« Que si j’eusse été entre ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de la nature, je t’assure que je m’y fusse volontiers peint tout entier, et tout nu », écrit Montaigne dans son Avis au lecteur daté du 1er mars 15801. Or, dans le troisième livre des Essais, l’auteur semble réaliser cette mise à nu, d’abord en évoquant sa sexualité dans « Sur des vers de Virgile » (III, 5) puis en parlant de son corps soumis à la maladie et à la vieillesse, mais toujours désirant et toujours jouissant, dans « De l’expérience » (III, 13).
La connaissance de soi passe par celle du corps qui est en nous la manifestation sensible des « premières lois de la nature », étouffées par la « coutume » et les multiples formes de contrainte religieuse et sociale2. L’intime est donc indissociable du corps et dans « Sur des vers de Virgile », chapitre dont l’obscénité fera scandale et qui sera à l’origine des analyses qui font aujourd’hui de Montaigne, probablement à tort, un précurseur des libertins3, la notion prend son sens moderne : elle désigne en effet à la fois ce qui est le plus personnel et les relations sexuelles, ce qui n’est pas un hasard, puisqu’il s’agit de ce qui est censé n’être connu que de soi. Or, le paradoxe de l’intime dans l’écriture, c’est que le secret, ou du moins ce qui relève de la sphère privée, est dévoilé, rendu public ; le projet de Montaigne étant de se peindre « tout entier », il affirme dès lors à propos de son sexe :
Chacune de mes pièces me fait également moi que tout autre. Et nulle autre ne me fait plus autrement homme que celle-ci. Je dois au public universellement mon portrait4.
Cette audace – parler de la sexualité, mais aussi et surtout de sa sexualité avec ses insuffisances et ses défaillances – distingue le texte de Montaigne de tout ce qui été écrit jusque-là sur un tel sujet. Plus étonnant encore, il choisit explicitement de s’adresser aux femmes :
Je m’ennuie, que mes essais servent les dames de meuble commun seulement, et de meuble de salle : ce chapitre me fera du cabinet : j’aime leur commerce un peu privé. Le public est sans faveur et saveur5.
Le souhait d’une lecture dans cette pièce à usage privé qui vient d’apparaître dans les logis nobles – on y reçoit ses proches, on y rédige sa correspondance – invite les lectrices à partager un espace intime ouvert par le texte lui-même, dans lequel un homme livre ses secrets aux oreilles, qu’il espère bienveillantes, des dames : le dévoilement s’avère ainsi être une ultime tentative de séduction des « essais, en chair et en os »6, comme se désigne si plaisamment l’auteur.
Au reste je me suis ordonné d’oser dire tout ce que j’ose faire. […] La pire de mes actions et conditions ne me semble pas si laide, comme je trouve laid et lâche de ne pas l’avouer7.
L’essai prend donc la forme bien connue de la confession, pour mieux s’en détourner, car les aveux de Montaigne, loin de renvoyer à l’idée d’une quelconque faute, visent à bousculer un tabou :
Mais venons à mon thème. Qu’a fait l’action génitale aux hommes, si naturelle, si nécessaire, et si juste, pour n’en oser parler sans vergogne, et pour l’exclure des propos sérieux et réglés ? Nous prononçons hardiment, tuer, dérober, trahir : et cela nous n’oserions qu’entre les dents8.
L’étonnement face à cette chape de silence est d’autant plus grand que la sexualité est une force d’attraction universelle régissant l’ensemble du monde vivant : « Tout le mouvement du monde se résout et rend à cet accouplage : C’est une matière infuse partout : C’est un centre où toutes choses regardent »9. Dans un monde soumis à la « branloire pérenne », c’est là le branle premier et essentiel.
Montaigne pointe la contradiction entre une action naturelle et universelle et cette interdiction d’en parler qui est d’autant plus hypocrite que « les mots qui sont le moins en usage, moins écrits et mieux tus, sont les mieux sus et plus généralement connus : nul âge, nulles mœurs l’ignorent, non plus que le pain ». Aussi peut-il faire l’hypothèse que « moins nous en exhalons en paroles, d’autant nous avons loi d’en grossir la pensée »10.
Mais le tabou de la sexualité est loin d’être universel et Montaigne s’étend longuement sur l’adoration du phallus chez les Grecs, la possibilité chez certains peuples de voir le futur conjoint nu et d’éviter ainsi d’« acheter chat en poche »11, et enfin sur le fait que l’Antiquité nous a laissé nombre d’Arts d’aimer – entendre d’ouvrages de techniques permettant d’atteindre la volupté – dont Montaigne dresse complaisamment la liste12, mais aussi et surtout une littérature érotique qui est l’objet même du chapitre : le texte est en effet un véritable centon de citations latines consacrées à la sexualité ; ainsi tandis que les « vers de Virgile » du titre évoquent l’union de Vénus et de Vulcain dans l’Énéide – « Vénus n’est pas si belle toute nue, et vive, et haletante comme elle est ici chez Virgile »13 –, les amours de la même Vénus et de Mars sont chantées par Lucrèce, cette « jouissance dérobée »14 étant jugée par l’auteur autrement plus délicieuse que la « maritale »15.
Le latin, dont on sait par ailleurs qu’il a été la première langue de Montaigne, est donc la langue du sexe16 ; tandis que le français utilise des termes tels que « membre », « besongne », « action genitale » ou la métaphore « décharger ses vases », le latin propose lui des termes autrement plus précis, « mentula », « sicula », « vulva », « culilingus », tirés principalement des Satires de Juvénal17 ou des Épigrammes de Martial. Les auteurs antiques joueraient donc pour Montaigne le même rôle que les musées et les dictionnaires médicaux pour les adolescents du XIXe siècle ; ce sont les supports d’une connaissance interdite, d’un voyeurisme délectable, dissimulés sous le masque de la culture et du savoir.
Mais ce langage cru et anatomique est loin d’être un idéal pour Montaigne, puisqu’il n’offre pas la « belle route à l’imagination » si nécessaire au désir ; citant un vers trivial d’Ovide « Et nudam pressi corpus adusque meum » [« et je l’ai pressée nue contre mon corps »], il écrit : « il me semble qu’il me chaponne », car « celui qui dit tout, il nous saoule et nous dégoûte ». En revanche les vers de Virgile et Lucrèce, « traitant ainsi réservément et discrètement de la lascivité, comme ils font, me semblent la découvrir et éclairer de plus près »18.
La langue doit cacher, dissimuler pour faire rêver. Montaigne éclaire ainsi ce qui fera la distinction entre pornographie et érotisme ; l’acte sexuel est une « volupté, vite et précipiteuse », or, puisque « notre désir s’accroît par la malaisance »19, il a besoin d’obstacles mais aussi de « préambules » afin de durer plus longtemps : un ancien n’a-t-il pas exprimé le souhait d’avoir « le long col d’une grue pour goûter plus longtemps ce qu’il avalait » ?20
Les mots des poètes procurent ainsi une jouissance proprement sexuelle :
Quand je rumine, écrit-il à propos du texte de Lucrèce, ce rejicit, pascit, inhians, molli, fovet medullas, labefacta, pendet, percurrit, et cette noble, circumfusa, mère du gentil, infusus, j’ai dédain de ces menues pointes et allusions verbales, qui naquirent depuis21.
L’auteur ajoute :
Quand je vois ces braves formes de s’expliquer, si vives, si profondes, je ne dis pas que c’est bien dire, je dis que c’est bien penser. C’est la gaillardise de l’imagination qui élève et enfle ces paroles. […] le sens éclaire et produit les paroles : Non plus de vent ains [mais] de chair et d’os22.
L’équivalence entre les mots et la chair, c’est l’équivalence entre le texte et le sexe ; les mots sont à l’égal des corps, source de jouissance, mais comme les corps, pour être désirés, ils doivent ne pas se donner immédiatement.
Montaigne propose ainsi à la fois un art d’aimer et une poétique ; certes, il faut tout dire, mais pas dans une langue obscène parce qu’anatomique ; seule la poésie est apte à dire le désir, et seul le secret peut offrir la jouissance. Aussi paradoxalement, Montaigne rétablit une forme d’interdit sur le langage puisque c’est ainsi que le sexe devient objet de curiosité et donc de désir : comment ne pas citer l’amusante anecdote à propos de sa fille ? Adolescente « d’une complexion, tardive mince et molle », elle lit à haute voix un livre où se trouve le mot « fouteau », qui désigne le hêtre. Elle est alors invitée « un peu rudement » par sa gouvernante à passer « par-dessus ce mauvais pas » ! Montaigne de commenter :
si je ne me trompe, le commerce de vingt laquais, n’eût su imprimer en sa fantaisie, de six mois l’intelligence et usage, et toutes les conséquences, du son de ces syllabes scélérées, comme fit cette bonne vieille par sa réprimande et interdiction23.
L’initiation à la sexualité passe donc par les mots interdits. Mais n’est-ce pas dans la nature même de l’amour de ne s’épanouir que dans le secret ? L’un des grands motifs du texte est ainsi l’opposition entre mariage et l’amour : « on ne se marie pas pour soi », mais « pour sa postérité, pour sa famille »24, et une telle union ne peut, au mieux, que ressembler à l’amitié ; l’amour en revanche est « une agitation éveillée, vive et gaie »25 qui ne peut ni être officialisée, ni s’installer dans la durée puisque « c’est contre la nature de l’amour, s’il n’est violent, et contre la nature de la violence, s’il est constant »26.
Aussi l’amour ne peut-il être que hors-la-loi. De ce fait, comme l’écrit Montaigne, qui a néanmoins « plus sévèrement observé les lois du mariage qu’[il] ne l’avait [t] ni promis ni espéré »27, si l’on peut trouver un « plaisir plat » dans les liens légitimes, il ne saurait être comparé au « plaisir chatouillant, plus vif et plus aigu » car « attisé par la difficulté »28 des amours illégitimes. Cette clandestinité est aussi nécessaire pour garantir la réputation des dames que l’on aime : Montaigne s’indigne ainsi contre les « vanteries des faveurs reçues et libéralité secrète des dames. Vraiment c’est trop d’abjection, et de bassesse de cœur, de laisser ainsi fièrement [cruellement] persécuter, pétrir et fourrager ces tendres grâces »29.
Imposer la chasteté, et faire de cette chasteté la source de l’honneur d’une famille est par ailleurs autant une absurdité qu’une injustice ; les femmes étant dotées par la nature d’une appétence sexuelle encore plus grande que celle de l’homme, « c’est donc folie d’essayer à brider aux femmes un désir qui leur est si cuisant et si naturel »30. Aussi « les femmes n’ont pas tort du tout, quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde. D’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles »31.
Mais dans le même temps, comment ne pas reconnaître que ces règles sont excitantes puisqu’elles font de l’amour un jeu plein de danger et d’attrait : « Un galant homme n’abandonne point sa poursuite, pour être refusé pourvu que ce soit un refus de chasteté, non de choix. Nous avons beau jurer et menacer, et nous plaindre : nous mentons : nous les en aimons mieux »32, car le « prix de la victoire, se considère par la difficulté »33.
Les interdits sont dès lors nécessaires pour être contournés, et le cocuage est de ce fait universel : « chacun de vous a fait quelqu’un cocu », écrit Montaigne, qui conseille d’éviter « d’arracher de l’ombre et du doute, nos malheurs privés pour les trompetter en échafauds tragiques » ; la relation amoureuse doit rester secrète, et la discrétion des amants doit aussi être celle du mari offensé : car « bonne femme et bon mariage, se dit, non de ce qu’il est, mais duquel on se tait »34.
En un mot, à l’exigence de tout dire et de tout montrer de la sexualité, possibilité que Montaigne n’exclut pas dans une société qui serait restée proche des lois de la nature, se substitue la nécessité au contraire de cacher, d’utiliser un langage oblique, et de se taire non seulement sur ses relations amoureuses, mais aussi sur celles des autres. C’est ce silence, qui n’est dû ni à l’ignorance ni aux règles morales et religieuses, qui devient le garant de l’espace intime dans lequel peut naître et s’épanouir l’amour, dans un secret partagé entre un homme et une femme.
Faut-il néanmoins en conclure comme le fit Dominique Brancher que l’on peut renverser les termes du manifeste – « je me suis ordonné d’oser dire tout ce que j’ose faire » – et affirmer que Montaigne « n’ose pas faire ce qu’il dit »35 ? On peut en douter, d’abord parce que pour l’auteur des Essais, l’amour est une passion « qui mêle à bien peu d’essence solide, beaucoup plus de vanité et de rêverie fiévreuse » et que cette cristallisation de fantasmes fait déjà pleinement partie du plaisir sexuel : « Qui n’a jouissance, qu’en la jouissance, qui ne gagne que du haut point, qui n’aime la chasse qu’en la prise, il ne lui appartient pas de se mêler à notre école »36.
Aussi oser écrire, c’est déjà oser faire, et « Sur des vers de Virgile », par ce qu’il dévoile sur la sexualité des hommes et des femmes, mais aussi parce qu’il est probablement dans l’histoire occidentale le premier portrait à dire l’intimité sexuelle, est un texte d’autant plus audacieux que Montaigne, rappelle à plusieurs reprises qu’il a dû combattre sa propre pudeur : « j’aime la modestie : et n’est par jugement que j’ai choisi cette sorte de parler scandaleux, c’est nature qui l’a choisi pour moi »37. Aussi s’est-il montré devant ses lecteurs et ses lectrices nu comme nous le serons tous devant ce « grand juge » auquel rien n’échappe et qui soulève les vêtements « d’autour nos parties honteuses », pour « nous voir partout, jusques à nos intimes et plus secrètes ordures »38.
« Affamé de s[e] faire connaître »40, se recherchant « jusqu’aux entrailles »41, Montaigne reprend aux huguenots la pratique de la confession « en public », et se met dans les pas de « S. Augustin, Origene et Hippocrates » ; mais à la différence de ces derniers qui ont publié les « erreurs de leurs opinions », c’est de ses « mœurs »42, terme qui désignerait donc déjà de façon moderne le comportement sexuel d’un individu, qu’il se confesse.
Or, loin d’offrir l’image, comme certains critiques l’écrivent, d’un séducteur, si ce n’est un Dom Juan, Montaigne se présente d’emblée comme un vieillard – en 1588, date de la parution du livre III, il n’a pourtant que cinquante-cinq ans – un homme au corps douloureux et sans vigueur, rêvant encore d’un amour qui le « divertirait de mille pensées ennuyeuses, de mille chagrins mélancoliques que l’oisiveté nous charge en tel âge », et « réchaufferait au moins en songe, ce sang que la nature abandonne »43.
Même si cette passion n’est « naturellement et proprement en sa saison qu’en l’âge voisin de l’enfance »44 et qu’il faut laisser la place à la « verte et bouillante jeunesse »45, le désir du corps de l’autre est toujours là. Socrate pourtant « plus vieil » encore que Montaigne, ne ressentit-il pas, après avoir fortuitement touché l’épaule d’un « objet amoureux », comme une « morsure de bête » dans sa propre épaule, qui « fourmill[a] pendant cinq jours » puis « écoula » dans son cœur une « démangeaison continuelle » ? Un simple « attouchement », et par « une épaule », suffirait donc à « échauff[er] » une « âme refroidie et altérée par l’âge, Et la première de toutes les humaines, en réformation » ? Pourquoi s’en étonner ? « Socrates était homme : et ne voulait ni être ni sembler autre chose »46.
Cette anecdote rapportée par Montaigne, qui dans les derniers mots des Essais (III, 13) demande à ce que la « vieillesse » soit traitée « plus tendrement »47, permet de percevoir que le corps désirant ne se limite pas à la zone génitale, surtout chez un vieillard dont les « parties » dites « honteuses » sont probablement, comme l’écrit l’auteur des siennes, « asteure […] proprement honteuses et peineuses »48, incapables non pas de remplir complètement leur office, mais d’être à la hauteur du désir, toujours aussi fougueux malgré l’âge :
Nature se devait contenter d’avoir rendu cet âge misérable, sans le rendre encore ridicule. Je hais, de le voir pour un pouce de chétive vigueur, qui l’échauffe trois fois la semaine, s’empresser et se gendarmer, de pareille âpreté, comme s’il avait quelque grande et légitime journée dans le ventre [de quoi tenir une journée] : Un vrai feu d’étoupe : et admire sa cuisson si vive et frétillante, en un moment si lourdement congelée et éteinte49.
Cette disproportion entre la force du désir et sa réalisation concrète n’est cependant pas présentée comme quelque chose de nouveau : si la « lésion énormissime » que lui fit la nature en lui donnant un petit sexe a pu provoquer l’insatisfaction de ses maîtresses, et sa « honte »50, il est aussi clairement question d’impuissance ; « ce malheur, écrivait-il déjà dans De la force de l’imagination, n’est à craindre qu’aux entreprises, où notre âme se trouve outre mesure tendue de désir et de respect », et il se peut même que l’homme s’affaiblissant avec l’âge on se trouve « moins impuissant de ce qu’il est moins puissant »51.
Les critiques s’interrogent ainsi toujours sur une formule énigmatique – « jamais homme n’eut ses approches plus impertinemment génitales »52 – qui est interprétée de diverses façons. « Impertinemment » signifiant « qui ne convient pas », l’explication la plus courante, et que l’on trouve dans la plupart des éditions, est que Montaigne prenait le risque de procréer dans chacune de ses relations sexuelles ; cela est néanmoins peu probable, puisque quelques lignes plus tôt, il évoque sa pratique du coitus interruptus : « j’ai fait caler sous l’intérêt de leur honneur, le plaisir en son plus grand effort, plus d’une fois »53. Peut-être évoque-t-il alors une ardeur incontrôlable, puisque dans Des trois commerces (III, 3), il décrivait ses relations avec les femmes en ces termes :
Mais c’est un commerce où il se faut tenir un peu sur ses gardes, Et notamment en ceux pour qui le corps peut beaucoup, comme en moi. Je m’y échaudai en mon enfance, et y souffris toutes les rages, que les poètes disent advenir à ceux, qui s’y laissent aller sans ordre et sans jugement54.
Une autre hypothèse proviendrait de ce que le mot « impertinence » est explicitement utilisé pour signifier l’incapacité à satisfaire sexuellement sa partenaire : « Qui peut attendre le lendemain, sans mourir de honte, le dédain de ces beaux yeux, consens de sa lâcheté et impertinence »55 ?
Dès lors, faut-il retenir l’interprétation d’Élisabeth Joly, qui, dans un passionnant article « Une jouissance dérobée. Une érotique des Essais de Montaigne »56, y voit l’aveu de l’impuissance de l’auteur ? Peut-être, mais plus largement, il pourrait s’agir d’une sexualité dont l’auteur ne parvient pas à avoir la maîtrise, puisqu’il avoue aussi être d’une « nature » qui le rend parfois dans l’acte charnel « vicieux en soudaineté »57.
Loin d’être le récit d’exploits sexuels, le texte de Montaigne met donc en scène une fragilité, qui n’est peut-être pas seulement personnelle, mais aussi universelle ; après tout, la nature n’a-t-elle pas donné à l’homme un « membre inobédient et tyrannique »58 ? La peur du nouement d’aiguillettes si longuement évoquée dans De la force de l’imagination ne signifie-t-il pas que la virilité, loin de l’image conventionnelle, a sa part de faiblesse, et plus encore de féminité ?
Lorsqu’il décrit son amour pour les textes poétiques et la langue latine, les métaphores employées sont ainsi nettement phalliques :
Leur langage est tout plein, et gros d’une vigueur naturelle et constante. Ils sont tout épigramme : non la queue seulement, mais la tête, l’estomac et les pieds. […] Ce n’est pas une éloquence molle, et seulement sans offense : Elle est nerveuse et solide, qui ne plaît pas tant comme elle remplit et ravit : Et ravit les plus forts esprits59.
Cette langue « toute virile » – « Contextus totus virilis »60 – est certes présentée comme un idéal auquel aspire Montaigne, mais dans le même temps, il traduit une « jouissance toute féminine »61 que l’on retrouve dans les dernières lignes du chapitre, à travers une citation de Catulle, dans laquelle peut se lire un « portrait de l’auteur en jeune fille », comme l’écrit Chantal Liaroutzos62.
Les vers du poète latin mettent en scène une jeune fille qui se levant « d’un bond à l’approche de sa mère » laisse échapper une pomme, « présent furtif adressé par un amant », dissimulée sous sa « souple tunique » ; dès lors, « la rougeur de la honte envahit le visage confus de la jeune fille »63. La symbolique sexuelle, proche de celle de La Cruche cassée de Chardin, est évidente ; la jeune fille est devenue ou est sur le point de devenir femme. L’essai offert par un Montaigne rougissant à ses lectrices est donc cette pomme qui « roule emporté[e] par sa course rapide »…
Cette image charmante d’un auteur se mettant à nu en s’identifiant à une jeune fille est peut-être la traduction fantasmée d’une effémination due à la vieillesse ; ne définissait-il pas ironiquement quelques lignes plus tôt ce chapitre des Essais comme un « notable commentaire » « échappé d’un flux de caquet » ? Quoi qu’il en soit, à l’heure où se multiplient les travaux sur la construction des identités sexuées, Montaigne n’hésite pas à reconnaître en lui une part de féminité64.
Les femmes sont les destinataires du texte, mais si Montaigne parle avant tout de lui, il utilise aussi le plus souvent un « nous » qui renvoie à tous les hommes. Aussi son entreprise vise-t-elle à offrir à ses lectrices le point de vue masculin sur la sexualité, pour d’emblée constater que leur tentative de contrôle du sexe féminin est une entreprise vaine. Les hommes imposent en effet aux femmes une injonction contradictoire : « Nous les dressons dès l’enfance, aux entremises de l’amour : Leur grâce, leur attifure, leur science, leur parole, toute leur instruction ne regarde qu’à ce but »65 ; or, et alors qu’elles sont par nature plus « ardentes », les lois masculines leur enjoignent de rester chastes et fidèles ; en un mot, il faut aux hommes des femmes « et chaudes et froides »66, auxquelles sera interdite l’expression de leur propre désir.
Elles devront donc simuler l’ignorance en matière de sexualité pour donner davantage de prix à leur conquête, alors qu’elles en savent, en ce domaine autant, sinon plus, que les hommes, comme a pu le constater Montaigne :
Mon oreille se rencontra un jour en lieu, où elle pouvait dérober aucun des discours faits entre elles sans soupçon : Que ne puis-je le dire ? Notre Dame (fis-je), allons à cette heure étudier des phrases d’Amadis et des registres de Boccace et de l’Arétin, pour faire les habiles, nous employons vraiment bien notre temps. Il n’est ni parole, ni exemple, ni démarche, qu’elles ne sachent mieux que nos livres67.
Pendant que les hommes lisent des romans de chevalerie ou des histoires grivoises, pour s’initier à l’amour et pénétrer le monde mystérieux des femmes, ces dernières avec pour seuls « maîtres d’école, nature, jeunesse, et santé », « vous font bien connaître que nous ne leur apportons rien, qu’elles n’aient su et digéré sans nous ». En un mot, « Nous ne sommes qu’enfants au prix d’elles, en cette science »68.
Cette supériorité dissimulée (et fantasmée…) des femmes n’entre-t-elle pas en contradiction avec la conception de la passivité féminine héritée d’Aristote69 :
De vrai, selon la loi que nature leur donne, ce n’est pas à proprement à elles de vouloir et désirer. Leur rôle est souffrir [subir], obéir, consentir : C’est pourquoi nature leur a donné une perpétuelle capacité : à nous rare et incertaine : Elles ont toujours leur heure afin qu’elles soient toujours prêtes à la nôtre. Pati natae [nées pour être passives]70.
L’ambivalence de la formulation est néanmoins manifeste ; car cette « passivité » est en même temps une « perpétuelle capacité », alors que la capacité masculine est aléatoire et fragile.
Montaigne n’exclut pas une inversion des rôles masculin et féminin, comme l’attestent l’exemple des amazones71 et l’étrange hypothèse, reprise de Platon, que les femmes aient été « des garçons débauchés » dans une vie antérieure72. Il a par ailleurs conscience que la faiblesse féminine n’est peut-être qu’un masque qui leur sert à mieux attraper les hommes :
elles pipent bien mieux notre désir, et cachent le leur. Qu’elles fuient toujours devant nous. Je dis celles mêmes qui ont à se laisser attraper. Elles nous battent même en fuyant, comme les Scythes73.
À l’arrière-plan de tous ces passages, on pourrait néanmoins reconnaître une pensée misogyne relativement traditionnelle et exprimant la peur de la femme, mais de la même façon que pour l’autoportrait, ces énoncés parfois contradictoires provoquent un ébranlement des frontières entre masculin et féminin, qui conduit à la célèbre conclusion de l’essai :
Je dis, que les mâles et femelles, sont jetés en même moule. Sauf l’institution [éducation] et l’usage, la différence n’y est pas grande. Platon appelle indifféremment les uns et les autres à la société de tous études, exercices, charges, vacations guerrières et paisibles, en sa république. Et le philosophe Antisthenes ôtait toute distinction entre leur vertu et la nôtre. Il est bien plus aisé d’accuser l’un sexe, que d’excuser l’autre. C’est ce qu’on dit. Le fourgon se moque de la pelle74.
Cette dernière expression, proverbiale, n’a semble-t-il pas de connotation sexuelle et signifie « railler chez autrui ses propres défauts ». Aussi Montaigne dans la pointe finale de son texte établit-il une relation de miroir entre l’homme et la femme, et se moque de tous les discours que chaque sexe peut tenir sur l’autre, et peut-être aussi de lui-même. La guerre des sexes est absente chez Montaigne, et l’affirmation de l’égalité entre les hommes et les femmes « jetés dans un même moule » instaure une relation de complicité et de partage.
L’acte sexuel n’est pas seulement un besoin physiologique présent chez les deux sexes, mais une « soif de cette jouissance en un sujet désiré »75 et la rencontre de deux désirs et de deux volontés : « j’ai horreur d’imaginer mien, un corps privé d’affection », et « Je dis pareillement, qu’on aime un corps sans âme ou sans sentiment quand on aime un corps sans son consentement, et sans son désir »76. L’amour est ainsi défini :
c’est un commerce [un échange] qui a besoin de relation et de correspondance : Les autres plaisirs que nous recevons, se peuvent reconnaître par récompenses de nature diverse. Mais cettui-ci, ne se paye que de même espèce de monnaie. En vérité, en ce déduit, le plaisir que je fais chatouille plus doucement mon imagination que celui que je sens. Or cil n’a rien de généreux qui peut recevoir plaisir où il n’en donne point : C’est une vile âme qui veut tout devoir77.
Montaigne promeut une véritable éthique du partage dans la relation amoureuse78, éthique qui se traduit aussi et par la discrétion, et par la loyauté :
Elles y ont trouvé de la fidélité jusques au service de leur inconstance. […] Je n’ai jamais rompu avec elles, tant que j’y tenais, ne fût que par le bout d’un filet : Et quelques occasions qu’elles m’en aient donné, n’ai jamais rompu jusques au mépris et à la haine […]. J’ai observé ma parole, ès choses de quoi on m’eût aisément dispensé79.
Même si le coït s’accompagne d’une perte momentanée de la conscience, corps et esprit sont indissociables dans l’amour : comme pour tout plaisir physique, Montaigne le « joui[t] au double »80 parce qu’il est pensé et qu’il devient un plaisir des mots. Il y a dès lors équivalence du texte et du sexe81. Par cette mise à nu, par ses confidences, Montaigne exprime le rêve de séduire encore par l’aveu de ses faiblesses et de sa propre féminité. Dans l’espace privé du cabinet, la lecture devient une rencontre entre un auteur et ses lectrices, qui partagent les mêmes secrets, sans oser les dire, sans pouvoir les dire, en un mot un acte d’amour.
[1] MONTAIGNE, Essais I (exemplaire de Bordeaux), éd. E. Naya, D. Reguig-Naya et A. TarrÊte, Paris, Gallimard, « folio classique », 2009, p. 119.
[2] Voir à ce sujet l’éclairant chapitre « Le moment du corps », Jean STAROBINSKI, Montaigne en mouvement, Gallimard, « folio essais », 1993 [1re éd. 1982], chap. IV, p. 267-350.
[3] Il y a certes chez Montaigne une mise en cause de l’ordre conjugal et de la répression sexuelle, mais loin d’en contester radicalement les fondements, il propose d’y échapper par la création d’un espace intime entre l’homme et la femme hors du regard social. Par ailleurs, l’amour repose chez lui sur une « éthique de la loyauté », (Jean STAROBINSKI, Montaigne en mouvement, Gallimard, « folio essais », 1993 [1re éd. 1982], p. 193-194) qui exclut tout cynisme et ne réduit pas la sexualité à une dimension purement physique.
[4] MONTAIGNE, Essais III (exemplaire de Bordeaux), éd. E. Naya, D. Reguig et A. Tarrête, Paris, Gallimard, « folio classique », 2009, p. 152-153.
[5] Ibid., p. 95.
[6] Ibid., p. 90.
[7] Ibid., p. 92.
[8] Ibid., p. 96. Voir aussi p. 139-140 : « Sommes-nous pas bien brutes de nommer brutale [bestiale] l’opération qui nous fait » ?
[9] Ibid., p. 110.
[10] Ibid., p. 96.
[11] Ibid., p. 150. L’expression signifie « acheter quelque chose sans connaître ou vérifier sa nature et son état ».
[12] Ibid., p. 110.
[13] Ibid., p. 98.
[14] Ibid., p. 131.
[15] Ibid., p. 98.
[16] Voir l’article de Dominique BRANCHER, « Virgile en bas-de-chausse. Montaigne et la tradition de l’obscénité latine », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance (B.H.R.), t. LXX, n° 1, p. 95-122.
[17] Essais III, op. cit., p. 106.
[18] Ibid., p. 142.
[19] Titre de l’essai, II, 15 : « Que notre désir s’accroit par la malaisance ».
[20] Essais III, op. cit., p. 142-143.
[21] Essais III, op. cit., p. 131.
[22] Ibid., p. 131-132.
[23] Ibid., p. 108-109.
[24] Ibid., p. 98.
[25] Ibid., p. 157.
[26] Ibid., p. 149.
[27] Ibid., p. 103.
[28] Ibid., p. 105.
[29] Ibid., p. 118.
[30] Ibid., p. 122.
[31] Ibid., p. 105.
[32] Ibid., p. 116.
[33] Ibid., p. 117.
[34] Ibid., p. 126-127.
[35] Dominique BRANCHER, « Virgile en bas-de-chausse… », art. cit., p. 120.
[36] Essais III, op. cit., p. 142-143.
[37] Ibid., p. 154.
[38] Ibid., p. 153. C’est là une des rares occurrences de l’adjectif « intime » dans les Essais – on trouve « intimes amis » ou « intimes secrets » – et la seule où il y a clairement renvoi aux « parties intimes ». Par ailleurs, comment ne pas comparer ce passage avec le préambule des Confessions de Rousseau : « Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. »
[39] Nous reprenons cette expression à Dominique BRANCHER, « Virgile en bas-de-chausse… », art. cit., p. 122.
[40] Essais III, op. cit., p. 94.
[41] Ibid., p. 95.
[42] Ibid., p. 94.
[43] Ibid., p. 161.
[44] Ibid., p. 163.
[45] Ibid., p. 161.
[46] Ibid., p. 158-159.
[47] Ibid., III, 13, p. 481.
[48] Ibid., p. 140.
[49] Ibid., p. 151-152.
[50] Ibid., p. 152.
[51] Essais I, op. cit., chap. I, 21, p. 246.
[52] Essais III, op. cit., p. 156.
[53] Ibid. p. 156.
[54] Ibid., III, 3, p. 64.
[55] Ibid., p. 152.
[56] Élisabeth JOLY, « Une jouissance dérobée. Une érotique des Essais de Montaigne », Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, n° 27-28, juillet-décembre 2002, p. 47-59, p. 53.
[57] Essais III, op. cit., p. 143.
[58] Ibid., p. 112-113. Voir aussi l’article de Frank LESTRINGANT, « L’action génitale. À propos du plaidoyer pour le membre (Essais, I, 21) », Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, n° 19-20, juillet-décembre 2000, p. 65-79.
[59] Ibid., p. 131.
[60] Ibid., p. 131. La citation est de Sénèque, Lettres à Lucilius, XXXIII, 1.
[61] Élisabeth JOLY, « Une jouissance dérobée… », art. cit., p. 51.
[62] Chantal LIAROUTZOS, « Portrait de l’auteur en jeune fille », Le livre III des Essais de Montaigne, Cahiers Textuel 34/44, n° 26, 2003, p. 121-131.
[63] Ibid., p. 165. Catulle, Poésies, LXV, v. 19-24. Nous donnons des éléments de la traduction.
[64] Voir sur cette question, le très convaincant ouvrage d’Isabelle KRIER Montaigne et le genre instable, Paris, Classiques Garnier, 2015.
[65] Essais III, op. cit., p. 108.
[66] Ibid., p. 107.
[67] Ibid., p. 109.
[68] Ibid., p. 109.
[69] Voir Isabelle KRIER, « Examen sceptique de la gynécocratie », Nouveau Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, n° 46, 2e semestre 2007, p. 67-84.
[70] Essais III, op. cit., p. 148-149.
[71] Ibid., p. 149.
[72] Ibid., p. 109. Dans le récit de création rapporté par Platon, tous les humains naissent dans le sexe « noble » et masculin, et ceux qui se conduisent mal se réincarnent en femmes, puis en animaux (Timée, 42C).
[73] Essais III, op. cit., p. 148.
[74] Ibid., p. 165-166.
[75] Ibid., p. 138.
[76] Ibid., p. 145.
[77] Ibid., p. 162.
[78] Voir Madeleine LAZARD, « Un art d'aimer », Montaigne et la femme : « Sur des vers de Virgile », chapitre 5 du livre III des Essais, Paris, Arléa, 2010, p. 7-31.
[79] Essais III, op. cit., p. 155.
[80] Ibid., III, 13, p. 475 ; « Il y a du ménage à la jouir [la vie]. Je la jouis au double des autres : Car la mesure dans la jouissance dépend du plus ou moins d’application que nous y prêtons ».
[81] Voir sur cette équivalence, Edward TILSON, « Sur de viriles verges : l’Éros, l’écriture et l’être dans l’essai III 5 de Montaigne », Versants, Revue suisse des littératures romanes, n° 47, Slatkine, Champion, Genève, 2004, p. 5-45.
Résumé
Dans « Sur des vers de Virgile », essai dont l’obscénité fera scandale, Montaigne réalise son projet de mise à nu, en proposant une confession sur ses « mœurs », autrement dit sur sa vie sexuelle. Non content de lever l’interdit qui empêche de parler ouvertement de la sexualité, il propose un « autoportrait sexuel » et dévoile, au sens moderne du terme, son intimité ; or ce chapitre est avant tout destiné aux lectrices qu’il invite à se retirer dans leur « cabinet » pour le lire ; loin du stéréotype viril, il reconnaît ses défaillances et sa part de féminité, peut-être dans une ultime tentative de séduction.
Abstract
In “Sur des vers de Virgile”, an essay whose obscenity will be scandalous, Montaigne carries out his project of exposing himself, by proposing a confession about “his morals”, in other words about his sexual life. Not content with lifting the ban on openly discussing sexuality, he proposes a “sexual self-portrait” and reveals, in the modern sense of the term, his intimacy; yet this chapter is above all intended for female readers whom he invites to retire into their “cabinet” to read it; far from the masculine stereotype, he acknowledges his failures and his share of feminity, perhaps in an ultimate attempt at seduction.
Marianne CLOSSON
Univ-Artois, UR 4028, Textes et Cultures, F-62000 Arras, France
MONTAIGNE, Essais I, II, III, (exemplaire de Bordeaux), éd. E. Naya, D. Reguig-Naya et A. TarrÊte, Paris, Gallimard, « folio classique », 2009, 3 vol.
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