Eu égard au très riche héritage culturel qu’elles ont laissé à la communauté scientifique, les sources historiographiques jésuites ont constitué, à partir du XVIIe et du XVIIIe siècle, une matière aussi dense que fertile pour l’entreprise de travaux de recherche incluant, dans une perspective bien souvent transversale, diverses disciplines des sciences naturelles mais également des sciences humaines et sociales1. Qu’elles aient été conduites à visées scientifiques, historiques, anthropologiques ou encore ethnobotaniques, ces investigations ont donc pu s’appuyer, dans les faits, sur des textes rédigés en espagnol par des chroniqueurs jésuites ayant appartenu au Grand Siècle et, bien sûr, à celui des Lumières.
Indéniablement, ces corpus, écrits depuis l’Espagne et l’Amérique par des intellectuels de la Société de Jésus avant leur expulsion de ces territoires en 1767, ont laissé des traces historiographiques qui ont servi non seulement de supports matériels mais aussi de points d’ancrage conceptuels et théoriques à bon nombre de raisonnements scientifiques menés postérieurement.
Dans cette perspective, parmi les documents historiques majeurs ayant porté l’empreinte de la Compagnie de Jésus en Amérique espagnole, il nous faut pointer le cas singulier d’un ouvrage qui va constituer, à lui seul ou presque, l’objet de notre étude : le Materia Médica Misionera2. D’emblée, il convient de préciser que si l’origine de ce traité d’herboristerie n’a pas pu être déterminée de façon exacte, l’historiographie en a néanmoins attribué la paternité à un botaniste jésuite espagnol répondant au nom de Pedro de Montenegro. Ainsi, autour de l’année 1711, c’est en plein cœur de la selva paraguayenne, espace de vie des indigènes guaranis, que ce scientifique et missionnaire rédigerait le Materia Médica Misionera, un document à la richesse inouïe qui attesterait l’ampleur du travail de terrain effectué par les membres de la Compagnie de Jésus dans les missions implantées dans cette aire géographique et culturelle de l’Amérique espagnole3.
De ce dur labeur, basé essentiellement sur l’observation et l’analyse des pratiques thérapeutiques historiquement ancrées dans les mœurs des communautés guaranies, a résulté l’élaboration de cette pharmacopée jésuite, produisant un document scientifique et didactique en tous points inédit pour l’époque. Fruit de nombreuses identifications et collectes ainsi que de minutieux classements des plantes médicinales peuplant la géographie paraguayenne, l’ouvrage offre non seulement les illustrations de 134 espèces végétales, nommées à la fois en langues espagnole et vernaculaire, mais il en décrit, en outre, les vertus médicinales ainsi que les bienfaits thérapeutiques4. Pour ce faire, Pedro de Montenegro utilise une méthode qui a reposé, à nos yeux, sur une subtile combinaison de savoirs académiques et de savoirs empiriques en y imbriquant, à cet effet, les sphères de la botanique, de la pharmaceutique ou encore de la proto-médecine.
De cette manière, ce sujet va d’abord nous permettre de voir dans quelle mesure le bagage académique acquis par le jésuite Montenegro à Madrid a irrigué ses premières missions scientifiques espagnoles et américaines. Aussi, il s’agira d’étudier comment les vertus médicinales de l’ethnobotanique hispano-guarani, mises en lumière dans le Materia Médica Misionera, ont résulté d’une combinaison de connaissances croisant des savoirs grandiloquents et un travail de terrain mené par le missionnaire espagnol au sein des communautés indigènes du Paraguay. Finalement, l’un des objectifs de cette étude sera de sonder brièvement l’héritage culturel laissé par le Materia Médica Misionera à la communauté scientifique.
La trajectoire de celui à qui l’historiographie a attribué la paternité du Materia Médica Misionera, Pedro de Montenegro, est d’abord celle d’un galicien né dans la petite bourgade de Santa María le 19 mai 16635. Vraisemblablement destiné à embrasser une carrière scientifique dès l’adolescence, Montenegro décide d’entreprendre des études de médecine loin de sa Galice natale en intégrant, à dix-sept ans environ, les rangs de l’ancien Hôpital Général de Madrid6. Alors, il est légitime de penser que la formation universitaire qui lui est dispensée entre les murs de cette institution hospitalière de renom est pour le moins prestigieuse et qualitative. D’ailleurs, si l’on s’en tient à la description que lui consacre le chroniqueur jésuite Pedro Lozano dans son Historia de la Conquista del Paraguay, Río de la Plata y Tucumán, Pedro de Montenegro deviendrait, après sa période universitaire, un « renombrado cirujano y herbolario »7. Cette double qualification professionnelle, alliant les savoirs et les compétences du chirurgien à ceux du spécialiste de la médecine par les plantes, démontre pleinement l’étoffe de la formation scientifique dont le galicien semble avoir été doté à partir de son expérience madrilène.
En tout état de cause, en tant qu’étudiant à l’Hôpital Général de Madrid, Montenegro est en effet certainement façonné par des maîtres et des professeurs qui, depuis la hauteur de leurs chaires, sont les garants de la bonne transmission des normes académiques et scientifiques espagnoles de l’époque auprès des étudiants, ce qui implique chez ses derniers la réception de cours théoriques visant à les familiariser avec certains savoirs médicinaux et pharmaceutiques traditionnels. À cet égard, parmi les grands penseurs de l’Antiquité étudiés dans les cursus de médecine au moins jusqu’à l’époque médiévale, il convient de dégager le nom d’un illustre scientifique grec qui a marqué les esprits tant ses travaux et ses théories ont fait autorité : Pedanius Dioscoride, auteur auquel l’étudiant Montenegro a forcément eu accès durant son étape madrilène8.
En qualité de scientifique versé dans les domaines de la médecine, de la pharmacologie et de la botanique, cet homme a surtout été l’auteur d’un très célèbre traité médicinal intitulé De Materia Medica9, ouvrage composé de six tomes qui s’est situé ni plus ni moins aux avant-gardes d’une pharmacopée « moderne » prônant l’utilisation des plantes à des fins médicinales et thérapeutiques, au premier siècle de notre ère. Ce traité d’herboristerie a non seulement offert la description de quelques 600 plantes médicinales, aux vertus traditionnelles multiples, mais il a aussi fait l’objet, au fil du temps, de nombreuses rééditions ainsi que de traductions en latin, en arabe mais aussi en espagnol.
À ce propos, la première version de ce document traduit en langue castillane a été publiée, en 1555, par le scientifique espagnol Andrés Fernández Velázquez Laguna sous le titre de Pedacio Dioscórides Anarzabeo, Acerca de la materia medicinal y de los venenos mortíferos. Traduzido de lengua griega en la vulgar castellana10. Puis, à partir de l’année 1605, l’ouvrage a acquis une dimension universelle au travers d’une mention qui lui a été faite dans le chapitre XVIII du premier tome du Quichotte : « […] tomara yo ahora un cuartel de pan o una hogaza y dos cabezas de sardinas arenques que cuantas yerbas describe Dioscórides aunque fuera el ilustrado por el Dr. Laguna »11. La pharmacopée de Dioscoride connaît donc, par le biais de ces travaux de traduction et de littérature en langue espagnole, une diffusion notable au sein des divers espaces de la Monarchie à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle et, plus encore, au début du siècle suivant.
De cette manière, c’est bien cette version du traité de Dioscoride, traduite par le médecin, pharmacologue et botaniste Andrés Laguna, qui a été proposée aux étudiants de cursus scientifiques divers et variés, et ce jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Œuvre intemporelle, cette dernière a effectivement revêtu un caractère incontournable dans la dispense des cours de médecine autant que dans la pratique scientifique au sens large, comme le souligne le chercheur de l’université de Grenade, José María Losa Quintana : « […] su obra debió ser tan útil en la práctica médica pasada, que en la última edición castellana datada en el año 1752, ya en el siglo XVIII, se indica textualmente que ‘se considera esta obra como libro familiar a los facultativos’ »12.
Indubitablement, si cette pharmacopée a été à l’origine de la circulation, au fil des époques, d’idées et de théories essentielles en termes de remèdes naturels à travers le Vieux Continent, force est de supposer qu’elle a servi, dans une logique plus individualisée, à la fois de matériel scientifique indispensable aux apprentissages de Pedro de Montenegro dans les domaines de la botanique pharmaceutique à Madrid et de source première d’inspiration à son élaboration du traité Materia Médica Misionera.
C’est pourquoi il existe, selon nous, une filiation idéologique et conceptuelle claire et évidente entre ces deux ouvrages scientifiques qui portent d’ailleurs des titres à la fois explicites et surtout très ressemblants. En effet, chacun des deux écrits met en avant le contenu « médicinal » qui y est proposé ; mais à la différence du nom donné à la pharmacopée du scientifique grec, le titre du traité écrit par Montenegro fait figurer une dimension « missionnaire » inhérente à l’entreprise évangélisatrice menée par les jésuites en Amérique espagnole.
Finalement, pour étayer l’idée selon laquelle le jésuite s’est inspiré de la pharmacopée de Dioscoride, il est par ailleurs pertinent de relever le recours à des schémas similaires dans les méthodes d’identification, de description et d’illustration des espèces végétales présentées, ainsi que dans les processus taxinomiques s’y rattachant. Montenegro lui-même indique, dans un bref prologue où sont abordées des questions relatives au contexte lié à la collecte des plantes, avoir employé des méthodes tirées de « […] las obras Andres Mathiolo, hechas sobre lo escrito de Dios Corides »13. Cette source montre bien que le pharmacologue et botaniste grec est l’une des grandes figures tutélaires convoquées par le jésuite espagnol pour l’élaboration de sa pharmacopée.
Mais pour aller au-delà de ces considérations théoriques, il faut dire que l’un des tournants de vie de Pedro de Montenegro n’est autre qu’un voyage entrepris vers les Amériques aux alentours de l’année 169014. Si l’on ignore ce qui le meut officiellement dans ce projet, si ce n’est un probable souhait d’aller y répandre la foi catholique à l’instar de beaucoup d’autres missionnaires espagnols de l’époque, c’est bien cette migration sur les terres du Nouveau Monde qui va permettre au scientifique de mettre en pratique bon nombre des savoirs médicinaux qui lui ont été inculqués dans la capitale de l’empire.
Une fois sur place, Montenegro s’installe d’abord dans la capitale de la province jésuitique du Paraguay, Córdoba. Âgé alors de 28 ans, il y intègre l’Ordre de Saint Ignace et n’est autre que l’un des compagnons du chroniqueur jésuite Lozano. Ce dernier rapporte d’ailleurs, dans une chronique déjà mentionnée, un événement marquant qui s’est produit lors du séjour de Montenegro dans la capitale de la province. En effet, le galicien y aurait contracté, au même titre que d’autres missionnaires jésuites du collège de Córdoba, une forme si grave de tuberculose qu’elle aurait fortement affecté les poumons de chacun de ces hommes, au point de mettre en péril leurs vies respectives. Alors, le scientifique aurait su trouver un remède pour une guérison immédiate en les invitant à boire, comme lui, une infusion à base de plantes locales connues sous le nom de guayacan del Guaycurú15.
En définitive, son intégration à l’Ordre de la Compagnie de Jésus constitue, dans les faits, un autre élément saillant de son parcours de vie puisque c’est bien à partir de cette expérience religieuse que Pedro de Montenegro va, d’une part, être ordonné prêtre, et, d’autre part, s’adonner à une passion le liant à de nombreux domaines des sciences et à leur application dans les champs médicaux et pharmaceutiques16.
En tant que praticien polyvalent, ce scientifique va dès lors s’implanter dans les missions de la province jésuitique du Paraguay pour y professer en tant qu’infirmier, affichant à cet effet d’indéniables capacités d’adaptabilité et de flexibilité puisque ce métier n’est pas vraiment celui de sa spécialité qui est, rappelons-le, la proto-médecine. Mais au Paraguay et dans l’environnement naturel des nativos, Montenegro va surtout développer et, in fine, assouvir une curiosité exacerbée tant pour les espèces végétales que pour des groupes de populations indigènes dont il ignore encore beaucoup. Les plantes et les hommes vont effectivement être les sujets privilégiés de pratiques observatoires et analytiques à partir desquelles il va mener, dans une logique ethnobotanique, des expériences scientifiques qui le conduiront à rédiger le très singulier Materia Médica Misionera aux alentours de l’année 1710.
L’originalité de cet ouvrage d’herboristerie réside d’abord, selon nous, dans son caractère hybride tant sur le plan scientifique que sur le plan humain. En effet, lors de son élaboration, l’auteur va croiser des connaissances théoriques en matière de botanique avec l’expérience de terrain d’une pratique scientifique avérée, puis s’imprégner, dans une perspective transculturelle, de savoir-faire et de coutumes traditionnellement véhiculées par certaines élites chamanes des communautés guaranies liés à l’utilisation des plantes médicinales.
Dans le cadre de cette démarche, on peut dire que si Montenegro doit vraisemblablement avoir apporté d’Espagne quelques manuels traitant des sciences médicales, et ce dans l’optique d’une diffusion des savoirs européens au sein de diverses contrées de la vice-royauté péruvienne, il va aussi et surtout, après l’expérience d’un périple transatlantique doublée d’un séjour dans le Tucumán, se fixer dans les réductions de la province jésuitique du Paraguay pour ne plus quitter cet espace de vie et de travail jusqu’à son décès daté au 21 janvier 172817.
De fait, les supérieurs de son Ordre vont très rapidement l’inviter à faire valoir ses connaissances pointues en matière de botanique pharmaceutique en lui confiant une mission de développement d’un projet sanitaire pour les guaranis en plein cœur des forêts voisines des réductions jésuites : « […] la Orden Jesuita llevó a cabo un proyecto de ocupación y desarrollo territorial, donde le habían encomendado al sacerdote la elaboración de un proyecto sanitario para beneficiar a las poblaciones de guaraníes »18.
Pour cette enquête, Montenegro va d’abord employer une méthode reposant essentiellement sur l’observation et la prise de notes des techniques utilisées par les infirmiers indigènes, les curuzuyara. Pour être tout à fait précis, il faut dire que le botaniste espagnol se livre principalement à une observation des différents processus de collecte et d’utilisation des fleurs et des herbes pour l’élaboration de remèdes, de baumes, d’huiles végétales, de calmants ou encore de narcotiques19.
Tel un didacticien des sciences médicinales, héritier d’un savoir académique et empirique, Montenegro va s’appuyer non seulement sur les fines observations tirées des enquêtes qu’il effectue dans les contrées paraguayennes mais aussi sur un solide socle de connaissances en matière de médecine et de biologie pour obtenir le recensement et l’identification de 134 plantes présentes dans la région. Pour ce faire, le scientifique prend le soin de fournir le nom de chacune des espèces végétales observées et identifiées à la fois en espagnol et en langues vernaculaires indigènes. En ce sens, puisque la langue est un outil qui sert à la fois à la revendication de sa propre culture par l’Homme et à la communication avec les autres, c’est avant tout dans un souci de partage de ses connaissances à l’ensemble de la communauté hispano-américaine, toutes ethnies confondues, que le scientifique procède à l’identification et à la nomination de ces plantes dans plusieurs idiomes.
Aussi, le jésuite se propose de fournir de fines illustrations de chacune des espèces identifiées. Là encore, il est évident que les dessins viennent tout simplement éclairer et compléter le travail de terrain qu’il a mené : par l’impact qu’elles provoquent sur le paysage mental du lecteur, les illustrations permettent effectivement à tout un chacun de mieux visualiser les différentes variétés auxquelles il est fait mention dans la pharmacopée. Il est ainsi plus aisé de garder en mémoire une image fidèlement conceptualisée et représentée des volumes et des formes qui caractérisent ces plantes, ou encore du feuillage qui les compose, d’autant plus qu’elles sont associées à un nom. Dans le Materia Médica Misionera, l’approche adoptée par l’herboriste est aussi celle d’un pédagogue qui se doit d’être le plus clair et le plus précis possible dans les informations qu’il fournit à la communauté, au sujet de ces plantes médicinales et de leurs nombreuses vertus.
Mais, bien sûr, l’auteur ne va pas se contenter de nommer chacune d’elles et d’en proposer des illustrations. Dans la première partie de l’œuvre, Montenegro a en effet listé et trié, par ordre alphabétique, toute une série de termes et de vocables signifiant aussi bien des maladies que des parties du corps ou des plantes. Veillant à structurer les résultats de ses recherches en fonction de leur typologie, il établit en outre une nomenclature en chiffre romain des 134 variétés identifiées et c’est bien à partir de cette rigoureuse classification que ce dernier va mentionner les vertus médicinales et curatives propres à chacune des plantes. De cette manière, en partant des propriétés que le jésuite leur attribue, nous allons ci-après mettre en lumière l’existence de huit espèces végétales répertoriées dans le Materia Médica Misionera et ainsi en commenter brièvement les bienfaits en fonction des différents modes de consommation.
Parmi les plantes dont les vertus nous semblent les plus intéressantes à étudier, il convient d’abord de mentionner celles de la Ibira caá miri, mieux connue sous son appellation espagnole de yerba mate20, puisqu’elle est la première de la liste dressée par le botaniste jésuite et que la consommation de ses feuilles à des fins thérapeutiques est le fruit de savoir-faire, de pratiques et de coutumes profondément ancrées dans les mœurs de certaines tribus précolombiennes natives du Paraguay21. Dans la longue description qu’il en fait, Montenegro commence par avancer que l’odeur des feuilles de la yerba mate est assez similaire à celle du laurier. Loin d’être anodine, cette approche permet au lecteur européen d’avoir un élément de comparaison grâce à la référence à une plante très répandue dans le bassin méditerranéen : « Crió el Todo Poderoso en estas tierras últimas de la America este arbol tan hermoso, y agradable á la vista, como gustoso y provechoso á sus habitadores: es el olor de sus ojas muy semejantes á las del laurel de europa »22.
I. Mate (p. 58)23
Puis, Montenegro continue son exposé en louant les multiples vertus médicinales que possède cette plante. En premier lieu, il indique que si ses feuilles sont consommées avec de l’eau froide, comme le font les Indiens en période de climat chaud et humide, le maté peut servir, au contraire du chocolat et du vin, à donner de l’énergie aux travailleurs et à les hydrater :
Socorrió Dios con esta medicina á esta pobre tierra por ser mas conducente á ella que el Chocolate, y vino á sus naturales habitadores, asi como lo es el Cacaho en el Oriente, porque estas tierras muy calientes y humedas cansan graves relajaciones de miembros, por la grave apersion de los poros, y vemos que de ordinario se suda con exceso, y no es remedio el vino, ni cosas calidas para reprimirlo, y la yerba si, tomada en tiempo de calor con agua fria, como la usan los Indios […]24.
En plus d’apporter des bienfaits hydratants, le maté peut également être utilisé comme remède aux troubles digestifs et à la diarrhée. Selon le scientifique, la boisson doit alors être consommée le matin, accompagnée d’eau chaude et d’une cuillère de sel :
A los Indios les es unico remedio para las camaras de relajacion del estomago, (que es la diarrea, ó camaras blancas,) tomada dos ó tres veces en agua caliente muy de mañana dos cucharadas de yerba en un mate, y una cuchara de sal desecha en dicha agua, ó mate25.
Après concassage de ses herbes, un autre usage médicinal mentionné par Montenegro est celui qui conduirait à l’auto-extraction des dents et des molaires. En plus d’en faciliter l’opération, la yerba mate atténuerait, à cet effet, la douleur : « Sus ojas verdes machacadas arraigan los dientes y muelas que se mueven, por corrimientos de calor, y mitiga el dolor »26. Finalement, aussi le jésuite indique-t-il, sans donner davantage de détails, que l’ingestion de cette infusion avant celle d’une boisson alcoolisée empêcherait l’ébriété du consommateur : « Tomandola ántes de beber impide la embriaguez »27.
Au regard des exemples fournis, on note donc que Montenegro ne se contente pas de proposer des pistes ; à la lumière de ses connaissances et du travail observatoire et analytique effectué dans la selva, il propose un panel de moyens de préparation et d’utilisation mis au service de la consommation des feuilles de cette plante, concoctés en fonction du besoin thérapeutique qui s’y rattache. Cette approche, guidée et orientée, témoigne alors de sa profonde érudition et spécialisation en la matière.
Aussi, il convient de faire référence à la vingt-troisième plante médicinale du Materia Médica Misionera, la rosa mosqueta (n° XXIII), nommée iboti moroti en langue vernaculaire guaranie28. Montenegro nous apprend d’abord qu’il a tenu lui-même à en faire le dessin car il n’a trouvé, en dépit de ses vertus qu’il juge « excellentes », aucune illustration de la rosa mosqueta chez les botanistes faisant figure de référents, ni même chez Dioscoride :
[…] todabia por no hallar dibujada la rosa Mosqueta en Dios Corides, Mathiolo, ni en Gaspar de Bakin francés, que añadió algunas sobre Mathiolo, me pareció necesario dibujarla, y declarar sus cualidades, y excelentes virtudes, y modo de usarla, por tratar muy poco de ella Andres de Laguna en su comentario obre Dios Corides29.
XXIII. Rosa mosqueta (p. 125)
Concernant son mode d’utilisation, le jésuite prône une fois encore le recours à cette plante sous la forme d’une infusion qui constituerait, via la purification du sang de son consommateur, le remède le plus efficace pour guérir de la colère et de la mélancolie : « […] es el mas soberano y eficaz remedio de cuantos he hallado en plantas que hagan en estas tierras. Para purgar la colera y la melancolia: purificar la sangre… »30. Montenegro précise ensuite que la consommation des plantes de la rosa mosqueta aurait effectivement un impact très bénéfique sur le cœur, provoquant des effets à la fois stimulants et réconfortants qui favoriseraient, à cet égard, l’élimination des humeurs « âcres et salées » : « […] por ser de partes agudas y muy sutiles, y confortantes al higado y corazon, y muy eficáz en purgar todos los humores acres y salados »31.
Finalement, s’il est patent que le jésuite propose, au travers de l’usage de la rosa mosqueta, des palliatifs aux déséquilibres du corps humains et aux variations d’humeur, il fait, de surcroît, montre de son expertise au sujet de cette plante en indiquant diverses façons d’en préparer des infusions. À ce propos, il précise qu’en fonction du nombre de feuilles utilisées à cet effet, ces dernières peuvent par ailleurs être mélangées à d’autres substances végétales : bourrache, anis, graines de fenouil…
Puis, toujours dans une perspective de régulation des humeurs et des passions, Montenegro indique que deux fleurs de la même espèce, la ninfea (n° XXX) et la quirocilla (n° XXXI), portant à ce titre les noms guaranis d’aguapé et aguapé guazú, peuvent être utilisées comme remèdes thérapeutiques en période de grande chaleur et de sécheresse32. Par extension, ces deux espèces, « tan parecidas en la flor que apenas se distinguen la una de la otra »33, auraient des effets bénéfiques dans la lutte contre les « passions hypocondriaques » et contre l’inflammation de certains organes tels que les reins. Pour cela, Montenegro recommande de consommer les fleurs dans leur état naturel, en prenant toutefois soin de les couper et de les mélanger avec deux carrés et demi de sucre. Une fois la préparation faite, aussi conseille-t-il de l’exposer au soleil pendant une quinzaine de jours en la remuant, par deux fois, quotidiennement :
[…] La flor del Aguapé cojida fresca y machacada con una parte de flor, y dos y media de azucar, y puesta al Sol, á modo de azucar rosado, por espacio de quince dias, removiendolo dos veces al dia, y guardada para el año, es cordealisima en todos los efectos del calor y sequedad, como asi mismo en las pasiones hipocondriacas, que provienen de calor de los miembros principales. […] Lo mismo hace en las pasiones de inflamación […] principalmente de los riñones34.
XXX. Ninfea (p. 144)
XXXI. Quirocilla (p. 145)
Dans le même ordre d’idées, le botaniste met en lumière les vertus thérapeutiques d’une fleur appelée en langue castillane eupatorio avicena (n° LXI) et mbui miri en langue guaranie35. En préconisant sa consommation tous les sept ou neuf jours, Montenegro évoque des résultats probants dans la lutte contre l’inflammation des tympans, les troubles vésiculaires ou encore les calculs rénaux et les vertiges, mais aussi dans le traitement de certains états hypocondriaques ou maniaques :
[…] esta medicina se repite por espacio de siete ó nueve días, segun la necesidad : aseguro he visto buenos sucesos muy dificiles de curar, como son principios de hidropesias timpanites y ascitis, Itericia, hipocondria, piedra, obstrucciones muy ciegas, y graves baydos, y vertigios, y principios de manias36.
LXI. Eupatorio avicena (p. 235)
La liste des maladies, troubles et complications que cette fleur peut, selon le pharmacologue, traiter, est en tous points éloquente. On remarque donc qu’au-delà de mentionner les bienfaits de certaines espèces dans la régulation des tempéraments et des humeurs, Montenegro propose aussi leur utilisation à d’autres fins. À ce propos, il semble également pertinent de souligner les multiples vertus attribuées par ce dernier à une plante (n° XXXVI) répondant au nom espagnol de mastuerzo índico37. Cette dernière, qui ne présente pas de nom en langue guaranie, a la particularité de constituer l’un des seuls remèdes proposés par Montenegro pour lutter contre le scorbut. Par l’ingestion de ses feuilles, crues ou en salade, cette plante permet notamment de soulager les douleurs de dents, de gencives et de palais mais aussi les aigreurs et douleurs d’estomac. Aussi, l’une des vertus qui lui est prêtée par le jésuite, et non des moindres, est celle de redonner l’appétit :
Es el Mastuerzo silvestre uno de los únicos remedios que he hallado hasta hoy para los que padecen el mal de loanda, que el Portuguez llama / ma mal do vicho, en otras partes llaman mal de gusanillo, y en las partes del Norte, y clace medica llaman escorbuto, porque comiendo sus ojas crudas, ó puestas en enzalada, ó asi solas quita el comezon y dolor que viene á los dientes y paladar, y asimismo la flaqueza y dolores del estomago: – y lebanta el apetito perdido38.
XXXVI. Mastuerzo índico (p. 158)
Par ailleurs, il paraît utile d’évoquer l’existence d’une plante désignée carachirá miri en langue guaranie et traduite en espagnol par l’occurrence xengibre silvestre (n° XXXVII). Montenegro lui attribue notamment plusieurs utilisations curatives par les indigènes du Paraguay en fonction de son mode de préparation. Selon lui, ces derniers en feraient notamment usage en appliquant ses feuilles concassées comme pommade pour soulager les plaies de brûlures :
El Carachirá miri que llama el Indio, es una especie de carachí guazú, que es el que en España llaman pan de puerco, ó pan porcino, del cual hasen el úngüento tan celebrado para las quemaduras de fuego, y entre estos pobres Indios hallo lo úsan para lo mismo, no mas que machacado y aplicado á las llagas de quemazones39.
XXXVII. Xengibre silvestre (p. 162)
Mais il ne s’agit pas des seules vertus médicinales du gingembre. En effet, cuite et mélangée à du miel, la plante servirait aussi à guérir les obstructions de la flore intestinale et autres complications liées à la présence de vers, en plus de prévenir d’éventuels épisodes de putréfaction et de plaies :
Machacada su batata y cocida muy bien, tomando de su cocimiento un cuartillo con onza y media de miel de avejas deshace las obstrucciones de las vias, y materias de lombrices del vientre inferior, y prohive los humores de putrefaccion, y cura las llagas internas40.
Dans une perspective assez similaire, le Père Montenegro loue les vertus d’une plante autochtone nommée respectivement güembé (n° LXIX) et guembei en castillan et en guarani41. Les fruits du güembé auraient toute leur utilité pour réguler certaines humeurs « lourdes et épaisses » et il s’agirait même, selon ses dires, du seul remède efficace à ce sujet. Pour cela, il recommande plus spécifiquement d’ingérer un ou deux de ses fruits à jeun ou avant le repas, et de boire, dans la foulée, un verre d’eau froide. Ce mode de consommation favoriserait, en outre, le traitement des rhumatismes ainsi que l’élimination des lourdeurs d’estomac et des toxines grâce à un effet laxatif.
La fruta del Guembé para los hombres flemáticos, y que abundan de humores gruesos y viscosos, es único remedio tomando una grande, ó dos pequeños en ayunas, y tráz de ellas una baso de agua fría, ó al principio de la comida, bebiendo dicha agua fría táz ella, porque despega todos los humores frios reumaticos y viscosos de las vias por donde pasa, dejando descargado el estómago y vientre de cosas asentadas y detenidas, como se vé por la evacuación, que luego á la hora despues de comida causa42.
LXIX. Güembé (p. 258)
Ainsi, si les quelques vertus médicinales et thérapeutiques exposées au travers des exemples susmentionnés ne constituent qu’un échantillon d’un ensemble, plus large, de 134 plantes identifiées et étudiées en profondeur par le scientifique, elles n’en sont pas moins représentatives du travail analytique et scientifique fourni par Pedro de Montenegro au sujet des plantes paraguayennes, imbriquant pour cela des savoirs académiques et des connaissances acquises sur place.
Mais outre l’aspect médicinal et ses vertus, l’enjeu du Materia Médica Misionera renvoie aussi à des questions d’ordre ethnique et social appliquées à la botanique. Par l’observation des coutumes et des modes de vie des indigènes guaranis autant que par l’étude de leurs savoirs ancestraux en matière de remèdes à base de plantes de la région, Pedro de Montenegro offre une vision hybride qui induit non seulement un processus de transferts de différents savoir-faire dans le domaine des sciences médicales mais aussi celui d’une réception par les différents groupes de population concernés. Or, ce croisement culturel, ethnique et scientifique est bien l’une des particularités du Materia Médica Misionera dans le sens où la pharmacopée transcende, à nos yeux, les aspects purement scientifiques pour pénétrer l’histoire des sociétés à travers l’étude de leur relation à l’environnement et leur utilisation des ressources naturelles à des fins utiles.
Avec l’élaboration de son manuscrit sur les plantes de cette zone géographique et culturelle de l’Amérique espagnole, le Père Montenegro a été l’auteur d’un support singulier qui deviendrait une référence pour les garants du savoir scientifique espagnol implanté non seulement dans les réductions jésuites mais aussi, dans un spectre plus large, sur l’ensemble d’une immense région qu’ont composé les provinces du Tucumán, du Paraguay et du Río de la Plata.
D’abord, force est de souligner que ce travail est d’autant plus inédit qu’il a été effectué avec les maigres moyens de l’époque, c’est-à-dire sans aucune ressource matérielle liée à l’usage de la botanique pharmaceutique et sans vrai local ni structure de type officine, autant d’éléments pourtant essentiels à l’exigeante pratique scientifique du métier d’apothicaire. Or, comme Montenegro l’a lui-même confessé, ce sont aussi ces conditions très rudimentaires de travail, dans un espace parfois hostile, qui l’auraient conduit à être lui-même à l’origine de la production d’une pharmacopée innovante : « por hallarme en estas tierras de América sin botica ni boticarios, me he forzado a que con ellos hacerme autor de botica »43.
Confronté, dans le cadre de cette expérience ethnobotanique et sociale, à une culture et à des plantes qu’il méconnaissait au moins en partie, le jésuite a en effet posé un regard neuf sur l’environnement dans lequel il a évolué autant que sur les pratiques médicinales qui y étaient instaurées avant son arrivée. À cet effet, si la démarche a été appréhendée avec curiosité et sans doute avec une grande humilité, elle a aussi été la résultante d’un parcours qui s’est situé à la croisée de plusieurs domaines et pratiques des sciences médicinales, de même qu’il a été le fruit d’un mélange de langues et de cultures.
Cet ensemble a donc posé les bases d’un travail tout à fait novateur au sujet des connaissances espagnoles en matière de savoirs médicinaux indigènes. Selon le chercheur José Luis Molinari, auteur de Historia de la medicina argentina, l’œuvre de Montenegro s’est également située aux avant-gardes de la médecine argentine et c’est pourquoi, selon lui, ses habitants ont envers lui et une poignée d’autres scientifiques, « […] una deuda impaga a su ciencia, abnegación, laboriosidad y trabajo »44.
Ainsi, en tant que véritable outil de transmission des savoirs et des connaissances dans les sciences médicales auprès de la communauté scientifique européenne, le Materia Médica Misionera a d’abord été conçu, en 1711, sous le nom originel de Libro Primero de las propiedades y virtudes de los árboles y plantas de las misiones y provincia del Tucumán con algunas del Brasil y de Oriente45. Si l’on ignore quelle en a été la réception à l’époque, l’œuvre a surtout acquis une notoriété à partir de ses différentes parutions qui se sont toutes inscrites bien après la période des Lumières.
En effet, sa première publication n’ayant eu lieu qu’en 1945, c’est très tardivement que la pharmacopée du Père Montenegro a pu constituer un support textuel et iconographique mis au service du patrimoine documentaire de l’humanité et, de façon plus spécifique, à celui des chercheurs et étudiants en sciences de la nature, en sciences médicales ou encore en sciences pharmaceutiques.
De cette façon, si la version du Materia Médica Misionera de 1945, publiée par la bibliothèque nationale de Buenos Aires, a constitué la seule et unique matière de référence aux travaux scientifiques et historiographiques menés au cours de la deuxième partie du XXe siècle, ses rééditions postérieures ont montré le vif intérêt que l’ouvrage suscite encore aujourd’hui. Bien évidemment, ce livre est avant tout étudié par bon nombre de chercheurs dans le cadre de travaux définis dans des champs bien précis et délimités, mais il est aussi consulté par des lecteurs tout simplement curieux, mus par un désir d’assouvir leur soif de connaissances en matière de botanique.
Republié tour à tour en 2007, 2015 et 2019 dans les villes argentines de Córdoba et de Misiones, ce livre semble donc se situer plus que jamais dans l’air du temps et le fait que son contenu continue de servir de support à l’entreprise d’études, bien souvent universitaires, en atteste avant tout la grande solidité scientifique. C’est d’ailleurs le cas de la Academia Nacional de Farmacia y Bioquímica qui, dans sa revue pharmaceutique parue en 2023, mentionne à diverses reprises l’œuvre du jésuite46.
Mais au-delà d’un caractère scientifique qui a mis en lumière les profonds savoirs acquis par les jésuites installés dans les Missions paraguayennes, auxquels les scientifiques sud-américains continuent aujourd’hui de se référer, le Materia Médica Misionera a aussi revêtu, au fil du temps, une dimension universelle par le lien qu’il a établi entre l’Homme et son environnement. En louant les bienfaits des plantes médicinales, l’ouvrage de Montenegro a aussi visé à améliorer, d’une façon ou d’une autre, les conditions de vie des hommes dans cette partie du monde colonial espagnol, indépendamment de toute appartenance ethnique ou sociale.
[1] Voir à ce propos Guillermo FURLONG, Los jesuitas y la cultura rioplatense, Montevideo, Urta y Curbelo, 1933.
[2] Pedro de MONTENEGRO, Materia Médica Misionera, Buenos Aires, Imprenta de la Biblioteca Nacional, 1945 (1711).
[3] Voir à ce propos Gustavo SCARPA, Leonardo ANCONATANI, « La Materia Médica Misionera atribuida al jesuita Pedro de Montenegro en 1710 : Identificación de las plantas y sus aplicaciones como vulnerarios y contra afecciones superficiales », Dominguezia, 38, 2022.
[4] Pablo STAMPELLA, Héctor KELLER, « Identificación taxonómica de la Materia Médica Misionera de Pedro de Montenegro », Boletín de la Sociedad Argentina de Botánica, 56, 2021, p. 2.
[5] Raúl AMARAL, Forjadores del Paraguay : diccionario biográfico, Buenos Aires, Distribuidora Quevedo de Ediciones, 2000,p 55.
[6] Ibid.
[7] Pedro LOZANO, Historia de la conquista del Paraguay, Río de la Plata y Tucumán, Buenos Aires, Imprenta popular, t. I, 1873, p. 24.
[8] Pour avoir une vision globale de l’œuvre de Dioscoride, voir notamment Les six livres de Pedacion Dioscoride d’Anazarbe de La Matiere Medicinale : Translatez de Latin en Francois, Lyon, Balthazard Arnoullet, 1553.
[9] Pedacius DIOSCORIDIS, De Materia Medica, Lipsiae, Libraria Car. Cnoblochi, 1829.
[10] María del Carmen FRANCES CAUSAPE, « Dioscoride, Andrés Laguna et la pharmacie », Revue d’Histoire de la Pharmacie, 291, 1991, p. 424.
[11] CERVANTES SAAVEDRA, Miguel de, El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, Buenos Aires, Gradifco, t. I, 2000, p. 99.
[12] José María LOSA QUINTANA, « Dioscórides y su obra De Materia Medica », texto de la conferencia pronunciada por el autor en la Societat d’Amics de la Historia i de la Ciència Farmacèutica Catalana, 26 de mayo de 2004, Societat Catalana d’Història de la Farmàcia, 36, 2018.
[13] P. de MONTENEGRO, op. cit, prologue.
[14] Ibid.
[15] P. LOZANO, op. cit., p. 220.
[16] R. AMARAL, op. cit., p. 55.
[17] María Florencia IBARRA, El padre Pedro de Montenegro, 1711. Su tratamiento de herboristerapia para las afecciones mentales y sus referencias a la medicina hipocrático-galénica, Buenos Aires, Universidad de Buenos Aires, XIV Jornadas de Investigación y Tercer Encuentro de Investigadores en Psicología del Mercosur, 2007, p. 331.
[18] Pedro de MONTENEGRO, op. cit., (cf. : quatrième de couverture).
[19] Ibid.
[20] P. de MONTENEGRO, op. cit., p. 56.
[21] Voir à ce propos la conférence en ligne de l’historienne paraguayenne Eva Diana Chaparro intitulée « La explotación y la comercialización de la yerba mate en el Paraguay colonial » et présentée dans le cadre des rencontres virtuelles « Encuentros virtuales de la historia del CCR Cabildo y la Academia Paraguaya de la Historia », en octobre 2020.
[22] P. de MONTENEGRO, op. cit., p. 57.
[23] Toutes les illustrations sont tirées du Materia médica misionera de Pedro de Montenegro.
[24] Ibid.
[25] Ibid., p. 58.
[26] Ibid.
[27] Ibid. p. 59.
[28] Ibid., p. 125.
[29] Ibid., p. 124.
[30] Ibid.
[31] Ibid., p. 126.
[32] Ibid., p. 144-145.
[33] Ibid., p. 146.
[34] Ibid.
[35] Ibid., p. 235.
[36] Ibid., p. 238.
[37] Ibid., p. 158.
[38] Ibid., p. 61.
[39] Ibid., p. 162.
[40] Ibid., p. 164.
[41] Ibid., p. 258.
[42] Ibid., p. 257.
[43] G. FURLONG, op. cit., p. 64.
[44] José Luis MOLINARI, Historia de la Medicina Argentina, Buenos Aires, Imprenta López, 1937, p. 70.
[45] Pedro de MONTENEGRO, Libro Primero de las propiedades y virtudes de los árboles y plantas de las misiones y provincia del Tucumán con algunas del Brasil y de Oriente, Madrid, Biblioteca Nacional de España, Biblioteca Digital Hispánica, 1711.
[46] « Revista Farmacéutica », in Academia Nacional de Farmacia y Bioquímica, 2, 2023, p. 20.
Résumé
Rédigé en 1711 par le botaniste et missionnaire jésuite Pedro de Montenegro, le Materia Médica Misionera est un traité de pharmacologie hispano-guarani qui offre un cas d’étude singulier. Ce travail vise d’abord à sonder la formation scientifique et les premières expériences professionnelles de son auteur à Madrid et au Paraguay pour ensuite mesurer à quel point ce dernier a eu recours à une combinaison de savoirs nécessaires à son élaboration. Finalement, il va s’agir de replacer le Materia Médica Misionera en tant que support mis au service des études scientifiques et du progrès.
Resumen
Redactada en 1711 por el botanista y misionero jesuita Pedro de Montenegro, la Materia Médica Misionera es una obra de farmacología hispano-guaraní que ofrece un caso de estudio singular. Este trabajo pretende primero indagar la formación científica y las primeras experiencias profesionales de su autor en Madrid y en el Paraguay para luego medir hasta qué punto este último recurrió a una combinación de saberes necesarios a su elaboración. Finalmente, se va a tratar de situar la Materia Médica Misionera como soporte puesto al servicio de los estudios científicos y del progreso.
Clément CARETTE
Université d’Artois, Textes et Cultures, UR 4028
AMARAL, Raúl, Forjadores del Paraguay: diccionario biográfico, Buenos Aires, Distribuidora Quevedo de Ediciones, 2000.
ANCONATANI, Leonardo, SCARPA, Gustavo, « La Materia Médica Misionera atribuida al jesuita Pedro de Montenegro en 1710 : Identificación de las plantas y sus aplicaciones como vulnerarios y contra afecciones superficiales », Dominguezia, 38, 2022.
CERVANTES SAAVEDRA, Miguel de, El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, Buenos Aires, Gradifco, t. I, 2000.
DIOSCORIDIS, Pedacius, De Materia Medica, Lipsiae, Libraria Car. Cnoblochi, 1829.
FRANCES CAUSAPE, María del Carmen, « Dioscoride, Andrés Laguna et la pharmacie », Revue d’Histoire de la Pharmacie, 291, 1991.
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IBARRA, María Florencia, El padre Pedro de Montenegro, 1711. Su tratamiento de herboristerapia para las afecciones mentales y sus referencias a la medicina hipocrático-galénica, Buenos Aires, Universidad de Buenos Aires, XIV Jornadas de Investigación y Tercer Encuentro de Investigadores en Psicología del Mercosur, 2007.
Les six livres de Pedacion Dioscoride d’Anazarbe de La Matiere Medicinale : Translatez de Latin en Francois, Lyon, Balthazard Arnoullet, 1553.
LOSA QUINTANA, José María, « Dioscórides y su obra De Materia Medica », texto de la conferencia pronunciada por el autor en la Societat d’Amics de la Historia i de la Ciència Farmacèutica Catalana, 26 de mayo de 2004, Societat Catalana d’Història de la Farmàcia, 36, 2018.
LOZANO, Pedro, Historia de la conquista del Paraguay, Río de la Plata y Tucumán, Buenos Aires, Imprenta popular, 1873.
MOLINARI, José Luis, Historia de la Medicina Argentina, Buenos Aires, Imprenta López, 1937.
MONTENEGRO, Pedro de, Materia Médica Misionera, Buenos Aires, Imprenta de la Biblioteca Nacional, 1945 (1711).
—, Libro Primero de las propiedades y virtudes de los árboles y plantas de las misiones y provincia del Tucumán con algunas del Brasil y de Oriente, Madrid, Biblioteca Nacional de España, Biblioteca Digital Hispánica, 1711.
STAMPELLA, Pablo, KELLER, Héctor, « Identificación taxonómica de la Materia Médica Misionera de Pedro de Montenegro », Boletín de la Sociedad Argentina de Botánica, 56, 2021.