singulier chez Chateaubriand n’est approchable que par le biais de « tenants-lieu » imaginaires, pour reprendre les mots de Lacan. L’écrivain Chateaubriand ne définit son être intime que par des masques : le moi qui est figuré dans les Mémoires traduit d’abord la méconnaissance fondamentale de l’intime, qui ne peut être que cerné, approché par ces « captations imaginaires » se synthétisant dans la figure du personnage impuissant à se représenter comme acteur.
« À Mons, je manquai la première occasion de fortune de ma carrière politique ; j’étais mon propre obstacle et je me trouvais sans cesse sur mon chemin »7. Cette phrase des Mémoires d’outre-tombe sert de soubassement à notre analyse. Elle souligne que, lors des Cent-Jours et dans la perspective du retour de Louis XVIII, Chateaubriand aurait pu succéder à Blacas qui avait été nommé ministre de la Maison du Roi le 2 juin 1814 : « Je vais me séparer de M. de Blacas ; la place sera vide, monsieur de Chateaubriand »8, lui déclare Louis XVIII. L’auteur du Génie du christianisme jouit alors d’une renommée littéraire incontestable et d’une influence politique certaine. Mais voici que l’écrivain présente cette « première occasion de fortune », son entrée dans la carrière politique, comme manquée. À qui la faute selon lui ? À lui-même, comme le soulignent les constructions grammaticales de la phrase. Dans la première proposition, le ratage est souligné par le verbe « manquer ». Quant aux deux propositions suivantes, elles explicitent la première. Le sujet de la seconde, marquée par le retour du pronom personnel « je », a la caractéristique d’être « [son] propre obstacle », métaphore dépréciative, placée en position d’attribut du sujet, qui souligne l’empêchement que le moi représente pour l’auteur. La troisième proposition, « je me trouvais sans cesse sur mon chemin » déplie l’image – en rappelant l’origine étymologique d’« obstacle », le verbe latin obstare, comprenant ob, devant, et stare, « être debout, dressé ». La construction pronominale réfléchie du verbe « trouver » établit une relation unissant le sujet à lui-même. Ces choix grammaticaux, ainsi que l’emploi de l’adjectif « propre », accentuent la responsabilité de l’auteur dans son échec en politique. Or, si le passé simple « je manquai » introduit l’événement singulier de ce revers qui ne serait alors que ponctuel, les imparfaits « j’étais » et « je me trouvais » révèlent, au contraire, une récurrence de cette impossibilité itérative à réussir en politique. Celle-ci est encore soulignée par l’adjectif « première » et le groupe adverbial « sans cesse » qui impliquent une série ultérieure d’occasions manquées. Dans la biographie qu’il a consacrée à Chateaubriand, Jean-Claude Berchet commente cet épisode en pointant la double malchance qu’a essuyée l’écrivain : « C’était une cruelle déconvenue pour Chateaubriand. Il avait été doublement mystifié dans cette affaire. Après avoir décliné le 24 juin la succession de Blacas que lui offrait le roi, par solidarité envers Talleyrand, il se trouvait lui-même évincé du ministère que celui-ci avait formé et qu’il avait lui-même appelé de ses vœux »9. Mais dans la citation des Mémoires que nous avons analysée, Chateaubriand s’accuse lui-même de son échec en mobilisant l’expression hyperbolique. L’écrivain fait de cet obstacle du moi un destin tragique : il est condamné à échouer par sa faute. La phrase qui constitue le soubassement de notre démonstration prend alors un sens programmatique, destinal, sur lequel nous reviendrons.
Si, dans son écrit autobiographique, Chateaubriand bute sur la pierre d’achoppement du moi, « obstacle », entrave, selon lui, à sa réussite politique, ce dédoublement dramatisé par l’écriture métaphorique, qui oppose le sujet à son moi, ne montre-t-il pas que l’altérité vient se nicher au centre même de la subjectivité et de l’intime de l’écriture de Chateaubriand, rappelant que l’inconscient détermine le sujet ? Cette citation ne révèle-t-elle pas que l’écrivain ne se maîtrise pas, se méconnaît fondamentalement, ainsi que Lacan l’a montré à propos du moi ? À ce titre, Chateaubriand définit avec humour ses Mémoires comme le « chef d’œuvre d’un inconnu »10, plus loin, il rappelle avec lucidité l’impossibilité de se voir « tel qu’on est »11. Son texte parle de lui-même qui ignore ce qui l’anime.
Chateaubriand se fait l’observateur de sa vie d’échecs et se met en scène en aristocrate sacrifié en particulier lorsqu’il narre sa carrière politique. Cette écriture met en cohérence le moi. Elle permet ainsi de cerner l’intime de l’auteur, sa vérité, c’est-à-dire l’expression de son désir inconscient. Jacques Lacan a montré combien « il y a si peu d’opposition entre cette Dichtung et la Warheit dans sa nudité, que le fait de l’opération poétique doit plutôt nous arrêter à ce trait qu’on oublie en toute vérité, c’est plutôt qu’elle s’avère dans une structure de fiction »12.
Julien Gracq13 a caractérisé la carrière de Chateaubriand comme ratée, n’en retenant que trois réussites : l’influence de ses prises de position dans le journal Le Conservateur14, sa guerre d’Espagne15, « sa politique balkanique pro-russe de 1823 »16. Nous pouvons toutefois noter que ses trois entreprises sont loin d’être anecdotiques. Marc Fumaroli a souligné, au contraire de Gracq, la consécration politique de l’écrivain17 sous la Restauration. Il a montré le rôle majeur joué par l’auteur, à la fois dans la dramatisation de la vie parlementaire, le débat de presse, l’expédition en Espagne en 1822-1823 qu’avait aussi mentionnée Gracq, le projet d’une intervention en Algérie qui interviendra après, en 1830. Son succès serait à l’origine de la jalousie de Villèle – comme le mentionne l’auteur dans ses Mémoires – et de son limogeage de son poste de ministre des Affaires étrangères le 6 juin 1824. Fumaroli a aussi montré la cohérence de l’engagement idéologique de Chateaubriand dans son souci patriotique de réconciliation des deux France depuis son Essai de 1797, qui explique son ralliement à l’Empereur puis son passage dans l’opposition après l’assassinat du duc d’Enghien. Car cet assassinat aurait constitué pour Chateaubriand une répétition de celui de Louis XVI entraînant une nouvelle division de la France18. Enfin Fumaroli a expliqué, qu’à travers sa critique de la Restauration, Chateaubriand défend l’idée que, dès 1815, la monarchie « renonce à se délivrer du jacobinisme, du bonapartisme et de l’esprit de cour », ce qui s’oppose à l’« alliance de l’ordre et de la liberté », qu’il appelle de ses vœux. Il est remarquable qu’en fonction du lieu de parole des critiques, ces derniers choisissent d’interpréter l’œuvre politique de Chateaubriand soit comme une réussite, soit comme un échec. Laissons la parole à l’écrivain. Comment caractérise-t-il sa carrière politique ?
Fumaroli a aussi montré la cohérence de l’engagement idéologique de Chateaubriand dans son souci patriotique de réconciliation des deux France depuis son Essai de 1797, qui explique son ralliement à l’Empereur puis son passage dans l’opposition après l’assassinat du duc d’Enghien. Car cet assassinat aurait constitué pour Chateaubriand une répétition de celui de Louis XVI entraînant une nouvelle division de la France.
Dans la « Préface testamentaire » rédigée entre l’été 1832 et l’automne 1833, Chateaubriand revendique l’exercice des responsabilités publiques. Il y accorde un rôle majeur à son action politique et défend le bilan de ses actions :
Homme d’état, je me suis efforcé de donner au peuple le vrai système monarchique représentatif avec ses diverses libertés : j’ai du moins aidé à conquérir celle qui les vaut, les remplace et tient lieu de constitution : la liberté de la presse. Si j’ai souvent échoué dans mes entreprises, il y a eu chez moi faillance de destinée19.
La dernière phrase peut être associée à la citation qui fonde notre analyse car elle montre à nouveau que l’écrivain reste attaché à l’expression de son empêchement tragique à réussir son entreprise tant désirée. Avec cohérence, Chateaubriand dévoile l’intime, soit son moi qui fait obstacle à la réalisation de son désir. Or il y a donc là une contradiction entre, d’un côté, l’ambition affichée de l’auteur et, de l’autre, son impossibilité à la mettre en œuvre sans qu’un échec, une disgrâce, n’interviennent, provoqués par lui-même. Or cette contradiction s’inscrit dans le texte même des Mémoires. Ainsi, dans la troisième partie – des livres XXV à XXXIII couvrant la période allant de 1815 à 1830 et qui relate le « moment où Chateaubriand est parvenu au lieu de pouvoir »20 sous la Restauration – l’auteur passe sous silence son rôle lors du congrès de Vérone auquel il tenait pourtant beaucoup, comme le prouvent ses démarches, en partie relatées dans les Mémoires, pour participer au congrès. Le lecteur doit donc combler une ellipse de vingt-et-un mois en se reportant au texte présentant son rôle et ses vues relatifs au Congrès. Jean-Claude Berchet a noté l’écart entre la densité de la vie politique de Chateaubriand et sa restitution dans la troisième partie de son écrit autobiographique : cela « révèle pour le moins une impuissance à se représenter comme acteur dans une histoire réelle ». Le critique ajoute : « au lieu de se livrer à un bilan circonstancié de la Restauration, où son rôle, assez contradictoire il est vrai, aurait été mis en valeur, […] [Chateaubriand] cède à une volonté masochiste de dépréciation »21. L’intime de l’auteur s’inscrit dans sa réécriture de la Restauration. L’essence de Chateaubriand y est toute versée dans ce masque tragique d’un Hamlet empêché d’accéder à son désir22. Ne pourrions-nous pas relever ici le désir impossible à l’œuvre dans la névrose obsessionnelle ? L’hypothèse relative au diagnostic de structure mérite d’être avancée pour être éventuellement étayée ou nuancée.
« À Mons, je manquai la première occasion de fortune de ma carrière politique ; j’étais mon propre obstacle et je me trouvais sans cesse sur mon chemin »23. Chateaubriand récrit tout au long de ses Mémoires ce scénario de l’échec provoqué par son moi, dans un jeu de répétition/variation tout à fait saisissant. Il se met en scène comme étant incapable de se maintenir à une position que pourtant son renom et son influence lui garantissent, épousant la condition du martyr, du sacrifié de la Restauration. Il est à noter que l’on retrouve la persistance de cette posture du sacrifié dans les écrits politiques de l’écrivain. Dans la conséquente préface à ses Mélanges politiques publiés entre avril 1814 et septembre 1816, Chateaubriand dresse le bilan de ses trente premiers mois de vie parlementaire : « Je ne me fais aucune illusion : je sais bien que je suis ce qu’on appelle en politique un homme sacrifié »24. Dans une note du Séminaire sur « La Lettre volée », Jacques Lacan mentionne « le dévouement de M. de Chateaubriand au pouvoir qu’il décrie et l’honneur que ce dévouement fait à sa personne »25. Le pouvoir monarchique constitue-t-il le grand Autre26 de Chateaubriand ? L’analyse d’une courte séquence du début de la troisième partie des Mémoires, plus précisément le livre XXV et le premier chapitre du livre XXVI, permet de relever les occurrences attestant de l’alternance dans le texte de la chute du moi et de son retour en grâce ainsi que la persistance du motif du sacrifice. Les Mémoires sont structurés par cette dynamique marquée dans un premier temps par la tension vers un but désiré, le dévouement, l’engagement, le soutien, puis, dans un second temps, par l’événement qui précipite sa chute, qui annule cette tension. L’intime s’incarne bien dans ce moi à double détente qui ponctue le texte. L’hypothèse d’un processus inconscient obsessionnel semblerait alors se jouer dans cette logique déployée dans le texte. Par exemple, le chapitre 6 du livre XXV revient sur les conséquences de la publication de La Monarchie selon la Charte. Le roi Louis XVIII irrité par la brochure et davantage encore par son post-scriptum, signa une ordonnance, le 20 septembre 1816, qui retirait à Chateaubriand son titre et sa pension de ministre d’État. Ainsi, en un an, l’écrivain avait-il réussi à se mettre à dos le souverain qu’il avait fait profession de servir et qu’il avait contribué à remettre sur le trône. Nous retrouvons ici la contradiction de l’écrivain dont la démarche dessert son ambition politique. Dans le passage des Mémoires relatif à cet épisode, Chateaubriand se met en scène dans une posture sacrificielle :
Ces tracasseries passées, je demeurai saignant des blessures qu’on m’avait faites à l’apparition de ma brochure. Je ne pris pas possession de ma carrière politique sans porter les cicatrices des coups que je reçus en entrant dans cette carrière : je m’y sentais mal, je n’y pouvais respirer27.
Dans cette phrase, l’isotopie du sacrifice se lit à travers les motifs du sang versé et des blessures. L’écrivain évoque sous la forme métaphorique les blessures narcissiques subies. La carrière politique est analogue à une voie pavée de souffrances. La variante d ajoute ce commentaire : « Pour me punir de m’être laissé aller à mon ressentiment, trop vif peut-être, il ne m’a resté qu’à m’immoler. Mais qu’importe qu’on se brûle sur le bûcher funèbre, quand il n’y a plus que de royales cendres ! »28. L’action d’immoler fait référence au sacrifice d’une victime à une divinité, au sacrifice du Christ sur la croix ou sur l’autel. Le bûcher n’est pas sans rappeler la figure de Jeanne d’Arc29 – convoquée une dizaine de fois dans les Mémoires – ainsi que l’autodafé, l’auteur deviendrait alors un hérétique de la politique en vigueur. Le verbe « immoler », dans son acception abstraite, est à rattacher au motif du sang et des cicatrices évoqués dans la phrase précédente et à celui du bûcher : l’auteur développe de façon cohérente la métaphore du sacrifié à la cause légitimiste, le don de soi pouvant aller jusqu’à la mort. L’intime de Chateaubriand se concentre alors dans un moi non seulement sacrifié mais aussi royal : son immolation produit en effet de « royales cendres ».
Malgré la perte de son titre et de sa pension de ministre d’État, Chateaubriand poursuit son action politique dans les années qui suivent, en prononçant à la chambre des pairs des discours rédigés avec soin. Ainsi, en février 1817, il intervient lors du projet d’amendement au titre IX de la loi des finances sur la vente des forêts au clergé, vente à laquelle il s’oppose. « Parmi les ressources prévues figurait le produit de la vente de certains bois qui faisaient partie en 1789 des biens ecclésiastiques et qui avaient été ensuite rattachés au domaine public sans avoir encore été aliénés »30. Chateaubriand exclut que le ministère reprenne « à son compte le bénéfice des confiscations révolutionnaires ; et, de manière générale, [conteste] au clergé catholique le droit de recevoir des dons et de gérer des propriétés foncières »31. Or il ne peut en cette occasion s’empêcher de dériver vers son cas personnel, s’identifiant à ce clergé dépouillé de ses biens : « moi je n’aurai rien à démêler avec la postérité ; je n’ai point de fils ; j’ai perdu le champ de mon père, et quelques arbres que j’ai plantés ne seront bientôt plus à moi »32. Son discours révèle alors ses préoccupations relatives à la menace certaine de la perte de son domaine de la Vallée-aux-Loups car ses revenus ont été amputés de plus de soixante pour cent à la suite de la suppression de sa pension de ministre d’État. Mais cette perte future fait écho à la perte des bois de Combourg. De plus, elle s’inscrit dans une énumération constituée d’une série de négations indiquant autant de pertes. Encore une fois, l’auteur inscrit sa disgrâce dans un destin tragique de sacrifié auquel il s’identifie.
Chateaubriand disgracié ne cesse de poursuivre, en tant que membre de la pairie, sa défense de la Charte et d’une monarchie constitutionnelle. Dans ses Mémoires, l’auteur affirme la constance de cette défense dans chacun de ses discours comme la preuve de son sacrifice. Cette posture de sacrifié comporte toutefois des variations de motifs comme dans l’extrait suivant :
Par la ressemblance des opinions, alors très vives, il s’était établi une camaraderie entre les minorités des deux Chambres. La France apprenait le gouvernement représentatif : comme j’avais la sottise de le prendre à la lettre et d’en faire, à mon dam, une véritable passion, je soutenais ceux qui l’adoptaient, sans m’embarrasser s’il n’entrait pas dans leur opposition plus de motifs humains que d’amour pur comme celui que j’éprouvais pour la Charte ; non que je fusse un niais mais j’étais idolâtre de ma dame, et j’aurais traversé les flammes pour l’emporter dans mes bras. Ce fut dans cet accès de constitution que je connus M. de Villèle en 1816. Il était plus calme ; il surmontait son ardeur ; il prétendait aussi conquérir la liberté ; mais il en faisait le siège en règle ; il ouvrait méthodiquement la tranchée : moi, qui voulais enlever d’assaut la place, je grimpais à l’escalade et j’étais souvent renversé dans le fossé33.
Ce passage comporte la métaphore filée de l’amour courtois, l’écrivain est alors le chevalier soumis, prêt à se sacrifier pour sa Dame qu’il aime passionnément, la Charte étant personnifiée en Dame de la fin’amor. Ne peut-on voir dans la charte l’objet a, l’objet cause du désir de l’obsessionnel ? La dame idéalisée et hors d’atteinte, Chateaubriand en fait la métaphore de la Charte. Voulant défendre une monarchie constitutionnelle, ne veut-il pas sauver les meubles, lui dont les membres de sa famille ont perdu la vie et des biens à cause de la Révolution ? Le vocabulaire de l’excès, l’excès amoureux renvoyant à l’excès de sa croyance idéologique, est présent de part en part et les risques constants de l’entreprise, qu’il mène pourtant de sa propre initiative, sont soulignés à plusieurs reprises (« à mon dam », « j’étais souvent renversé dans un fossé »). Le texte évoque en outre l’hétérogénéité des ultras, les « impatients » auxquels appartenaient l’auteur s’opposaient alors aux « circonspects » comme le modéré Villèle qui désire pousser sa carrière, ainsi que peuvent l’évoquer les « motifs humains » s’opposant à l’« amour pur » de l’écrivain, ou encore les expressions « il en faisait le siège en règle ; il ouvrait méthodiquement la tranchée », à la différence d’un Chateaubriand qui risque la chute par ses prises de position excessives. Cette opposition montre d’autant mieux la posture de sacrifié du moi auctorial.
Dans le chapitre 10 du livre XXV, Chateaubriand recopie, en une version abrégée, son article paru dans Le Conservateur le 5 décembre 1818 et intitulé « De la morale des intérêts matériels et celle des devoirs ». L’auteur y oppose les deux morales et rattache la morale des devoirs à la notion de sacrifice : « Par la morale des intérêts chaque citoyen est en état d’hostilité avec les lois et le gouvernement, parce que dans la société c’est toujours le grand nombre qui souffre. On ne se bat point pour des idées abstraites d’ordre, de paix, de patrie ; ou si l’on se bat pour elles c’est qu’on y attache des idées de sacrifices ; alors on sort de la morale des intérêts pour rentrer dans celle des devoirs : tant il est vrai que l’on ne peut trouver l’existence de la société hors de cette sainte limite ! »34. Deux paragraphes plus loin, Chateaubriand ajoute :
Remarquez ceci : les intérêts ne sont puissants que lors même qu’ils prospèrent ; le temps est-il rigoureux, ils s’affaiblissent. Les devoirs, au contraire, ne sont jamais si énergiques que quand il en coûte à les remplir. Le temps est-il bon, ils se relâchent. J’aime un principe de gouvernement qui grandit dans le malheur : cela ressemble beaucoup à la vertu.
L’auteur articule la morale des devoirs aux temps troubles traversés par la société ; le lecteur pense alors au dix-huitième siècle, « siècle destructeur » selon les mots de Chateaubriand au début de son article. Lors du règne de la Terreur, « le crime paraissait dans sa franchise », écrit l’auteur, en tuant des aristocrates sacrifiés. Il renchérit :
On disait à un homme : « Tu es royaliste noble, riche : meurs » et il mourait. Antonelle35 écrivait qu’on ne trouvait aucune charge contre des prisonniers mais qu’il les avait condamnés comme aristocrates ; monstrueuse franchise, qui nonobstant laissait subsister l’ordre moral ; car ce n’est pas de tuer l’innocent comme innocent qui perd la société, c’est de le tuer comme coupable.
En conséquence, ces temps affreux sont ceux des grands dévouements. Alors les femmes marchèrent héroïquement au supplice ; les pères se livrèrent pour les fils, les fils pour les pères ; des secours inattendus s’introduisaient dans les prisons, et le prêtre que l’on cherchait consolait la victime auprès du bourreau qui ne le reconnaissait pas36.
Chateaubriand n’a de cesse de s’identifier à cet aristocrate sacrifié. D’autant plus que la société, souligne-t-il, reste hantée par l’épisode de la Terreur, comme le prouve l’assassinat du duc de Berry le 13 septembre 1820. Le fils cadet de Monsieur et neveu du roi, l’héritier mâle – la dynastie des Bourbons reposant alors sur lui – a été poignardé par un ouvrier sellier, nommé Louvel.
Les derniers chapitres du livre XXV et le chapitre 1 du livre XXVI couvrent la période de retour en grâce de Chateaubriand auprès de la famille royale. Le texte fait ainsi alterner échecs du sacrifié en politique et regains de bienveillance à son égard. L’écrivain a publié en mai 1820 Mémoires, Lettres et Pièces authentiques touchant à la vie et à la mort de S.A.R. Monseigneur le duc de Berry, ce qui lui a valu la reconnaissance de Louis XVIII ainsi que celle de la Duchesse de Berry. Cependant, l’auteur se représente à nouveau comme incapable de réussir. Cette mise en scène dépréciative de soi se joue sur le mode mineur à l’occasion d’un événement survenu en septembre 1820. La ville de Bordeaux offrit à la Duchesse de Berry un berceau pour le futur héritier du trône. Chateaubriand attacha de l’importance à cette initiative puisqu’elle constituait, selon lui, l’occasion de renforcer les racines populaires d’un sentiment royaliste. Mais alors que les trois dames envoyées par la ville avaient choisi l’écrivain comme interprète et introducteur auprès de la famille royale, le comte de Sèze fut finalement retenu. Cet ancien défenseur de Louis XVI, président de la cour de cassation, fut préféré car il était bordelais. Or l’auteur prit très au sérieux de ne pas jouer un rôle de premier plan en cette occasion somme toute anecdotique au regard des autres missions qu’il a dû assumer durant sa carrière. Il s’accuse de son échec qu’il réinscrit dans une logique destinale : « Il était dit que je ne réussirais jamais à la cour »37.
Le livre XXV se termine sur la nomination de Chateaubriand à l’ambassade de Berlin, il s’agit pour le gouvernement d’éloigner le « dangereux électron libre »38 tout en lui garantissant une porte de sortie honorable et rémunératrice. L’auteur devra toutefois attendre mai 1821 avant de retrouver ses traitements de ministre d’État. Malgré cette reprise de sa carrière politique, Chateaubriand se peint une nouvelle fois en sacrifié : « j’étais un petit Lycurgue »39. Dans le texte de Plutarque consacré à Lycurgue, on apprend que ce législateur de Sparte fit jurer à ses concitoyens qu’ils respecteraient la constitution qu’il avait établie jusqu’à son retour de Delphes, où il devait aller pour consulter la pythie. Mais au lieu de revenir, il leur envoya un oracle favorable puis se laissa mourir de faim. La persistance de cette identification à Lycurgue est à souligner puisqu’un an plus tard, à Londres, en parlant du duc de Montmorency, son ministre, Chateaubriand disait encore : « Il règne et je voyage ; je suis un Lycurgue au petit pied »40.
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Chateaubriand perçoit donc son moi comme un obstacle. Il s’identifie à cette figure du sacrifié en politique tout au long des Mémoires, comme l’analyse de cette courte séquence l’a montré. La citation qui fonde notre exposé cristallise notre thèse : « À Mons, je manquai la première occasion de fortune de ma carrière politique ; j’étais mon propre obstacle et je me trouvais sans cesse sur mon chemin ». La phrase montre que le moi fait symptôme chez Chateaubriand. Le symptôme, c’est étymologiquement ce qui tombe mal, le faux pas, à rattacher ici au verbe « manquer » et à l’« obstacle ». De plus, Lacan a montré que le symptôme est « la façon dont chacun jouit de l’inconscient en tant que l’inconscient le détermine »41. Le symptôme traduit donc, dans le réel de l’écriture, une jouissance liée à un signifiant de l’inconscient, ainsi de la métaphore du sacrifié, du martyr de la monarchie, persistante chez Chateaubriand. Lacan a aussi montré que l’écriture du symptôme se caractérise par une ponctuation répétitive, c’est ce qui ne cesse de s’écrire que l’on retrouve dans le temps de l’imparfait de la citation mais aussi dans l’adjectif « première » impliquant une série, et dans le groupe adverbial « sans cesse ».
Des fils tissés par certains fantasmes nourris dans l’enfance, Chateaubriand a fait du moi son symptôme. Ce moi obstacle, ce moi sacrifié a constitué son destin tragique. L’auteur met ainsi en scène le scénario répétitif de l’homme sacrifié en politique, ce qui n’est pas sans évoquer un scénario fantasmatique propre à la névrose obsessionnelle. L’image de son moi, impuissante en politique, contraste avec son engagement constant. Chateaubriand a de l’ambition sur le plan politique et littéraire en s’adressant à la postérité « outre-tombe ». Toutefois, il met en scène un scénario d’impossibilité de réalisation de son désir. L’intime de l’auteur coïncide donc avec une image inhibée de lui-même. Chateaubriand semble partir d’un constat d’impuissance à laquelle il donne la noblesse du sacrifice et du martyr. Cette impuissance trouverait son origine dans la dépossession matérielle de sa famille aristocratique par la Révolution, comme le montre son identification au clergé dépouillé de ses biens ainsi qu’à l’aristocrate innocent et sacrifié, le duc de Berry. Il se dédouane de la responsabilité de son échec en justifiant a posteriori son échec par l’évocation du destin. Est-ce qu’en montrant son moi comme objet sacrifié, Chateaubriand dit quelque chose de sa vérité, de l’intime, qui serait ce désir de ne pas être là, ou d’être présent comme observateur de sa vie d’échecs et d’aristocrate sacrifié ?
[1] Jean-Claude Berchet, Préface in François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, Paris, Classiques Garnier, quatre volumes, 1989, tome I, p. IX.
[2] Définition issue du Trésor informatisé de la langue française.
[3] L’identification est « la transformation produite par le sujet quand il assume une image » in Jacques Lacan, « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je » (1949), Écrits I, Paris, Seuil, 1966, p. 89-100, ici p. 90.
[4] Geneviève Morel, La Loi de la mère, Paris, Economica, 2008, p. 121.
[5] Jacques Lacan, « Lituraterre », 1971, in Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 11-20 ; Jacques Lacan, Le Séminaire XXIII, Le Sinthome (1975-1976), Paris, Seuil, 2005.
[6] Jacques Lacan, « Introduction au commentaire de Jean Hyppolite sur la Verneinung de Freud » (1954), in Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 369-380.
[7] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome II, p. 634-635.
[8] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., p. 637.
[9] Jean-Claude Berchet, Chateaubriand, Paris, Gallimard, 2012, p. 570.
[10] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome IV, p. 325. En italiques dans le texte.
[11] Ibid., p. 343.
[12] Jacques Lacan, « Jeunesse de Gide ou la lettre du désir », in Écrits II, Paris, Seuil, 1966, p. 217-242.
[13] Julien Gracq, « Le Grand paon » (sept.-oct. 1960), in Préférences, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1989, p. 914-926.
[14] Journal fondé en 1818 comprenant beaucoup de partisans du parti ultra dans ses colonnes (Villèle, Corbières, Vitrolles, Castelbajac). Ce journal s’oppose à la politique libérale de Decazes, ne cesse de polémiquer après l’assassinat du duc de Berry en 1820, et amène au pouvoir les ultras.
[15] Chateaubriand revient sur « sa guerre d’Espagne » au chapitre 1 du livre XXVIII des Mémoires. En initiant cette guerre, il ramène en 1825 sur le trône le roi Ferdinand VII chassé par les révolutionnaires espagnols. Chateaubriand, alors ministre des Affaires étrangères, en fit une affaire personnelle. Il dut forcer la main à Villèle, premier ministre qui pour des raisons financières était peu enclin à se lancer dans l’entreprise.
[16] Pendant son ministère (1823-1824), Chateaubriand défendit les Grecs contre la Turquie et encouragea le tsar Nicolas 1er qui, pour soutenir les Grecs, se tenait prêt à attaquer la Turquie (alors que l’Angleterre redoutait, de son côté, l’influence de la Russie en Orient, et qu’elle s’était déjà opposée à la politique de Chateaubriand en Espagne).
[17] Voir la publication des Grands écrits politiques de Chateaubriand par Jean-Paul ClÉment, Paris, La documentation française, 1993.
[18] Marc Fumaroli, « Le Poète et l’empereur » in Poésie et terreur, Paris, Gallimard, collection Tel, 2006, chapitre IV, « Les contemporains capitaux », p. 584 à 632, ici p. 596-598.
[19] François-René de Chateaubriand, « Préface testamentaire » in Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome I, p. 845.
[20] Jean-Claude Berchet, Préface in François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome I, p. XLVI.
[21] Ibid.
[22] Jacques Lacan, Séminaire VI, Le désir et son interprétation, 1958-1959, version de l’Association freudienne internationale, consultable en ligne à l’adresse : http://ecole-lacanienne.net/bibliolacan/stenotypies-version-j-l-et-non-j-l/, consulté le 07/06/2020.
[23] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome I, p. 634-635.
[24] François-René de Chateaubriand, Préface des Mélanges politiques, Paris, Le Normant, 1816, 399 p., p. 15.
[25] Jacques Lacan, Le Séminaire sur « La Lettre volée », in Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 11-61.
[26] Dans le Séminaire I, Jacques Lacan montre que c’est à partir du point où l’être humain se voit dans l’Autre, réservoir de signifiants, qu’il se regarde, qu’il parle.
[27] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 24.
[28] Ibid. p. 25.
[29] Par exemple au chapitre 6 du livre XXVIII : « Tous mes devoirs étant remplis, je quittai Reims et je pus dire comme Jeanne d’Arc : ‘Ma mission est finie.’ », in François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 143.
[30] Jean-Claude Berchet, Chateaubriand, op. cit., p. 592.
[31] Ibid.
[32] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 27.
[33] Ibid., p. 28
[34] Ibid., p. 36. Nous soulignons.
[35] Le marquis Antonelli, libertin terroriste, avait présidé le jury du Tribunal révolutionnaire lors du procès de la reine, puis annoncé la sentence de mort contre les Girondins.
[36] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 34.
[37] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 41.
[38] Jean-Claude Berchet, Chateaubriand, op. cit., p. 633.
[39] François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 49.
[40] Marcellus, p. 250-251, cité par Jean-Claude Berchet in François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, op. cit., tome III, p. 494, note 2.
[41] Jacques Lacan, Le Séminaire XX, RSI, 1974-1975, consultable en ligne à l’adresse : http://www.valas.fr/Jacques-Lacan-RSI-1974-1975,288, consulté le 07/06/2020.
Résumé
François-René de Chateaubriand représente son moi en « obstacle » dans les Mémoires d’outre-tombe. Cette position narcissique est itérative tout en faisant l’objet de variations. L’ambition politique de l’auteur est alors reversée dans la figure du martyr de la Restauration. L’alternance dans le texte des échecs et des retours en grâce ne sert que mieux l’expression symptomatique d’un moi condamné à faillir.
Abstract
In his masterpiece, F.R. de Chateaubriand’s ego is displayed as an “obstacle”. This Narcissus viewpoint is iterative with many variations. Author’s political ambition made him a Christ’s picture of martyrdom in Restauration Era. Expression of failures and successes highlights a symptomatic fatum with falling and failing ego.
Sibylle Guipaud
Univ-Artois, UR 4028, Textes et Cultures, F-62000 Arras, France
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